Images de page
PDF
ePub

SANS QUE (l'indicatif), archaïsme, pour si (un subst antif ne, suivi du conditionnel :

Sans que mon
on bon génie au-devant m'a poussé,
Déjà tout mon bonheur eût été renversé.

Si mon bon génie ne m'eût poussé au-devant...

[merged small][ocr errors][merged small]

(L'Et. L. 11.)

(LA FONTAINE, La Confidente sans le savoir.)

Sans cette circonstance, savoir, que je crains, etc. Sans cette circonstance, que mon bon génie m'a poussé au-devant...... On doit regretter la perte de cette ellipse, pleine de naturel et de vivacité. Aujourd'hui l'on serait obligé de dire: Si je ne craignois de commettre Géronte, si mon bon génie ne m'eût poussé au-devant. Quand il n'existe qu'une seule tournure pour exprimer les choses, la prose encore s'en accommode, étant tout à fait libre de ses allures; mais, par la suppression des doubles formes et de certains idiotismes, c'est la poésie qu'on ruine, ou, si l'on veut, l'art de la versification.

SATISFAIRE A :

Je ne prétends point qu'il se marie, qu'au préalable il n'ait satisfait à la médecine. (Pourc. II. 2.)

"

"

Notre grand Hurtado de Mendoza, dit le père, vous y satisfera sur l'heure. »

(PASCAL, 7 Prov.)

SAVANTAS:

་་

Et des gens comme vous devroient fuir l'entretien
De tous ces savantas qui ne sont bons à rien.

(Fácheux. III. 3.)

Injure gasconne. Le baron de Fæneste se moquoit de tous

les savantas. »

SAVOIR ENROUILLÉ:

(FURETIÈRE.)

On s'y fait (à la cour) une manière d'esprit qui, sans comparaison, juge

plus finement des choses que tout le savoir enrouillé des pédants.

[ocr errors][merged small]

NOUS SAVONS CE QUE NOUS SAVONS ;

SGANARELLE. Il suffit que nous savons ce que nous savons, et que tu fus bien heureuse de me trouver, (Méd. m. lui. I. 1.) Formule de réticence du style familier; espèce de dicton populaire. (Voyez SUFFIT QUE.)

-- SAVOIR QUELQU'UN, connaître quelqu'un :

Je sais un paysan qu'on appeloit Gros-Pierre. (Ec. des fem. I. 1.)

SAVOIR SA COUR:

Laissez-moi faire: je suis homme qui sais ma cour. (Am. magn. II. 2.) SCANDALE, au sens d'affront, esclandre; FAIRE UN SCANDALE A QUELQU'UN, lui faire un esclandre:

Trouves-tu beau, dis-moi, de diffamer ma fille,

(Dép, am. II. 8.)

Et faire un tel scandale à toute une famille ? Scandale, outre le sens qu'il porte aujourd'hui, avait encore celui d'outrage. Nicot cite, au mot Scandaliser, cette explication de Budée : « Le peuple exprime quelquefois, par scandali<< ser quelqu'un, ce que les gens bien élevés rendent par repro«< cher à quelqu'un une faute. >> Le Dictionnaire de l'Académie de 1694 consacre les deux acceptions de scandale et scandaliser; Trévoux les maintient encore en 1740.

Scandale est de formation moderne, c'est-à-dire, du xviR siècle, lorsque l'oreille ne craignait plus les doubles consonnes. Le moyen âge avait tiré de scandalum, esclande, qu'on prononçait éclande, et qui persiste sous cette forme esclandre. L'usage s'est chargé d'attribuer à chacun de ces deux mots une nuance de signification qui rend l'un et l'autre utile; mais c'est une occasion de remarquer : 1o qu'en augmentant le nombre des mots, il a fallu restreindre leur signification, et faire aux nouveaux un apanage aux dépens des anciens; 2° que, selon les époques où ils ont passé dans notre langue, les mots latins ont subi l'empire d'une loi différente. De spatium, spongium, spiritus, le moyen âge avait fait les substantifs espace, esponge, esprit (l's ne sonnant point); plus tard, après la perte de la tradition primitive, et sous l'influence du pédantisme de la renaissance, on créa les adjectifs spacieux, spon

gieux, spirituel, qui serrent de plus près la forme latine. Au lieu de spirituel, le moyen âge disait espiritable.

On peut à ce signe reconnaître tout d'abord si tel mot français est antérieur ou postérieur à la renaissance, car le moyen âge n'en avait pas un seul qui commençât par deux consonnes consécutives (1).

SE JOUER, sans complément, pour jouer :

On n'est point capable de se jouer longtemps, lorsqu'on a dans l'esprit une passion aussi sérieuse.. (Comtesse d'Esc. 1.)

....

On disait, avec ou sans la forme réfléchie, jouer, ou se jouer, comme combattre, ou se combattre; fuir, dormir, dîner, mourir, ou se fuir, se dormir, se dîner, se mourir.

(Voyez ARRÊTER.)

SE METTRE SUR L'HOMME D'IMPORTANCE, sur le ton ou sur le pied d'homme d'importance:

Je veux me mettre un peu sur l'homme d'importance,

Et jouir quelque temps de votre impatience.

SE... NOUS, corrélatifs :

(Mélicerte. I. 3.)

Se dépouiller entre les mains d'un homme qui ne nous touche de rien.

SECOURS, au singulier, les auxiliaires :

(Am. méd. I. 5.)

Ah, tête! ah, ventre! que ne le trouvé-je tout à l'heure avec tout son secours! que ne paroît-il à mes yeux au milieu de trente personnes!

(Scapin. II. 9.)

SEMBLANT DE RIEN (FAIRE, NE PAS FAIRE). Voyez à la

fin de l'article PAS.

SEMBLER DE (un infinitif):

1.)

Quand il m'a dit ces mots, il m'a semblé d'entendre: Va-t'en vite chercher un licou pour te pendre. (Dép. am. V. Pourquoi cette préposition? Commencer de est, par euphonie, pour commencer à, afin d'éviter quelque hiatus; mais sembler se construit avec un second verbe, sans préposition intermédiaire.

(1) Les liquides ne comptent que pour demi-consonnes, comme, plein, prendre, etc.

Cependant c'est encore la raison d'euphonie qui lui a donné celle-ci ; ou, pour mieux dire, il n'y a pas réellement de préposition: il n'y a qu'un d euphonique, vestige de la prononciation primitive. Ce d out final armait autrefois toutes les terminaisons en é, soit des substantifs, soit du participe, comme on peut s'en convaincre en jetant les yeux sur les plus anciens monuments de notre langue. « J'ai peched à lui seul, » qu'on lit dans saint Bernard, est comme «< il m'a sembled entendre. »

Que l'oreille ait ensuite causé l'erreur de la main, et qu'on ait écrit il me semble de voir, d'entendre, c'est ce qui est arrivé mainte autre fois. Par exemple, lorsqu'on a mis : Il y en a d'aucuns, pour il y en ad aucuns ; Ma tante pour mat ante; Ante, d'amita, conservé dans l'anglais aunt.

(Voyez D euphonique.)

SEMENCES, figurément, principes; SEMENCES D'HON

NEUR:

Isabelle pourroit perdre dans ces hantises

Les semences d'honneur qu'avec nous elle a prises.

(Éc. des mar. I. 4.)

SEMONDRE, exhorter par un sermon, un avis:

De peur que cet objet qui le rend hypocondre

A faire un vilain coup ne me l'allât semondre.

(L'Et. II. 3.)

M. Auger dérive semondre de submonere, à tort, selon moi. Il a pris cette étymologie dans Nicot, où il aurait fallu la lais-ser cachée.

La racine de semondre me paraît être sermo; semondre serait alors une forme primitive de sermonner. L'r s'éteignait dans la prononciation, pour éviter deux consonnes consécutives : sermonner, semoner, semonre, enfin semondre, avec un deuphonique, comme dans pondre tiré de ponere, dans moudre, de molere (mould)re). Si l'on veut que semondre vienne de monere, il faudra expliquer d'où vient la syllabe initiale se. On ne peut admettre qu'elle représente le latin sub; il n'y en aurait pas d'autre exemple.

On trouve dans Nicot SEMONNEUR, vocator, monitor; n'est-ce pas le même mot que SERMONNEUR ? Celui qui fait des sermons et celui qui donne des semonces, n'est-ce pas tout un?

Nous doutons, et nous soumettons nos doutes aux doctes capables de les dissiper.

S'EN RETOURNER, avec la tmèse de en:

Et, dès devant l'aurore,

Vous vous en êtes retourné.

(Voyez EN construit avec un verbe, p. 150.)

SENS, au pluriel; le sens, la signification :

Et les sens imparfaits de cet écrit funeste

(Amph. II. 2.)

Pour s'expliquer à moi n'ont pas besoin du reste. (D. Garcie. II. 4.) Les sens imparfaits d'un écrit funeste qui n'ont pas besoin du reste pour s'expliquer, c'est là sans doute ce que la Bruyère appelait du jargon, et il n'y a pas moyen d'y contredire. Hormis quelques fragments, comme la scène de jalousie du Ive acte, cette malheureuse pièce de Don Garcie est entièrement de ce style. Molière, pour cette fois, était sorti de son domaine habituel, la vérité, et il ne pouvait pas mettre un style vrai sur un sujet faux et romanesque.

SENSIBLE, clair, intelligible, qui tombe sous le sens :
Mon malheur m'est visible,

Et mon amour en vain voudroit me l'obscurcir;
Mais le détail encor ne m'en est pas sensible.

(Amph. II. 2.)

SENTIMENTS OUVERTS; PARLER A SENTÍMENTS OU

VERTS:

Et je crois, à parler à sentiments ouverts,

Que nous ne nous en devons guères.

(Amph. prol.)

SENTIR, construit avec un pronom possessif, suivi

d'un substantif; SENTIR SON BIEN :

A l'heure que je parle, un jeune Égyptien,

Qui n'est pas noir pourtant et sent assez son bien,
Arrive, accompagné d'une vieille fort hâve.

(L'Et. IV. 9.)

Bien, dans cette locution, signifie bonne extraction; sentir son bien né, son homme bien né:

SENTIR SON VIEILLARD, SON HOMME QUI...!

Cela sent son vieillard qui, pour en faire accroire,

Cache ses cheveux blancs d'une perruque noire. (Ec. des mar. I. 1.)

« PrécédentContinuer »