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quantité d'exemples sont accumulés, ensuite d'une longue discussion théorique, pour démontrer qu'il ne faut jamais de négation entre avant que et le verbe subséquent; et c'est aussi l'opinion de l'Académie, fondée sur l'usage invariable du xvir siècle. Pascal, la Bruyère, la Fontaine, Boileau, Racine, Molière, Regnard, etc., etc., n'emploient pas la négation.

Marmontel l'a employée, mais c'est Marmontel.

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Si l'auteur lui eût montré sa comédie avant que de la faire voir au public, il l'eût trouvée la plus belle du monde. (Crit. de l'Ec. des f. 6.) Avant que de passer plus avant, je voudrois bien agiter à fond cette (Mar. for. 5.)

matière.

Je les conjure de tout mon cœur de ne point condamner les choses avant que de les voir. (Préf. de TARTufe.)

« Avant que de les mener sur la place, il fit habiller les deux premiers « le plus proprement qu'il put. » (LA FONT. Vie d'Esope.)

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(Voyez DE supprimé après avant que.)

« Avant que de répondre aux reproches que vous me faites, je com

« mencerai par l'éclaircissement de votre doctrine à ce sujet.

AVECQUE, archaïsme :

(PASCAL. 12e Prov.)

(Ibid. I. 2.)

(Ibid. I. 6.)

(Ibid. 9.)

Vous êtes romanesque avecque vos chimères.
Les dettes aujourd'hui, quelque soin qu'on emploie,
Sont comme les enfants, que l'on conçoit en joie,
Et dont avecque peine on fait l'accouchement.

Si je pouvois parler avecque hardiesse.

Et m'en vais tout mon soul pleurer avecque lui.

L'union de Valère avecque Marianne.

Et qu'avecque le cœur d'un perfide vaurien

(Ibid. II. 4.)

(Tart. III. 1.)

Vous confondiez les cœurs de tous les gens de bien. (Ibid. V. 1.)

Cette forme est si fréquente dans Molière, qu'il a paru inutile d'en rapporter plus d'exemples.

AVENANT QUE, participe absolu, c'est-à-dire,

le cas où....:

Quelque bien de mon père et le fruit de mes peines,
Dont, avenant que Dieu de ce monde m'ótát,

dans

J'entendois tout de bon que lui seul héritât.

(L'Et. IV. 2.)

AVIOMMES, patois, pour avions:

PIERROT.

Tout gros monsieur qu'il est, il seroit par ma fiqué nayé, si je n'aviomme été là. (D. Juan. II. 1.) Cette forme est primitive. L'm à la terminaison caractérise en latin les premières personnes du pluriel, habemus, amamus, vidissemus, audivimus, etc. Aussi les plus anciens textes, par exemple le livre des Rois, ne manquent jamais d'écrire nous attendrum, nous manderum, nous renderum.

Quand le mot suivant avait pour initiale une voyelle, I'm finale s'y détachait :

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Mais s'il suivait une consonne, il fallait bien, pour n'en pas articuler deux consécutives (ce qui ne se faisait jamais), éteindre I'm et la changer en n. Par exemple:

«Le matin à vus vendrum, e en vostre merci nus mettrum. » (Rois. p. 37.) On prononçait vendrome et mettrons.

La dernière forme a supplanté l'autre, et s'est établie exclusivement pour tous les cas.

Mais auparavant l'autre avait régné, et avait été sur le point de triompher aussi ; car, pour la fixer, on écrivit longtemps les premières personnes en omes. Marsile parlant de Roland :

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<< Seit ki l'ocie, tute pais puis auriomes. »

« Qu'en avez fait, ce dit fromons li viez?

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(Roland. st. 28.)

Sire, en ce bois l'avonmes nous laissie. » (Garin. t. II. p. 243.)

Se nous demenomes ensi li uns les aultres, et alomes rancunant, «< bien voi que nous reperdrons toute la tiere, et nous meismes seromes (VILLEHARDHOIN. p. 199. ed. P. Paris.)

perdu.

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On remarquera dans ce passage la forme moderne nous reperdrons au milieu des formes primitives en omes, qui sont celles que Villehardhoin affectionne.

Qui pourra dire ce qui a déterminé le triomphe définitif de l'une plutôt que de l'autre? Le langage est plein de ces mystères insondables, pareils à ceux de la conception et de la gé

nération humaine: on les suit jusqu'à une certaine limite, où soudain la nature se cache, et disparaît derrière un voile que tous les efforts de la philosophie, aidée de la science, ne parviendront pas à soulever.

Sur l'union du pronom singulier au verbe pluriel, je n'aviomme, voyez à JE.

AVIS FAISABLE, exécutable:

Enfin c'est un avis d'un gain inconcevable,
Et que du premier mot on trouvera faisable.

AVISER, actif; AVISER QUELQU'UN songer à....:

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(Fácheux. III. 3.)

DE, le faire

(Amph. II. 3.)

(Coc. im. 17.)

De se faire un chagrin qui n'a nul fondement. Selon la coutume de certains impertinents de laquais qui viennent provoquer les gens, et les faire aviser de boire lorsqu'ils n'y songent pas.

(L'Av. III. 2.)

Je vais vite consulter un avocat, et aviser des biais que j'ai à prendre.

(Scapin. II. 1.)

Réfléchir ou prendre avis touchant les biais que, etc.
AVOIR, auxiliaire, pour être :

Et j'ai pour vous trouver rentré par l'autre porte. (Fácheux. I. 1.)
J'ai monté pour vous dire, et d'un cœur véritable... (Mis. I. 2.)

Au reste, vous saurez

Que je n'ai demeuré qu'un quart d'heure à le faire.

Pareillement dans la Fontaine :

« Si le ciel t'eût, dit-il,

donné par

excellence

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(Ibid.)

(Le Renard et le Bouc.)

N'AVOIR PAS POUR UN.... voyez POUR.

AVOIR DE COUTUME:

Oui, monsieur, seulement pour vous faire peur, et vous ôter l'envie de

nous faire courir toutes les nuits, comme vous aviez de coutume.

(Scapin. II. 5.)

AVOIR DES CONJECTURES DE QUELQUE CHOSE:

La cabale s'est réveillée aux simples conjectures qu'ils ont pu avoir de la chose. (2o Placet au R.)

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J'avois pour de tels coups certaine vieille en main. (Éc. des f. III. 4.)

AVOIR FAMILIARITÉ AVEC QUELQU'UN :

Tu as donc familiarité, Moron, avec le prince d'Ithaque?

(Pr. d'El. III. 3.)

- AVOIR PEINE DE (un infinitif), avoir peine à....:

J'ai peur, si le logis du roi fait ma demeure,

De m'y trouver si bien dès le premier quart d'heure,
Que j'aie peine aussi d'en sortir par après.

(L'Et. III. 5.) Cet amas d'actions indignes dont on a peine.... d'adoucir le mauvais visage. (D. Juan. IV. 6.)

On ne dirait plus aujourd'hui le visage d'une action; mais le Dictionnaire de l'Académie (1694) cite comme exemple : Cette affaire a deux visages ; et l'on dira bien encore: envisager une affaire sous tel ou tel aspect.

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(Mis. I. 1.)

Et je vous supplierai d'avoir pour agréable
Que je me fasse un peu gråce sur votre arrêt.
Cette façon de parler est très-fréquente dans Gil Blas.

AVOIR QUELQU'UN QUI... QUE...:

(Mis. I. 1.)

Et quand on a quelqu'un qu'on hait ou qui déplaît, Lui doit-on déclarer la chose comme elle est ? Cette façon de parler paraît embarrassée et pénible; cependant elle n'a pas été suggérée à Molière par la difficulté de la mesure, car il l'emploie en prose:

Vous avez, monsieur, un certain monsieur de Pourceaugnac qui doit épouser votre fille.

(Pourc. II. 2.) AVOUER LA DETTE, figurément, ne pas dissimuler:

Ma foi, madame, avouons la dette: vous voudriez qu'il fût à vous.

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«Je suis un peu coquet, tu n'es pas mal coquette.

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AYE, ou AY, monosyllabe:

Dans cette joie... —Aye, ay! doucement, je vous prie. (L'Et. V. 15.) Aïe, par l'introduction du d, aïde ou aide, selon la prononciation moderne, syncope d'adjutorium. Aye, aye! c'està-dire, à l'aide, à l'aide!

«

Certes, nous ne vous faudrons mie:

« Tous jours serons en vostre aïe. »

« ... Quant ele vit Arabis si cunfundre',

(R. de Coucy. v. 766.)

« A halte voix s'escrie: Aïez nous, mahum!» (Roland, st. 266.)

BABYLONE; LA TOUR DE BABYLONE, comme qui dirait la tour du babil:

C'est véritablement la tour de Babylone,

Car chacun y babille, et tout du long de l'aune.

(Tart. I. 1.)

« Le Père Caussin, jésuite, dit, dans sa Cour sainte, que les hommes ont fondé la tour de Babel, et les femmes la tour de babil. Ce quolibet du jésuite n'aurait-il pas donné l'idée de celui que Molière met dans la bouche de madame Pernelle? et le père Caussin ne serait-il pas le docteur dont parle la vieille dévote? » (M. AUGER.)

BAIE :

C'est une baie

Qui sert sans doute aux feux dont l'ingrate le paie. (Dép. am. I. 5.) Cette expression, payer d'une baie, nous reporte à la farce de Pathelin, dont la première édition est de 1490. Le prodigieux succès de ce Pathelin fit passer en proverbe plusieurs mots de cette pièce; nous disons encore: revenir à ses moutons. Payer d'une baie est une allusion à cette autre scène excellente, où le berger, acquitté du meurtre des moutons, paye son avocat en lui disant Bée, comme il a fait au juge; et la fourberie retombe sur son auteur.

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