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à voix basse, mais tout haut. Il a fait 1025-29. des motets et des hymnes qu'on chante encore. A sa contenance dans l'église on pouvoit juger qu'il étoit pénétré d'un vrai sentiment religieux. Mais on peut reprocher à ses dévotions des excès, et des abus qui tiennent à d'ailleurs l'ignorance et aux préjugés du temps.

Pour ne point exposer les plaideurs à un faux serment, il faisoit retirer les reliques des châsses sur lesquelles ils devoient jurer, comme si une pareille précaution pouvoit mettre la conscience en sûreté. Des scélérats avoient attenté à sa vie, ils alloient être condamnés à mort. Robert les fait, dit-on, préparer par la pénitence, à la communion qu'ils reçoivent, et envoie dire aux juges occupés à les juger, qu'il ne peut se résoudre à se venger de ceux que son maître a admis à sa table, et il les admet à la sienne. Comment accorder cet excès d'indulgence avec l'affreuse condescendance commandée par un faux zèle, d'assister avec la reine et toute sa cour, au supplice d'une troupe de Manichéens, misérables fanatiques, qui refusèrent jusqu'au bûcher de rétracter leurs erreurs. Quand ils sentirent l'action de la flamme, ils s'écrièrent qu'ils avoient été trompés. On voulut

1025-29.

Mort de

éteindre le feu, il n'étoit plus temps: Ils furent consumés, laissant aux spectateurs le regret d'une atrocité inutile.

Les pélerinages étoient alors fort en vogue. Sitôt qu'une coutume paroissoit tenir à la religion, il étoit difficile que Robert ne l'adoptât pas. Il alla à Rome visiter le tombeau des Saints Apôtres. Ce prince traitoit les évêques avec respect, marquoit beaucoup de considération à ceux qui se conduisoient bien, et n'épargnoit ni les remontrances, ni les menaces, peut-être même les punitions, à ceux dont les mœurs s'éloignoient de la décence de leur état. Forcé de fléchir pendant les premières années de son règne, sous les ordres absolus dẹ Grégoire V, on remarque qu'il ne fut pas en grand commerce avec ses successeurs. Un d'eux vint en France, y fut reçu honnêtement, mais sans grand éclat. Un second montra le desir d'y faire un voyage; le roi eut l'adresse de l'en détourner. Ainsi sa piété ne l'aveugloit pas sur les risques que la puissance ecclésiastique, trop peu contenue, pouvoit faire courir à la sienne.

Le roi Robert mourut à soixante ans, Robert. généralement regreté. Nous avons perdu 1030-31. notre père, s'écrioient en gémissant

ceux qui assistèrent à ses funérailles. 1030-31. Il nous gouvernoit en paix, sous lui nos biens étoient en sûreté. Ce que disoient ceux qui étoient présens, toute la nation le répétoit. Nul prince n'a jamais été mieux loué et plus universellement.

On ne peut s'empêcher de remarquer Jugement quelques rapports entre le roi Robert sur Robert. et l'empereur Charlemagne. Tous deux étoient fils du chef de leur dynastie royale tous deux ont eu un règne fort long. Charlemagne a recueilli les restes de la littérature romaine dans les Gaules, Robert, ceux de la littérature de Charlemagne, dispersés et presqu'anéantis par les guerres civiles de la seconde race. L'exemple de Robert, ses encouragemens ont posé les fondemens du vaste édifice des connoissances humaines dont nous jouissons, et si les savans doivent leur admiration à Charlemagne, ils ne peuvent refuser à Robert leur estime et leur reconnoissance. Il ne fut pas empereur, mais il en refusa la dignité qu'on offroit à son fils. Enfin, il protégea les lettres, et les récompensa, non pas avec la magnificence de Charlemagne, mais à proportion de ses revenus qui étoient fort bornés. Ils lui laissèrent cependant les

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1031.

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Henri I,

moyens de bâtir des monastères, et de faire des libéralités aux églises; il paroît que c'étoit à embellir les objets du culte et les armes des guerriers, que l'adresse des artistes s'employoit alors. Dans une entrevue avec l'empereur d'Allemagne, le roi de France lui offrit un livre d'évangiles et d'autres livres d'église, dont la couverture étoit délicatement traitée en or, argent et ivoire; des reliquaires plus précieux par le travail de l'orfévrerie que par la matière ; enfin des armures parfaitement ciselées et gravées. L'empereur lui fit porter en échange un lingot d'or pur, pesant cent livres. Ne pouvant faire un présent orné, il le fit riche, et l'accompagna d'un grand et long repas, selon la coutume d'Allemagne.

Robert laissa trois fils, Henri, Robert et Eudes.

HENRI I,

ágé d'environ 27 ans.

Henri I avoit vingt- sept ans envi39e roi de ron, quand il succéda à Robert. QuoiFrance. qu'il eût été déjà couronné du vivant qu'éprouve de son père, il cut cependant de la Henri. peine à s'affermir sur son trône. Cons

Difficultés

tance, sa mère, n'avoit pas épuisé toute sa malice avec son mari. Il lui en restoit pour son fils aîné. Comme elle n'espéroit pas qu'il se laisseroit gouverner, elle suscita contre lui Robert son second fils. La faction étoit si puissante qu'Henri fut obligé de fuir de Paris, lni douzième. Il gagna Fécamp, où le duc de Normandie tenoit sa cour. Ce duc reçut son suzerain avec beaucoup d'honneur; mais ce qui valut encore mieux, il lui donna une bonne armée avec laquelle Henri rentra dans son royaume. Fort de ce secours il contraignit les rebelles de traiter d'un accommodement. Constance s'y opposa tant qu'elle put, mais elle ne réussit pas l'empêcher; elle se vit même dans la nécessité de se laisser comprendre dans le traité. N'ayant plus ensuite rien à brouiller, elle mourut, et fut enterrée dans l'église de Saint-Denys, auprès du roi son mari, dont elle avoit continuellement troublé le repos.

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1032.

gogne.

Le scean de la réconciliation entre 1033-35. les deux frères, fut le duché de Bour- Don du dugogne, qu'Henri avoit reçu de son ché de Bourpère, et qu'il transmit généreusement Prétentions à Robert. Mais cette espèce de récoin- de Eudes. pense de la rébellion, excita Eudes 1036, le troisième frère, à tâcher de s'en

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