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Le participe joint a remplacé dans ces locutions le vieil ad

verbe jouxte, juxta.

JOUER, actif, suivi d'un nom de chose, éluder :
Jusqu'ici vous avez joué mes accusations.

(G. D. III. 8.)

Les Latins aussi ne disaient ludere en ce sens qu'avec un nom de la personne :

« Sat me lusistis; ludite nune alios.

Cependant on trouve aussi, dans Pétrone, ludere vestigia, manquer sous le pied.

JOUER AU PLUS SUR:

Pour jouer au plus súr,

Il faut me l'amener dans un lieu plus obscur. (Éc. des fem. V.2.)
JOUER (SE), mis absolument comme jouer :

Que veut dire ceci ? Nous nous jouons, je croi. (Mélicerte. I. 2.) JOUR, au figuré, notion, connaissance :

Et sans doute il faut bien qu'à ce becque cornu,

Du trait qu'elle a joué quelque jour soit venu. (Ec. des f. IV. 6.)
JOUR A, facilité à :

Je veux vous faire un peu de jour à la pouvoir entretenir (Sicilien. 10.)

DONNER UN JOUR, donner une couleur, considérer

sous un aspect:

De semblables erreurs, quelque jour qu'on leur donne,...

JUDAS, adjectivement, pour traître

COVIELLE. Que cela est Judas!

(Amph. III. 8.)

(B. gent. III. 10.)

JUDICIAIRE, jugement; AVOIR QUELQUE MORCEAU

DE JUDICIAIRE:

Vous êtes-vous mis dans la tête que Léonard de Pourceaugnac. n'ait pas là-dedans quelque morceau de judiciaire pour se conduire? (Pourc. II. 7.)

J'observe qu'on devrait écrire morseau, car ce mot est un diminutif de mors, un mors de pain, formé du verbe mordre,

qui faisait au participe passé mors, d'où morceler(qui serait mieux écrit morseller), et non mordu; comme tordre, tors, et non tordu:

Adonc repartit l'espousée :

« Je ne vous ai pas mors aussy ! »

JUGEMENT A GAUCHE:

Un envers du bon sens, un jugement à gauche.

(MAROT.)

(L'Et. II. 14.)

JURER; JURER DE QUELQUE CHOSE; latinisme, jurare de aliqua re:

Vous avez beau faire la garde : j'en ai juré, elle sera à nous.

(Sicilien. 9.) JUSTIFIER; JUSTIFIER QUELQUE CHOSE ET SE JUSTIFIER A QUELQU'UN SUR, pour auprès de quelqu'un: C'est aux vrais dévots que je veux partout me justifier sur la conduite de ma comédie. (Préf. de Tartufe.)

Et pour justifier à tout le monde l'innocence de mon ouvrage.

(1er Placet au roi.)

... C'est consoler un philosophe que de lui justifier ses larmes.

(Lettre à Lamothe-Levayer) (1).

Votre père ne prend que trop le soin de vous justifier à tout le monde.

« C'est ainsi que notre bergère se justifioit à Cérès. »

(L'Av. I. 1.)

(LA FONTAINE. Psyché. II.)

LA, rapporté à un mot caché dans une ellipse :

(L'Et. III. 4.)

Fût-ce mon propre frère, il me la payeroit. La ne se rapporte grammaticalement à rien; le substantif sous-entendu peut être dette. L'usage est de dire aujourd'hui, au masculin ou au neutre : « Il me le payerait; tu me le payeras..

(Voyez des exemples analogues au mot ÉCHAPPER BELLE (L').) -LA, construit avec le verbe être, et représentant un substantif:

Je veux être mère parce que je la suis, et ce seroit en vain que je ne la voudrois pas être. (Am. mag. I. 2.)

La tient la place du mot mère. Madame de Sévigné prétendait mal à propos étendre ce privilége de l'article, et mettre la

(1) En lui envoyant un sonnet sur la mort du jeune Lamothe-Levayer.

en remplacement d'un participe: Êtes-vous enrhumée ? — Je la suis. L'article, dans ce dernier cas, représente étre enrhumé, qui n'a point de genre; par conséquent je le suis.

LA CONTRE, contre cela:

On ne peut pas aller là contre.

(D. Juan. I. 2.)

Eh bien! oui; vous dit-on quelque chose là contre? (Fem. sav. II.6.) Mon frère, pouvez-vous tenir là contre?

(Mal: im. III. 21.)

LA DONNER SÈCHE A QUELQU'UN :

Et, sortis de ce lieu, me la donnant plus sèche : Marquis, allons au cours faire voir ma calèche. (Voyez ÉCHAPPER (L') BELLE.)

LAIDIR, devenir laid:

(Fácheux. I. 1.)

(L'Et. II. 5.)

Je crains fort de vous voir comme un géant grandir, Et tout votre visage affreusement laidir. Nous n'avons plus que le composé enlaidir. J'observe que cette terminaison ir, aux verbes neutres, marquait une action en progrès, comme en latin escere: grandir; laidir, emmaladir; assagir, rendre sage; affolir, rendre fou (affoler est autre chose; c'est fouler, blesser, etc.). En termes de marine, calmir c'est être en train de se calmer : la mer calmit, commence à calmir.

LAISSER A (le verbe à l'infinitif sans préposition):

Et laisse à mon devoir s'acquitter de ses soins.

NE PAS LAISSER DE (un infinitif):

Ce n'est rien, ne laissons pas d'achever.

(Amph. I. 2.)

(Préc. rid. 15.)

Je lui dis que vous n'y êtes pas, madame, et il ne veut pas laisser d'entrer.

(Crit. de l'Ec. des fem. 4.)·

Il y a là vingt gens qui sont fort assurés de n'entrer point, et qui ne

laissent pas de se presser.

Cela choque le sens commun,

Mais cela ne laisse pas d'être.

Ne laissons pas d'attendre le vieillard.

sonnes.

(Impromptu. 3.)

(Amph. II. 1.)

(Scapin. I. 5.)

Ils ne laisseroient pas de l'apprendre, s'ils vouloient écouter les per(Comtesse d'Escarb. 11.) Parmi nos bons écrivains, je n'en trouve pas qui aient employé cette autre forme de la même locution, ne pas laisser que de.

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Son orgueil (de Nabuchodonosor) ne laissa pas de revivre dans ses (BOSSUET. Hist. Univ. IIIe part. § 4.)

" successeurs.»

«

L'eau ne laissa pas d'agir, et de mettre en évidence les figues toutes «< crues encore et toutes vermeilles. >> (LA FONT. Vie d'Esope.)

« Cela n'importe, dit le père; on ne laisse pas d'obliger toujours les << confesseurs à les croire (les pénitents). »

(PASCAL, 10° Provinc.)

« Je ne laissai pas de compter avec plaisir l'argent que j'avois dans mes poches, bien que ce fût le salaire de mes assassinats.

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(LE SAGE. Gil Blas. II. 6.)

Dans cette façon de parler, laisser représente omettre. On dit omettre de, et non pas omettre que de. Les Italiens disent pareillement : « Egli non lascia di dire il suo parer, » et non pas non lascia che di dire.

Si cette locution nous vient d'eux, il est clair que nous l'avons altérée ; s'ils l'ont au contraire prise de nous, c'est la preuve que dans l'origine le que n'y figurait pas.

Thomas Corneille, dans ses notes sur Vaugelas, blame l'introduction du que parasite dans cette façon de parler; un dictionnaire moderne ne laisse pas de l'autoriser, c'est celui de M. Napoléon Landais.

LANGUE; AVOIR DE LA LANGUE, être bavard:

C'est avoir bien de la langue que de ne pouvoir se taire de ses propres affaires!

LANGUE qui FAIT UN PAS DE CLERC:

(Scap. III. 4.)

(Dépit am. L 4.)

Ce mariage est vrai? — Ma langue en cet endroit ▲ fait un pas de clerc, dont elle s'aperçoit. Il faut observer que cette métaphore bouffonne est placée dans la bouche de Mascarille.

LA PESTE SOIT, telle ou telle chose. (Voyez PESTE.) LAS! hélas:

Où voulez-vous courir? — Las! que sais-je ?

(Tart. V. 1.)

Il faut observer que cet adjectif, depuis longtemps passé à l'état d'interjection, n'était pas primitivement immobile. Une femme s'écriait, hé, lasse! comme en latin me lassam ! Dans hélas, l'interjection est hé, comme dans hémi: « Hémi, où

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arai-je recours? (R. de Coucy.) » Hei mihi, hei lassum.

LATIN pour latiniste:

Vous êtes grand latin et grand docteur juré.

(Dépit am. II. 7.) On dit de même familièrement un grand grec, pour helléniste.

LÉGER; DE LÉGER, légèrement:

Mon Dieu! l'on ne doit rien croire trop de léger. (Tart. IV. 6.) Au x11° siècle on disait de legerie, c'est-à-dire, avec légèreté. Roland dit à Charlemagne que ses conseillers l'ont conseillé un peu de léger sur le fait des ambassadeurs de Marsile :

« Loerent vous alques de legerie.» (Chanson de Roland. st. 14.) De léger comme de vrai. Les Italiens disent de même di leggiero.

LÉGER D'ÉTUDE:

Et, de nos courtisans les plus légers d'étude,

Elle (la fresque) a pour quelque temps fixé l'inquiétude.

LEQUEL:

(La Gloire du Val de Gráce.)

Molière paraît avoir eu pour ce mot une antipathie si prononcée, il l'emploie si rarement, que j'ai pensé intéressant de recueillir les passages où il se trouve, et ceux où il est visiblement évité.

Les premiers sont au nombre de huit; les autres sont à peu près innombrables: aussi je me contenterai des principaux de ces derniers.

Ma bague est la marque choisie
Sur laquelle au premier il doit livrer Célie.
Il n'a pas aperçu Jeannette, ma fillole,
Laquelle a tout ouï, parole pour parole.
Car goûtez bien, de grâce,

(L'Et. II. 9.)

(Ibid. IV. 7.)

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J'ai appris cette nouvelle d'un paysan qu'ils ont interrogé, et auquel ils

vous ont dépeint.

En vertu d'un contrat duquel je suis porteur.

(D. Juan. II. 8.)

(Tart. V. 4.)

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