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Votre conseil sent son homme qui a envie de se défaire de sa marchandise. (Am. med. I. 1.)

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« Mon languaige françois est alteré, et en la prononciation et ailleurs, par la barbarie de mon creu. Je ne veis jamais homme des contrées de deçà qui ne sentist bien evidemment son ramage, et qui ne bleceast les aureilles pures françoises. (MONTAIGNE. II. 17.)

<< Il y a trop de somptuosité à votre habit: cela ne sent pas sa criminelle << assez repentante. (LA FONTAINE, Psyché. II.)

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Cybèle est vieille, Junon de mauvaise humeur; Cérès sent sa divinité de province, et n'a nullement l'air de cour. »

- SENTIR LE BATON, impersonnel :

C'est qu'il sent le bâton du côté que voilà.

(ID. Ibid.)

(Dép. am. V.4.)

SENTIR (SE), avoir la conscience de son être :

Petit serpent que j'ai réchauffé dans mon sein,

Et qui dès qu'il se sent, par une humeur ingrate,
Cherche à faire du mal à celui qui le flatte!

(Ec. des fem. V. 4.)

SERRER, verbe actif, en parlant d'une maladie,

peste, fièvre, etc:

Que la fièvre quartaine puisse serrer bien fort le bourreau de tailleur !

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« Sur table au même instant fait servir le potage.

SERVIR DE QUELQUE CHOSE :

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(BOILEAU. Le Lutrin.)

(Ec. des fem. III. 1.)

Et voilà de quoi sert un sage directeur.
L'un fait beaucoup de bruit qui ne lui sert de guères. (Ibid. I. 1.)

-Dans cette façon de parler, NE SERVIR DE RIEN,

on usait d'une inversion au participe passé :

Tout cela n'a de rien servi.

(Préf. de Tartufe et 2o Placet au roi.)

SES, pluriel, précédant deux substantifs au singulier : Chacun, à ses péril et fortune, peut croire tout ce qu'il lui plaît.

(Mal. im. III. 3.) Cette façon de parler est tout à fait conforme à l'ancienne langue. Aussi je ne crois pas que la vraie locution soit : à ses risques et périls, mais à ses risque et péril, au singulier.

SEUL, faisant pléonasme avec ne que :

Notre sort ne dépend que de sa seule tête.

Mais j'entends que la mienne

Vive à ma fantaisie, et non pas à la sienne;

Que d'une serge honnête elle ait son vêtement,

(Ec. des fem. III. 1.)

Et ne porte le noir qu'aux bons jours seulement. (Ec. des mar. I. 2.)

Ce n'est qu'après moi seul que son âme respire.

Et je n'ai seulement qu'à vous dire deux mots.

(Ibid. II. 14.)

(Tart. III. 2.)

Ce n'est que la seule considération que j'ai pour monsieur votre père.

(Pourc. III. 9.)

Ce n'est qu'à l'esprit seul que vont tous les transports.

(Fem. sav. IV. 2.)

Ce tour, qu'on appellerait aujourd'hui un pléonasme, est très-familier aux écrivains du xvIIe siècle :

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« Le roi son mari lui a donné jusqu'à la mort ce bel éloge, qu'il n'y le seul point de la religion où leurs coeurs fussent désunis.» (BOSSUET. Or. f. de la r. d'A.)

avoit que

SI, pris substantivement; UN SI, une condition :

Ces protestations ne coûtent pas grand'chose,
Alors qu'à leur effet un pareil si s'oppose.

« Je te la rends dans peu, dit Satan, favorable;

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(Dép. am. II. 2.)

(LA FONTAINE. La Chose impossible.)

Cette locution est très-fréquente dans les poëtes du x111o siècle. Le comte de Forest, le fanfaron Lisiard, se vante de faire en moins de huit jours la conquête de la belle Euriant, à condition qu'elle ne sera de rien prévenue:

Et par si qu'on ne li voist dire. »

(GIBERT DE MONTREUIL. La Violette. p. 17.)

Par tel si qu'on n'aille le lui dire, la mettre sur ses gardes. Il est très-important d'observer que nos pères avaient se et si; se exprimait seul un sens dubitatif, et venait du latin si; au contraire, si n'était jamais dubitatif, aussi venait-il de sic. Cette distinction est essentielle pour l'intelligence de certains archaïsmes.

Plus loin, Lisiard à Gérard un défi ; propose Gérard l'accepte, mais en dicte les conditions, et les soumet à la demoiselle

affligée qu'il s'agit de venger:

« Et par si soit fait li recors,

« S'il me puet ocire et conquerre,

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Que vous et toute vostre terre

« Serez à son comandement;

« Et se je le conquiers, ensement. »

(La Violette. p. 84.)

<< Et soit fait notre accord par tel si, que s'il me peut tuer et conquérir, vous lui appartiendrez avec toute votre terre ; et de même, si c'est moi qui le conquiers. »

-SI (sic), toutefois; ET SI, et pourtant, et encore: J'ai la tête plus grosse que le poing, et si elle n'est pas enflée. (B. gent. III.5.) SI FAUT-IL, encore faut-il :

MORON. Si faut-il tenter toute chose, et éprouver si son âme est entièrement insensible.

Si faut-il bien pourtant trouver quelque moyen.. tre brutal.

(Pr. d'El. III. 5.)

pour attraper no(Sicilien, 5.)

« On m'a pourvu d'un cœur peu content de soi-même,

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Inquiet, et fécond en nouvelles amours:

« Il aime à s'engager, mais non pas pour toujours;

« Si faut-il une fois brûler d'un feu durable. » (LA FONT. Elég. III.)

SI... COMME (sic ut) :

Je vous félicite, vous,

comme elle est.

Sic pulchra ut est.

d'avoir une femme si belle, si sage, si bien faite,

(Méd. m. lui. II. 4.)

Comme, dans l'origine, était le complément naturel de si, aussi, tant.

«Li reis jurad: Si veirement cume Deus vit, David ne murrad. »

(Rois. p. 74.)

« Ki, entre tute ta gent, est si fidel cume David vostre gendre est ? »
(Ibid. p. 87.)

Ou sans séparation, sicume (italien, siccome) : "E fud a curt sicume il out ested devant.

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Comme se construisait de même avec tel :

(Rois. p. 74.)

<< Deus te face tel merci cume tu m'as mustred ici. »

(Ibid. p. 95.)

« Vous voulez vous guérir de l'infidélité, et vous en demandez les remèdes? Apprenez-les de ceux qui ont été tels comme vous. »

(PASCAL. Pensées. p. 272.)

Comme suppléait que, au grand avantage de l'euphonie :

« Peut-être que tu mens aussi bien comme lui. »

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Sur quoi Voltaire dit : « Ce vers est un solécisme; on dit autant que, et non pas autant comme. » Mais pourquoi pas? L'usage? Il était du temps de Corneille en faveur d'autant comme. La logique? C'est un pur latinisme. Les Latins faisaient donc aussi un solécisme, de dire:

Haud ita vitam agerent ut nunc plerumque videmus? (LUCRÈCE. III.) Il est fâcheux que Voltaire ait appuyé une réforme sans motif, qui appauvrit la langue, surtout celle des poëtes, et envieillit les écrivains faits pour rester modèles. J'ai dit que l'emploi de comme relatif avait jadis pour soi l'autorité de l'usage; voici en preuve quelques exemples:

Marot demandant une haquenée à François Ier :

« Savez comment Marot l'acceptera?

« D'aussi bon cueur comme la sienne il donne

Au fin premier qui la demandera. »

«Ma foi seule, aussi pure et belle

« Comme le sujet en est beau.....»

« Il n'est rien de si beau comme Calixte est belle. >> (MALHERBE.)

« Tant qu'a duré la guerre, on m'a vu constamment

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Aussi bon citoyen comme parfait amant. » (CORNEILLE. Horace.) Mais tout à coup cette façon de parler a déplu aux grammairiens-jurés de la fin du xvII° siècle : ils l'ont réprouvée d'un commun accord. Ménage donne pour raison qu'« elle n'est pas naturelle.» (Obs. p. 348.) La nature est ici invoquée bien à propos! Mais est-il prouvé que ce mot que soit plus rapproché

de la nature que le mot comme? Est-il sûr que l'usage consacré par une longue suite de siècles, appuyé sur la logique, sur l'étymologie, et fortifié par l'exemple des meilleurs écrivains, doive céder au caprice de trois ou quatre pédants sans autorité que celle qu'ils s'arrogent avec insolence? Cela n'est pas naturel non plus, et pourtant, hélas! cela se voit tous les jours. Comme, à la place de que, est un archaïsme qui a de la grâce et de la naïveté :

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Catin veut espouser Martin;

C'est une très-fine femelle!

« Martin ne veut pas de Catin:

« Je le trouve aussi fin comme elle. »

Si dubitatif (si),... ET QUE...:

S'il ne vous suffit pas de toute l'assurance

Que vous peuvent donner mon cœur et ma puissance,

Et que de votre esprit les ombrages puissants

(MAROT.)

Forcent mon innocence à convaincre vos sens... (D. Garcie. IV. 8.) Ce seroit une chose plaisante si les malades guérissoient, et qu'on m'en vint remercier! (D. Juan. III. 1.)

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Si Babylone eût pu croire qu'elle eût été périssable comme toutes les « choses humaines, et que une confiance insensée ne l'eût pas jetée dans

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Je suis dans l'incertitude si je dois me battre avec mon homme, ou bien le faire assassiner.

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(Sicilien. 13.)

(Mis. IV. 1:)

Et si c'étoit qu'à moi la chose pût tenir...

-SI (un adjectif) QUE DE (adeò... ut...); tant ou tel

lement... que de... :

Et j'ai eu un aïeul, Bertrand de Sotenville, qui fut si temps que d'avoir permission de vendre tout son bien d'outre-mer.

considéré en son

pour le voyage

(G. D. I. 5.)

S'il étoit si hardi que de me déclarer son amour, il perdroit pour jamais ma présence et mon estime. (Am. magn. II. 3.)

Ouais je ne croyois pas que ma fille fût si habile que de chanter ainsi à livre ouvert. (Mal. im. II. 6.)

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