Premier s'employait aussi adverbialement : «Tout ce en Bretaigne apparut « Le derrain jour du mois d'apvril. Quand premièrement, pour la première fois. « Dieu tout premier, puis père et mère, honore. » (Voyez plus bas PREMIER QUE.) - LE PREMIER, le premier venu : Ma bague est la marque choisie Sur laquelle au premier il doit livrer Célie. (PYBRAC.) (L'Et. II. 9.) Il semblerait qu'il s'agit de deux personnages, le premier et le second. La gêne de l'expression est trop visible. PREMIER QUE, avant, ou avant que : Et là, premier que lui si nous faisons la prise, Il aura fait pour nous les frais de l'entreprise. (L'Et. III. 7.) « Premier que d'avoir mal, ils trouvent le remède.» (MALHERBE.) Trévoux cite ce dernier exemple et les suivants « Il étoit au monde premier que vous fussiez né. Un moine n'oseroit sortir que premier il n'en ait demandé la permission. - En ce sens il vieillit.» (1740.) Dans l'origine, tous les adjectifs s'employaient adverbialement sans changer de forme: partir soudain; voir clair; tenir ferme; courir vite; parler net, haut, fort. Dans toutes ces locutions et les semblables, l'adjectif joue le rôle de l'adverbe. Ce privilége de l'adjectif subsiste encore en allemand et en anglais. Premier pour premièrement était donc une locution très-régulière et très-correcte. Quant à l'adjonction du que, premier que, pour premièrement que, elle est justifiée par cette réflexion fort simple, que premier marque une comparaison, est un véritable comparatif; il est donc naturel qu'il en ait la construction et l'attribut. (Voyez aux mots FERME, FRANC, net, possible.) PRENDRE, choisir, préférer : Ai-je l'éclat ou le secret à prendre? (Amph. III. 3.) LE PRENDRE A (un substantif), s'en rapporter à...: Si vous le voulez prendre aux usages du mot, L'alliance est plus grande entre pédant et sot. (Fem. sav. IV. 3.) SE PRENDRE A (un infinitif), s'y prendre pour : Comment vous vous prendrez à soutenir ceci. (Mis. V. 4.) Je prends à témoin le prince votre père si ce n'est pas vous que j'ai demandée. (Afin qu'il dise) si ce n'est pas vous... etc. PRENDRE CRÉANCE EN QUELQU'UN : (Pr. d'El. V. 3.) Et tâchez, comme il prend en vous grande créance, PRENDRE DROIT: (Ec. des fem. V. 6.) (D. Garcie. I. 1.) Et je serois encore à nommer le vainqueur, (Ibid. 1. 5.) (Ec. des mar. II. 3.) Ah! qu'il est bien peu vrai que ce qu'on doit aimer, Aussitôt qu'on le voit, prend droit de nous charmer! (Pr.d'El.I.1.) Il est très-assuré, sire, qu'il ne faut plus que je songe à faire des comédies, si les tartufes ont l'avantage; qu'ils prendront droit par là de me persécuter plus que jamais..... PRENDRE EN MAIN (2o Placet au Roi.) Tous les magistrats sont intéressés à prendre cette affaire en main. PRENDRE FOI SUR...: (L'Av. V. 1.) Mais je n'ai point pris foi sur ces méchantes langues. (Ec. des fem. II. 6.) PRENDRE GARDE A (un infinitif): C'est donner toute son attention à faire l'action marquée par cet infinitif : Prenez bien garde, vous, à vous déhancher comme il faut, et à faire bien des façons. (Impromptu. 3.) Prenez garde de marquerait le contraire, et le soin d'éviter. Les Latins avaient de même vereor ut et vereor ne. Pascal dit prendre garde que, comme observer, remarquer que: « Les valets peuvent faire en conscience de certains messages fâcheux; n'avez-vous pas pris garde que c'étoit seulement en détournant leur in«tention du mal, etc..... (7 Prov.) PRENDRE INTÉRÊT EN QUELQU'UN : Qu'est-ce que cette instance a dû vous faire entendre, (Tart. IV. 5.) (Ibid. V. 6.) PRENDRE LA VENGEANCE DE: Pour m'ouvrir une voie à prendre la vengeance (Ibid. III. 4.) - absolument pour épouser la querelle: Loin d'être les premiers à prendre ma vengeance, Eux-mêmes font obstacle à mon ressentiment. Être Et vous devez, en raisonnable époux, (Amph. III. 5.) (Fem. sav. II. 6.) PRENDRE LE FRAIS, choisir l'heure du frais : PRENDRE LE PIED DE (un infinitif) : (Ec. des fem. V. 6.) De peur que, sur votre foiblesse, il ne prenne le pied de vous mener comme un enfant. PRENDRE LOI DE QUELQU'UN : Il seroit beau vraiment qu'on le vît aujourd'hui (Scapin. I. 3.) (Ec. des fem. V. 7.) PRENDRE PAR LES ENTRAILLES, au figuré, parlant de l'effet des ouvrages de l'esprit : Laissons-nous aller de bonne foi aux choses qui nous prennent par les entrailles, et ne cherchons point des raisonnements pour nous empêcher d'avoir du plaisir. (Crit. de l'Ec. des fem. 7.) PRENDRE PEINE A (un infinitif) : PRENDRE PLAISIR DE (un infinitif) : (Ibid. 1.) (Dép. am. II. 4.) (Crit. de l'Ec. des fem. 1.) Je pense qu'il ne prend pas plaisir de nous voir. PRENDRE SOIN A (un infinitif): C'est un étrange fait du soin que vous prenez, (D: Juan. III. 6.) (Ec. des mar. I, 1.) PRENDRE VISÉE QUELQUE part, diriger là son at tention et ses efforts : Elle est sage, elle m'aime, et votre amour l'outrage. (Ibid. II. 9.) SE PRENDRE A QUELQUE CHOSE, c'est-à-dire, s'y prendre pour la faire: Elle se prend d'un air le plus charmant du monde aux choses qu'elle fait. (Ľ’Av. I. 2. ) - SE PRENDRE A QUELQU'UN DE, s'en prendre à lui, l'en accuser: C'est ainsi qu'aux flatteurs on doit partout se prendre (Mis. II. 5.) PRÉPOSITION supprimée, où l'usage moderne est de la répéter, soit devant un nom, soit devant un infinitif: On sait bien que Célie A causé des désirs à Léandre et Lélie. Nous dirions: à Léandre et à Lélie. (L'Et. V. 13.) Il n'y a dans Molière qu'un second exemple pareil à celui-ci, c'est-à-dire, où la préposition soit supprimée devant un substantif : La peste soit de l'homme et sa chienne de face! (Ec. des fem. IV. 2.) Et de sa chienne de face. Pour de l'esprit, j'en ai sans doute, et du bon goût A juger sans étude et raisonner de tout; A faire aux nouveautés, dont je suis idolâtre, C'est aux gens mal tournés, aux mérites vulgaires, Et à souffrir, et à tâcher. On n'a point à louer les vers de messieurs tels, A essuyer la cervelle de nos marquis. Vous apprendrez, maroufle, à rire à nos dépens, A faire cocus les gens. (Mis. III. 1.) (Ibid.) (Ibid. III. 7.) (Sgan. 8.) Comme si j'étois femme à violer la foi que j'ai donnée à un mari, et m'éloigner jamais de la vertu que mes parents m'ont enseignée! (G. D. II. 10.) (Dép. am. III. 1.) (Ibid. III. 8.) (Ibid. IV. 2.) Le remède plus prompt où j'ai su recourir, (Sgan. 2.) (D. Garcie. II. 1.) |