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à voix basse, mais tout haut. Il a fait 1025-29. des motets et des hymnes qu'on chante encore. A sa contenance dans l'église, on pouvoit juger qu'il étoit pénétré d'un vrai sentiment religieux. Mais on peut reprocher à ses dévotions des excès, et des abus qui tiennent à d'ailleurs l'ignorance et aux préjugés du temps.

Pour ne point exposer les plaideurs à un faux serment, il faisoit retirer les reliques des châsses sur lesquelles ils devoient jurer, comme si une pareille précaution pouvoit mettre la conscience en sûreté. Des scélérats avoient attenté à sa vie, ils alloient être condamnés à mort. Robert les fait, dit-on, préparer par la pénitence, à la communion qu'ils reçoivent, et envoie dire aux juges occupés à les juger, qu'il ne peut se résoudre à se venger de ceux que son maître a admis à sa table, et il les admet à la sienne. Comment accorder cet excès d'indulgence avec l'affreuse condescendance commandée par un faux zèle, d'assister avec la reine et toute sa cour, au supplice d'une troupe de Manichéens, misérables fanatiques qui refusèrent jusqu'au bûcher de rétracter leurs erreurs. Quand ils sentirent l'action de la flamme, ils s'écrièrent qu'ils avoient été trompés. On voulut

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moyens de bâtir des monastères, et de faire des libéralités aux églises; il paroît que c'étoit à embellir les objets du culte et les armes des guerriers, que l'adresse des artistes s'employoit alors. Dans une entrevue avec l'empereur d'Allemagne, le roi de France lui offrit un livre d'évangiles et d'autres livres d'église, dont la couverture étoit délicatement traitée en or, argent et ivoire; des reliquaires plus précieux par le travail de l'orfévrerie que par la matière ; enfin des armures parfaitement ciselées et gravées. L'empereur lui fit porter en échange un lingot d'or pur, pesant cent livres. Ne pouvant faire un présent orné, il le fit riche, et l'accompagna d'un grand et long repas, selon la coutume d'Allemagne.

Robert laissa trois fils, Henri, Robert et Eudes.

HENRI I,

ágé d'environ 27 ans.

Henri I, Henri I avoit vingt- sept ans envi39e roi de ron, quand il succéda à Robert. QuoiFrance. qu'il eût été déjà couronné du vivant qu'éprouve de son père, il cut cependant de la Henri. peine à s'affermir sur son trône. Cons

Difficultés

tance, sa mère, n'avoit pas épuisé toute sa malice avec son mari. Il lui en restoit pour son fils aîné. Comme elle n'espéroit pas qu'il se laisseroit gouverner, elle suscita contre lui Robert son second fils. La faction étoit si puissante, qu'Henri fut obligé de fuir de Paris, lui douzième. Il gagna Fécamp, où le duc de Normandie tenoit sa cour. Ce duc reçut son suzerain avec beaucoup d'honneur; mais ce qui valut encore mieux, il lui donna une bonne armée avec laquelle Henri rentra dans son royaume. Fort de ce secours il contraignit les rebelles de traiter d'un accommodement. Constance s'y opposa tant qu'elle put, mais elle ne réussit pas  l'empêcher; elle se vit même dans la nécessité de se laisser comprendre dans le traité. N'ayant plus ensuite rien à brouiller, elle mourut, et fut enterrée dans l'église de Saint-Denys, auprès du roi son mari, dont elle avoit continuellement troublé le repos.

1032.

gogne.

Le scean de la réconciliation entre 1033-35. les deux frères, fut le duché de Bour- Don du dugogne, qu'Henri avoit reçu de son ché de Bourpère, et qu'il transmit généreusement Prétentions à Robert. Mais cette espèce de récoin, de Eudes. pense de la rébellion, excita Eudes 1036. le troisième frère, à tâcher de s'en

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1003-10.

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l'empereur de ce vasselage intéressant,
Robert trouvoit à satisfaire sa bonté
naturelle, en cherchant à assurer le
le Brabant à deux princesses, filles
du malheureux Charles de Lorraine
auxquelles l'empereur avoit enlevé cet
héritage, pour en gratifier un Godefroy,
déjà comte de Bouillon, de Verdun et
d'Ardennes. Le roi de France parvint
à faire rendre quelque justice à ces
princesses. Elles satisfaites, par quel-
ques terres qui leur furent concédées,
Robert ne fut
pas difficile sur les autres
conditions, et la paix se conclut entre
les deux suzerains.

Couronne

Hugues.

Remarquons, en passant, que le Godefroy dont il vient d'être parlé eut pour petite nièce Ide de Bouillon, mère du fameux Godefroy, chef de la première croisade; et que celui-ci devenu roi de Jérusalem, ayant résigné le Brabant, dont il avoit été investi par l'empereur Henri IV, ce duché fut donné par Henri Và la maison de Louvain, tige de celle Hesse d'aujourd'hui, par Henri de Brabant, dit l'Enfant, qui fut premier Landgrave, en 1263.

A l'exemple de Hugues Capet, son ment de père, Robert résolut de faire sacrer et reconnoître de son vivant, Hugues, son fils aîné, âgé de douze ans. Il paroît que cette précaution étoit un secret de

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famille que les Capétiens se transmirent. Ce fut pour la reine Constance une occasion de développer son caractère intrigant et impérieux. Sans doute elle n'avoit pas attendu ce moment pour se montrer à son mari telle qu'elle étoit, et s'en faire craindre. On remarque qu'il n'osoit faire grâces ou faveurs sans son aveu, et que quand cela lui arrivoit, il avoit grand soin de dire à ses obligés Sur-tout n'en parlez point à la reine. Elle eut l'audace de faire massacrer sous les yeux de son époux, Hugues de Beaumont qu'il avoit élevé, sans la consulter, à la dignité de comte du Palais.

1011-18.

à la cour.

Ce fait rend croyable ce qu'on rap- Brouilleries porte de sa conduite à l'égard du père et des enfans; charmée que son mari 1019—22. en faisant couronner Hugues, se soit donné un rival qu'elle pourra faire agir si le père résiste à sa volonté, elle se met à endoctriner le jeune monarque, et l'excite à attirer à lui la puissance dont elle comptoit profiter; mais ne trouvant pas en lui la docilité qu'elle espéroit, elle le tourmente, l'oblige à force de mauvais traitemens à quitter la cour, et même à prendre les armes. Au lieu de se porter en force contre son fils, le père qui savoit la cause de Tom. III.

B

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