TROP DE (LE), substantivement: Il s'en est peu fallu que durant mon absence On ne m'ait attrapé par son trop d'innocence. (Ec. des fem. III. 3.) Dorante, arrêtons-nous; le trop de promenade "Me mettroit hors d'haleine et me feroit malade. »> (CORN, Le Menteur. II. 5.) Ce n'est que restituer à trop sa qualité originelle : turba, truba, ou trupa; troupe ou trop; puis on l'a employé adverbialement comme mie, pas, point, goutte, etc. TROUBLÉ D'ESPRIT, expression moins forte que aliéné: C'est moi, monsieur, qui vous ai envoyé parler les jours passés pour un parent un peu troublé d'esprit... (Pourc. I. 9.) TROUSSER BAGAGE: Prenez visée ailleurs, et troussez-moi bagage. (Ec. des mar. II. 9.) Trousser, dans sa primitive acception, signifie charger. « D'or e d'argent quatre cens muls trussez. » Quatre cents mulets troussés d'or et d'argent. (Roland. st. 9.) (Ibid. st. 227.) « De sul le fer fust un mulet trusset. » Du seul fer de cette lance on eût troussé un mulet. Trousser en malle, c'est charger à la façon d'une malle, en guise de malle. Trousser bagage, c'est charger son bagage pour déménager, décamper. Bagage est la réunion, l'ensemble des bagues. Bagues sont les meubles, vêtements, ustensiles, etc. Baga, dans le latin du moyen âge, un coffre, un sac. Les Anglais appellent encore bag-pipe (tuyau à sac), une musette, à cause de son sac plein de vent. On disait baguer et débaguer, pour garnir et dévaliser. (Voyez DU CANGE, au mot Baga.) TROUVER QUELQU'UN A DIRE. (Voyez DIRE.) TURQUERIE: Il est turc là-dessus, mais d'une turquerie à désespérer tout le monde. (L'Av. II. 5.) -UN CHACUN, archaïsme, chacun : Un chacun est chaussé de son opinion. (Ec. des fem. I. 1.) D. LOUIS. Leur gloire est un flambeau qui éclaire, aux yeux d'un chacur, la honte de vos actions. Voilà par sa mort un chacun satisfait. Hautement d'un chacun elles blâment la vie. UN PETIT, pour un peu, archaïsme : (D. Juan. IV. 6.) Qu'avez-vous? Vous grondez, ce me semble, un petit ? J'ai, devant notre porte, En moi-même voulu répéter un petit, Sur quel ton et de quelle sorte Je ferois du combat un glorieux récit. (Ibid. V. 7.) (Tart. I. 1.) (Ec. des fem. II. 6.) (Amph. II, 1.) Peu, qu'on dérive habituellement de parum, me semble n'ètre que la première syllabe de petit, comme mi de milieu, prou de profit, etc., etc. Un petit ne serait alors que l'expression complète, au lieu de l'expression abrégée. UN PEU construit avec BEAUCOUP, BIEN, DOUCEMENT: beaucoup Mais, mon oncle, il me semble que vous vous jouez un peu de mon père? (Mal. im. III. 22.) ་ Je trouve un peu bien prompt le dessein où vous êtes. (Mis. V. 1.) Mais elle est, à vrai dire, un peu bien surprenante. " Hé! là, là, madame la Nuit, Un peu doucement, je vous prie. (Tart. III. 3.) (G. D. III. 3.) (D. Juan. I. 1.) (Amph. prol.) Depuis qu'elles (les femmes) sont du tout rendues à la mercy de nostre « foy et constance, elles sont un peu bien hazardées. » (Montaigne. III. 5.) UN PEU PLUS FORT QUE JEU: Je crains que le pendard, dans ses vœux téméraires, Un peu plus fort que jeu n'ait poussé les affaires. (Ec. des fem. II. 6.) Un peu plus fort que les règles du jeu ne le permettaient. UN TEMPS. (Voyez TEMPS.) UN, UNE, supprimé : O ciel! c'est miniature; Et voilà d'un bel homme une vive peinture! - UN, répété surabondamment: Une action d'un homme à fort petit cerveau. (Sgan. 6.) (Dép. am. V. 1.) (Mis. IV. 2.) Et l'on sait ce que c'est qu'un courroux d'un amant. (Tart. IV. 1.) Plus, une peau d'un lézard de trois pieds et demi, remplie de foin. UN, surabondant devant le plus : Que deux nymphes, d'un rang le plus haut du pays, (Mélicerte. I. 4.) Voilà une belle merveille que de faire bonne chère avec de l'argent! C'est une chose la plus aisée du monde! (L'Av. III. 5.) Je suis dans une confusion la plus grande du monde, de voir une personne de votre qualité..., etc. (B. gent. III. 6.) « Une si illustre princesse ne paroîtra dans ce discours que comme un exemple le plus grand qu'on se puisse proposer. » VACHE; LA VACHE EST A NOUS, sorte d'adage: S'il ne tient qu'à battre, la vache est à nous. (BOSSUET. Or. fun. de la duch. d'Or.) (Méd. m. lui. I. 5.) · Cet homme-là fait de vous une vache à lait. (B. gent. III. 4.) VAILLANTISES: VACHE A LAIT, figurément : Que je vais m'en donner, et me mettre en bon train De raconter nos vaillantises! (Amph. III. 6.) VALOIR QUE, suivi d'un verbe au subjonctif : Et vous ne valez pas que l'on vous considère. (Mis. IV. 3.) (Tart. II. 4.) (Fem. sav. V. 4.) VASTE DISGRACE: Par où pourrois-je, hélas! dans ma vaste disgráce, Vers vous de quelque plainte autoriser l'audace? (D. Garcie.V, 3.) VENEZ-Y-VOIR, substantivement; UN VENEZ-Y-VOIR : D'un panache de cerf sur le front me pourvoir, VENIR, impersonnel; IL VIENT FAUTE DE : (Sgan. 6.) S'il vient faute de vous, mon fils, je ne veux plus rester au monde. (Mal. im. I. 9.) VENTRE; AVOIR DANS LE VENTRE..., en parlant du temps qui reste à vivre : C'est un homme qui mourra avant qu'il soit peu, et qui n'a tout au plus que six mois dans le ventre. (Mar. for. 12.) VENUE, substantif; UNE VENUE DE COUPS DE BATON: Tu vas courir risque de t'attirer une venue de coups de bâton. (Scapin. III. 1.) <«< On dit proverbialement qu'un homme en a eu d'une venue, pour dire qu'il a fait quelque perte, qu'il a été obligé de faire. quelque dépense. >> (TRÉVOUX.) Venue, dans la phrase de Molière, est au sens de récolte, bonne récolte, parce que le grain de l'année est bien venu. Nicot, au mot venir, donne pour exemples : « Grande venue de brebis et abondante, bonus proventus. » Venue pour bonne venue, ample venue, comme heur, succès, fortune, pour bon heur, bon succès, bonne fortune. Une volée de coups de bâton; métaphore prise des oiseaux qui voyagent par troupe : une volée de perdreaux, une volée de pigeons, etc. Trévoux cite cet exemple : « Il vint une volée de cailles dans le désert, qui réjouit fort les Israélites, dégoûtés de la manne. >> VÈPRE; LE BON VÈPRE, archaïsme, le bon soir: - Je donne le bon vépre à toute l'honorable compagnie. Vespre, contracté de vesp(e)ra, le soir. On disait aussi la VERBE RÉFLÉCHI perd son pronom étant précédé d'un autre verbe : Faites-la ressouvenir qu'il faut se rendre de bonne heure dans le bois de Diane. Qu'on me laisse ici promener toute seule. (Voyez ARRÊTER, et PRONOM RÉFLÉCHI.) VÉRITABLE, véridique, sincère : (Am. magn. I. 2.) (Ibid. I. 6.) m.1.5.) (Mis. I. 2.) Nous en tenons tous deux, si l'autre est véritable. (Dépit, am. C'est l'ancienne valeur du mot. Longarine n'a point accoutumé de celer la vérité, soit contre homme « ou contre femme. garine..... Puisque vous m'estimez si véritable, dit Lon(La R. de Nav. Heptaméron, nouvelle 14.) « Mais, mon père, si le diable ne répond pas la vérité, car il n'est guère plus véritable que l'astrologie, il faudra donc que le devin restitue, par la même raison? (PASCAL. 8e Prov.) Si elles (les précieuses) sont coquettes, je n'en dirai rien; car je fais profession d'être un auteur fort véritable, et point médisant. » (Mlle DE MONTPENSIER, Portrait des Précieuses.) Qu'un sort prodigieux a fait vers vous coupable. (D. Garcie. II. 6.) Par où pourrois-je, hélas! dans ma vaste disgrâce, Vers vous de quelque plainte autoriser l'audace? (Dép. am. I. 2.) (Ibid. V. 3.) |