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MILLE GENS:

Moi! je serois cocu? Vous voilà bien malade!

Mille gens le sont bien....

(Ec. des fem. IV. 8.)

(Voyez GENS avec un nom de nombre déterminé.)

MINE; AVOIR DE LA MINE:

J'ai de la mine encore assez pour plaire aux yeux.

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J'ai bien la mine, pour moi, de payer plus cher vos folies.

(L'EL. I. 6.)

(Scapin. I. 1.)

FAIRE LES MINES DE SONGER A QUELQUE CHOSE : Pour peu que d'y songer vous nous fassiez les mines. (Mis. III. 7.) Faire mine de, c'est faire semblant de. Faire mine de désirer, faire mine de songer à quelque chose.

Faire la mine, c'est bouder.

Faire des mines, c'est minauder.

On dirait donc aujourd'hui, et mieux, je crois pour peu que vous nous fassiez mine d'y songer.

Il est vraisemblable même que Molière, en altérant l'expression consacrée, a cédé à la contrainte du vers.

MINUTER, projeter tacitement, sournoisement:
Je le remerciois doucement de la tête,

Minutant à tous coups quelque retraite honnête. (Fácheux. I. 1.) « Minuter secrètement quelque entreprise. » (VAUGELAS.) Secrètement, dans cet exemple, fait pléonasme :

« Ce marchand minute sa fuite, s'apprête à faire banqueroute. « Ce mécontent minute quelque conspiration. » (TRévoux.)

MIRACLE; JEUNE MIRACLE, une jeune beauté :

Qui, dans nos soins communs pour ce jeune miracle,
Aux feux de son rival portera plus d'obstacle.

MITONNER QUELQU'UN :

Mon cœur aura bâti sur ses attraits naissants,

Et cru la mitonner pour moi durant treize ans....

(L'Et. I. 1.)

(Ec. des fem. IV. 1.)

Métaphore du style le plus familier. Une soupe mitonnée

est une soupe que l'on a longtemps et avec patience fait bouillir à petit feu. (Racine, mitis?)

MODÉRATIONS, au pluriel :

Et, vous nous faites voir

Des modérations qu'on ne peut concevoir.

(Fem. sav. I. 2.)

MODESTE; ÈTRE MODESTE A QUELQUE CHOSE, rela

tivement à quelque chose :

Jamais on ne m'a vu triompher de ces bruits;
J'y suis assez modeste.

ΜΟΙ,

substantif:

Un moi de vos ordres jaloux,

Que vous avez du port envoyé vers Alcmène,
Et qui de vos secrets a connoissance pleine

Comme le moi qui parle à vous.

(Ec. des fem. I. 1.)

-MOI-MÊME, où nous dirions lui-même :

Oui, je suis don Juan moi-même.

(Amph. II. 1.)

(D. Juan. III. 5.)

Cette façon de dire paraît plus raisonnable que l'autre, puisque tout y est à la première personne, au lieu d'accoupler la première à la troisième. En effet, je suis don Juan lui-même, reviendrait à : c'est moi qui est don Juan lui-même.

Au surplus, Molière s'est aussi exprimé de cette dernière façon :

N'est-ce pas vous qui se nomme Sganarelle?

– En ce cas, c'est moi qui se nomme Sganarelle. (Méd. m. lui. I. 6.)

MOMON; JOUER UN MOMON:

Masques, où courez-vous? Le pourroit-on apprendre?

Trufaldin, ouvrez-leur pour jouer un momon. (L'Et. III. 11.) Trévoux, et d'après lui le supplément du Dictionnaire de l'Académie, définissent le momon : « Défi d'un coup de dez « qu'on fait quand on est en masque. » Cette définition ne s'applique pas au passage précédent ni au suivant :

Est-ce un momon que vous allez porter?

(B. gent. V. 1.)

Le momon pouvait donc être joué et porté. L'explication de Borel paraît lever toute difficulté. Le momon, selon lui, était une sorte de pelote énorme que l'on portait dans les masca

rades notables, comme si c'eût été une grosse bourse enflée contenant des enjeux.

Périzonius dérive momon du grec μouμw; Ménage, de Momus, le bouffon des dieux; Nicot, de mon mon, espèce de gromellement que font entendre les masques, dit-il; d'autres, du sicilien momar, un fou. Personne n'a songé à l'allemand mumme, un masque; mummerey, mascarade; d'où en français momerie.

MON ESTIME, au sens passif:

Et qu'il eût mieux valu pour moi, pour mon estime, Suivre les mouvements d'une peur légitime. (Dép. am, III. 3.) C'est-à-dire, pour l'estime qu'on fera de moi, dans l'intérêt de ma réputation. Mon estime est ici comme mon honneur.

MONSTRE PLEIN D'EFFROI. (Voyez PLEIN D'EFFROI. ) MONTRE, substantif féminin au sens d'exposition :

Conserve à nos neveux une montre fidèle

Des exquises beautés que tu tiens de son zèle.

(La Gloire du Val-de-Grâce.)

Montre s'employait autrefois au sens de revue : la montre des soldats; passer à la montre, c'est passer à la revue:

« Ainsi Richard jouit de ses amours,

- Vécut content, et fit force bons tours,

• Dont celui-ci peut passer à la montre. »

(LA FONT. Richard Minutolo.)

MONTRER A QUELQU'UN, absolument, pour donner

des leçons:

Outre le maître d'armes qui me montre, j'ai arrêté encore un maître de philosophie. (B. gent. I. 2. Votre maître de musique est allé aux champs, et voilà une personne qu'il envoie à sa place pour vous montrer.

(Mal. im. II. 4.)

• Son maître tous les jours vient pourtant lui montrer, »

(REGNARD. Le Distrait.) Bossuet emploie de la même façon enseigner, comme verbe actif; enseigner quelqu'un :

« J'ai déjà dit que ce grand Dieu les enseigne, et en leur donnant et en « leur ôtant le pouvoir. (Or. fun. d'Henr. d'A.)

MONTRER DE (un infinitif) :

Vous buviez sur son reste, et montriez d'affecter
Le côté qu'à sa bouche elle avoit su porter.

(L'Et. IV. 5.)

MOQUER; SE MOQUER DE (un infinitif), dans le sens de ne pas vouloir, se mettre peu en peine de, non curare de :

Je me moquerois fort de prendre un tel époux!

(Tart. II. 2.)

Je veux lui donner pour époux un homme aussi riche que sage; et la coquine me dit au nez qu'elle se moque de le prendre. (L'Av. I. 7.) C'est-à-dire, non pas qu'elle est indifférente à le prendre ou non, mais qu'elle se moque de la volonté de son père de le lui faire prendre.

On sait leur rendre justice (à certains maris), et l'on se moque fort de les considérer au delà de ce qu'ils méritent.

Quand l'amour à vos yeux offre un choix agréable,

Jeunes beautés, laissez-vous enflammer:
Moquez-vous d'affecter cet orgueil indomptable

Dont on vous dit qu'il est beau de s'armer.

(G. D. III. 5.)

(Prol, de la pr. d'Elide. 1.)

C'est que les filles bien sages et bien honnêtes comme vous se moquent d'être obéissantes et soumises aux volontés de leur père. (Mal. im. II. 7.)

MORCEAU DE JUDICIAIRE. (Voyez JUDICIAIRE.)

MORGUER QUELQU'UN, le braver insolemment :
Et de son large dos morguant les spectateurs.

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......

(Fâcheux. I. 1.)

tous ces vaillants, de leur valeur guerrière, Morguent la destinée et gourmandent la mort. »

(REGNIER: Sat. VI.)

MOUCHE; LA MOUCHE MONTE A LA TÊTE :

Ah! que vous êtes prompte!

La mouche tout à coup à la tête vous monte.

(L'Et, I. 10.)

C'est une autre forme de la locution proverbiale, prendre la mouche. On dit en italien, la mosca vi salta al naso,

MOUCHER DU PIED (SE):

DORINE.

Certes, monsieur Tartufe, à bien prendre la chose,
N'est pas un homme, non, qui se mouche du pied!

(Tart. II. 3.)

pas

Se moucher avec le pied était un tour d'agilité des saltimbanques. De là cette expression ironiquement familière en parlant d'un homme grave et considérable : Il ne se mouche du pied! ou, comme dit Mascarille : Il tient son quant-à-moi ! MOUSTACHE; SUR LA MOUSTACHE, à la barbe :

Afin qu'un jeune fou dont elle s'amourache

Me la vienne enlever jusque sur la moustache. (Ec. des fem. IV. 1.) MOUVEMENT; DE SON MOUVEMENT, proprio motu : S'il s'attache à me voir, et me veut quelque bien,

C'est de son mouvement; je ne l'y force en rien. (Mélicerte. II. 4.) MYSTÈRE; FAIRE GRAND MYSTÈRE, c'est-à-dire, grand embarras de quelque chose :

Du nom de philosophe elle fait grand mystère,
Mais elle n'en est pas pour cela moins colère.

(Fem. sav. II. 8.)

NE, supprimé; dans une formule interrogative:

De quoi te peux-tu plaindre? ai-je pas réussi ?

Mais suis-je pas bien fat de vouloir raisonner....
Les querelles, procès, faim, soif et maladie,
Troublent-ils pas assez le repos de la vie?

Et tu trembles de peur qu'on t'ote ton galant.
Dis-tu pas qu'on t'a dit qu'il s'appelle Valère?

......

(L'Et. IV. 5.)

(Sgan. 1.)

(Ibid. 17.)

(Ibid. 22.)

(Ec. des mar. II. 1.) (Ibid. II. 3.)

(Ibid.)

(Ibid. IV. 2.)

.... Valère est-il pas votre nom? L'amour sait-il pas l'art d'aiguiser les esprits? (Ec. des fem. III. 4.) Trouvez-vous pas plaisant de voir quel personnage A joué mon jaloux dans tout ce badinage? Pour dresser un contrat m'a-t-on pas fait venir? M'êtes-vous pas venu querir pour votre maître? T'ai-je pas là-dessus ouvert cent fois mon cœur ? Et sais-tu pas pour lui jusqu'où va mon ardeur ? Pouvez-vous pas y suppléer de votre esprit? Il aura un pied de nez avec sa jalousie, est-ce pas ?

Pourrois-je point m'éclaircir doucement s'il y est encore?

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(Ibid. IV. 3.)

(Tart. II. 3.) (Impromptu. 1.)

(G. D. I. 2.)

(Ibid. II. 8.)

(Ibid. III. 2.)

A moins que la maîtresse en fasse autant de moi. (Dép. am. I. 1.)

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