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OMBRAGES, au pluriel, dans le même sens :

Et que de votre esprit les ombrages puissants

Forcent mon innocence à convaincre vos sens... (D. Garc. IV. 8.)

Qu'injustement de lui vous prenez

de l'ombrage. (Mis. II. 1.)

OMBRE; A L'OMBRE DE, figurément, sous la protection de... :

Je souhaiterois que notre mariage se pût faire à l'ombre du leur.

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Mais aux ombres du crime on prête aisément foi.

Vos mines et vos cris aux ombres d'indécence
Que d'un mot ambigu peut avoir l'innocence.

(B. gent. III. 7.)

(Mis. III. 5.)

(Ibid.)

ON; deux on se rapportant à deux sujets différents: Cette faute est très-fréquente dans Molière:

Au moins en pareil cas est-ce un bonheur bien doux

Quand on sait qu'on n'a pas d'avantage sur nous. (Dép. am. II. 4.)
Moins on mérite un bien qu'on nous fait espérer,

Plus notre âme a de peine à pouvoir s'assurer. (D. Garcie. II. 6.)

Je ne sais point par où l'on a pu soupçonner
Cette assignation qu'on m'avoit su donner.

(Ec. des fem. V. 2.)

Et l'ennui qu'on auroit que ce nœud qu'on résout

Vînt partager du moins un cœur que l'on veut tout. (Tart. IV. 5.) Le premier et le dernier on désignent Elmire elle-même ; l'intermédiaire se rapporte à Orgon, et au mariage qu'il a résolu de Marianne avec Tartufe.

Mais puisque l'on (Orgon) s'obstine à m'y vouloir réduire, Puisqu'on ne veut point croire à tout ce qu'on (Elmire) peut dire, Et qu'on (Orgon) veut des témoins qui soient plus convaincants, Il faut bien s'y résoudre et contenter les gens. (Ibid. IV. 5.) L'embarras d'Elmire, obligée de parler à double sens, peut servir peut-être d'excuse à cet endroit, et donner du moins à cette ambiguïté un air très-naturel.

Que chez vous on vit d'étrange sorte,

Et qu'on ne sait que trop la haine qu'on lui porte.

(Ibid. V. 3.)

On vit chez vous d'étrange sorte, et je ne sais que trop la

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Oi sonnait dans l'origine oué(1). On prononçait donc frouéde, d'où, par allégement, fréde, comme on prononce encore roide, que l'on commence à écrire raide. C'est une inconséquence de prononcer, comme nous faisons, froide et rède.

VALÈRE.

Que vient de te donner cette farouche bete?

ERGASTE.

Cette lettre, monsieur, qu'avecque cette boite
On prétend qu'ait reçue Isabelle de vous.

(Ec. des mar. II. 8.)

On prononçait bouéte. Quelques textes imprimés du xviR siècle l'écrivent même de la sorte, ainsi que les mots vouele, mirouer, etc., pour voile, miroir.

Une tête de barbe, avec l'étoile nette;

L'encolure d'un cygne, effilée et bien droite.

D'abord j'appréhendai que cette ardeur secrète
Ne fût du noir esprit une surprise adroite.

(Fácheux. II. 7.)

(Tart. III. 3.)

Qui va là ? — Hé! ma peur à chaque pas s'accroist!
Messieurs, ami de tout le monde.

Ah! quelle audace sans seconde

De marcher à l'heure qu'il est!

(Amph. I. 1.)

Toutes ces rimes eussent été exactes au moyen âge, et même encore au XVIe siècle, lorsque Marguerite d'Angoulême, SaintGelais et les autres faisaient rimer étoiles et demoiselles, paroisse et pécheresse. Alors on rimait encore pour l'oreille seule ; c'est seulement au XVIIe siècle que s'introduisit la coutume vraiment barbare de rimer pour les yeux. La prononciation de la syllabe oi avait changé; mais les poëtes ne voulurent pas renoncer aux anciens priviléges, et ils sacrifièrent la rime véritable pour garder la facilité de rimer en apparence.

OMBRAGE; UN OMBRAGE, un soupçon, ou plutôt la disposition à soupçonner:

Quand d'un injuste ombrage

Votre raison saura me réparer l'outrage.

(D. Garcie. I. 3.)

(1) J'ai développé ce point dans les Variations du lang. fr., p. 177, 30x et suivantes.

OMBRAGES, au pluriel, dans le même sens :

Et que de votre esprit les ombrages puissants
Forcent mon innocence à convaincre vos sens...

(D. Garc. IV. 8.) Qu'injustement de lui vous prenez de l'ombrage. (Mis. II. 1.)

OMBRE; A L'OMBRE DE, figurément, sous la protection de... :

Je souhaiterois que notre mariage se pût faire à l'ombre du leur.

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Mais aux ombres du crime on prête aisément foi.
Vos mines et vos cris aux ombres d'indécence
Que d'un mot ambigu peut avoir l'innocence.

(B. gent. III. 7.)

(Mis. III. 5.)

(Ibid.)

ON; deux on se rapportant à deux sujets différents: Cette faute est très-fréquente dans Molière:

Au moins en pareil cas est-ce un bonheur bien doux

Quand on sait qu'on n'a pas d'avantage sur nous. (Dép. am. II. 4.)
Moins on mérite un bien qu'on nous fait espérer,

Plus notre âme a de peine à pouvoir s'assurer. (D. Garcie. II. 6.)

Je ne sais point par où l'on a pu soupçonner
Cette assignation qu'on m'avoit su donner.

(Ec. des fem. V. 2.)

Et l'ennui qu'on auroit que ce nœud qu'on résout

Vint partager du moins un cœur que l'on veut tout. (Tart. IV. 5.) Le premier et le dernier on désignent Elmire elle-même ; l'intermédiaire se rapporte à Orgon, et au mariage qu'il a résolu de Marianne avec Tartufe.

Mais puisque l'on (Orgon) s'obstine à m'y vouloir réduire, Puisqu'on ne veut point croire à tout ce qu'on (Elmire) peut dire, Et qu'on (Orgon) veut des témoins qui soient plus convaincants, Il faut bien s'y résoudre et contenter les gens. (Ibid. IV. 5.) L'embarras d'Elmire, obligée de parler à double sens, peut servir peut-être d'excuse à cet endroit, et donner du moins à cette ambiguïté un air très-naturel.

Que chez vous on vit d'étrange sorte,

Et qu'on ne sait que trop la haine qu'on lui porte.

(Ibid. V. 3.)

On vit chez vous d'étrange sorte, et je ne sais que trop la

haine que vous lui portez.

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On n'attend pas même qu'on en demande (du tabac).

Veut-on qu'on rabatte,

Par des moyens doux,
Les vapeurs de rate
Qui nous minent tous?
Qu'on laisse Hippocrate,
Et qu'on vienne à nous.

(D. Juan. I. 1.)

(Am. med. III. 8.)

Le premier on désigne le malade, le second, le médecin qui rabat les vapeurs. Ou bien les deux on se rapportent tous deux au malade, et la phrase revient à celle-ci : veut-on rabattre? Dans ce dernier cas, la tournure est entortillée, inusitée. Molière ne donnait pas beaucoup d'attention au style de ces divertissements.

Et la plus glorieuse (estime) a des régals peu chers,
Dès qu'on voit qu'on nous mêle avec tout l'univers.
Celui qui se voit mêlé n'est pas celui qui mêle.

(Mis. I. 1.)

(Ibid. I. 2.)

Et qu'eût-on d'autre part cent belles qualités, On regarde les gens par leurs méchants côtés. La personne qui a cent belles qualités n'est pas celle qui regarde les gens par leurs méchants côtés. Molière a parlé plus cɔrrectement dans cet autre passage :

Et l'on a tort ici de nourrir dans votre âme

Ce grand attachement aux défauts qu'on y blâme. (Ibid. II. 5.) Parce qu'il est possible que Célimène soit blâmée par ceux même qui en sa présence ont le tort de nourrir son penchant à la raillerie.

Les exemples suivants sont irréprochables:

En vain de tous côtés on l'a voulu tourner;

Hors de son sentiment on n'a pu l'entraîner.

(Ibid. IV. 1.)

Et lorsque d'en mieux faire (des vers) on n'a pas le bonheur,

On ne doit de rimer avoir aucune envie,

Qu'on n'y soit condamné sur peine de la vie.

(Ibid.)

La faute reparaît dans :

Mais croyez-vous qu'on l'aime, aux choses qu'on peut voir? (Ibid.) On lève les cachets, qu'on ne l'aperçoit pas. (Amph. III. 1.) Ces grands hauts-de-chausses sont propres à devenir les receleurs des choses qu'on dérobe, et je voudrois qu'on en eût fait pendre quelqu'un.

(L'Av. I. 3.)

On ne peut servir à désigner tout à la fois le voleur et le juge qui le fait pendre.

Molière, parlant en prose, et pour son propre compte, commet cette faute; ce qui achève de montrer combien elle lui était familière, ou que ce n'était point alors une faute reconnue :

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On n'ignore pas que souvent on l'a détournée de son emploi (la philosophie). Mais on ne laisse pas pour cela de faire les distinctions qu'il est besoin de faire: on n'enveloppe point dans une fausse conséquence la bonté des choses que l'on corrompt, avec la malice des corrupteurs.

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Et puisque l'on ne garde point cette rigueur à tant de choses dont on abuse tous les jours, on doit bien faire la même grâce à la comédie.

(Préf. de Tartufe.) (Psyché. I. 1.)

Est-on d'une figure à faire qu'on se raille ? Aglaure veut dire : Suis-je d'une figure à faire qu'on se raille?

Et, pour donner toute son âme,

Regarde-t-on quel droit on a de nous charmer ?

(Ibid. I. 2.)

Cette négligence est très-commune dans les premiers écrivains du xy11° siècle; c'est un des progrès incontestables de l'époque suivante de l'avoir proscrite.

« On amorce le monde avec de tels portraits;
« Pour les faire surprendre on les apporte exprès :

« On s'en fâche, on fait bruit, on vous les redemande;
« Mais on tremble toujours de crainte qu'on les rende. »

(CORN. La Suite du Menteur. II. 7.)

« Si ces personnes étoient en danger d'être assassinées, s'offenseroient<< elles de ce que on les avertiroit de l'embûche qu'on leur dresse?... S'amu<< seroient-elles à se plaindre du peu de charité qu'on auroit eu de décou<< vrir le dessein criminel de ces assassins? >> (PASCAL. II Prov.)

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«

En vérité, mes pères, voilà le moyen de vous faire croire jusqu'à ce qu'on vous réponde; mais c'est aussi le moyen de faire qu'on ne vous « croie jamais plus après qu'on vous aura répondu.

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(15 Prov.)

Celui qui répond aux jésuites, et celui qui leur ajoutait foi jusqu'au moment de cette réponse, sont évidemment deux personnes différentes.

ON DIRAIT DE.

cela ressemble à :

Et l'on diroit d'un tas de mouches reluisantes

Qui suivent en tous lieux un doux rayon de miel. (Mélicerte. I. 3.)

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