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Je ne suis pas pour recevoir avec sévérité les ouvertures que vous pourriez me faire de votre cœur. (Am, magn. IV. 1.) Si Anaxarque a pu vous offenser, j'étois pour vous en faire justice moimême.

(Ibid. V. 4.) De tels attachements, ô ciel! sont pour vous plaire! (Fem. sav. I. 1.) Suis-je pour la chasser sans cause légitime ? (Ibid. II. 6.) Cette locution, qui paraît abrégée de étre fait pour, était usuelle au xvi° siècle et auparavant. Montaigne dit que Socrate, dans une déroute d'armée, se retirait avec fierté :

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Regardant tantost les uns, tantost les aultres, amis et ennemis, d'une façon qui encourageoit les uns, et signifioit aux aultres qu'il estoit pour vendre << bien cher son sang et sa vie à qui essayeroit de la luy oster. »

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Moi? Voyez ce que c'est que du monde aujourd'hui ! (Ľ’Ét. I. 6.) Rien n'était si facile que de mettre ce que c'est que le monde; mais tout le piquant de l'expression s'en va avec le vieux gallicisme.

Molière paraît s'être ici rappelé ce début de la satire de Regnier :

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Voyez que

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c'est du monde et des choses humaines! Toujours à nouveaux maux naissent nouvelles peines. >>

(Le Mauvais Giste.)

Si j'étois que de vous, je lui achèterois dès aujourd'hui une belle garniture de diamants.

(Am. méd. I. 1.)

(Voyez du représentant que le.)

Vous ferez ce qu'il vous plaira; mais si j'étois que de vous, je fuirois les

procès.
Je ne souffrirois point, si j'étois que de vous,

(Scapin. II. 8.)

Que jamais d'Henriette il pût être l'époux. (Fem. sav. IV.2.) Que est en français la traduction de quod. Si essem quod de

te (sous-entendu est), si j'étais ce qui est de vous.

Le que, dans cette locution, est donc nécessaire, et ne peut en être supprimé que par ellipse.

Si j'étois que de vous, mon fils, je ne la forcerois point à se marier.

(Mal. im. II. 7.)

Si j'étois que des médecins, je me vengerois de son impertinence.

(Mal. im. III. 14.) Voilà un bras que je me ferois couper tout à l'heure si j'étois que de

vous.

(Voyez p. 166, Être de.)

(Ibid. III. 3.)

ÊTRE SUR QUELQU'UN, être sur son propos, s'oc

cuper de lui:

Ma foi,

Demande : nous étions tout à l'heure sur toi.

(Dép. am. I. a.)

ÊTRE OU EN ÊTRE SUR UNE MATIÈRE : Sur quoi en étiez-vous, mesdames, lorsque je vous ai interrompues? (Crit. de l'Éc. des fem. 5.)

Vous êtes là sur une matière qui depuis quatre jours fait presque l'entretien de toutes les maisons de Paris. (Ibid. 6.) Nous sommes ici sur une matière que je serai bien aise que nous poussions.

(Ibid. 7.)

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Albert n'est pas un homne à vous refuser rien. ( Dép. am. I. 2.) ÉTROIT, au sens figuré; ÉTROITES FAVEURS :

Et je serois un fou, de prétendre plus rien
Aux étroites faveurs qu'il a de cette belle.

ET SI, et cependant :

(Dép. am. I. 4.)

(Sgan. 22.)

Depuis assez longtemps je tâche à le comprendre, Et si plus je l'écoute, et moins je puis l'entendre. Vous me semblez toute mélancolique : qu'avez-vous, madame Jourdain? — J'ai la tête plus grosse que le poing, et si elle n'est pas enflée.

(B. gent. III. 5.) Et si paraît être tout simplement l'etsi latin, quoique, écrit et à cause d'une trompeuse analogie.

en deux mots par erreur,

ET-TANT-MOINS; l'ET-TANT-MOINS, substantif

composé, comme le quant-à-soi:

LUBIN.

Claudine, je t'en prie, sur l'et-tant-moins.

(G. D. II. 1.)

C'est-à-dire que ce soit une avance à rabattre plus tard. ÉTUDIER DANS UN ART, UNE SCIENCE:

J'enrage que mon père et ma mère ne m'aient pas bien fait étudier dans toutes les sciences quand j'étois jeune !

EUX AUTRES :

(B. gent. II. 6.)

(L'Ét. IV. 9.)

Il s'est fait un grand vol; par qui? L'on n'en sait rien:
Eux autres rarement passent pour gens de bien.

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EXACT; UN ESPION D'EXACTE VUE:

Je veux, pour espion qui soit d'exacte vue,
Prendre le savetier du coin de notre rue.

Pascal a dit de même, une réponse exacte.

(Ec. des fem. IV. 4.)

J'espère que vous y verrez, mes pères, une réponse exacte, et dans peu de temps. »

(11 Prov.) Exacte est ici au sens de rigoureuse, qui n'omet rien. Aujourd'hui, une réponse exacte signifierait celle qui arrive à l'heure précise, qui serait ponctuelle. C'est dans ce sens que l'on dit répondre exactement: Je lui écris toutes les semai

nes, et il me répond exactement.

EXCELLENT; LE PLUS EXCELLENT :

J'aurois voulu faire voir........ que les plus excellentes choses sont sujettes à être copiées par de mauvais singes...

(Préf. des Précieuses ridicules.)

EXCITER UNE DOULEUR A QUELQU'UN :

Et, dans cette douleur que l'amitié m'excite. (Voyez datif de perte ou de profit.)

(D. Garcie. V. 4.)

EXCUSER A QUELQU'UN....., auprès de quelqu'un : Ne viens point m'excuser l'action de cette infidèle.

(B. gent. III. 9.)

EXCUSER QUELQU'UN SUR :

....Vous m'excuserez sur l'humaine foiblesse.

Je vous excusai fort sur votre intention.

(Tart. III. 3.)

(Mis. III. 5.)

EXCUSES; FAIRE LES EXCUSES de quelque chOSE: Ne m'oblige point à faire les excuses de ta froideur. (Pr. d'El. II. 4.) EXPRESSION; DES EXPRESSIONS, en parlant du mérite d'une peinture:

Dis-nous quel feu divin, dans tes fécondes veilles,
De tes expressions enfante les merveilles.

(La Gloire du Val-de-Gráce.)

(Ibid.)

De ses expressions les touchantes beautés. EXPULSER LE SUPERFLU DE LA BOISSON. Voyez su

PERFLU.

FACHER; SE FACHER dans le sens de s'affliger:

Ne vous fächez point tant, ma très-chère madame.

(Sgan. 16.)

FACHERIE, dans le même sens :

En tout cas, ce qui peut m'ôter ma fácherie,
C'est que je ne suis pas seul de ma confrérie.

(Sgan. 17.)

Et je m'en sens le cœur tout gros de fácherie. (Ec. des mar. II. 5.)

Le beau sujet de fácherie!

FACILE A (un infinitif) :

(Amph. I. 4.)

.... De véritables gens de bien..... faciles à recevoir les impressions qu'on veut leur donner.

(Préf. de Tartufe.)

FAÇON; DE LA FAÇON, ainsi, de la sorte:

On se riroit de vous, Alceste, tout de bon,
Si l'on vous entendoit parler de la façon.

(Mis. I. 1.)

De la façon que, avec un verbe, se trouve dans Pascal :

« Il semble, de la façon que vous parlez, que la vérité dépende de no« tre volonté !

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Et dans Corneille, de la manière que :

« De la manière enfin qu'avec toi j'ai vécu,

(Prov. 8 lettre.)

« Les vainqueurs sont jaloux du bonheur du vaincu. »>

(Cinna. V. 1.) FAÇONNIER, FAÇONNIÈRE, adjectif pris substanti

vement:

...

La plus grande façonnière du monde. (Crit. de l'Ec. des f. 2.) De tous vos façonniers on n'est point les esclaves. (Tart. I. 6.) Façon est le diminutif de face. La finale on, qui est augmentative en italien, est diminutive en français: Beste, bestion; lutin, luiton; pied, peton; gars, garson; poupe (du latin pupa), poupon; Jeanne, Jeanneton, Pierron, Suzon, etc. Les façons, par conséquent, sont de petites mines. (Voyez GRIMACIERS.)

FAIBLE, substantif, LE FAIBLE DE QUELQU'UN :

Et que votre langage à mon foible s'ajuste.

C'est le point faible, et non la faiblesse.

(Dép. am. II. 7.)

Le faible continue à être en usage dans cette locution:

Prendre quelqu'un par son faible.

FAILLIR A QUELQUE CHOSE :

Ne me l'a-t-il pas dit? Oui, oui, il ne manquera pas d'y faillir.

(B. gent. III. 3.)

Aujourd'hui qu'on a retranché, ou à peu près, le verbe faillir, comme suranné, il faudrait dire Il ne manquera pas d'y manquer. Voilà l'avantage de supprimer les synonymes. (Voyez FAUT.)

FAIM, désir; AVOIR FAIM, GRAND'FAIM de....:

Je n'ai pas grande faim de mort ni de blessure. (Dép. am. V. 1.) Cette locution est demeurée de fréquent usage en Picardie ; elle est dans Montaigne :

« Il n'est rien qui nous jecte tant aux perils qu'une faim inconsidérée de << nous en mettre hors. » (MONTAIGNE. III. 6.)

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« Il a grand faim de se combattre contre Annibal.— Quand il luy viendra

faim de vomir. Il avait faim de l'avoir. »

FAIRE, pour dire :

AGNÈS.

Moi, j'ai blessé quelqu'un? fis-je tout étonnée...

Hé! mon Dieu, ma surprise est, fis-je, sans seconde...
Oui, fit-elle, vos yeux pour donner le trépas.....

(NICOT.)

(Ec. des fem. II. 6.)

Cet archaïsme remonte à l'origine de la langue. Le livre des Rois, traduit au x1° siècle, en fait constamment usage, non-seulement pour inquit, mais aussi pour dixit:

« Vien t'en, fist Jonathas.... fist Jonathas: à els irrum.......» (p. 46.)

« Fist li poples à Saul: Comment! si murrad Jonathas ? »

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(p. 51.)

(p. 50.)

Voltaire l'a souvent employé pour donner à son style une teinte de .naïveté ironique.

Mais comment le verbe fairé s'est-il, dès l'origine de la langue, substitué au verbe dire? Cette substitution n'est pas réelle : elle n'est qu'apparente.

Par suite des habitudes de syncope et des lois de la transmutation des voyelles, il est arrivé que des formes rapprochées en latin ont produit, en français, des formes identiques.

Dicere a donné dire, dicere.

Desi(de rare, desi)rare, dire aussi.

(Voyez DIRE,

trouver quelqu'un a dire.)

Pareillement, de făcere, fere, et de fări, faire.

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