QUE pour ce que, archaïsme : Voilà, voilà que c'est de ne pas voir Jeannette, (L'Et. IV. 8.) (Voyez ÊTRE QUE DE, SI (un adjectif) QUE DE, SI PEU..... QUE Allez, allez, vous pourrez avoir avec eux (les médecins) quel mal il vous plaira. (L'Av. I. 8.) Les grammairiens sont unanimes à déclarer que c'est là unc faute grave. Ils veulent: tel mal qu'il vous plaira. Chez les Latins, talis et qualis étaient corrélatifs, ou se substituaient l'un à l'autre. Par exemple : talis pater, qualis filius; ou bien : qualis pater, talis filius. Le peuple s'obstine à dire : Prenez lequel que vous voudrez; venez à quelle heure qu'il vous plaira. C'est la tradition de l'ancienne langue : Parole a David, si lui dis que il elise de treis choses quele que il volt mielz que je li face. E li prophetes vint al rei, si li dist issi de part nostre seignur, e ruvad (rogavit) que il eleist (qu'il choisît, élisît) quel membre que il volsist. » (Rois. p. 217.) Supprimez par euphonie le que relatif, vous avez la locution de Molière Le prophète pria David de choisir quel membre il voudrait que Dieu frappåt. Mais au lieu de supprimer ce que relatif, qui déjà n'était pas indispensable, l'usage moderne le redouble, et dit, avec une harmonie réellement barbare, quelque... que. (Voyez l'article suivant.) que: QUEL (un adj. ou un subst.) QUE, pour quelque... En quel lieu que ce soit, je veux suivre tes pas. (Fácheux. III. 4.) C'est la véritable locution française, la seule qui ait du sens, et qu'autorisent les origines de la langue. « E Deu guardad David, quel part qu'il alast. » (Rois. p. 148.) E quel part qu'il (Saül) se turnout, ses adversaires surmontout. »> (Ibid. p. 52.) « De quel forfait que home out fait en cel tens..... » (Loix de Guillaume le Conquer.) Quelque forfait que l'on ait commis en ce temps, l'église y « Je m'en vois, dame! a Dieu le creatour, « Comant vo cors, en quel lieu ke je soie. » (Chanson du sire de Coucy, dans le roman, vers 7413.) Les Anglais égorgent par surprise les Danois établis à Londres; des jeunes gens nobles, montés sur une nacelle, échappent à cette boucherie : Le vent ne leur nuisit pas tellement qu'ils n'arrivassent en Danemark, quelle horrible mer qu'ils trouvassent. « En quel oncques liu que je soie.» « Avis li fù qu .1. angle de par Dieu li disoit « (La Violette, p. 44.) Qu'aler lessast Flourence quel part que ele voudroit. » (Le dit de Flourence de Rome.) Froissart parlant de la cour du comte de Foix : « Nouvelles de quel royaume ni (et) de quel pays que ce feust là dedans ☐ on y apprenoit. (Chron. liv. III.) Quelque... que est une locution dont il est impossible de rendre compte ; elle échappe à toute analyse par son absurdité. Pourquoi ces deux que l'un sur l'autre, et quel invariable ? Il appartenait à Molière de maintenir au milieu du xvire siècle la forme primitive. Il serait bien à souhaiter qu'on reprît l'ancien usage, et qu'on purgeât notre langue de cet affreux quelque... que. Nous avons vu Froissart, à la fin du xve siècle, employer encore la vraie locution. A la même époque, je trouve déjà la mauvaise forme installée dans un chef-d'œuvre, dans la farce de Pathelin : Dictes hardiment que j'affole A vous n'a quelque aultre personne, Pour quelque mot que l'en me sonne, (Pathelin.) Ainsi, dès la fin du xv° siècle, les deux locutions étaient en présence, et luttaient. Selon la marche des choses d'ici-bas, la pire devait l'emporter, et son triomphe ne se fit pas attendre. Le xviR siècle, tant ses ardeurs de grec, de latin, d'italien et d'espagnol lui brouillaient la cervelle, n'entendait plus rien du tout à la première langue française ; je ne suis donc pas surpris de voir la forme quelque que mentionnée seule, et consacrée comme une règle dans la grammaire de Palsgrave (1530); c'est au folio 114 (recto), où l'auteur expose que l'on emploie indifféremment quelque et quelconque. Voici ses exemples: Quelconque ou quelque excusation que vous alleguez, elle ne vous servira de rien. « Quelques dieux, ou quelconques dieux que ils soient. » O deesse specieuse, quelque tu soies, si m'engarderay à faire à aultruy « mencion quel conques. Ces exemples sont pris dans quelque traduction du latin, faite par un célèbre écrivain de l'époque. Vous observerez que Palsgrave recommande bien surtout de ne jamais faire accorder quel dans quelque ni quelconque. Si l'on trouve parfois dans les livres quelle que, quelsconques ou quelles- * conques, c'est, dit-il, par une grosse méprise des imprimeurs : «that was done by the errour of the printers.» Il fait de cette invariabilité une règle formelle, que l'âge suivant, avec son inconséquence ordinaire, a gardée pour quelconque, et violée pour quelque. Nous écrivons : une femme quelconque, sans faire accorder quel, et en le faisant accorder: quelle que soit cette femme. Notre grammaire moderne ressemble à un écheveau mêlé. - QUELQUE SOT, locution elliptique: MASCARILLE. Moi, monsieur? quelque sot! la colère fait mal. (L'Et. II. 7.) C'est-à-dire, quelque sot s'emporterait; mais moi, non ! Certes je t'y guettois!-Quelque sotte, ma foi! Quelque sotte y serait prise; mais non pas moi! Hé, quelque sot! je vous vois venir. (Tart. II. 2.) (G. D. II. 7.) QUÈTE, recherche; LA QUÊTE DE QUELQU'UN: Si bien qu'à votre quéte ayant perdu mes peines... (L'Et. V. 14.) A votre recherche. C'est le sens primitif du mot: la quête du S. Graal. QUI, se rapportant à un nom de chose, au lieu de lequel, que Molière et ses contemporains paraissent avoir évité autant que possible: J'ai conçu, digéré, produit un stratagème Devant qui tous les tiens, dont tu fais tant de cas, (L'Et. II. 14.) Ce n'est pas que Molière ait sacrifié au besoin de la mesure : (Ibid.) Oui, oui, votre mérite, à qui chacun se rend.... Il ne lui en eût pas coûté davantage de mettre auquel, si ce terme eût été alors plus juste et plus conforme à l'usage. Vous donner une main contre qui l'on enrage. Cette liberté pour qui j'avois des tendresses si grandes... (Fácheux. I. 5.) (Princ, d'Él, IV. 1.) Une de ces injures pour qui un honnête homme doit périr. (D. Juan. III. 4.) C'est un art (l'hypocrisie) de qui l'imposture est toujours respectée. (Ibid. V.2.) L'honneur vous apprend-il ces mignardes douceurs (Tart. III. 3.) Par qui vous débauchez ainsi les jeunes cœurs? (Mélicerte. II. 4.) De grâce, souffrez-moi, par un peu de bonté, QUI relatif, séparé de son sujet : (L'Av. IV. 1.) (Fem. sav. I. 1.) (L'Et. II. 14.) (Dép. am.IV.2.) (Ib. IV. 2.) Un homme l'emmenoit, qui s'est trouvé fort sot. (Tart. V. 3.) Il me faut aussi un cheval pour monter mon valet, qui me coûtera bien trente pistoles. (Scapin. II. 8.) C'est le cheval qui coûtera trente pistoles, et non le valet. Vous avez notre mère en exemple à vos yeux, Que du nom de savante on honore en tous lieux. (Fem, sav. I. 1.) Nos pères sur ce point étoient gens bien sensés, Qui disoient qu'une femme en sait toujours assez... (Ibid. II. 7.). Cette construction était une des plus usitées : « On ne parloit qu'avec transport de la bonté de cette princesse, qui, malgré les divisions trop ordinaires dans les cours, lui gagna d'abord << tous les esprits. (BOSSUET. Or. fun. de la duch. d'Orl.) >> Qui ne se rapporte pas à la princesse, mais à sa bonté, qui lui gagnait tous les esprits. « Il a eu raison d'interdire un prêtre pour toute sa vie, qui, pour se dé fendre, avoit tué un voleur d'un coup de pierre. » (PASCAL, 14o Prov.) ес Votre père Alby fit un livre sanglant contre lui (le curé de St.-Nizier « de Lyon), que vous vendites vous-même, dans votre propre église, le jour (Id. 15o Prov.) |