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Oui, quand Alexandre seroit ici, et que ce seroit votre amant...... (Sicilien. 12.) «Quand un homme nous auroit ruinés, estropiés, brûlé nos maisons, « tué notre père, et qu'il se disposeroit encore à nous assassiner... » (PASCAL. 14 Prov.)

Cette tournure paraît lâche et incorrecte. On observera dans la phrase de Pascal une autre négligence, c'est le même nous servant à la fois comme accusatif et comme datif : nous aurait ruinés, nous aurait tué notre père.

QUANT-A-MOI, substantif. (Voyez TENIR SON QUAnt-a

MOI).

QUASI, presque :

Figurez-vous donc que Télèbe,

Madame, est de ce côté.

C'est une ville, en vérité,

Aussi grande quasi que Thèbe.

(Amph. I. 1.)

Ce mot a joui d'une grande faveur jusqu'à la fin du xvii siècle :

«Nous sommes quasi en tout iniques juges de leurs actions (des femmes).»> (MONTAIGNE. III. 5.)

Notre grande méthode (de diriger l'intention), dont l'impor<«tance est telle, que j'oserois quasi la comparer à la doctrine de la proba(PASCAL, 7 Prov.)

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bilité.

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« Je ne me laisse pas emporter aux haines publiques, que je sais estre quasi toujours injustes.

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(VOITURE.)

« L'amour n'a quasi jamais bien establi son pouvoir qu'après avoir ruiné «< celui de nostre raison. » (ST.-ÉVREMOND.)

« Le mot quasi n'est pas mauvais, et il ne faut faire nul scrupule de s'en servir, surtout dans les discours de longue haleine. » (PATRU.)

Là commencent les retours: Vaugelas, Ménage, Bouhours, Thomas Corneille, ont condamné quasi, les uns plus sévèrement, les autres moins; les plus indulgents ne l'ont toléré que par pitié.

Le temps a donné gain de cause à Vaugelas, qui le proscrivait net, et le chassait du beau langage.

QUE.

Ce mot est entré dans la langue française pour y représenter 1° l'adverbe latin quòd;

2o Les accusatifs du pronom relatif qui, quæ, quod, et le neutre quid.

3° L'adverve quàm dans les formules de comparaison plus pieux que vous, magis pius quàm tu.

Enfin, il figure dans quelques autres locutions qui ne sont point prises du latin, et sont des idiotismes de notre langue.

Molière nous fournit des exemples de ces divers emplois de que; nous allons les rapporter dans l'ordre où ils viennent d'être mentionnés.

QUE (quòd), entre deux verbes, tous deux à l'indicatif :

Ah ! madame, il suffit, pour me rendre croyable,

Que ce qu'on vous promet doit être inviolable. (D. Garcie. I. 3.) Est-il possible que toujours j'aurai du dessous avec elle? (G. D. II. 13.) Est-il possible que vous serez tonjours embéguiné de vos apothicaires et de vos médecins? (Mal, im. III. 3.)

L'idée du second verbe énonce un fait certain, c'est pourquoi on met l'indicatif. Le doute, ou plutôt l'exclamation, s'exprime dans l'autre partie de la phrase. Vous serez toujours embéguiné des médecins ; - j'aurai toujours du dessous avec elle; - cela est-il possible?

« Croyez-vous qu'il suffit d'être sorti de moi? » (CORN. Le Menteur.) Il suffit d'être sorti de moi. Le croyez-vous? La première proposition paraît incontestable à Dorante.

Montaigne, parlant du nouveau monde, se sert de la même

tournure :

« Bien crains-je que nous luy aurons très fort hasté sa ruine par nostre « contagion, et que nous luy aurons bien cher vendu nos opinions et nos (MONTAIGNE. III. 6.)

<< arts! »

Observez que dans tous ces exemples le premier verbe est au présent de l'indicatif, et le second au futur,

-QUE pour de ce que, répondant au latin quòd, adverbe; s'OFFENSER QUE (suivi d'un autre verbe):

Et cet arrêt suprême

Doit m'être assez touchant pour ne pas s'offenser

Que mon cœur par deux fois le fasse répéter. (Ec. des mar. II. 14.) Vous aurez la consolation qu'elle sera morte dans les formes.

(Am. med. II. 5.) Hoc erit tibi solamen quòd..... Cette consolation (savoir) que elle sera morte... etc.

Voilà qui m'étonne, qu'en ce pays-ci les formes de la justice ne soient point observées. (Pourc. III. 2.)

La Fontaine a dit, par la même tournure, prier que et menacer que.

«

Quelques voyageurs le prièrent, au nom de Jupiter hospitalier, qu'il « leur enseignát le chemin qui conduisoit à la ville.... Ésope le menaça que ses mauvais traitements seroient sus. »

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......

(Vie d'Esope.) Cette construction est très-commode, et abrége un long demais elle ne paraît pas admissible hors du dialogue ou du style familier.

tour;

QUE dans cette formule, IL N'EST PAS QUE ; c'est-àdire, pas possible que :

Il n'est pas que vous ne sachiez quelques nouvelles de cette affaire.

(L'Av. V. 2.) Le comte de Foix, dit Froissart, fit mourir dans des supplices horribles quinze de ses serviteurs :

« Et la raison que il y mist et mettoit estoit telle: que il ne pouvoit estre ils ne sceussent de ses secrets. >> (FROISSART, liv. III.)

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que

Les Latins ont de même employé quòd et quin. «Hoc est quòd ad vos venio (PLAUTE.) » C'est cela que je viens à vous. Non possum quin exclamem. (CICERON.) » Je ne peux que je ne m'écrie.

(Voy. POUVOIR.)

QUE, ouvrant une formule de souhait (en latin QUOD UTINAM, Salluste.)

Que puissiez-vous avoir toutes choses prospères! (Dép. am. III. 4.)

Que maudit soit l'amour, et les filles maudites
Qui veulent en tåter, puis font les chatemites!

(Dép. am. V. 4.)

Le pauvre homme! Allons vite en dresser un écrit, Et que puisse l'envie en crever de dépit ! (Tart. III. 7.) Cette locution s'explique par l'ellipse: Je souhaite, je prie Dieu que..... etc.

QU'AINSI NE SOIT, espèce de formule oratoire au commencement d'une phrase, comme le verum enimvero de Cicéron (déjà surannée du temps de Molière):

Ier MÉDECIN.

Qu'ainsi ne soit pour diagnostique incontestable de ce que je dis..... (Pourc. I. 11.) -QUE pour à ce que, dans ces formules, QUE JE CROIS,

QUE JE PENSE:

Vous n'avez pas été sans doute la première,

Et vous ne serez pas, que je crois, la dernière. (Dép. am. III. g.)

Vous devez, que je croi,

En savoir un peu plus de nouvelles que moi.

(Ibid.)

(Ec.des fem. I. 2.)

On aura, que je pense,
Grande joie à me voir après dix jours d'absence.
Parbleu! vous êtes fou, mon frère, que je croi.

Vous n'aurez, que je crois, rien à me repartir.

Vous n'êtes pas d'ici, que je crois ?

(Tart. I. 6.) (Ibid. IV. 4.)

(G. D. I. 2.)

Je n'ai pas besoin, que je pense, de lui recommander de la faire agréable.

(Ibid. II. 5.)

Je m'y suis pris, que je crois, de toutes les tendres manières dont un amant se peut servir.

(Am, magn. I. 2.) L'usage a prévalu de supprimer dans ces formules le que comme surabondant.

QUE JE SACHE:

(Amph. III. 1.)

Il n'est point de destin plus cruel, que je sache. Traduction rigoureuse de la formule latine quod sciam.

QUE répondant au neutre quod, dans N'AVOIR QUE

FAIRE:

Et vous êtes un sot de venir vous fourrer où vous n'avez que faire. (Méd. m. lui. I. 2.)

Je n'ai que faire de votre aide.

Je n'ai que faire de vos dons.

(Méd.'m, lui. I. 2.)

(L'Av. IV. 5.)

- QUE répondant à l'ablatif du qui relatif latin, où, auquel, dans lequel, par où :

L'argent dans notre bourse entre agréablement;

Mais le terme venu que nous devons le rendre,

C'est lors que les douleurs commencent à nous prendre. (L'Et. I. 6.)

Las! en l'état qu'il est, comment vous contenter?

(Ibid. II. 4.)

A l'heure que je parle, un jeune Égyptien,

Qui n'est pas noir pourtant.....

(Ibid. IV. 9.)

D'abord il a si bien chargé sur les recors,

Qui sont gens d'ordinaire à craindre pour leur corps,*
Qu'à l'heure que je parle ils sont encore en fuite.

Je la regarde en femme, aux termes qu'elle en est.

Je regarde les choses du côté qu'on me les montre.

(Ibid. V. 1.)

(Ec. des fem. I. x.)

(Crit. de l'Ec. des fem. 3.)

De la façon qu'elle a parlé, tout ce qu'elle en a fait a été sans dessein.

(Sicilien. 16.)

(Tart. IV. 5.)

On se défend d'abord; mais, de l'air qu'on s'y prend, On fait entendre assez que notre cœur se rend. Est-il possible, notre gendre, qu'il n'y ait pas moyen de vous instruire de la manière qu'il faut vivre parmi les personnes de qualité ? (G. D. I. 4.) Quo modo vivendum sit.

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Nous voilà au temps, m'a-t-il dit, que je dois partir pour l'armée.

(Scapin. II. 8.)

Et l'on vous a su prendre par l'endroit seul que vous êtes prenable. (1 Placet a u roi.)

M. Auger fait ici la remarque suivante :

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« Prendre et prenable, appartenant à deux propositions distinctes, devraient avoir chacun leur complément indirect, et «< ils n'en ont qu'un à eux deux. C'est là qu'est la faute. Il fau« drait : On a su vous prendre par l'endroit seul par lequel..... Je sais bien que M. Auger est avec l'usage, au moins l'usage moderne, et Molière hors de cet usage; mais je ne crains pas de dire: Tant pis pour l'usage moderne! Qui ne voit l'immense avantage de ce rapide monosyllabe que sur cette lourde et pesante tournure, par l'endroit par lequel?

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