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Cette étymologie ne manque pas de vraisemblance; il ne reste plus qu'à trouver quelque part le vieux verbe pimper. J'avoue que, pour moi, je ne l'ai jamais rencontré; mais c'est un mot vraisemblable.

Ménage veut que pimpant soit dit pour pompant. Il est certain qu'on disait, dans le latin du moyen âge, pompare, pour superbire, gloriari :

Grandisonis pompare modis tragicoque boatu.

(Voyez Du Cange au mot POMPARE.)

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(SEDULIUS.)

Sur l'étymologie de mijaurée, je ne trouve rien de satisfaisant.

PIQUÉ, au figuré; AVOIR L'AME PIQUÉE DE QUELQUE

CHOSE:

Pour mettre en mon pouvoir certaine Égyptienne

Dont j'ai l'ame piquée, et qu'il faut que j'obtienne. (L'Et. V. 6.)

PIS, au neutre, quelque chose de pis:

La prose est pis que les vers.

(Impromptu de Versailles. 1.)

Il s'agit de savoir, de la prose ou des vers, quel est le plus difficile à retenir par cœur; Molière décide que la prose est, à cet égard, pis que les vers.

Pire que les vers, marquerait la prééminence relative de la prose, ce dont il n'est pas question. Pire s'accorderait avec prose; pis, au neutre, se rapporte à l'idée de retenir par

cceur.

C'est l'observation encore plus instinctive que ces nuances délicates qui fait l'habile écrivain.

PLAIDERIE:

Je verrai dans cette plaiderie

Si les hommes auront assez d'effronterie...

La racine est plaid :

raisonnée de

« Tous les jours le premier aux plaids, et le dernier: »

(Mis. I. 1.)

On ne dit plus que plaidoirie.

(RACINE. Les Plaideurs.)

PLAINTE; MURMURER A PLAINTE COMMUNE, murmurer ensemble, pour le même sujet :

Nous nous voyons sœurs d'infortune;

Et la vôtre et la mienne ont un si grand rapport,

Que nous pouvons mêler toutes les deux en une,

Et dans notre juste transport
Murmurer à plainte commune.

(Psyché. I. 1.)

A plainte commune est dit comme à frais communs.

PLAISANT, qui plaît, agréable. Archaïsme:

AGNÈS.

C'est une chose, hélas! si plaisante et si douce! (Ec. des fem. II. 6.)

« Le plaisant dialogue du legislateur de Platon, avecques ses concitoyens, fera honneur à ce passage.

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(MONTAIGNE. II. 7.)

« Entre les livres simplement plaisants, je treuve des modernes le De« cameron de Boccace, etc... »

(ID. Ibid. 10.) Livres plaisants, c'est-à-dire qui n'apportent que du plaisir, de l'agrément, qu'on lit uniquement pour s'amuser.

Une perception soudaine et vive qui se fait d'abord en

« nous, à la présence des objets plaisants et fàcheux. »

(BOSSUET. Connaissance de Dieu.)

On s'est permis, dans l'édition in-12 de 1846, de substituer objets agréables ou déplaisants. » On ne saurait trop vivement blâmer ces témérités, qui n'iraient pas à moins qu'à transformer tous les dix ans les textes les plus précieux et vénérables.

PLANTUREUX, archaïsme, abondant:

Que les saignées soient fréquentes et plantureuses.

(Pourc. I. 11.)

On devrait écrire plentureuses par un e, la racine de ce mot étant, non pas plante, mais plenté, syncopé de plenitatem:

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Et non à planter, comme je l'ai vu imprimé. Les ânes mangent de l'avoine, mais ils n'en plantent point; au rebours des hommes.

PLATRER, métaphoriquement, dans le sens où nous disons aujourd'hui replâtrer, dissimuler:

Jusqu'ici vous avez joué mes accusations, ébloui vos parents, et plátré vos malversations.

Aussi ne vois-je rien qui soit plus odieux

Que le dehors platré d'un zèle spécieux.

(G. D. III. 8.)

(Tart. I. 6.)

Boileau se sert pareillement du substantif plâtre, au figuré:

<< Ses bons mots ont besoin de farine et de plâtre.

PLEIN, complet:

11 est bien des endroits où la pleine franchise
Deviendroit ridicule, et seroit peu permise.
Cette pleine droiture où vous vous renfermez.

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(Mis. I. 1.) (Ibid.)

C'est un haut étage de vertu que cette pleine insensibilité où ils veulent faire monter notre âme. (Préf. de Tartufe.)

Que l'homme contemple donc la nature dans sa haute et pleine ma(PASCAL. Pensées.)

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jesté!

»

« La promesse que J. C. nous a faite de rendre sa joie pleine en nous. »

(Voyez A PLEIN.)

(ID. Ibid.)

- PLEIN D'EFFROI, au sens actif, c'est-à-dire qui remplit d'effroi :

Et qu'on s'aille former un monstre plein d'effroi
De l'affront que nous fait son manquement de foi?

PLUS pour le plus, au superlatif :

(Ec. des fem. IV. 8.)

Mais je vais employer mes efforts plus puissants,
Remuer terre et ciel, m'y prendre de tous sens...
Si vous leur dérobez leurs conquêtes plus belles,
Et de tous leurs amants faites des infidèles.

Le remède plus prompt où j'ai su recourir.

(L'Et. V. 12.)

(Ibid. V. 13.) (Dép. am. III. 1.)

Mais ce qui plus me plait d'une attente si chère... (D. Garcie. I. 3.)

(Ibid. II. 1.)

C'est lors que plus il m'aime. Qui est plus criminel à votre avis, ou celui qui achète un argent dont il a besoin, ou bien celui qui vole un argent dont il n'a que faire?

(L'Avare. II. 3.)

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Quatre cent mille soldats qu'elle entretenoit étoient ceux de ses citoyens qu'elle (l'Égypte) exerçoit avec plus de soin. »

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Cette façon de parler commençait dès lors à vieillir, et l'on ne tarda pas à la proscrire; mais au xvi siècle, et surtout au moyen âge, on ne s'en faisait aucun scrupule :

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"

L'honneur, qui sous faux titre habite avecque nous,

Qui nous ôte la vie et les plaisirs plus doux. » (REGNIER. Sat. VI.)

« Estant là, je furète aux recoins plus cachés. »

(Ibid.)

« Les gens du monde pour la santé où il avoit plus de fiance (Charles V), c'estoit en bons maistres medecins. »

(FROISSART. Chron. II. 70.)

« Gentis rois, dit la dame, par Deu qui maint la sus,
« Je vos commant la rien el monde que j'aim plus.

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(Chans. des Saxons. I. 85.)

Je vous recommande la chose que j'aime le plus au monde.

« Donez l'or et l'argent, et le vair et le gris;

<< Car doner est la rien qui plus monte à haut pris. (Ibid. I. 85.)

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Plut à Dieu l'avoir tout à l'heure, devant tout le monde (le fouet),

et savoir ce qu'on apprend au collége!

(B. gent. III. 3.)

POIDS; LE POIDS d'une GRIMACE:

Le poids de sa grimace, où brille l'artifice,
Renverse le bon droit et tourne la justice.

(Mis. V. 1.)

(Voyez TOURNER LA JUSTICE, et mÉTAPHORES VICIEUSES.)

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Et, pour moins que cela, le poids d'une cabale

Embarrasse les gens dans un fâcheux dédale.

Pascal a dit, le poids de la vérité :

(Tart. V. 3.)

<< Il est sans doute que le poids de la vérité les déterminera incontinent à

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La métaphore d'un poids qui détermine la balance à pencher à droite ou à gauche, est juste; celle d'un poids qui embarrasse dans un dédale, ne l'est pas.

METTRE DU POIDS A QUELQUE CHOSE, y attacher de l'importance:

Mon père est d'une humeur à consentir à tout;
Mais il met peu de poids aux choses qu'il résout.

(Fem. sav. I. 3.)

(D. Juan. III. 5.)

POINT, surabondant avec aucun : On ne doit point songer à garder aucunes mesures. Aucun étant exactement synonyme de quelque, il n'y a pas ici de faute contre le génie de la langue; mais j'avoue qu'il y en a une contre l'usage, qui est vicieux, de considérer aucun comme renfermant une négation.

(Voyez PAS.)

— POINT D'AFFAIRES, exclamation elliptique dont le sens est sans doute celui-ci : Point d'affaires entre nous ! je ne vous écoute pas :

Point d'affaires! je suis inexorable.

(G. D. III. 8.)

De la louange, de l'estime, de la bienveillance en paroles, et de l'amitié, tant qu'il vous plaira; mais de l'argent, point d'affaires.

POMMADER, faire de la pommade : Que font-elles? - De la pommade pour leurs lèvres. madé, Dites-leur qu'elles descendent.

(L'Av. II. 5.)

- C'est trop pom(Préc. rid. 3.)

Cet emploi du participe passé, avec trop et assez, est remarquable, encore que très-usuel : c'est assez bu; c'est assez causé; c'est trop pommadé.

PORTE; ENTRER DANS UNE PORTE :

Entrez dans cette porte, et laissez-vous conduire.

(Ec. des fem, V. 3.)

Il est incommode et fâcheux que nous soyons réduits à un seul mot pour exprimer l'ouverture pratiquée dans la muraille et la pièce de menuiserie destinée à la fermer. Les Latins avaient porta et janua, auxquels correspondaient, dans notre

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