Images de page
PDF
ePub

Nous disons armoire (d'armarium, racine, arma), et nous avons raison; nos aïeux écrivaient almarie, almoire, qu'ils prononçaient par au, aumarie, aumoire. (Voyez les Rois, passim.) C'était l'inverse de la faute que nous commettons en disant contrarier, pour contralier.

CONTREFAISEUR DE GENS:

Point de quartier à ce contrefaiseur de gens.

(Impromptu. 3.)

CONTREFAIT, simulé; UN ZÈLE CONTREFAIT :

tiquée.

Attraper les hommes avec un zèle contrefait et une charité sophis

CONVULSIONS DE CIVILITÉS :

Et, tandis que tous deux étoient précipités
Dans les convulsions de leurs civilités. .-...

COQUIN ASSURÉ, effronté coquin :

(1er Placet au Roi.)

(Fácheux, I. 1.)

Que me vient donc conter cet assuré coquin? (Dép. am. III. 8.) Marot, dans son Épistre au Roi, pour avoir esté desrobé :

[ocr errors]

«

J'avois un jour ung valet de Gascogne,

Gourmand, yvrogne, et assuré menteur. »

CORDE: SI LA CORDE NE ROMPT, formule empruntée au métier du danseur de corde :

Nous allons voir beau jeu, si la corde ne rompt.

(L'Et. III. 10.)

CORRESPONDANCE; DE LA CORRESPONDANCE, du

retour :

Quoi! écouter impudemment l'amour d'un damoiseau, et y promettre en même temps de la correspondance! (G. D. I. 3.) On dit bien, dans ce sens, correspondre à l'amour de quelqu'un; pourquoi pas correspondance à l'amour?

COTE DE SAINT LOUIS; ÊTRE DE LA CÔTE DE SAINT LOUIS, d'une antique noblesse:

Est-ce que nous sommes, nous autres, de la cote de saint Louis ?.

Comme Ève était de la côte d'Adam.

(B. gent. III. 12.)

COUCHER DE, mettre au jeu; figurément :
Tu couches d'imposture, et tu m'en as donné,

(L'Et. I. 10.)

Coucher de signifie être au jeu pour une somme de : « parce qu'en effet on couche, on étend l'argent sur une table, sur une carte.....On le dit figurément des paroles: Ce garçon ne demande pas moins qu'une fille de 100,000 écus; il couche trop gros. Il ne couche pas moins que de faire employer

[ocr errors]

pour lui toutes les puissances. . . . . . . »

(TRÉVOUX.)

Vous couchez d'imposture, et vous osez jurer!» (CORN. Le Ment.) « J'aurai mille beaux mots chaque jour à te dire; « Je coucherai de feux, de sanglots, de martyre.»

(ID. La suite du Menteur.)

Sur quoi Voltaire remarque qu'on disait, en termes de jeu, couché de 20 pistoles, de 30 pistoles; couché belle.

Les éditions modernes ont tu payes. Ce n'était pas la peine de changer, pour prêter à Molière une faute de versification. COULEUR, métaphoriquement, faux prétexte, mensonge :

Sous couleur de changer de l'or que l'on doutoit. (Etourdi. II. 7.) (Voyez DOUTER.)

Ils ont l'art de donner de belles couleurs à toutes leurs intentions.

(2me Placet au Roi.)

Molière a dit, par la même métaphore, excuses colorées.

Vous nous payez ici d'excuses colorées.

(Tart. IV. 1.)

« Des peuples surprins soubs couleur d'amitié et de bonne foy. »

(MONTAIGNE. 1II. 6.)

Cette métaphore est restée en usage parmi le peuple : C'est une couleur; on lui a donné une couleur.

« Au reste, leurs injustices (des Romains) étoient d'autant plus dan

« gereuses, qu'ils savoient mieux les couvrir du prétexte spécieux de l'équité, et qu'ils mettoient sous le joug insensiblement les rois et les • nations, sous couleur de les protéger et de les défendre.

[ocr errors]

-

FEU:

[ocr errors]

(BOSSUET. Hist. univ., III p.)

COULEUR DE FEU, subst. masc.; UN COULEUR DE

Je vous trouve les lèvres d'un couleur de feu surprenant. (Impromptu. 3.) Couleur de feu est ici un terme composé, dans lequel le mot couleur, pas plus que le mot feu, ne fait prédominer son genre.

L'ensemble est au neutre, dont, en français, la forme ne se

distingue pas de celle du masculin.

COUPER A, couper court à:

Tout cela va le mieux du monde ;

Mais enfin coupons aux discours,

COUPER CHEMIN A:

A tous nos démélés coupons chemin, de grâce.

COURIR A,

recourir:

Et je suis en suspens si, pour me l'acquérir,
Aux extrêmes moyens je ne dois point courir.

(Amph. III. 11.)

(Mis. II. 1.)

(L'Et. III. 2.)

COURAGE, non pas dans le sens restreint de valeur, mais dans le sens large du latin animus, disposition morale qu'une épithète détermine en bien ou en mal: O la lâche personne! ô le foible courage! (Dep. am. IV. 4.)

COURRE; COURRE UN LIÈVRE :

Quand il vous plaira, je vous donnerai le divertissement de courre un lièvre. (G. D. I. 8.)

C'est la forme primitive dérivée de currere, comme ponre (pondre) de ponere. Il est demeuré comme terme de chasse. Des vocabulaires techniques seraient de précieux répertoires notre vieille langue.

de

COURT, pris adverbialement :

Et moi, pour trancher court toute cette dispute.... (Fem. sav. V.3.)

DEMEURER COURT A QUELQUE CHOSE :

N'as-tu point de honte, toi, de demeurer court à si peu de chose?

(Scapin. I. 2.) COURT, adjectif; COURT DE, pour à court de. . . . :

(L'Et. III. 1.)

Et que tu t'es acquise (la gloire) en tant d'occasions, A ne t'être jamais vu court d'inventions. Sur l'emploi de à dans ce passage, voyez : a, par le moyen de. - COURT JOINTÉ (court est ici adverbe), terme de manége; cheval court jointé, comme celui du chasseur dans les Fâcheux :

Point d'épaules non plus qu'un lièvre; court jointé. (Fâcheux. II. 7.)

« Court jointé, c'est le nom qu'on donne au cheval qui a le paturon court, qui a les jambes droites depuis le genou jusqu'à la couronne. »

COUSU DE PISTOLES:

(TRÉVOUX.)

On viendra me couper la gorge, dans la pensée que je suis tout cousu de pistoles!

La Fontaine :

« Son voisin, au contraire, étoit tout cousu d'or.

[ocr errors]

(L'Av. I. 5.)

(Le Savetier et le Financier.)

COUVRIR, au figuré, excuser, autoriser, dissimuler:

Ciel, faut-il que le rang dont on veut tout couvrir,

et

De cent sots tous les jours nous oblige à souffrir! (Fácheux, I. 6.) Je veux changer de batterie, couvrir le zèle que j'ai pour vous, feindre d'entrer, etc. (Mal. im. I. 10.) «Nostre religion est faite pour extirper les vices: elle les couvre, les nourrit, les incite. >> (MONTAIGNE.)

[ocr errors]
[ocr errors]

CRACHÉ, TOUT CRACHÉ, c'est-à-dire ressemblant : LUCAS. Le v'là tout craché comme on nous l'a défiguré. (Méd. m. l. I. 6.) Cette métaphore, aujourd'hui reléguée parmi le bas peuple, était, au xvI° siècle, du langage ordinaire. Pathelin, qui, comme avocat, s'exprime toujours bien, l'emploie sans difficulté. Il loue le drapier, monsieur Jousseaume, de ressembler à défunt son père :

[blocks in formation]

Plus loin, faisant à sa femme le récit de cette scène :

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

Observez que nos pères disaient c'étes vous, et non c'est vous. Ils gardaient au moins l'accord des personnes, en quoi ils se montrent meilleurs logiciens que leur postérité.

CRAINTE, adverbialement; CRAINTE DE.... :

Crainte pourtant de sinistre aventure,
Allons chez nous achever l'entretien.

Pascal emploie de la même façon manque :

« Manque de loisir; manque d'avoir contemplé ces infinis.

(Amph. I. 2.

(PASC. Pensées, p. 367, 120, 124.)

Et l'usage commun a consacré faute de. c'est-à-dire

de ou par crainte, manque, faute.

[ocr errors]

Le peuple dit peur de..... Le caprice de l'usage n'a point admis cette expression.

CRAYON, un dessin, une esquisse :

Ce n'est ici qu'un simple crayon, un petit impromptu, dont le roi a voulu faire un divertissement.

(Préf. de l'Amour médecin.)

CRÉDIT, PRENDRE CRÉDIT SUR :

Et voir si ce n'est point une vaine chimère
Qui sur ses sens troublés ait su prendre crédit.

CRIER QUELQu'un, le gronder :

(Amph. III. 1.)

Tu ne me diras plus, toi qui toujours me cries,
Que je gâte en brouillon toutes tes fourberies.
Pourquoi me criez-vous? — J'ai grand tort, en effet !

(L'Et. II. 14.)

(Ec. des fem. V. 4.)

Cet archaïsme rappelle le petit pays où Agnès a été élevée loin de toute pratique, comme dit Arnolphe.

CRIER APRÈS QUELQU'UN :

... de zèles indiscrets qui.... crieront en public après eux, qui les accableront d'injures.

(D. Juan. V. 2.) Ses plus célèbres philosophes (de l'antiquité) ont donné des louanges à la comédie, eux qui. crioient sans cesse après les vices de leur siècle.

[ocr errors][merged small]

(Préf. de Tartufe.)

(L'Av. I. 5.)

Voilà qui crie vengeance au ciel.

CRINS-CRINS, de méchants violons, par onoma

topée :

Monsieur, ce sont des masques,

Qui portent des crins-crins et des tambours de basques.

(Fâcheux, III. 5.)

« PrécédentContinuer »