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PRUSSE.

ACADÉMIE DES SCIENCES DE berlin.

Séance du 11 mai. R. Pischel, L'origine du symbole chrétien du poisson. Les explications tirées de l'Ancien ou du Nouveau Testament, de traditions sémitiques, du culte d'Attis, sont ou tout à fait manquées ou insuffisantes. En 1874, A. de Gubernatis a fait un rapprochement avec le poisson de Manou; mais son travail est une série d'hypothèses, un rapprochement incohérent de légendes; et il entend ces legendes souvent de cette manière antiscientifique qui est le caractère de la mythologie comparée. En se fondant sur le terrain solide des textes, la philologie indienne montre que c'est, en effet, de l'Inde que le symbole du poisson comme sauveur est venu en Occident. Le poisson qui sauve Manou, l'ancètre de la race humaine, était conçu comme le dieu Brahman ou, plutôt, Vichnou. Le bouddhisme a emprunté le symbole au vichnouïsme dans le Nord de l'Inde, dans le Nepal, où les deux religions avaient d'étroits rapports. C'est au Nepal que Vichnou était particulièrement honoré dans sa première incarnation, en poisson. Des régions de l'Himalaya le symbole a gagné le Tibet et la Chine, où le poisson est suspendu dans le vestibule où la cour de tous les temples bouddhistes, puis le Turkestan, où les chrétiens le connurent et l'appliquèrent à leur Sauveur. Au Turkestan, depuis des siècles, le bouddhisme et le zoroastrisme, plus tard le christianisme, ont été en contact et ont exercé des influences réciproques. La découverte de fragments d'évangiles dans le Turkestan chinois (voir Journal des savants, 1905, p. 456; cf. ibid., p. 120) a fait la preuve que par là se sont exercées sur le christianisme des influences orientales. Th. Wiegand, Quatrième rapport provisoire sur les fouilles des musées royaux à Milet. Le mur récent d'époque romaine, dit mur des Goths, a fourni de nombreux fragments de sculpture et des inscriptions, notamment l'épigramme funéraire de Ménesthée qui vint à Rome avec Démétrius Ir fils de Seleucus IV, et l'aida plus tard dans sa fuite en Syrie (cf. Polybe, XXXI, XXI, 2); les restes d'un décret de Marc-Aurèle, une inscription d'agoranomes, des dédicaces, l'épitaphe de P. Granius Asiaticus, architecte de la ville (ἀρχιτέκτονος τῆς πόλεως), un abraxas (gemme), etc. Fouilles dans le port; description du tombeau des héros, du sanctuaire de l'Apollon delphique de l'enceinte archaïque d'Athena; notes sur la nécropole et la voie sacrée conduisant à Didymes.

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Séance commune du 18 mai. Roethe, Le « Wilhelm von Oestreich» de Jean de Wurzbourg. Ce roman est une œuvre d'épigone, qui doit beaucoup à la littérature antérieure, au Wilhelm von Orlens de Rodolphe, à la Chronique universelle du même, au jeune Titurel. La lutte des chrétiens et des païens est peinte avec des traits légendaires ou historiques de la troisième croisade. Analyse de la technique, du rythme, du choix des mots, de la composition.

CONGRÈS.

Paul LEJAY.

La treizième session du Congrès d'anthropologie préhistorique et d'archéologie se tiendra à Monaco du 16 au 21 avril 1906.

Le Gérant Eug. LANGLOIS.

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JOURNAL

DES SAVANTS

PUBLIÉ SOUS LES AUSPICES

DE L'INSTITUT DE FRANCE

AVRIL 1906

SOMMAIRE DU N° 4

MM. A. DE LAPPARENT. L'Epopée antarctique, premier article, p. 177-
M. COLLIGNON. La sculpture attique avant Phidias, deuxième et dernier
article, p. 188.

E. BERGER. La frontière d'Argonne, p. 196.

G. PARISET. La politique du Grand Electeur, p. 200.

P. BOISSONNADE. L'Espagne au xvII° siècle, p. 212.

LIVRES NOUVEAUX, p. 218.

CHRONIQUE DE L'INSTITUT, p. 224.

ASSOCIATION INTERNATIONALE DES ACADÉMIES, p. 239.
ACADÉMIES ÉTRANGÈRES, p. 230.

PARIS

IMPRIMERIE NATIONALE

LIBRAIRIE HACHETTE ET C

79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79

COMITÉ DE RÉDACTION DU JOURNAL DES SAVANTS.

Pour l'Académie Française: M. GASTON BOISSIER;

Pour l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres M. Léopold DeLisle;

Pour l'Académie des Sciences: M. BERTHELOT;

Pour l'Académie des Beaux-Arts: M. JULES GUiffrey;

Pour l'Académie des Sciences morales et politiques : M. R. Dareste.

M. RENÉ CAGNAT, Membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Directeur
M. HENRI DEHÉRAIN, Sous-Bibliothécaire à l'Institut, Secrétaire de la Rédaction.

CONDITIONS ET MODE DE LA PUBLICATION.

LE JOURNAL DES SAVANTS parait le 15 de chaque mois par fascicules de sept à neuf feuilles in-4°, imprimés à l'Imprimerie nationale.

Le prix de l'abonnement annuel est de 36 francs pour Paris, de 38 francs pour les départe ments et de 40 francs pour les pays laisant partie de l'Union postale.

Le prix d'un fascicule séparé est de 3 francs.

Adresser tout ce qui concerne la rédaction :

A M. H. DEHÉRAIN, secrétaire du Comité, Bibliothèque de l'Institut, quai Conti, Paris.

Adresser tout ce qui concerne les abonnements et les annonces :

A la Librairie HACHETTE, boulevard Saint-Germain, 79, à Paris.

DES SAVANTS.

AVRIL 1906.

L'ÉPOPÉE ANTARCTIQUE.

HUGH ROBERT MILL. The Siege of the South Pole. 1 vol. in-8°. Londres, Alston Rivers, 1905. (De la collection The Story of Exploration, éditée par J. Scott Keltie.)

PREMIER ARTICLE.

Pendant les dix années qui ont précédé 1906, des assauts particulièrement furieux ont été livrés au pôle Sud. Presque délaissés depuis la célèbre expédition de Ross, c'est-à-dire depuis plus d'un demi-siècle, ces parages ont vu tout d'un coup affluer les explorateurs, déterminés à arracher à l'Antarctide des secrets jusqu'alors trop bien gardés. À la fin on peut dire qu'il s'agissait d'un siège en règle, où chaque nation avait choisi son secteur d'attaque, les pavillons anglais, allemand, français, écossais, suédois, norvégien, argentin et même belge, se trouvant déployés côte à côte sur presque toute la circonférence de la barrière de glace qui défend l'accès du pôle austral. Jamais l'effort n'avait été plus considérable ni, en apparence, mieux ordonné. Rarement l'énergie et l'endurance humaines s'étaient montrées sous un jour plus glorieux.

Pourtant, de cette bataille gigantesque, le pôle est sorti intact. À peine si le plus favorisé de beaucoup de tous les assaillants a pu réduire à un seul millier de kilomètres la distance qui le séparait encore du but. Si des observations géographiques et scientifiques du plus haut intérêt ont été le fruit de cette campagne, on ne saurait prétendre ni qu'elles aient épuisé le problème ni même que leur importance ait correspondu pleinement à l'énergie dépensée. Néanmoins, cet épisode marque une date mémorable dans l'histoire de l'exploration, et il mérite d'autant

SAVANTS.

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IMPRIMERIE NATIONALE.

mieux l'attention des hommes de science qu'à le bien étudier on trouvera sûrement des enseignements profitables en vue d'une reprise future des hostilités.

C'est ce qu'a pensé M. Hugh Robert Mill, bien connu dans le monde savant par le rôle important qu'il a longtemps joué comme bibliothécaire de la Société royale de Géographie de Londres. Il s'est donc proposé d'écrire ce qu'il a appelé le Siège du pôle Sud, moins pour faire connaître le détail, encore présent à tous les esprits, des dernières opérations, que pour ramener l'attention sur toutes les tentatives antérieures, à commencer par les plus anciennes. En relations personnelles avec tous les survivants de l'exploration antarctique (1), ayant pu consulter à son aise, contrôler et mettre à profit une masse de documents précieux, renfermés dans les riches archives dont il avait la garde, il a su, dans un seul volume de 450 pages, enrichi de figures et de photographies admirablement choisies, ainsi que d'une carte dressée tout exprès par Bartholomew, donner une histoire aussi remarquable par sa concision que par la sûreté des informations. Il a fait mieux; sa profonde connaissance du sujet lui a permis de si bien relier entre eux les divers épisodes de cette longue épopée, qu'au lieu d'une suite de récits indépendants, nous avons dans ce livre une histoire pleine de vie et d'unité, dont on peut dire qu'elle offre tout l'intérêt d'un drame; non seulement parce que les incidents dramatiques y abondent, mais parce que l'exposé est combiné de telle sorte, qu'on puisse à chaque étape mesurer le progrès accompli ou apprécier les fautes commises dans la poursuite d'un but invariable.

Aussi, quelque malaisé qu'il puisse être de soumettre à l'analyse un livre où déjà se révèle un tel effort de condensation, voulons-nous entreprendre d'en donner ici une idée, en nous attachant surtout à mettre en lumière la trame continue par laquelle l'auteur a su en réunir tous les chapitres.

I. La conception de l'existence d'une région antarctique a dû se présenter à l'esprit des premiers astronomes grecs, aussitôt qu'ils eurent baptisé du nom d'Arctos cette constellation de l'Ourse, autour de laquelle semblent tourner toutes les autres. Seulement, comme à cette époque, la terre était considérée comme un disque aplati, de toutes

(1) Parmi ceux-ci, une mention spéciale est due au vénérable botaniste sir

Joseph Dalton Hooker, qui accompagnait l'expédition de Ross de 1839

à 1843 et qui, presque nonagénaire aujourd'hui, compte parmi les associés étrangers de notre Académie des Sciences.

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