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« par sa beauté, bonne grace et parole, que pour le bruit que chacun

luy donnoit d'estre l'un des plus adroits et hardis aux armes qui feust de

« son tems. »

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(Heptameron. nouvelle 14o.)

Elle connoissoit le contraire du faux bruit que l'on donnoit aux Fran«çois, car ils estoient plus sages, etc. »

(Voyez la note au mot DownER UN CRIME.)

A PETIT BRUIT:

Je me divertirai à petit bruit.

BRULER SES LIVRES A QUELQUE CHOSE :

J'y brúlerai mes livres, ou je romprai ce mariage.

Chicaneau dit pareillement :

« Vous plaidez ?

CHICANEAU.

LA COMTESSE.

Plût à Dieu !

CHICANEAU.

(Ibidem.)

(D. Juan. V. 2.)

(Pourc. I. 3.)

J'y brúlerai mes livres! »

(Les Plaideurs. I. 7.)

BRUTALITÉ DE SENS COMMUN ET DE RAISON :

Un homme qui, avec une impétuosité de prévention, une roideur de confiance, une brutalité de sens commun et de raison, donne au travers des purgations et des saignées. (Mal. im. III. 3.

BUTER A QUELQUE CHOSE, prendre cette chose pour but :

Toutes mes volontés ne butent qu'à vous plaire.

(L'Et. V. 3.) BUTIN, au lieu de proie, dans le sens métaphorique:

D. ELVIRE.

On ne me verra point le butin de vos feux. D. Garcie. III. 3.) Je ne crois pas qu'on trouve en français un second exemple de cette façon de parler bizarre. Dans une métaphore consacrée, on n'a pas le droit de substituer un synonyme au mot qui fait la figure; autrement cet Anglais aurait bien parlé, qui écrivait à Fénelon : « Monseigneur, vous avez pour moi des boyaux de père, >> car entrailles et boyaux sont synonymes, comme proie et butin.

CABALE, pour signifier le parti des faux dévots:

Que si je viens à être découvert, je verrai, sans me remuer, prendre mes intérêts à toute la cabale. (D. Juan. V. 2.) Pascal, dans les Provinciales, emploie ce mot dans le même

sens.

CACHE, cachette:

On n'est pas peu embarrassé à inventer dans toute une maison une cache fidèle.

« Et qui vous a cette cache montrée? »

CACHEMENT DE VISAGE:

(L'Av. I. 4.) (LA FONTAINE.)

Leurs détournements de tête et leurs cachements de visage firent dire cent sottises de leur conduite. (Crit. de l'Ec. des fem. 3.)

CADEAU, dîner en partie de campagne, dont on régale quelqu'un. Molière l'explique lui-même dans ce passage:

Des promenades du temps,

Ou diners qu'on donne aux champs,

Il ne faut point qu'elle essaye :
Selon les prudents cerveaux,

Le mari, dans ces cadeaux,

Est toujours celui qui paye.

Des maris benins qui :

(Ec. des fem. III. 2.)

De leurs femmes toujours vont citant les galants,

Témoignent avec eux d'étroites sympathies,

Sont de tous leurs cadeaux, de toutes leurs parties.

(Ib. IV. 8.) J'aime le jeu, les visites, les assemblées, les cadeaux, et les promenades....

(Mar. forc. 4.)

Le diamant qu'elle a reçu de votre part, et le cadeau que vous lui préparez.... (Bourg. g. III. 6.) Les déclarations ont entraîné les sérénades et les cadeaux, que les présents ont suivis. (Ibid. III. 18.)

«< Cadeau se dit aussi des repas qu'on donne hors de chez soi, et particulièrement à la campagne. Les femmes coquettes ruinent leurs galants à force de leur faire faire des cadeaux. En ce sens il vieillit. » (FURETIÈRE.)

DONNER UN CADEAU :

Nous mènerions promener ces dames hors des portes, et leur donnerions un cadeau.

Je l'ai fait consentir enfin au cadeau que vous lui voulez donner.

(Préc. rid. 10.)

(B. gent. III. 6.)

- CADEAU DE MUSIQUE, DE DANSE:
Elles y ont reçu des cadeaux merveilleux de musique et de danse.

CAJOLER, verbe neutre :

(Am. magn. I. 1.)

Tudieu! comme avec lui votre langue cajole!, (Ec. des fem. V. 4.) CALOMNIER A QUELQU'UN, c'est-à-dire, DANS QUELQU'UN, sa vertu :

Vous osez sur Célie attacher vos morsures,

Et lui calomnier la plus rare vertu

Qui puisse faire éclat sous un sort abattu?

(L'Et. III. 4.)

Et calomnier en elle. Cet exemple se rapporte au datif de

perte ou de profit. (Voyez DATIF.)

ÇAMON:

Çamon vraiment! il y a fort à gagner à fréquenter vos nobles.

(B. gent. III. 3.)

Çamon, ma foi! j'en suis d'avis, après ce que je me suis fait.

(Mal. im. I. 2.) On ne trouve indiqués nulle part le sens précis ni l'origine de cette expression, qui est évidemment une sorte d'exclamation affirmative.

Elle est formée de trois racines, ce a mon, que l'on trouve ainsi divisées dans les plus anciens textes. La reine de Navarre parlant d'un prêcheur :

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« Il a bien dit, je répondrois: Ce a mon.» (Le Miroir de l'áme péch.) Il a ce, c'est-à-dire, bien dit. On sous-entend dans la réponse le verbe exprimé dans la demande.

Quand ce verbe dans la demande est accompagné d'une négation, la négation se glisse dans la formule de la réponse, ce qui achève d'en découvrir le sens.

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« Nos voisins. Certes, ce n'a mon. »

(De sire Hains et dame Anieuse. BARBAZ. III. 45.)

Il n'y a que d'appeler nos voisins. Certes, il n'y a que ce (à faire). Ce, c'est-à-dire, appeler nos voisins.

Reste à expliquer le mot mon.

Il se présente souvent séparé de la formule que j'analyse, et joint au verbe savoir, mis pour chose à savoir. Par exemple, dans Montaigne :

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Sçavoir mon si Ptolémée s'y est aussy trompé aultre foys.

(MONTAIGNE. Essais. II. 12.)

Mon paraît, une transformation de num. Du grec μõv, estce que, les Latins avaient fait num: pourquoi, par une disposition d'organe réciproque, du latin num les Français, à leur tour, n'auraient-ils pas refait mon? Cum, numerus, changent de même leur u en o: comme, nombre.

Mon garde la valeur de num et de μov, et répond à n'estce pas, pas vrai, qui s'emploient familièrement dans un sens moitié interrogatif, moitié affirmatif: savoir, n'est-ce pas, si Ptolémée jadis ne s'y est pas trompé ? s'y est pas trompé? - Je répondrais : Il a bien prêché, pas vrai?

Par suite de l'usage, les trois racines se sont fondues en un seul mot, qui a pris pour acception la valeur affirmative de la dernière racine: Il y a tant à gagner avec votre noblesse, n'est-ce pas! J'en suis d'avis, n'est-ce pas, ou en vérité, après ce que je me suis fait!

A l'appui de l'étymologie que je propose, je ne dois pas omettre de faire observer que um, en latin, au moyen âge, se prononçait on. Voyez ce point développé au mot MATRIMONION.

CAMUS (RENDRE), métaphoriquement, casser le nez, rendre confus :

MATHURINE.

Oui, Charlotte, je veux que monsieur vous rende un peu camuse. (D. Juan. II. 5.)

Vous remarquerez que l'on emploie à rendre la même pensée deux images contraires étre camus et avoir un pied de

nez.

CAPRIOLER, cabrioler:

Parbleu! si grande joie à l'heure me transporte,
Que mes jambes sur l'heure en caprioleroient,

Si nous n'étions point vus de gens qui s'en riroient.

CARACTÈRE, talisman:

Oui, c'est un enchanteur qui porte un caractère
Pour ressembler aux maîtres des maisons.

(Sgan. 18.)

(Amph. III. 5.)

(Pourc. III. 8.)

On dit qu'il a un caractère pour se faire aimer de toutes les femmes.

Le Crispin des Folies amoureuses se dit grand chimiste, qui

passait mème pour un peu

sorcier :

«

On m'a même accusé d'avoir un caractère.»>

(Fol. am. I. 5.)

« Caractère se dit aussi de certains billets que donnent des charlatans ou sorciers, et qui sont marqués de figures talismaniques ou de simples cachets. >> (TRÉVOUX.) CARÊME-PRENANT, mardi gras, qui touche au mercredi des cendres, jour où prend le carême :

On diroit qu'il est céans carême-prenant tous les jours. (B. gent. III. 2.) Un carême-prenant est un masque du mardi gras :

On dit que vous voulez donner votre fille en mariage à un carême-pre(Ibid. V. 7.)

nant?

CARESSE, UN PEU DE Caresse, au singulier :
Cela se passera avec un peu de caresse que vous lui ferez. (G. D. II. 12.)
CARNE, angle d'une table, d'un volet, etc. :

Je me suis donné un grand coup à la tête contre la carne d'un volet.
(Mal, im. I. 2.)

Carne est le mot simple, dont on rencontre souvent au moyen âge le diminutif carenon (on écrivait carreignon ou quarreignon); la racine est carré, quarré, quarre, qui existe encore dans bécarre, c'est-à-dire B carré.

Dans les Vosges on dit : à la carre du bois; c'est à l'angle. L'équerre, instrument qui fait la carre.

Le quarreignon était une mesure d'une quarte; c'était aussi un coin, un cachet de lettre.

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Blanchandrin fist un brief escrire,

« Puis mist le carregnon en cire. » (DU CANGE. in Ceraculum.)

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