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GENS DE BIEN A OUTRANCE :

Toutes les grimaces étudiées de ces gens de bien à outrance.

GENS DE DIFFICULTÉS :

Ce sont (les avocats) gens de difficultés.

GENS DE NOM:

(1er Placet au Roi.)

(Mal. im. I. 9.)

Toute mon ambition est de rendre service aux gens de nom et de mérite.

(Sicilien. 11.) GENTILLESSE, dans le sens de l'italien gentilezza, noblesse :

Ce sont des brutaux, ennemis de la gentillesse et du mérite des autres villes. (Pourc. III. 2.)

GLOIRE, considération personnelle, mérite :

Pourquoi voulez-vous croire

Que de ce cas fortuit dépende notre gloire? (Ec. des fem. IV. 8.) C'est où je mets aussi ma gloire la plus haute. (Tart. II. 1.) Je mets ma gloire, je fais consister mon mérite principal à vous satisfaire.

GOBER LE MORCEAU, se laisser prendre, duper tranquillement :

Mais je ne suis pas homme à gober le morceau. (Éc. des f. II. 1.) Métaphore prise de la pêche à la ligne :

GOGUENARDERIE:

Oui, mais je l'enverrois promener avec ses goguenarderies.

GRACE; DONNER GRACE, pardonner :

Et l'on donne gráce aisément

A ce dont on n'est pas le maître.

(Med. m. lui. II. 3.)

(Amph. II. 6.)

GRAIS, Grec :

MARTINE.

Et, ne voulant savoir le grais ni le latin...

(Fem. sav. V. 3.)

C'est l'ancienne et légitime prononciation, comme dans échecs, legs. Ce passage nous montre que, du temps de Molière, le peuple la retenait encore.

GRAND invariable en genre:

(Tart. II. 3.)

(Ibid. II. 4.)

(Mis. II. 6.)

Le bal et la grand bande, assavoir deux musettes. Vous n'aurez pas grand peine à le suivre, je crois. Il porte une jaquette à grands basques plissées. Dans l'origine de la langue, tout adjectif dérivé d'un adjectif latin en is, grandis, qualis, regalis, viridis, etc., ne changeait pas non plus en français pour le féminin.

Il nous reste encore de cet usage, grand messe, grand mere, grand route, etc., et, dans le langage du palais, lettres royaux. C'est donc une véritable faute de mettre une apostrophe après grand, comme si l'e s'élidait.

(Voyez des Variations du langage français, p. 226.)

-GRAND LATIN, grand latiniste, comme on dit grand grec pour grand helléniste:

Je vous crois grand latin et grand docteur juré. (Dép. am. II. 7.) — GRAND SEIGNEUR (LE), pour l'aristocratie, la noblesse :

O l'ennuyeux conteur!

Jamais on ne le voit sortir du grand seigneur.

De même le marquis, pour la classe des marquis. (Voyez MARQUIS.)

GRIMACIERS, hypocrites:

(Mis. II. 5.)

Ils donnent bonnement (les hommes sincèrement vertueux) dans le panneau des grimaciers, et appuient aveuglément les singes de leurs actions.

(Voyez FAÇONNIER.)

GROUILLER:

Et l'on demande l'heure, et l'on bâille vingt fois,
Qu'elle grouille aussi peu qu'une pièce de bois.

(D. Juan. V. 2.)

(Mis. II. 5.)

Comme grouiller est devenu, l'on ne sait pourquoi, un terme bas, les éditeurs de 1682 ont jugé qu'il était mal séant dans la bouche de Célimène, et ils ont fait à Molière l'aumône d'une correction que les comédiens se sont empressés d'adopter: Qu'elle s'émeut autant qu'une pièce de bois.

M. Auger observe qu'il fallait au moins mettre se meut ou remue, car c'est de cela qu'il s'agit, et non de s'émouvoir.

Ces corrections, faites au texte d'un écrivain comme Molière, sont autant d'impertinences.

Est-ce que madame Jourdain est décrépite? et la tête lui grouille-t-elle déjà ? (B. gent. III. 5.)

Grouiller est une forme de crouller. La prononciation les confondait. Crouller, verbe actif ou verbe neutre, trembler, agiter, ébranler; en italien, crollare: crollare il capo, secouer la tête : « Les fundemens des munz sunt emeuz et crollez, kar <«< nostre sire est curuciez. » (Rois, p. 205.) Les fondements des monts sont émus et ébranlés, concussa et conquassata.

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La teste croule si a des piez houez.» (La bataille d'Arlescamp.) Baucent grouille la téte, secoue la tête.

Il peut être intéressant, pour l'histoire de la langue, d'observer que nos pères avaient à la fois crouler et trembler, et qu'ils distinguaient fort bien l'un de l'autre. En voici un exemple, tiré du roman d'Alexandre; il s'agit des prodiges qui signalèrent la naissance de ce héros :

« Dieu demonstra par signe qu'il (Alexandre) se feroyt cremir (1), car « l'on vit l'aer muer, le firmament croissir (2), et la terre crouler; la mer « par lieus rougir, et les bestes trembler, et les hommes fremir.

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(Préf. de la Ch. des Saxons. p. 22.) n'indiquent pas une langue

Ces finesses de nuances n'indiquent pas

barbare.

Quand le souldich l'eut entendu, si crolla la teste et le regarda felle

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ment, et dist: Tu has murdry!

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GUÉRIR, au sens figuré :

NICOLE.

De quoi est-ce que tout cela guérit?

A quoi tout cela sert-il ?

(B. gent. III. 3.)

(1) Cremir, craindre, de tremere, pour tremir, Cremir est devenu craindre, le c conti

nuant à remplacer le t; car il semble qu'on dût dire traindre.

(2) Craquer.

GUEUSER DES ENCENS:

Pour moi, je ne vois rien de plus sot, à mon sens,

Qu'un auteur qui partout va gueuser des encens. (Fem. sav. III. 5.)

GUEUX COMME DES RATS :

Tous ces blondins sont agréables.... mais la plupart sont gueux comme des rats. (L'Av. III. 8.)

L'expression complète eût été : Comme des rats d'église, qui n'y trouvent rien à manger. Mais, du temps de Molière, on n'osait pas prononcer sur le théâtre le mot église ; quand on y était réduit, on disait le temple. (Voyez TEMPLE.)

-GUEUX D'AVIS:

Non de ces gueux d'avis, dont les prétentions
Ne parlent que de vingt ou trente millions.

(Fácheux. III. 3.)

GUIDE, subst. féminin, comme sentinelle; archaïsme:

La Guide des pécheurs est encore un bon livre.
« Elle lit saint Bernard, la Guide des pécheurs (1).

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(Sgan. 1.)

(REGNIER. Macette.)

Guide, terme technique, est resté féminin:

GRANDES GUIDES.

GUIGNER, lorgner du coin de l'œil :
J'ai guigné ceci tout le jour.

CONDUIRE A

(L'Av. IV. 6.)

De guingois, espèce d'adverbe, pour signifier de côté, de travers, paraît dérivé de guigner: de guingois, comme de guigois. Mme de Sévigné affectionne ce terme familier : un esprit de guingois.

HABILLER; S'HABILLER D'Un nom :

Le monde aujourd'hui n'est plein..... que de ces imposteurs qui.... s'habillent insolemment du premier nom illustre qu'ils s'avisent de prendre. (L'Av. V. 5.)

HABITUDE DU CORPS, tenue, maintien, habitus : Cette habitude du corps menue, grêle, noire et velue. (Pourc. I. 11.)

(1) Ouvrage ascétique, composé en espagnol par le père Louis de Grenade.

HAINE POUR QUELQU'UN, au lieu de haine contre : Ils ont en cette ville une haine effroyable pour les gens de votre pays.

HANTER QUELQUE PART:

(Pourc. III. 2.)

Oui; mais pourquoi, surtout depuis un certain temps,

Ne sauroit-il souffrir qu'aucun hante céans ?

HANTISES, FRÉQUENTATION :

Isabelle pourroit perdre dans ces hantises

Les semences d'honneur qu'avec nous elle a prises.

(Tart. I. 1.)

(Ec. des mar. İ. 4.)

La forme primitive était hant, racine du verbe hanter :

« Sunt se nettement guardé tes vadlets, e meimement de lant de « femme? »

HARDI, employé comme exclamation :

Là, hardi! tâche à faire un effort généreux.

(Rois. p. 83.)

(Sgan. 21.)

HATÉ, pressé, urgent :

Nous sortions. Il s'agit d'un fait assez háté. (Ec.des mar. III. 5.)

HAUT, substantif; un haut, pour une hauteur:

Sur un haut, vers cet endroit,

Étoit leur infanterie.

(Voyez GAGNER LE HAUT.)

HAUT DE L'ESPRIT (DU):

Et, les deux bras croisés, du haut de son esprit

Il regarde en pitié tout ce que chacun dit.

(Amph. I. 1.)

(Mis. II. 5.)

HAUT LA MAIN, sans l'ombre de résistance ou de

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Cette expression se rapporte à cette autre, avoir là haute main sur...; et cette dernière se trouve fréquemment dans les plus vieux monuments de notre langue :

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