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Le bien n'est pas à considérer.

La noblesse, de soi, est bonne; c'est une chose considérable assurément

CONSIDÉRABLE A QUELQU'UN :

(Georges D. I. 1.)

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Mais si jamais mon bien te fut considérable, Répare mon malheur, et me sois secourable. (L'Et. II. 7.) Monsieur, votre vertu m'est tout à fait considérable. (Méd.m. l. III. 11.) Ces raisons ont..... rendu leur condition (des hommes) si considerable à l'Eglise, qu'elle a toujours puni l'homicide qui les détruit. ...» (PASCAL. Ire Prov.) CONSIDÉRATION; A LA CONSIDÉRATION DE, c'est-à

dire, en considération de :

Je vous donne ma parole, don Pèdre, qu'à votre considération, je vais la traiter du mieux qu'il me sera possible. (Sicilien. 19.)

CONSOLATIF :

Je suis homme consolatif, homme à m'intéresser aux affaires des jeunes gens. (Scapin. I. 2.)

Pascal a dit consolatif à..... et consolatif pour.... : Discours bien consolatif à ceux qui ont assez de liberté d'esprit..., etc.» «Un beau mot de saint Augustin est bien consolatif pour de certaines personnes. » (Pensées. p. 51, 310 et 359.) CONSOLATIF paraît formé de consoler, aussi légitimement que récréatif de récréer, portatif de porter, etc.

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CONSOMMER, consumer:

Et, quoi que l'on reproche au feu qui vous consomme.

SE CONSOMMER DANS QUELQUE CHOSE:

(Dép. am. III. 9.)

La vertu fait ses soins, et son cœur s'y consomme Jusques à s'offenser des seuls regards d'un homme. (Ec. des m. II. 4.) On dit encore, au participe, il est consommé dans son art; on disait autrefois se consommer dans un art, , dans une science,

dans la pratique de la vertu, etc., etc.

Puisqu'en raisonnements votre esprit se consomme. (Ec.des fem.V.4.)
Dans l'amour du prochain sa vertu se consomme.

C'est-à-dire éclate au plus haut degré.

(Tart. V. 5.)

Qui se donne à la cour se dérobe à son art;
Un esprit partagé rarement s'y consomme,

Et les emplois de feu demandent tout un homme.

(La Gloire du Val de Gráce.)

La confusion entre consommer et consumer a été signalée par Vaugelas comme une faute, à la vérité commune chez de bons écrivains, mais enfin comme une faute.

Ménage, sans en donner une bonne raison, n'a pas voulu se rendre à la décision de Vaugelas ; mais l'Académie l'a adoptée, et le sens des racines commanderait en effet la distinction, si consommer venait de summa, et consumer de sumere. Je n'en crois rien consumere est la seule racine des deux formes. L'usage de prononcer le um latin par on (voyez MATRIMONION) a conduit tout d'abord à traduire consumere par consommer.

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Ceste qualité estouffe et consomme les aultres qualités vrayes et essen⚫ tielles. >> (MONTAIGNE. III. 7.) Alors la forme consumer n'existait pas; consommer était seul; car il faut toujours se rappeler que notre langue a été soumise à deux systèmes de formation très-différents. Consommer est le mot de première époque, et consumer le mot de seconde époque. L'archaïsme luttait encore du temps de Molière.

CONSTAMMENT, avec constance:

Instruire ainsi les gens

A porter constamment de pareils accidents.

(Fem. sav. V. 1.)

CONSTITUER A, c'est-à-dire, préposer à....:

Je vous constitue pendant le souper au gouvernement des bouteilles.

(L'Av. III. 1.)

CONSTRUCTIONS IRRÉGULIÈRES :

Du meilleur de mon cœur je donnerois sur l'heure
Les vingt plus beaux louis de ce qui me demeure,

Et pouvoir à plaisir sur ce mufle asséner

Le plus grand coup de poing qui se puisse douner! (Tart. V. 4.) La passion légitime qui trouble Orgon excuse le dérangement grammatical de sa phrase. On le comprend d'ailleurs très-bien. C'est comme s'il disait : Je voudrois donner. ....et pouvoir, etc...

vie.

C'est bien la moindre chose que je vous doive, après m'avoir sauvé la

Après que vous m'avez sauvé la vie; est incomparablement plus rapide.

(D. Juan. III. 4.) mais l'autre façon

.... Qui pourra montrer une marque certaine
D'avoir meilleure part au cœur de Célimène,
L'autre ici fera place au vainqueur prétendu,
Et le délivrera d'un rival assidu.

(Mis. III. 1.)

C'est-à-dire Si l'un de nous peut montrer....., l'autre lui

fera place.

Aussi ne trouverois-je aucun sujet de plainte,

Si pour moi votre bouche avoit parlé sans feinte;
Et, rejetant mes vœux dès le premier abord,

Mon cœur n'auroit eu droit de s'en plaindre qu'au sort. (Mis. IV. 3.) J'oserais blâmer cette construction, à cause de l'ambiguïté. Rejetant mes vœux se rapporte à votre bouche; la construction grammaticale semble le rapporter à mon cœur, qui est le sujet de ce second membre de phrase.

(Dép. am. IV. x)

C'est prendre peu de part à mes cuisants soucis, Que de rire, et me voir en l'état où je suis. Dans l'ordre naturel, l'action de voir a précédé celle de rire. Virgile a dit pareillement :

Moriamur, in arma ruamus.

Si l'on commençait par mourir, il ne serait plus temps ensuite de se jeter au milieu des ennemis. Les grammairiens, habiles à couvrir de beaux noms les fautes échappées aux grands poëtes, ont trouvé pour celle-là le terme imposant d'hystérologie, c'est-à-dire renversement de l'ordre, qui met devant ce qui devait être derrière. La faute de Virgile, en bonne foi, n'est pas justifiable; celle de Molière le serait peut-être davantage, en ce qu'on peut dire que l'action de rire et celle de voir sont simultanées.

(Voyez PARTICIPE présent.)

CONSULTER, absolument et sans régime, comme délibérer :

Le jour s'en va paroître, et je vais consulter

Comment dans ce malheur je dois me comporter. (Ec. des fem. V.1.)

Ah! faut-il consulter dans un affront si rude!

(Amph. III. 3.)

Laissez-moi consulter un peu je le puis faire en conscience.

(Pourc. II. 4.)

CONSULTER, verb. act. : consulter quelque chose : une maladie, un procès, c'est-à-dire, délibérer làdessus :

Si Lélie a pour lui l'amour et sa puissance,
Andrès pour son partage a la reconnoissance,
Qui ne souffrira point que mes pensers secrets
Consultent jamais rien contre ses intérêts.

(L'Et. V. 12.)

Il me semble

(Tart. V. 1.)

Que l'on doit commencer par consulter ensemble
Les choses qu'on peut faire en cet événement.

J'ai ici un ancien de mes amis, avec qui je serai bien aise de consulter sa maladie.

(Pourc. I. 9.)

Voici un habile homme, mon confrère, avec lequel je vais consulter la manière dont nous vous traiterons.

(Ibid. I. 11.)

Je vous prie de me mener chez quelque avocat, pour consulter mon affaire. (Ibid. II. sc. 12.) CONTE; DONNer d'un conte PAR LE NEZ. Voy. NEZ. CONTENTÉ DE (ÊTRE), être payé, récompensé de:

Vous serez pleinement contentés de vos soins. (Ec.des mar. III. 5.) CONTENTEMENT, construit avec le verbe être : Elle dit que ce n'est pas contentement pour elle que

six ans.

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Mais vivre sans plaider, est-ce con!entement ? »

Ce n'est pas contentement pour l'injure que j'ai reçue.

d'avoir cinquante

(L'Av. II. 7.)

(Les Plaid. I. 7.)

(Méd. m. l. I. 4.)

Ce n'est pas satisfaction pour l'injure que j'ai reçue.
CONTESTE:

La maison à présent, comme savez de reste,

(Tart.V.4.)

Au bon monsieur Tartufe appartient sans conteste. Conteste est le substantif de contester, dont la forme primitive est contrester (contra stare). Les Italiens disent constrastar, et nous avons formé, à une époque relativement récente, contraste, qui est au fond le même mot que conteste. On a oublié la loi qui changeait l'a des Latins en e français :

« Li marescaus de nostre ost esgardă devant un casal, et pierchut la gent Barile qui venoient huant et glatissant, et menant li grand tempieste, « que bien cuidoient contrester à nos fourriers. »

(VILLEHARDHOIN, p. 178, éd. de Mr Paris.)

Nicot écrit contr'ester, et cite pour exemple cette phrase : —« One n'avoit trouvé homme qui luy peust contr’ester en champ de bataille Guy de Warwich. »

« Le

M. B. Lafaye fait cette distinction chimérique : conteste est une simple difficulté; la contestation en est la manifestation.» (Synon., p. 391). L'un est le mot ancien, et l'autre le moderne : le sens est identique.

CONTRADICTOIRE A:

Ho, ho! qui des deux croire?

Ce discours au premier est fort contradictoire.

CONTRAIRE PARTI :

Il se venge hautement en prenant le contraire parti.

(L'Et. I. 4.)

Corneille avait dit, dans Cinna :

(Crit. de l'Ec. des fem. 6.)

« Et l'inclination n'a jamais démenti

« Le sang qui t'avoit fait du contraire parti.»

(V. 1.)

La prose de Molière nous montre que la locution était ainsi faite, et non parti contraire.

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Et chacun s'est rangé du contreire parti.» (REGNIER. Sat. 17.)

CONTRARIÉTÉS, taquineries par représailles :

Laissons ces contrariétés,

Et demeurons ce que nous sommes.

(Amph. Prol.)

Il faut noter dans ce mot un exemple de la substitution des liquides / et r. Les racines sont contra et alium ; la forme pri

mitive du verbe était contralier.

Dans Partonopeus:

« Ce sont clergastes qui en mesdient (des femmes),

Qui lor meschines contralient.

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