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A moins que Valère se pende,

Bagatelle; son cœur ne s'assurera point.

A moins que le ciel fasse un grand miracle en vous.

Et moi, je ne puis vivre à moins que vos bontés
Accordent un pardon à mes témérités.

(Dép. am. I. 2.)

(Ibid. II. 2.)

(D. Garcie. II. 6.)

On ne saurait dire que, dans ce dernier exemple, Molière ait cédé aux besoins de la mesure, car il ne lui en coûtait rien de mettre N'accordent un pardon.

Et moi, je ne puis vivre à moins que vous quittiez

Cette colère qui m'accable.

Et l'on en est réduite à n'espérer plus rien,

A moins que l'on se jette à la tête des hommes.

(Amph. II. 6.)

(Psyché. I. 1.)

Si cette suppression avait eu quelque importance dans la coutume du langage du temps, il eût été facile à Molière de

mettre :

A moins qu'on ne se jette à la tête des hommes.

Je lui ai défendu de bouger, à moins que j'y fusse moi-même, de peur de quelque fourberie.

(Poure. I. 6.)

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Avant que vous parliez, je demande instamment

Que vous daigniez, seigneur, m'écouter un moment.

Allons, courons avant que d'avec eux il sorte.

(D. Garcie. V. 5.)

(Amph. III. 5.)

« Avant qu'on l'ouvrit (la cédule), les amis du prince soutinrent que, etc.»

(LA FONTAINE, Vie d'Esope.)

<< Toutes vos fables pouvoient vous servir avant qu'on sút vos prin

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J'ai bien peur que ses yeux resserrent votre chaîne.

(Dép. am. IV. 2.) - D'abord exprimé, puis supprimé après AVOIR PEUR

QUE:

J'ai peur qu'elle ne soit mal payée de son amour, que son voyage en cette ville produise peu de fruit, et que vous eussiez autant gagné à ne bouger de là. (D. Juan. I. 1.)

Après CRAINDRE QUE :

Mais; hélas! je crains bien que j'y perde mes soins.

Je craindrois que peut-être

(D. Garcie. II. 6.)

A quelques yeux suspects tu me fisses connoître. (Fácheux. III. 1.)
Oui, mais qui rit d'autrui

.....

Doit craindre qu'à son tour on rie aussi de lui. (Ec. des fem. 1. 1.) Peut-on craindre que des choses si généralement détestées fassent quelque impression dans les esprits ? (Préf. de Tartufe.)

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Si son cœur m'est volé par ce blondin funeste,

J'empêcherai du moins qu'on s'empare du reste. (Ec; des fem. IV. 7.) Molière l'a exprimé ailleurs :

Cela n'empêchera pas que je ne conserve pour vous ces sentiments d'es

time.....

(Pourc. III. 9.)

Mais il l'a encore supprimé dans ce passage :
Le choix qui m'est offert s'oppose à votre attente,
Et peut seul empêcher que mon cœur vous contente.

(Mélicerte. 1. 5.) Je crois qu'ici Molière a cédé à la contrainte de la mesure. Pascal exprime ne :

« M. le premier président a apporté un ordre pour empêcher que cer«<tains greffiers ne prissent de l'argent pour cette préférence.» (18e Prov.) Au surplus, il est vraisemblable que Molière n'attachait aucune importance à exprimer ou retrancher le ne; son habitude paraît avoir été pour la suppression. Pascal, au contraire, est pour l'expression.

Après DE PEUR QUE:

De peur que ma présence encor soit criminelle.

(L'Et. I. 5.)

De peur qu'elle revínt, fermons à clef la porte. (Ec, des mar. III. a.)

Ailleurs Molière l'a exprimé :

Ah! Myrtil, levez-vous, de peur qu'on ne vous voie.

Après DEVANT OÙ AVANT QUE:

Devant que les chandelles soient allumées.

Après GARDER QUE:

(Mélicerte. II. 3.)

(Préc, rid. 10.)

Gardons bien que par nulle autre voie elle en apprenne jamais rien.

(Am. magn. I. r.)

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Je ne crois pas qu'on puisse mieux danser qu'ils dansent.

(Am. magn. II. 1.)

Chacun demeura d'accord qu'on ne pouvoit pas mieux jouer qu'il fit. (Crit. de l'Ec. des fem. 6.)

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- NE, exprimé ; après NE DOUTER POINT QUE:
Oui, je ne doute point que l'hymen ne vous plaise.

Je ne doute point que vos paroles ne soient sincères.
BOSSUET a dit :

(Ec. des fem, II. 7.) (Scapin. I. 3.)

« Je ne crois pas qu'on puisse douter que Ninus ne se soit attaché à « l'Orient. » (Hist. Un. III p. § 4.)

Ici pourtant l'expression est différente de celle de Molière, en ce que le premier ne s'attache, non pas au verbe douter, mais au verbe croire. Il paraît que le xvII siècle tenait pour règle invariable d'exprimer ne après douter que, quel que fût d'ailleurs le sens de la phrase, affirmatif ou négatif. Ninus s'était attaché à l'Orient, je ne crois pas qu'on en puisse douter; c'est ce que veut dire Bossuet, et il met deux négations. Il me semble que dans cet exemple la seconde est de trop, mais on observait encore certaines lois de symétrie, tradition de la vieille langue, qu'aujourd'hui nous qualifions pléo

nasmes.

(Voyez plus bas NE répété par pléonasme.)

Après IL ME TARDE QUE :

Il me tarde que je ne goûte le plaisir de la voir.

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(Sicilien. 10.)

On m'a chargé de prendre garde que personne ne me vît. (G. D. I. 2.)

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Il ne tiendra qu'à elle que nous ne soyons mariés ensemble. (G.D.I.2.)

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Après METTRE EN DOUTE QUE:

Il n'y aura personne qui mette en doute que ce ne soit vous qui m'aurez

tuée.

-NE, répété par pleonasme:

(G. D. III. 8.)

Je ne puis pas nier qu'il n'y ait eu des Pères de l'Église qui ont con

damné la comédie; mais on ne peut pas me nier aussi qu'il n'y en ait eu quelques-uns qui l'ont traitée un peu plus doucement. (Préf. de Tartufe.)

Je ne doute point, sire, que les gens que je peins dans ma comédie ne remuent bien des ressorts auprès de Votre Majesté, et ne jettent dans leur parti.... (2me Placet au Roi.)

On pourrait supprimer chaque fois le second ne; la phrase n'en serait pas moins claire, ni l'expression moins complète ; mais je crois que le génie de la langue française préfère cette répétition, qui a une foule d'analogues : c'est à vous à parler, c'est à vous à qui je m'adresse ; c'est de vous dont je -C'est là où vous verrez la bénignité de nos pères.

m'occupe.

NE, ni:

Un mari qui n'ait pas d'autre livre que moi,

(Fem. sav. V. 3.)

Qui ne sache A ne B, n'en déplaise à madame. C'est un archaïsme. Thomas Diafoirus s'en sert également : « Ne plus ne moins que la fleur que les anciens nommoient hé«liotrope...» (Mal. im. II. 6.) Cette forme, jadis seule en usage, était commode pour l'élision :

<< Onc n'avoit vu, ne lu, n'ouï conter.... »

(LA FONT. Le Diable de Papefig.) On disait de même se pour si: se non, sinon. Malgré des réclamations réitérées, certains éditeurs de textes du moyen âge impriment encore avec un accent aigu né, sé, qué, cé, pour ne, se, que, ce; l'élision même de cet e n'a pu leur persuader qu'il n'y faut point mettre d'accent. C'est une obstination bien étrange!

NÉCESSITANT, nécessiteux:

Aussi est-ce à vous seule qu'on voit avoir recours toutes les muses nécessitantes. (Am. magn. I. 6.) NÉGATION; DEUX NÉGATIONS REDOUBLÉES. (Voy. à la

fin de l'article PAS.)

NEIGE; DE NEIGE, expression de mépris:

Tiens, tiens, sans y chercher tant de façons, voilà

Ton beau galant de neige avec ta nonpareille. (Dép. am.IV. 4.) Cette expression rappelle le floccifacere et floccipendere des Latins.

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Ah le beau médecin de neige avec ses remèdes! »

(DESTOUCHES. Le Tambour nocturne.)

NE M'EN PARLEZ POINT, incidemment, dans un

sens affirmatif et laudatif:

Il y a plaisir, ne m'en parlez point, à travailler pour des personnes qui soient capables de sentir les délicatesses de l'art.

N'EN EST-CE PAS FAIT?

Nous rompons?

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(B. gent. I. 1.)

- Oni, vraiment! Quoi? n'en est-ce pas fait?
(Dép. am. IV. 3.)

En, figure ici au même titre que dans c'en est fait ; c'est fait de moi, de cela.

NE PERDRE QUE L'ATTENTE DE QUELQUE CHOSE:

Tu n'en perds que l'attente, et je te le promets. (Dép. am. III. 10.) On dit dans le même sens, et avec des termes contraires : Tu n'y perdras rien pour attendre.

NE QUE, faisant pléonasme avec seulement. (Voy. SEUL.)
NET, adverbialement :

Madame, voulez-vous que je vous parle net?
De vos façons d'agir je suis mal satisfait.

(Voyez PREMIER que, ferme, frang.)

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(Mis. II. 1.)

NET, adjectif, au sens moral: loyal, sans détour;

AME FRANCHE ET NETTE :

Et j'avouerai tout haut, d'une áme franche et nette.....

NEZ; DONNER PAR LE NEZ, au figuré :

Ils nous donnent encore, avec leurs lois sévères;
De cent sols contes par le nez.

(Fem. sav. I. 1.)

(Amph. II. 3.) Par est ici abrégé de parmi; parmi le nez, au milieu du

visage.

C'EST POUR TON NEZ, ironiquement :

C'est pour ton nez, vraiment! cela ce fait ainsi.

(Amph. II. 7.)

Mais c'est pour leur beau nez! le puits n'est pas commun;

Et si j'en avois cent, ils n'en auroient pas un. »

(REGNIER. Macette.)

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