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tat, et dont le tact impur flétrissant tout-à-coup les germes de tant de prospérités, plongea la France dans l'anarchie et dans un cahos de ruines de tout genre, où elle devoit demeurer engloutie: si la Providence n'eut suscité un homme extraordinaire, que, par un concours d'événemens inespérés, elle investit alors d'une puissance et d'une considération égales à l'énergie de son caractère; et qui s'élevant avec courage, au-dessus des préjugés qui avoient prévalus, et osant proclamer tout haut, ce que personne n'avoit plus la confiance de conseiller tout bas; replaça la société sur les bases antiques de la religion et de l'expérience, et rendit à la France une force et un lustre qu'elle n'avoit jamais connus, aux plus beaux jours même de son existence passée.

Tels sont les faits généraux qui vont être développés dans la suite de cette histoire.

987.

Hugues Ca

987-1328.

Capétiens directs. Quinze rois, en 341 ans.

HUGUES CAPET,

ágé d'environ 45 ans.

LE prince Charles n'étoit pas auprès

pet 37e roi de 'son neveu quand il mourut. Il est

de France.

Election de

-pet.

certain

que s'il y avoit eu un ordre de Hugues Ca- succession bien établi, le trône devoi lui appartenir et il auroit dû y monter sur-le-champ, comme fils de Louis d'Outremer. Mais il y avoit déjà eu des interruptions dans la succession directe, et ces interruptions, toutes en faveur des parens ou amis de Hugues Capet, sembloient l'autoriser à réclamer la couronne sur - tout contre un prince absent et coupable de fautes ou d'imprudence qui lui avoient enlevé l'estime des grands et l'amitié des peuples. Hugues Capet, entouré des préventions favorables à ses ancêtres, jouissant lui-même d'une réputation de sagesse et de bravoure

bien méritée, comte de Paris, et duc de France, n'eut qu'à se présenter dans une assemblé de seigneurs qui se tint à Noyon, pour se faire proclamer roi.

Les uns disent que l'élection fut unanime et volontaire; les autres, que le candidat avoit environné l'assemblée de troupes qui lui assurérent la plus grande partie des suffrages. Telle qu'ait éte cette élection, il s'en tint content; et faisant peu de cas de quelques réclamations impuissantes, de Noyon, il

alla à Reims se faire couronner.

987.

Voilà deux races finies, qui, prises Causes de ensemble, ont duré cinq cent soixante- dissolution sept ans. Deux fois le royaume a été du royaume. exposé à une dissolution totale, et à chaque fois il s'est trouvé un homme qui en réunit les parties qui se séparoient, et en a fait un tout mieux cimenté qu'auparavant. Ces deux hommes sont Pepin-le-Bref, chef de la deuxième race, et Hugues Capet de la troisième.

Les deux premières, la Mérovingienne et la Carlovingienne, outre les causes de dissolution, particulières à chacune, savoir, la puissance des maires du palais sous la première, l'érection des grandes seigneuries sous la seconde, ont eu encore un principe de ruine qui leur est commun; savoir, le partage du

987.

royaume par les monarques entre leurs enfans. La Capétienne n'a pas eu le même germe de destruction. Ses princes ont été assez sages pour ne point diviser le royaume entre les frères; mais ils ont eu aussi l'imprudence d'en donner souvent des parties considérables aux cadets, ce qui les a rendus quelquefois redoutables aux aînés beaucoup retardé la réunion des membres au corps.

L'histoire va apprendre comment ces princes de la troisième race ont obvié au démembrement qui menaçoit le royaume; par quels moyens ils ont rattaché à leur couronne les beaux fleurons qui en avoient été arrachés et ont donné à la monarchie une consistance, un éclat, une force qui auroit dû la rendre indestructible; mais lorsque tout plioit sous l'autorité de nos monarques, et après des siècles de la puissance la plus absolue de leur part; du sein même de l'obéissance la plus soumise des peuples, s'est développé tout-à-coup un germe de faction et d'indépendance, que depuis longtemps y déposoient sourdement des esprits jaloux, vains et irréfléchis comme un vent impétueux, il a soufflé sur toutes les grandeurs, les a renversées,

dispersées, anéanties, et a enveloppé dans la même destruction clergé, noblesse et royauté.

Sous Hugues Capet la France contenoit l'espace entre la mer de Gascogne, la Manche, le Rhin, la Suisse, les Alpes et la Méditerranée, mais dans cette étendue, combien de seigneurs, qu'on appeloit grands vassaux, vrais souve rains, lesquels ne reconnoissoient dans la royauté qu'un titre avoué par un simple hommage qui gênoit peu leur indépendance!

987.

Etat de la

France.

Aunord,les comtes ou ducs de Flandres Grands fiefs. avoient, à-peu-près, sous leur domination, ce qui a composé ensuite les PaysBas et la Hollande. Dans la même partie, les comtes de Vermandois étoient maîtres de la Picardie et de la Champagne. Au levant, étoient les ducs de Bourgogne, et de ceux Lorraine, qui s'étendoient en Alsace le long du Rhin; au midi, les ducs de Gascogne et d'Aquitaine dominant dans l'Auvergne, la Guyenne, le Poitou, la Saintonge : et au couchant enfin les ducs de Bretagne et de Normandie, tous s'avançant plus ou moins dans l'intérieur vers le centre; de sorte qu'il ne restoit proprement à Hugues Capet, en montant sur le trône, en pleine et entière souveraineté, que le

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