J'ai fait mon pouvoir, sire, et n'ai rien obtenu,» (CORNEILLE, Le Cid. I. 6.) - FAIRE UNE BOURLE (bourle, de l'italien burla, moquerie): Une certaine mascarade que je prétends faire entrer dans une bourle que je veux faire à notre ridicule. (B. gent. III. 14.) (Voyez BOURLE.) FAIRE UNE VENGEANCE DE QUELQU'UN; en tirer vengeance: Et je prétends faire de lui une vengeance exemplaire. (Scapin. III. 7.) FAIT A (un infinitif), habitué à.......... : Car les femmes y sont faites à coqueter. (Ec. des fem. I. 6.) FAIT, substantif; C'EST UN ÉTRANGE FAIT QUE..........: C'est un étrange fait que, avec tant de lumières, (Ibid. IV. 8.) LE FAIT DE QUELQU'UN ; tout ce qui le concerne, sa conduite, sa fortune, etc....: Tout son fait, croyez-moi, n'est rien qu'hypocrisie. (Tart. I. 1.) Je crains fort pour mon fait quelque chose approchant. Bienheureux qui a tout son fait bien placé! Dans La Fontaine : (Amph. II. 3.) (L'Av. I. 4.) « Le malheureux, n'osant presque répondre, · DIRE SON FAIT A QUELQU'UN : Il me donna un soufflet, mais je lui dis bien son fail! FALLANT, participe présent de falloir : (Pourc. I. 6.) (Fâcheux. II. 2.) Mais lui fallant un pic, je sortis hors d'effroi. Comme il lui fallait un pique. Le participe abrège singulièrement, et mériterait pour cela seul d'être en usage. FALLOT, plaisant, grotesque; TRAIT FALLOT : Un homme l'emmenoit, qui s'est trouvé fort sot. (L'Et. II. 14.) . . . . . Hé quoi, plaisant fallot, « Vous parlerez toujours, et je ne dirai mot ? » (TH. CORNEILLE, Jodelet prince.) « Là, par quelque chanson fallote, « Nous célébrerons la vertu « Qu'on tire de ce bois tortu. >> (ST.-AMAND.) « Falot se prend aussi pour un muguet, compagnon de village: - Un gentil falot. » (NICOT.) Au sens propre, le substantif falot est très-ancien dans notre langue, où il est venu de la basse latinité. Dans les actes de Minutius Félix (ap. Baron, ad ann. 303), on trouve déjà cereofalum, un falot de cire; et dans une charte de l'évêché d'Amiens, en 1240, falæ signifie les torches employées aux enterrements. Falæ était traduit failles en français : « Et des murs toutes les entrailles «Portent brandons et mettent failles.» (R. d'Athis et Prophil.) Falot se trouve dans Albert Mussato, de Padoue, qui écrivait, au commencement du xive siècle, la chronique des gestes d'Henri VI: « Soudain ils voient briller, au sommet de la Gor« gone, une sorte de signal par le feu, qu'ils appellent falot: " quod ipsi falo nuncupabant,» Sur quoi Nicolas Villani fait une note pour expliquer ce que c'est qu'un falot, et il dérive ce mot du grec paλòs, dérivé lui-même du verbe qálu, briller. Il est à remarquer que ceux dont il est question, et que désigne le mot ipsi, ce sont les Padouans. Falot, ou plutôt falo, était donc, vers 1300, un terme italien. On le retrouve en effet dans la chronique de Modène : « Et ex hoc facti fuerunt magni falo mutinæ. >> (Ap. MURATORI, t. 15.) Fallodia, fallogia, dans les chroniques italiennes du moyen âge, sont des illuminations. J'ai insisté sur l'origine de ce mot, parce qu'il a causé beau coup de tortures aux érudits; on peut voir dans Trévoux les peines qu'ils se sont données pour tirer falot du saxon bal, ou du chaldéen lappid, changé en peled, qui se serait à son tour transformé en falot. Le passage du sens propre au sens métaphorique ne peut arrêter personne. Il est tout naturel de comparer un homme gai, facétieux, folâtre, à une flamme qui joue sous le vent. Les Latins disaient, par une figure pareille, igniculi ingenii (Quintilien). (Voyez Du Cange aux mots Falo, Phala, Fallodia.) FAMEUX, au sens de considérable, important: Et me donner le temps qui sera nécessaire Oui, je suis don Alphonse; et mon sort conservé (L'Et. IV. 9.) Qui fut entre son prince et le roi notre père. (D. Garcie. V. 5.) (Ibid. V. 6.) Cet emploi de fameux, qui paraît avoir été du style noble du temps de Molière, est aujourd'hui une des formes triviales du langage du peuple. Quoi! faut-il que pour moi vous renonciez, seigneur, A cette royale constance Dont vous avez fait voir, dans les coups du malheur, Royale constance, fameuse expérience, laissent trop voir la précipitation de l'écrivain. FANFAN, terme de tendresse et de mignardise : Oui, ma pauvre fanfan, pouponne de mon âme. (Ec. des mar. II. 14.) C'est la dernière syllabe du mot enfant, redoublée, à l'imitation des enfants eux-mêmes. FANFARONNERIE: C'est pure fanfaronnerie De vouloir profiter de la poltronnerie De ceux qu'attaque notre bras. (Amph. I. 2.) La fanfaronnade est l'expression de la fanfaronnerie. FATRAS au pluriel : Et se charger l'esprit d'un ténébreux butin De tous les vieux fatras qui traînent dans les livres. Que si la frayeur nous saisit de sorte que le sang se glace si fort que << tout le corps tombe en défaillance, l'âme défaut en même temps. (BOSSUET. Connaissance de Dieu. p. 115.) Dans l'édition in-12, imprimée en 1846 chez MM. Didot, l'éditeur a mis: « l'âme semble s'affaiblir. » De pareilles corrections sont de véritables sacriléges. Comment n'a-t-on pas vu l'intention de ce rapprochement entre les mots défaillance et défaillir? comment, à cette expression énergique l'âme défaut, a-t-on osé substituer cette misérable et lâche expression, semble s'affaiblir ? comment enfin se trouve-t-il des mains qui osent toucher à Bossuet, et mutiler sa pensée ? FAUTE, absence, manque; IL VIENT FAUTE DE: S'il vient faute de vous, mon fils, je ne veux plus rester au monde. (Mal. im. I. 9.) FAUX, dans le sens de méchant, félon, déloyal: Mais le faux animal, sans en prendre d'alarmes, FAUX BOND. Voyez FAIRE FAUX BOND. FAUX MONNOYEURS EN DÉVOTION: (Pr. d'El. I. 2.) Toutes les grimaces étudiées de ces gens de bien à outrance, toutes les friponneries couvertes de ces faux monnoyeurs en dévotion.... FAVEUR, ressource, protection : Afin que pour nier, en cas de quelque enquête, (1er Placet au Roi.) (Tart. V. 1.) On dit encore tous les jours à la faveur de : il a nié, à la fa veur d'un faux-fuyant. FAVEURS ÉTROITES. Voyez ÉTROIT. FEINDRE A (un infinitif), hésiter à.............: Tu feignois à sortir de ton déguisement. Vous ne devez point feindre à me le faire voir. Nous feignions à vous aborder, de peur de vous interrompre. FEINDRE DE (un infinitif), même sens : (L'Et. V. 8.) (Mis. V. 2.) (Ľ’Av. I. 5.) Ainsi, monsieur, je ne feindrai point de vous dire que l'offense que nous cherchons à venger..... etc. (D. Juan. III. 4.) Je ne feindrai pas de dire, de faire, c'est-à-dire, je dirai, je ferai réellement, sincèrement. Nous ne feignons point de mettre tout en usage. (Pourc. I. 3.) Je ne feindrai point de vous dire que le hasard nous a fait connoître il y a six jours. — FEINDRE, suivi d'un infinitif sans hésiter, comme feindre à, et feindre de: Feindre s'ouvrir à moi, dont vous avez connu (Mal. im. I. 5.) préposition, (Dép. am. II. r.) feindre avec un Le seigneur de Bonnivet, pour luy arracher son secret, feignit luy dire le sien. » (Heptam., nouvelle 14.) La vieille langue employait se faindre, pour exprimer s'épargner à quelque chose, ne faire que le semblant de...... « Ne se doit pas faindre de luy aider........... << De luy aider ne se va pas faignant. » (Ogier. V. 9632 et 9638.) Nicot dit : « SE Faindre, parcere labori, remittere, summit«< tere. Sans se faindre, sedulo, SE FAINDRE, prævaricari. Tu « te fains à jouer; non bona fide ludis. » Montaigne emploie se feindre absolument, pour feindre, comme se jouer, pour jouer; se mourir, pour mourir : « Pour revenir à sa clemence (de César), nous en avons plusieurs naïfs • exemples au temps de sa domination, lorsque, toutes choses estant re« duictes en sa main, il n'avoit plus à se feindre, (MONT. II. 33.) FEMME DE BIEN, recevant comme un adjectif la marque du comparatif: Croyez-moi, celles qui font tant de façons n'en sont pas estimées plus femmes de bien. (Crit. de Ec. des fem. 3.) |