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SAINT ADELPHE, successeur de saint Ruf sur le siége de Metz, vivait à la fin du quatrième siècle ou au commencement du cinquième. Usuard, le calendrier alsacien du neuvième siècle, le martyrologe romain, celui de la cathédrale de Metz, et les anciens catalogues des évêques de cette ville, s'accordent à placer le jour de sa mort au 29 d'Août, qui est également celui de sa translation. Adelphe fut enterré avec plusieurs de ses prédécesseurs dans l'église de Saint-Pierre-aux-Catacombes de Metz, qu'on nomme aujourd'hui l'abbaye de Saint-Clément. Son corps y resta jusqu'en 826, que Drogon, évêque de Metz et fils naturel de Charlemagne, le fit transporter par Lantfroy, son suffragant, dans l'église abbatiale de Neuvillers en Alsace, que saint Sigebaud, un de ses prédécesseurs, avait fondée vers l'an 723. Les reliques de saint Adelphe sont encore à Neuvillers, au milieu du grand autel de l'église qui porte son nom. Robert de Bavière, évêque de Strasbourg, fit, en 1468, l'ouverture de la châsse qui les renfermait; il les reconnut authentiques, et permit de les exposer à la vénération des fidèles.

La vie de saint Adelphe fut écrite quelque temps après la translation de ses reliques. Cet ouvrage, rempli d'anachronisme et de fables, a été publié à Strasbourg, en 1506, par Winphelinge, et réimprimé par le P. Stilting, dans le recueil des Bollandistes. Du Saussay, dans son martyrologe gallican, dit que quelques-uns croient que saint Pierre Chrysologue fit un discours à la louange de saint Adelphe; mais c'est une erreur à laquelle la conformité seule de nom aura sans doute donné lieu. (Voyez l'His

toire gén. de Metz, t. I, p. 224, et M. l'abbé Grandidier, Hist. de l'Eglise de Strasbourg, t. I, p. 415 et 416.)

Drogon, évêque de Metz, transféra aussi, le 7 Mai 830, dans l'église abbatiale de Maurmontier, en Alsace, le corps de saint Céleste et de saint Auteur, ses prédécesseurs, et on y honore encore aujourd'hui leurs reliques. Mais les Rustaux, luthériens d'Alsace, les ayant tirées de leurs châsses et jetées sur le pavé, en 1525, elles sont tellement confondues, qu'on ne sait plus ce qui appartient en particulier à chacun de ces deux saints évêques. Les martyrologes mettent la mort de saint Céleste au 14 d'Octobre, et celle de saint Auteur au 9 d'Août. Saint Céleste, qui fut le second évêque de Metz, vivait au commencement du quatrième siècle. Saint Auteur, qui fut le treizième, gouvernait l'église de Metz en 451, lors de la prise de cette ville par les Huns.

Voyez M. l'abbé Grandidier, loc. cit. p. 335.

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Ste ROSE DE LIMA, DANS LE PÉROU, VIErge.

Tiré de sa vie, écrite par le P. Hansen, Dominicain, et du beau panégyrique que le P. Paul Oliva, Jésuite, prononça en son honneur devant le Pape.

L'AN 1617.

L'ASIE, l'Europe et l'Afrique avaient été arrosées par le sang d'un grand nombre de martyrs, et avaient, depuis plusieurs siècles, produit une multitude innombrable de Saints, que les vastes régions de l'Amérique étaient encore plongées dans les plus épaisses ténèbres de la barbarie et de l'ignorance. La lumière de la foi y fut enfin portée par un effet de la miséricorde divine; sainte Rose devint un des plus beaux ornemens de cette église naissante, et

fut la première à laquelle on décerna publiquement un culte religieux.

Elle était d'extraction espagnole, et naquit à Lima dans le Pérou en 1586 (1). Elle reçut au baptême le nom

(1) Il n'est point hors de vraisemblance que l'Amérique ait été connue des anciens Carthaginois, et qu'elle soit la grande île Atlantide dont parle Platon dans son Critias et son Timée, qu'il suppose avoir eu plus d'étendue que l'Asie et l'Afrique, et sur laquelle il débite d'ailleurs plusieurs fables, comme quand il dit qu'elle fut engloutie par un tremblement de terre. Au moins est-il certain que des Norwégiens qui s'embarquèrent dans l'Islande, découvrirent l'Amérique septentrionale au dixième siècle, et que peu de temps après ils envoyèrent, sous Thorfin, une colonie dans la Vinlande (Terre de vin), que les uns prennent pour le Canada, où il vient des vignes, et d'autres pour l'ile de Terre-Neuve, qui abonde en fraises et en groseilles, lesquelles ont, dans la langue des Danois et des Norwégiens, un nom qui signifie fruits ou grains de vigne. Il paraît que les descendans de cette colonie norwégienne sont les Esquimaux de Terre-Neuve. Voyez Charlevoix, Hist. gén. de la Nouv. France et Hist. sur l'origine des Américains, p. 30, et Journ. hist. d'un voyage de l'Amérique septentr., p. 178, et le savant auteur allemand de l'Histoire gén. des pays et des peuples de l'Amérique, part. 1. c. I. Peu de temps après le départ de la colonie dont nous venons de parler, la religion chrétienne pénétra dans la Norwége et l'Islande. Un missionnaire saxon nommé Jean, ayant prêché quatre ans dans l'Islande, s'embarqua pour la Vinlande, afin d'aller annoncer l'Evangile à la colonie norwégienne. Mais il paraît que toute sa mission se borna à lui mériter la couronne du martyre. Eric, évêque de Groenlande, s'embarqua aussi avec le même projet, en 1121. On ignore si son zèle eut plus de succès que celui de son prédécesseur. Des guerres intestines, les révolutions qui en furent la suite, et sur-tout le fléau redoutable connu sous le nom de mort noire, qui, en 1348, dépeupla presque tout le nord, interrompirent le commerce des Norwégiens avec les colonies qu'ils avaient envoyées dans la Vinlande et dans l'ancienne Groenlande, en sorte qu'insensiblement ils oublièrent jusqu'à leur existence. Le christianisme avait été solidement établi dans ces colonies; il y avait dans la ville d'Albe un monastère dit de Saint-Thomas; et Arugrinus a donné le catalogue des évêques de Garde dans la Groenlande, lesquels reconnaissent la juridiction des archevêques de Drontheim. Voyez Arngr. Hist. Groenlandiæ, et Torfæus in Groenlandia antiqua. Hafniæ 1708, et Hist. Vinlandiæ antiquæ, ibid. 1705.

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d'Isabelle; mais les couleurs délicates de son visage lui firent donner celui de Rose. Elle montra, dès ses premières an

Les Rois de Danemarck ayant fait de vains efforts pour découvrir l'ancienne Groenlande, on soupçonna qu'elle était située dans l'Amérique septentrionale. Voyez Mallet, Introduction à l'Histoire de Danemarck, 1. 4, p. 174 et suiv.

On sait comment Christophe Colomb, Génois, protégé par Ferdinand, Roi d'Espagne, découvrit successivement, à la fin du quinzième siècle, les iles Lucayes dans l'Amérique; savoir, Guanahani, Cuba, Hispaniola, etc. On n'ignore pas non plus comment Améric Vespuce, Florentin, qui, en 1501, s'embarqua par l'ordre d'Emmanuël, Roi de Portugal, pénétra jusqu'au Brésil, et découvrit le vaste continent qui de son nom a été appelé Amérique. Les peuples qui l'habitaient, quoique réunis en société et assujettis à certaines lois, étaient véritablement sauvages, si on les compare avec les habitans du Mexique et du Pérou. Ces derniers étaient fort versés dans la connaissance des arts utiles et nécessaires; mais ils n'avaient aucune teinture des sciences; ils ne savaient point écrire et n'avaient point d'alphabet proprement dit. Ils se servaient, pour conserver la mémoire des événemens, de ce qu'ils appelaient quippos. C'était un assemblage de couleurs et de nœuds faits avec de petites cordes, et suffisamment variées pour exprimer tout ce qu'ils voulaient. La même manière d'écrire, s: cependant c'en est une, était en usage chez les anciens Chinois, avant qu'ils eussent inventé leurs caractères hieroglifiques. On lit dars costa, Hist. naturelle et morale des Indes, 1.6, c. 8, que ceux de ces Indiens qui embrassèrent le christianisme, écrivirent promptement, ou plutôt figurèrent par le moyen des quippos, l'Oraison dominicale, la Salutation angélique et le Symbole, afin de les apprendre plus facilement par cœur. Les Péruviens avaient conservé de la même manière l'histoire des principales actions de leurs incas. On peut voir sur ce sujet Garcilasso de la Vega, qui était luimême de la race des incas, Hist. Incarum, 1. 6, c. 8. Les Mexicains et les anciens habitans du Canada exprimaient leurs pensées par des signes hiéroglifiques, ou petites figures tracées sur des écorces d'arbre. Ces figures ressemblaient à des crochets, à des axes, à des cordes, etc; et les Européens n'y ont jamais pu rien comprendre. Olaus-Wormius, Museum Wormiam, p. 384, et Jean De Laet, Descrip. India occid. 1. 5, c. 10, en ont fait graver quelques-unes. Lorsque les Espagnols conquirent le Mexique, ils détruisirent plusieurs de ces sortes de livres, qu'ils prenaient ridiculement pour des charmes magiques. On garde dans la bibliothèque du Vatican des annales du Mexique, écrites de la ma

nées, une grande patience dans les souffrances, et un amour extraordinaire pour la mortification Etant. encore

nière que nous venons de le dire. Voyez Jos. Acosta, Descript. Ind. occid. 1. 7, c. 19, et Adrien Réland, Diss. 12 de linguis americanis, t. III, p. 166. Les Péruviens et les Mexicains se servaient de grains de maïs pour faire leurs opérations arithmétiques.

Le gouvernement des peuples du Mexique et du Pérou avait quelque ressemblance avec celui des états civilisés; leurs villes, leurs palais et leurs temples étaient d'une grande beauté; on remarquait plus de richesses au Pérou ; mais plus de magnificence au Mexique. Leurs armées étaient fort nombreuses; ils combattaient avec des arcs et des flèches, en lançant des pierres, etc. Les Mexicains avaient un grand nombre d'idoles fantastiques. Ils avaient pour Empereur Montézuma, lorsqu'en 1521 ils furent soumis par Ferdinand Cortez. Celui-ci, à la tête de huit cents Espagnols et de quelques Indiens qui lui étaient alliés, détruisit la grande ville de Mexico, qui était dans une île au milieu d'un lac. On bâtit depuis la nouvelle Mexico, à peu près à la même place. Dom Antonio de Solis a donné une histoire fort bien écrite de la conquête du Mexique par Ferdinand Cortez.

Les Incas ou Empereurs du Pérou faisaient leur résidence dans la magnifique ville de Cusco. La langue de Quito était entendue dans tout l'empire, où l'on observait une police bien supérieure à celle du Mexique. Le principal dieu des Péruviens était le soleil ; ils lui avaient fait bâtir à Guesco un temple, dans lequel ils lui offraient des victimes sanglantes et des fruits de la terre. François Pizarro, aventurier espagnol, aussi cruel que perfide, conquit le Pérou, fit étrangler l'incas Atabalipa, et jeta, en 1535, les fondemens de Lima dans la vallée de ce nom. Bizaro, Almagro et tous les autres aventuriers espagnols qui commandaient au Pérou furent tués dans les guerres civiles qui les divisėrent les uns contre les autres Voyez l'Hist. gén. des Voyages, t. XIII, Paris, 1756; les Relations de la Condamine et de Bouguer, et l'Hist. des Indes, par Jos. Acosta.

On a inséré dans le tome vingtième de l'Hist. universelle une bonne dissertation sur la manière dont l'Amérique a été peuplée. L'auteur y prouve contre Whiston, qu'il faut s'en tenir à l'opinion commune, suivant laquelle les premiers habitans de l'Amérique vinrent principalement du nord-est de la Tartarie et de la presqu'île du Kamtschatka ou Jesso, qui est au nord du Japon, sans pouvoir déterminer si le passage se fit par un continent qui pouvait être vers le pôle septentrional, ou par des îles contiguës, qui n'étaient séparées les unes des autres que

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