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Primitivement l'i, dans toutes ces finales en ier, ne sonnait pas; il ne servait qu'à marquer l'accent fermé de l'é. Ainsi l'on prononçait un sangler, un boucler, un rocher, un verger, se coucher. Peu à peu l'on en est venu à faire entendre l'i dans quelques-uns de ces mots, sans pour cela modifier la règle de versification qui les concernait ; et l'on s'est récrié sur la barbarie d'oreille de nos pères, quand il n'y avait lieu que d'ad-· mirer le peu de mémoire de leurs enfants. En effet, pourquoi dites-vous un sanglier, et ne dites-vous pas un rochier? Pourquoi avez-vous altéré l'orthographe de l'un, et point celle de l'autre ? Pourquoi avez-vous introduit la disparité d'écriture et de prononciation entre des mots qui s'écrivaient et se prononçaient jadis de même ?

OUVRIR; OUVRIR DES IDÉES :

Je le dois, sire (le succès), à l'ordre qu'elle (Votre Majesté) me donna d'y ajouter un caractère de fâcheux, dont elle eut la bonté de m'ouvrir les idées elle-même... (Ep. dédic. des Fácheux.)

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D'autant mieux qu'ayant entrepris de vous peindre, ils vous ouvroient l'occasion de la peindre aussi.

(Impromptu. 1.)

OUVRIR SES SENTIMENTS, SON INTENTION, comme

ouvrir son cœur :

Non, non, ma fille; vous pouvez sans scrupule m'ouvrir vos sentiments.

C'est à quoi j'ai songé,

Et je vous veux ouvrir l'intention que j'ai.

OUVRIR UN MOYEN:

(Am. magn. IV. 1.)

(Fem. sav. II. 8.)

Ne me pourriez-vous point ouvrir quelque moyen?

(Voyez OUVERTURE.)

(Ec. des fem. III. 4.)

PAIN BÉNIT; C'EST PAIN BÉNIT:

C'est conscience à ceux qui s'assurent en nous,

Mais c'est pain bénit, certe, à des gens comme vous.

(Ec. des mar. I. 3.) C'est-à-dire aux gens de votre sorte, cela vient aussi naturellement que le pain bénit à la messe.

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PAIN DE RIVE, terme technique de gastronomie : Il ne manqueroit pas de vous parler d'un pain de rive à biseau doré.... (B. gent. IV. 1.)

Pain qui, ayant été placé sur la rive, c'est-à-dire, sur le bord du four, n'a point touché les autres pains, et se trouve cuit et doré tout alentour.

PAMER, verbe neutre, pour se pâmer :

Madame,

D'où vous pourroit venir... Ah bons dieux! elle pâme! (Sgan. 2.)
Dans ses simplicités à tous coups je l'admire,

Et parfois elle en dit dont je pȧme de rire.

(Ec. des fem. I. 1.)

(Fem. sav. III. 2.)

On n'en peut plus. On páme. On se meurt de plaisir.

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Ah! le fâcheux paquet que nous venons d'avoir!

PAR; CONDAMNER PAR, à cause de:

(L'Et. II. 13.)

J'ai ouï condamner cette comédie à de certaines gens, par les mêmes choses que j'ai vu d'autres estimer le plus.

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(Crit. de l'École des fem. 6.)

PAR, par rapport à, du côté de:

Les hommages ne sont jamais considérés par les choses qu'ils portent. (Ep. dédic. de l'Ecole des maris.) C'est-à-dire qu'en un présent l'intention est plus considérable que la valeur de l'objet offert.

L'expression de Molière paraît obscure en cet endroit ; elle est très-claire dans ce vers :

On regarde les gens par leurs méchants côtés.

(Mis. I. 2.)

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D'abord leurs escoffions ont volé par la place.

Parmi la place, dans le milieu de la place.

(L'Et. V. 14.)

Suivez-moi, que j'aille un peu montrer mon habit par la ville.

(Voyez PARMI.)

PAR UN MALHEUR, par malheur;

Et moi, par un malheur, je m'aperçois, madame,

(B: gent. III. 1.)

Que j'ai, ne vous déplaise, un corps tout comme une âme.

DE PAR:

(Fem. sav. IV. 2.)

Eh! de par Belzébut, qui vous puisse emporter! (Sgan. §.) L'exactitude voudrait qu'on écrivît de part avec un t: ex parte Beelzebut, de la part de Belzébut. Le rapport du génitif, aujourd'hui marqué par de, l'était primitivement par la simple juxtaposition. Les plus anciens textes écrivent de part: « De part nostre Seigneur » (Rois, 144, 289, 292.) — « Samuel li prophetes vint à Saül de part Deu. » (Rois, 53.)

De part Dieu, aujourd'hui pardieu, opposé à de part le diable ou de part Beelzebut.

(Voyez PAR SOI, et des Variations du langage français, p. 410.)

PARAGUANTE, de l'espagnol para guantes, pour (acheter) des gants; ce qu'on appelle en allemand Trinkgeld, en français pour boire:

Dessus l'avide espoir de quelque paraguante,

Il n'est rien que leur art aveuglément ne tente. (L'Et. IV. 9.) PARAITRE AUX YEUX pour paraître simplement :

La géante paroit une déesse aux yeux.

Et les soins où je vois tant de femmes sensibles

(Mis. II. 5.)

Me paroissent aux yeux des pauvretés horribles. (Fem. sav. I. 1.)

— FAIRE PARAÎTRE, montrer, manifester :

Nous allons tous le remercier des extrêmes bontés qu'il nous fait pa

roître.

Quels sentiments aurai-je à lui faire paroître ?

(Impromptu. 10.)

(Tart. V. 4.)

Mais ma discrétion se veut faire paroître.

Mais si son amitié pour vous se fait paroître...

(Tart. III. 3.) (Mis. I. 1.)

« Une amitié paraît, et ne se fait point paraître. On fait pa<«<raître ses sentiments, et les sentiments se font connaître. >>

(VOLTAIRE. Mél. t. XXXIX, p. 226.)

Cette critique de Voltaire ne constate que l'usage du xviii siècle; mais est-ce à dire que tout ce qui s'écarte de l'usage du XVIIIe siècle soit mauvais par cela seul? Le xvIII° siècle, malheureusement, fut trop persuadé de la vérité de ce principe.

Pour en juger ainsi vous avez vos raisons;

Mais vous trouverez bon qu'on en puisse avoir d'autres,
Qui se dispenseront de se soumettre aux vôtres.

Voltaire croyait sans doute que cette expression, se faire paraître, était créée par Molière pour le besoin de sa rime; il se trompait :

«

« Il y a si peu de personnes à qui Dieu se fasse paroître par ces coups extraordinaires, qu'on doit profiter de ces occasions. »

(PASCAL. Pensées. p. 338.)

PAR APRÈS, pour après simplement :

Que j'aye peine aussi d'en sortir par après.

(L'Et. III. 5.)

Par après est la contre-partie de par avant, qui ne s'emploie

plus que sous cette forme, auparavant.

Par ainsi est complétement hors d'usage.

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PAR DEVANT, pour devant:

En passant par devant la chambre d'Angélique, j'ai vu un jeune hom

me....:

PARER QUELQUE CHOSE, s'en garantir :

(Mal. im. II. 10.)

Et quand par les plus grandes précautions du monde vous aurez paré tout cela... vous serez ébahi, etc...

PARER (SE) D'UN COUP, d'un malheur :

(Scapin. II. 8.)

Pour se parer du coup, en vain on se fatigue. (Ec. des fem. III. 3.) ... Toutes les mesures qu'il prend pour se parer du malheur qu'il craint. (Crit. de l'Ec. des fem. 7.)

Quoi! de votre poursuite on ne peut se parer ?

On dit encore se remparer.

(Tart. IV. 5.)

PARLER, verbe actif; PARLER QUELQUE CHOSE :

Je vous demande, ce que je parle avec vous, qu'est-ce que c'est?

ес

(B. gent. III. 3.)

Si un animal faisoit par esprit ce qu'il fait par instinct, et s'il parloit "par esprit ce qu'il parle par instinct...

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PARLER CERCLE ET RUELLE:

Moi, j'irois me charger d'une spirituelle

(PASCAL. Pensées.)

Qui ne parleroit rien que cercle et que ruelle!...(Ec. des fem. I. 1.)

«

Et, sans parler curé, doyen, chantre ou Sorbonne...»

« Ore ils parloient soldat, et ore citoyen.

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(REGNIER. Sat. XV.)

(ID. Sat. II.) C'est une expression tout à fait analogue à celle du vers célèbre de Juvénal :

Qui Curios simulant et bacchanalia vivunt.

(Voyez ci-dessous parler Vaugelas.)

PARLER suivi de que, comme dire:

Vous avez ouï parler que ce monsieur Oronte a une fille? (Pourc. II. 4.)

PARLER SUR-LE-CHAMP, improviser:

Vous n'allez entendre chanter que de la prose cadencée ou des manières de vers libres, tels que la passion et la nécessité peuvent faire trouver à deux personnes qui disent les choses d'eux-mêmes, et parlent sur-le-champ.

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(Mal. im. II. 6.)

Il prétend que nous parlions toujours terre à terre,
dit Me du Parc, qui représente une précieuse.

PARLER VAUGELAS:

(Impromptu. 3.)

(Fem. sav. II. 7.)

Et voilà qu'on la chasse avec un grand fracas, A cause qu'elle manque à parler Vaugelas. C'est-à-dire, à la mode de Vaugelas, le français de Vaugelas. Le mot Vaugelas fait ici le ròle d'un adjectif pris adverbialement, comme grec, latin, dans parler grec, parler latin : c'est loqui græce, latine.

(Voyez PARLER Cercle.)

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