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TIRER SA POUDRE AUX MOINEAUX, perdre sa peine :
Croyez-moi, c'est tirer votre poudre aux moineaux.

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La Fontaine dit, d'une manière moins triviale, tirer ses grè

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Les grègues étaient une espèce particulière de chausses à la mode grecque. Le moyen âge écrivait et prononçait segretaire ; nous prononçons segond tout en écrivant second, par égard pour l'étymologie secundus; nous écrivons et prononçons cigogne, qui vient de ciconia; et nous articulons aussi durement que possible le féminin de grec, grecque. Ce sont les effets du temps et du progrès.

·TIRER UNE AFFAIRE DE LA BOUCHE DE QUELQU'UN: Je pense qu'il vaut mieux que de sa propre bouche

Je tire avec douceur l'affaire qui me touche. (Ec. des fem. II. 2.) Je tire le détail de l'affaire. La pensée va toujours à l'économie des paroles, surtout la pensée d'un homme agité par la passion, comme est Arnolphe.

TOMBER DANS L'EXEMPLE, en venir aux exemples: Et, pour tomber dans l'exemple, il y avoit l'autre jour des femmes.... (Critique de l'Ec. des fem. 3.)

TOMBER DANS UNE MALADIE :

Monsieur, j'ai une fille qui est tombée dans une étrange maladie.

(Méd. m. lui. II. 3.)

TON, métaphoriquement, joint à frapper, pris au

propre :

Il frappe un ton plus fort!

Comme on dirait; il chante un ton plus haut.

(Amph. I. 2.)

TORRENT EFFRÉNÉ:

C'est battre l'eau, de prétendre arrêter

Ce torrent effréné, qui de tes artifices

Renverse en un moment les plus beaux édifices.

(L'Ét. III. 1.)

Peut-on dire un torrent effréné ? Le frein se met à la bouche; un torrent peut-il recevoir un frein? Racine a bien dit :

« Celui qui met un frein à la fureur des flots...; »

mais il y a le mot fureur qui sauve l'excès de la métaphore en la préparant, puisque la fureur est le propre des êtres animés.

TOUCHANT A..., important pour... :

Et cet arrêt suprême,

Qui décide du sort de mon amour extrême,

Doit m'étre assez touchant pour ne pas s'offenser

Que mon cœur par deux fois le fasse répéter. (Ec. des mar. II. 14.)

TOUCHER, métaphoriquement, parlant des ouvrages d'esprit :

La tragédie sans doute est quelque chose de beau quand elle est bien touchée. (Crit. de l'Ec. des fem. 7.)

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Se dépouiller..... entre les mains d'un homme qui ne nous touche de

rien.

TOUR DE BABYLONE. (Voyez BABYLONE.)

TOURNER, pour se tourner:

(Am. med. I. 5.)

Aussi mon cœur d'ores en avant tournera-t-il toujours vers les astres resplendissants de vos yeux adorables.

(Mal. im. II. 6.)

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Le poids de sa grimace, où brille l'artifice,

Renverse le bon droit et tourne la justice.

(Mis. V. 1.)

L'expression tourne la justice n'est pas juste. On tourne la

roue de fortune, on tourne une chose, un esprit même, à un sens; mais tourner la justice ne peut signifier séduire, corrompre la justice.» (VOLTAIRE.) Cette remarque paraît sévère. Pourquoi ne dirait-on pas

tourner pour retourner, détourner? Tourner le visage, tourner la tête, tourner le dos, c'est retourner ou détourner le dos, la tête, le visage. De même tourner la justice, c'est la détourner de son cours naturel.

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Ainsi que je voudrai, je tournerai cette ȧme. (Éc. des fem. III. 3.)

TOUT, invariable devant un adjectif:

(Tart. III. 3.)

Mais enfin je connus, ô beauté tout aimable, Que cette passion peut n'être point coupable, Et, traitant de mépris les sens et la matière, A l'esprit, comme nous, donnez-vous tout entière. (Fem. sav. I. 1.) « Je crains que cette censure. . . . . . . ne donne, à ceux qui en sauront l'histoire, une impression tout opposée à la conclusion.

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(PASCAL. Ie Prov.)

Tout signifie ici tout à fait. Il est donc adverbe. Molière cependant l'a fait quelquefois adjectif, s'ajustant en cela aux inconséquences de l'usage.

On remarquera que, dans tous ces exemples, l'adjectif uni à tout commence par une voyelle, en sorte que si l'on écrivait toute, il y aurait élision. Il a dépendu de l'imprimeur de supprimer l'e de toute, et ces textes ne sont pas des preuves irrécusables pour l'invariabilité; au lieu que pour le cas contraire ils ne peuvent avoir été falsifiés.

(Voyez TOUT, variable.)

-TOUT, variable devant un adjectif :

La fourbe a de l'esprit, la sotte est toute bonne.
Oui, toute mon amie, elle est, et je la nomme,
Indigne d'asservir le cœur d'un galant homme.

«Ils y en ont trouvé de toutes contraires. »

(Mis. III. 5.)

(Ibid. III. 7.)

(PASCAL. Ire Prov.)

Des propositions tout à fait contraires aux cinq attribuées à Jansénius.

« La Grèce, toute polie et toute sage qu'elle étoit... »

(BossUET. Hist. univ.)

Il est manifeste que dans ces exemples tout représente tout à fait; il devrait donc être invariable comme l'adverbe dont il

tient la place. Cependant il ne l'est pas, soit à cause de l'euphonie à qui tout cède, soit par un autre motif, ou peut-être par une pure inconséquence. Quoi qu'il en soit, les grammairiens, bien empêchés par l'usage, ont posé à cet égard une plaisante règle Tout, disent-ils, mis pour tout à fait, est adverbe devant les adjectifs féminins commençant par une voyelle, et, au contraire, il devient adjectif devant les adjectifs commençant par

une consonne.

C'est-à-dire, pour parler vrai, que dans le premier cas on profite de l'élision pour escamoter sur le papier l'e final de toute, par exemple, tout aimable, tout entière, tout opposée. Cela passe, parce que l'oreille n'a rien à y réclamer; mais réellement il y a toujours accord.

TOUT, invariable devant un nom de ville:

C'est moi qui suit Sosie, et tout Thèbes l'avoue.

(Amph. I. 2.)

Vous parlez devant un homme à qui tout Naples est connu. (Ľ’Av. V. 5.) "Tout Smyrne ne parloit que d'elle.

>>

(LA BRUYÈRE.) Les Italiens observent la même règle: tutto Napoli, tutto Siviglia:

« Tutto Siviglia

« Conosce Bartolo.

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TOUT, TOUTE, adjectif, avec le sens de l'adverbe

latin totidem:

Ce sont toutes façons dont je n'ai pas besoin.

Ces visites, ces bals, ces conversations,
Sont du malin esprit toutes inventions.

TOUTE-BONTÉ, Comme toute-puissance :

Que le ciel à jamais, par sa toute-bonté,
Et de l'âme et du corps vous donne la santé !

TOUT CE QUE... SONT:

(Tart. I. 1.)

(Ibid.)

(Tart. III. 3.)

On m'a montré la pièce; et comme tout ce qu'il y a d'ágréable sont effectivement des idées qui ont été prises de Molière..... (Impromptu. 3.) (Voyez CE QUE.... SONT.)

TOUT DE BON, pour tout de bon,
Mais j'aime tout de bon l'adorable Henriette.

sérieusement:

(Fem. sav. V. 1.)

« Je ne le disois pas tout de bon, repartit le père; mais parlons plus sé«rieusement. >> (PASCAL. 8 Prov.)

Tout de bon, mes pères, il seroit aisé de vous tourner là-dessus en ridicule. >>

(ID. 12° Prov.)

TOUT DOUX, adverbe, comme tout doucement :

Je crains fort pour mon fait quelque chose approchant,

Et je m'en veux tout doux éclaircir avec elle.

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Bonsoir; car tout d'un temps je vais me renfermer.

(Amph. II. 3.)

(Ec. des mar. III. 2.)

-TOUT MAINTENANT, subitement, à l'instant même:

Il m'est dans la pensée

Venu tout maintenant une affaire pressée. (Éc. des fem. III. 4.)

TOUT VIEUX, sans ajouter qu'il est :

Le bonhomme, tout vieux, chérit fort la lumière.

De même, dans le Misanthrope:

Oui, toute mon amie, elle est, et je la nomme,
Indigne d'asservir le cœur d'un galant homme.

Sur ce passage, voici la remarque de Voltaire :

(L'Et. III. 5.)

(Mis. III. 7.)

« Il faut dire toute mon amie qu'elle est, et non pas toute mon «< amie elle est. »

« Et je la nomme; cet et est de trop. Je la nomme est vicieux; le terme propre est je la déclare; on ne peut nommer qu'un nom je le nomme grand, vertueux, barbare; je le déclare indigne de mon amitié. » (Mélanges. T. III. p. 228.)

Il est manifeste que Voltaire n'a pas saisi le sens de ce passage. Il a supposé une inversion très-dure, et compris : Elle est toute, c'est-à-dire, tout à fait, mon amie, et je la nomme indigne d'asservir, etc.; tandis que le sens véritable est celui-ci : Toute mon amie qu'elle est, elle est (et je ne crains pas de la nommer, et je le dis tout haut), elle est indigne, etc.

Il est probable que Voltaire avait sous les yeux un texte mal ponctué :

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