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« Lit-on du mal, c'est jubilation;'

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Lit-on du bien, des mains tombe le livre,

Qui vous endort comme bel opion. »

Voltaire a dit encore, au XVIIIe :

« L'opium peut servir un sage:

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(SENECE.)

Galbanon, aliboron, rogaton, dicton, toton, sont les mots latins aliorum (barbarement aliborum), galbanum, rogatum, dictum, totum (parce que si le toton s'abat de manière à présenter la face où est inscrite la lettre T, le joueur prend la totalité des enjeux.)

On dit indifféremment factolum et factoton, mais factotum est la prononciation moderne :

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MAUX; DIRE TOUS LES MAUX DU MONDE:

Qu'ils disent tous les maux du monde de mes pièces, j'en suis d'accord.

(Impromptu. 3.)

ME, avec un verbe neutre, comme tomber:

A qui la bourse ? - Ah dieux, elle m'étoit tombée ! (L'El. I. 7.) Me est ici au datif : à moi. C'est le datif que les Latins employaient pour exprimer soit le profit, soit la perte : Exciderat mihi marsupium.

(Voyez DATIF.)

MÉCHANT, mauvais; en parlant du goût, d'un art: Mais peut-être, madame, que leur danse sera méchante? ou non, il la faut voir.

.....

Je n'ai

pas

Méchante (Am. magn. I. 6.)

si méchant goút que vous avez pensé. (Ibid. II. 1.) Il ne faut point perdre de vue le sens primitif de meschant, qui n'est point celui de malus, nequam, auquel seul il est aujourd'hui réduit, mais celui de infortuné, qui a contre soi la chance. Ce radical mes agit de même dans mes-prix, mes

dire, mes-offrir, mes-aventure, mes-estime, etc. (en anglais mis: mistake, misfortune, etc.).

Meschant est le participe de meschoir, pour meschéant. Alain Chartier oppose méchant à heureux :

« Adonc y seras-tu plus meschant de ce que tu cuideras y estre plus « heureux. » (ALAIN CHARTIER. Curial. p. 394.) Greban dit qu'à la mort de Charles VII les bergers désolés se rassemblaient :

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« Car par troupeaux s'assemblèrent ez champs,

«

Criants: Ha Dieu, que ferons-nous, meschants? ›

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(Epitaphe de Charles VII.)

Charles Bouille, de Saint-Quentin (1533): « Meschant: qua << voce abutentes Galli, virum interdum inopem, interdum iniquum, dolosum et infelicem effantur. » (De vitiis vulgarium Ling., p. 15.) Mais il n'est pas si exact quand il dérive méchant du grec unyavý, parce que les artisans voués aux arts mécaniques sont d'ordinaire pauvres, et de pauvres deviennent méchants. C'est de l'étymologie à la façon de Ménage. Meschance a été la forme primitive de méchanceté.

« Tu es le vray Dieu, qui meschance

«

N'aymes point, ni malignité.

»

(MAROT, Psaume 5.)

Ainsi un méchant goût, une méchante danse, c'est un goût, une danse qui ne réussissent point, qui ont la chance contraire. Voilà, dit Xanthus, la pâtisserie la plus méchante que j'aie jamais « mangée. Il faut brûler l'ouvrière, car elle ne fera de sa vie rien qui vaille.»> (La Fontaine. Vie d'Ésope.)

k

MÉDIRE SUR QUELQU'UN :

Ceux de qui la conduite offre le plus à rire

Sont toujours sur autrui les premiers à médire.

(Tart. I. 1.)

« On médit de quelqu'un, et non sur quelqu'un. C'est une légère faute, que Molière eût évitée en mettant :

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Des autres sont toujours les premiers à médire. (M. AUGER.) Le vers de Molière est le plus naturel du monde : celui qu'on propose pour le remplacer offre une inversion tout à fait forcée, et qui trahirait la gêne du poëte. Pourquoi ne dirait-on pas

médire sur comme médire de, puisque, dans cette dernière forme, de est le latin de, qui signifie sur? On dit bien malédiction sur lui!

Molière, en construisant le verbe comme substantif, n'a point ici commis de faute, même légère; et c'en est toujours une d'être guindé, soit en vers, soit en prose.

MELER pour se mêler:

Faut-il le demander, et me voit-on mêler de rien dont je ne vienne à bout? (L'Av. II. 6.)

Molière, par égard pour l'euphonie, a fait servir un seul me pour les deux verbes voir et méler.

(Sur la suppression du pronom des verbes réfléchis, voyez au mot ARRÊTER.)

MÊME, pour le même :

Si sa bouche dit vrai, nous avons même sort.

(Amph. II. 2.)

Tout autre n'eût pas fait même chose à ma place ? (Dép. am. IV. 2.)

MÊME, précédant son substantif comme en es

pagnol :

Avoir ainsi traité

Et la même innocence et la même bonté!

Seigneur, de vos soupçons l'injuste violence

A la même vertu vient de faire une offense.

(Sgan. 16.)

(D. Garcie. IV. 10.)

Sais-tu que ce vieillard fut la même vertu. . . ?» (CORN. Le Cid.)

L'italien a la même construction: l'istessa innocenza e l'istessa bonta.

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«

Je ne suis plus le même d'hier au soir.

Je ne suis plus le don Juan d'hier au soir :

(D. Juan. V. 1.)

« Le curé donc qui s'estoit logé dans la mesme hostellerie de nos comédiens...»

(SCARRON. Rom. com. 1re p. ch. 14.)

De pour que, dans cette locution, est un hispanisme.

(DE MÊME POUR PAREIL, voyez de même.)

MÉNAGE; VIVRE DE MÉNAGE:

Qui me vend pièce à pièce tout ce qui est dans le logis! C'est vivre de ménage. (Méd. m. lui. I. 1.)

La plaisanterie repose sur la double acception du mot de: vivre avec ménage, épargne; et vivre aux dépens, au moyen de son ménage, de son mobilier.

MENER, pour amener :

Je sais ce qui vous mène.

MENTIR DE QUELQUE CHOSE:

(Ec. des fem. V. 7.)

Mais, à n'en point mentir, il seroit des moments
Où je pourrois entrer en d'autres sentiments.

(D. Garcie. I. 5.)

Et, pour n'en point mentir, n'êtes-vous pas méchante
De vous plaire à me dire une chose affligeante?

(Tart. II. 4.)

Selon M. Auger, on ne dit point mentir d'une chose, Pourquoi pas? on dit bien se taire de quelque chose.

(Voyez DE dans tous les sens du latin de.)

MÉPRIS avec un nom de nombre, comme d'une chose qui se compte:

J'ai souffert sous leur joug cent mépris différents. (Fem. sav. I. 2.) Sur le radical mes, voyez à Méchant.

MERCI DE MA VIE:

Hé! merci de ma vie, il en iroit bien mieux

Si tout se gouvernoit par ses ordres pieux.

(Tart. I. 1.)

Trévoux dit que c'est une espèce de jurement employé par les femmes du peuple.

Merci signifie gráce, miséricorde. Merci de ma vie est l'opposé de mort de ma vie. C'est l'imprécation heureuse substituée à l'imprécation funeste, comme Dieu me sauve! au lieu de Dieu me damne!

L'espagnol et l'italien ont la même formule.

ME SEMBLE, ce me semble:

Nous ne nous sommes vus depuis quatre ans ensemble,

Ni, qui plus est, écrit l'un à l'autre, me semble. (Ec. des fem. I. 6.)

MESSIEURS VOS PARENTS, appliqué aux père et mère: Je vous respecte trop, vous et messieurs vos parents, pour être amoureux de vous. (G. D. I. 6.) La bizarrerie de cette expression disparaît, si l'on réfléchit que messieurs signifie exactement mes seigneurs. Vos parents, votre père et votre mère, qui sont mes seigneurs.

MÉTAPHORES vicieuses, incohérentes, hasardées : Les exemples n'en sont pas rares dans Molière, à cause de la rapidité avec laquelle il était souvent obligé d'écrire.

BOUCHE:

Dans ma bouche, une nuit, cet amant trop aimable

Crut rencontrer Lucile à ses vœux favorable. (Dép. am. II. r Ascagne veut dire qu'à la faveur de la nuit, elle se fit passer, auprès de Valère, pour Lucile. Tout le respect dû à Molière ne saurait empêcher qu'on ne rie de cet amant qui croit rencontrer Lucile, la nuit, dans la bouche d'Ascagne. Molière sans doute serait le premier à s'en moquer.

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Fais-moi dans tes desseins entrer pour quelque chose:
Mais que de leurs ressorts la porte me soit close,

C'est ce qui fait toujours que je suis pris sans verd. (L'Et. III. 5.) On concevrait les ressorts de la porte, mais la porte des ressorts est une image absolument impossible : les ressorts n'ont point de porte.

Ne vous y fiez pas ! il aura des ressorts

Pour donner contre vous raison à ses efforts.

(Tart. V. 3.)

On ne donne pas raison avec des ressorts. Molière veut dire : il aura des artifices, des ressources.

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Le poids d'une cabale paraît une figure plus acceptable que

le poids d'une grimace. (Voyez POIDS.)

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