Images de page
PDF
ePub

Et voilà qu'on la chasse avec un grand fracas,

A cause qu'elle manque à parler Vaugelas.

(Fem. sav. II. 7.)

« Ceux qu'on nomme chercheurs, à cause que, dix-sept cents ans après « J. C., ils cherchent encore la religion. » (Bossuet. Or. fun. de la R. d'A.) ACCESSOIRE. EN UN TEL ACCESSOIRE, en pareille circonstance :

Et tout ce qu'elle a pu, dans un tel accessoire,

C'est de me renfermer dans une grande armoire. (Ec. des f. IV. 6.) Accessoire paraît un mot impropre, suggéré par le besoin de rimer. On voit, à la plénitude du sens et à la fermeté habituelle de l'expression, que Molière avait, comme Boileau, l'usage de s'assurer d'abord de son second vers. De là vient que souvent le second hémistiche du premier tient de la cheville, comme en cette occasion. (Voyez CHEVILLES.)

ACCOISER, calmer:

Ier MÉDECIN. Adoucissons, lénifions et accoisons l'aigreur de ses esprits. (Pourc. I. 2.) L'orthographe primitive est quoi, quoie, de quietus: on devrait donc écrire aussi aquoiser; mais l'écriture s'applique à saisir les sons plutôt qu'à garder les étymologies: C'est une des causes qui transforment les mots.

Accoiser était du langage usuel; Bossuet s'en est servi dans sa Connaissance de Dieu; les éditeurs modernes ont changé mal à propos cette expression. Voici le passage tel qu'on le lit dans l'édition originale donnée par l'auteur :

[ocr errors]
[ocr errors]

<< Si les couleurs semblent vaguer au milieu de l'air, si elles s'affoiblissent

peu à peu, si enfin elles se dissipent, c'est que le coup que donnoit l'objet

présent ayant cessé, le mouvement qui reste dans le nerf est moins fixe,

« qu'il se ralentit, et enfin s'accoise tout à fait.»>

On a substitué qu'il cesse tout à fait. (P. 93, éd. de 1846.) ACCOMMODÉ pour à l'aise, opulent:

J'ai découvert sous main qu'elles ne sont pas fort accommodées.

Le seigneur Anselme est. posé, sage, et fort accommode.

(L'Av. I. 2.)

un gentilhomme qui est noble, doux,

(Ibid. I. 7.)

<< Mon pere estoit des premiers et des plus accommodez de son vil

lage.»

(SCARRON, Rom. com., 1o p., ch. xin.)

Trévoux dit:

« Un homme riche et accommodé, dives.» « Un homme assez accommodé des biens de la fortune. » (MASCARON.)

Cette locution accommodé des biens de la fortune paraissant trop longue, on a fini par dire simplement accommodé. Mais ce qui est plus singulier, c'est de trouver incommodé aussi absolument et sans régime, pour signifier pauvre, dans la géne ou la misère.

[ocr errors][ocr errors]

« Revenons donc aux personnes incommodées, pour le soulagement desquelles nos pères... assurent qu'il est permis de dérober, non-seulement dans une extrême nécessité....» (PASCAL, 8° Prov.)

(Voyez INCOMMODÉ.)

ACCOMMODÉ DE TOUTES PIÈCES :

(Ec. des fem. I.1.)

Est-ce qu'on n'en voit pas de toutes les espèces, Qui sont accommodés chez eux de toutes pièces? On ne sauroit aller nulle part, où l'on ne vous entende accommoder de toutes pièces. (L'Av. III. 5.) L'on vous accommode de toutes pièces, sans que vous puissiez vous (G. D. I. 3.)

venger.

Cette métaphore, de toutes pièces, nous reporte au temps de la chevalerie. Un chevalier, accommodé de toutes les pièces de son armure, était accommodé aussi complétement que possible; il n'y manquait rien.

J'ai en main de quoi vous faire voir comme elle m'accommode. (G.D. II. 9.)

ACCOMMODER A LA COMPOTE :

Il me prend des tentations d'accommoder tout son visage à la compote... (G. D. II. 4.)

ACCORD. ÊTRE D'ACCORD DE, convenir, reconnaître :

(Amph. II. 6.)

Autant qu'il est d'accord de vous avoir aimé.
Qu'aux pressantes clartés de ce que je puis être,
Lui-même soit d'accord du sang qui m'a fait naître. (16. III. 5.)

ALLER AUX ACCORDS, être conciliant; accommoder les choses:

(Amph. III. 8.)

Argatiphontidas ne va point aux accords. ACCOUTUMÉ; AVOIR ACCOUTUMÉ, avoir coutume : Allez, monsieur, on voit bien que vous n'avez pas accoutumé de parler à des visages.

(Mal. im. III.6.)

ACCROCHE, ACCROCHÉ A QUELQU'UN :

Mais aux hommes par trop vous êtes accrochées.

(Amph. II.5 )

Sur cette locution par trop, je ferai observer que c'est un des plus anciens débris de la langue française primitive. Par s'y construit, non avec trop, mais avec l'adjectif ou le participe qui le suit, et qui se trouve ainsi élevé à la puissance du superlatif. C'est une imitation de l'emploi de per chez les Latins : pergrandis, pergratus. Cette formule se pratiquait en français avec la tmèse de par; c'était comme si l'on eût dit sans tmèse : Vous êtes trop paraccrochées aux hommes.

Par se construisait de même avec les verbes : parfaire, parachever, parcourir, parbouillir, pargagner:

Pourtant, et s'il eust barguigné
Plus fort, il eust par ·bien gaigné

Un escu d'or.

(Le nouveau Pathelin.)

S'il eût marchandé, il eût bien pargagné un écu d'or.

(Voyez Des Variations du langage français, p. 236.) ACE COUP :

Voyons si votre diable aura bien le pouvoir

De détruire, à ce coup, un si solide espoir. (Voyez A CETTE FOIS.)

A CETTE FOIS :

(L'Et. V. 16.)

Mais à cette fois, Dieu merci! les choses vont être éclaircies. (G.D. III. 8.) Racine a dit pareillement :

« La frayeur les emporte, et, sourds à cette fois,

« Ils ne connaissent plus ni le frein ni la voix. » (Phèdre. V. 6.) A cette fois était la seule façon de parler admise originaire

ment:

«Je ne say plus que vous mander

« A cette fois, ne mes que tant

«

Que je di a Dieu vous commant.» (Rom. de Coucy. v. 3184.) A se mettait pour marquer le temps, où nous mettons aujourd'hui sans prépositions un véritable ablatif absolu; cependant nous disons encore à toujours, à jamais, comme dans le Roman du Chatelain de Coucy:

« Vostre serois à tousjours mais...

(Coucy. v. 5357.)

« A une aultre fois, ils (les Espagnols) meirent brusler pour un coup, en << mesme feu, quatre cents soixante hommes touts vifs.» (MONT. III. 6.) Nous dirions: une autre fois.

«En quoy (à bien employer les richesses de l'État) le pape Gregoire «<treizieme laissa sa memoire recommandable à long temps; et en quoy << nostre royne Catherine tesmoigneroit à longues années sa liberalité natu<< relle et munificence, si les moyens suffisoient à son affection. ›

[ocr errors]

Bossuet dit toujours à cette fois :

[ocr errors]

(MONT. Ibid.)

Mais, à cette dernière fois, la valeur et le grand nom de Cyrus fit (Hist. Un. III p. § 4.)

« que.

etc. »

ACHEMINER QUELQU'UN A UNE JOIE :

....

Ah! Frosine, la joie où vous m'acheminez. (Dép. am. V. 5.) ACOQUINER QUELQU'UN A QUELQUE CHOSE:

Et je crois, tout de bon, que nous les verrions (les femmes) nous courir, sans tous ces respects et ces soumissions où les hommes les acoquinent.

(Pr. d'El. III. 3.)

(Dép. am. IV. 4.)

Mon Dieu, qu'à tes appas je suis acoquiné! «.... tant les hommes sont accoquinez à leur estre miserable! »

(MONTAIGNE. II. 37.)

COQUIN, au moyen âge, signifiait un mendiant paresseux; d'où l'on est passé à l'idée de malfaiteur ou de voleur dissimulé. << Lesquels jeunes hommes, venant de la ville de Roches en la ville de Rueil, ou chemin trouverent un homme en habit de quoquin.....»

(Lettres de rémission de 1375.)

« Un homme querant et demandant l'aumosne, qui estoit vestu d'un man«teau tout plain de paletaux, comme un coquin ou caimant (1). »

(Lettres de 1392.)

<< Pierre Perreau, homme plain d'oisiveté... alant mendiant et coquinant

[ocr errors]

par le pays. »

(Lettres de 1460.) Dans les Actes de la vie de saint Jean, il est question d'un jeune homme qui insultait le saint :

« Vocando ipsum coquinum et truantem.»

(DUCANGE, in Coquinus.)

S'acoquiner est donc s'attacher comme fait un mendiant importun à celui qu'il sollicite.

L'étymologie la plus probable dérive coquin de coquina,

(1) De caimant il nous reste quémander.

cuisine, lieu que les coquins hantent volontiers. On voit déjà dans Plaute que cuisinier était synonyme de voleur :

Mihi omnis angulos

Furum implevisti in ædibus misero mihi,
Qui intromisisti in ædes quingentos coquos.

Forum coquinum qui vocant stulte vocant ;

Nam non coquinum, verum furinum est forum.

Voyez Du Cange, aux mots coquinus et cociones.

(Aulul.)

(Pseudol.)

Nicot, au mot accoquiner, dit sans autorité que coquin signifiait privé, familier.

A CRÉDIT, gratuitement : MISÉRABLE A CRÉDIT :

C'est jouer en amour un mauvais personnage,

Et se rendre, après tout, misérable à crédit.

(Dép. am. I. a.) ADIEU VOUS DIS, sorte d'adverbe composé :

Adieu vous dis mes soins pour l'espoir qui vous flatte. (L'Ét. II. 1.) Il faut considérer adieu vous dis, ancienne formule, comme adieu tout simplement, sans tenir compte du vous ni du verbe dire: Adieu mes soins pour l'espoir qui vous flatte.

L'édition de P. Didot ponctue, d'après celle de 1770:

Adieu, vous dis, mes soins pour l'espoir qui vous flatte.

Où l'on voit que l'éditeur prend vous dis pour vous dis-je : —Adieu mes soins, vous dis-je... Ce n'est pas le sens. Vous dis ne s'adresse point à l'interlocuteur de Mascarille, pas plus que ce n'est une apostrophe: adieu vous dis, ô mes soins! C'est tout simplement : Adieu mes soins.

A DIRE VÉRITÉ, pour dire la vérité :

Mais il vaut beaucoup mieux, à dire vérité,
Que la femme, qu'on a pèche de ce côté.

(Éc. des fem. III. 3.)

ADMETTRE CHEZ QUELQU'UN, introduire :

En vous le produisant, je ne crains point le blâme

D'avoir admis chez vous un profane, madame. (Fem. sav. III. 5.)

ADMIRER DE (un infinitif) :

J'admire de le voir au point où le voilà.
Et j'admire de voir cette lettre ajustée
Avec le sens des mots et la pierre jetée.

(Éc. des fem. I. 6.)

(Ibid. III. 4.)

« PrécédentContinuer »