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enfant, elle jeûnait trois jours la semaine au pain et à

par des bras de mer forts étroits. On avait trouvé des débris de vaisseaux chinois et japonais sur les côtes de l'Amérique ; et les Canadiens croyaient, sur une tradition immémoriale, que des marchands étrangers, habillés de soie, et nommément les Chinois, les avaient anciennement visités dans de grands vaisseaux. Les noms de la plupart des Rois américains sont tartares, comme on le voit par leur terminaison qui est en ax. Manc ou Mancu, fondateur de l'empire des Péruviens, sortait, selon toutes les apparences, du sang des Tartares Mancheous. Montézuma, qui est le titre que prennent ordinairement les Empereurs du Mexique, a une origine japonaise. Les Monarques du Japon, au rapport de Hornius, s'appellent communément Montazaiuma.

La fameuse plante, appelée Gin-Seng, dont Jartoux publia une description exacte en 1709, ne se trouvait alors que chez les Tartares Mancheous; mais on l'a découverte depuis dans le Canada, où elle est appelée Garentoguen. Ce mot, qui est américain, revient pour le sens à celui de Gin-Seng, qui, dans la langue tartare et la chinoise, signifie les cuisses d'un homme. Voyez la dissertation sur le Gin-Seng, que Lafiteau fit imprimer à Paris en 1718.

Il y a beaucoup de ressemblance entre les usages, la religion, la nourriture, etc. des Américains et des Tartares Mancheous. Ces derniers n'ont point de chevaux; aussi les premiers n'en avaient-ils point lorsqu'on les découvrit pour la première fois. Les Espagnols y en menèrent de leurs pays, et ils s'y sont prodigieusement multipliés. Il faut conclure de ce que nous venons de dire, que les Tartares ont principalement fourni à l'Amérique ses premiers habitans; il s'y établit aussi quelques colonies chinoises et japonaises.

Powel, dans son histoire de Galles, raconte que le prince Madoc ayant été dépouillé du droit qu'il avait à la couronne, en 1170, s'embarqua avec une colonie nombreuse; qu'il découvrit à l'occident un nouveau monde qui était d'une beauté et d'une fertilité merveilleuse, et qu'il s'y établit.

On objecte que ceux qui découvrirent les premiers l'Amérique, y trouvèrent des noirs; mais ceux-ci, qui habitaient vers Careta, étaient en petit nombre. Leurs ancêtres y avaient été apportés par hasard, ou des côtes de Congo, ou de la Nigritie, en Afrique.

Les anciens habitans d'Hispaniola, du Canada, du Mexique et du Pérou avaient plusieurs traditions qui faisaient allusion à Noé, au déJuge universel, et à quelques autres points de l'histoire de Moïse. (Voyez Herrera, Huet, Gemalli, etc.).

De toutes les parties connues de notre globe, l'Amérique fut la der

l'eau, et ne vivait les autres jours que d'herbes et de racines mal assaisonnées. Sainte Catherine de Sienne fut le modèle qu'elle se proposa dans ses exercices. Elle avait en horreur tout ce qui était capable de la porter à l'orgueil et à la sensualité, et se faisait un instrument de pénitence de toutes les choses qui auraient pu communiquer à son âme le poison de ces vices. Les éloges que l'on donnait continuellement à sa beauté, lui faisaient craindre de devenir pour les autres une occasion de chute : aussi lorsqu'elle devait paraître en public, elle se frottait le visage et les mains avec l'écorce et la poudre du poivre des Indes, qui, par sa qualité corrosive, altérait la fraîcheur de sa peau. Quel sujet de confusion pour les femmes qui ne sont occupées que de parures, et qui tendent des piéges si dangereux à l'innocence! On admire la sainte cruauté qu'exerçaient contre eux-mêmes saint Benoît, saint Bernard, saint François d'Assise; leur but était de se fortifier contre les attaques du démon: mais Rose se punissait elle-même pour préserver les autres du danger.

Elle ne se borna pas à employer les moyens dont nous venons de parler, pour se prémunir contre les ennemis du dehors et contre la révolte de ses sens; elle savait que la victoire lui servirait peu, si elle ne mourait à elle-même, en crucifiant dans son cœur l'amour-propre, qui est la source de toutes les autres passions. De tous nos ennemis, c'est celui qu'il est le plus difficile et le plus important de vaincre. Tant qu'il règne en nous, il ternit par son souffle

nière peuplée. Les différentes migrations des Tartares qui s'y firent, paraissent avoir été postérieures à l'établissement du christianisme. On peut voir sur tous ces points la dissertation citée ci-dessus; l'auteur s'y propose d'y réfuter les déistes, et sur-tout Whiston, qui avaient des idées singulières touchant les malédictions prononcées contre Caïn et Lamech, qu'il faisait pères des Africains et des Indiens. Voyez aussi le savant Feyjoo, Theatro critico, t. III, Discurso 15, p. 320.

empoisonné l'éclat de nos vertus; souple et délié, il prend toutes sortes de formes, se glisse jusque dans nos meilleures œuvres, et se recherche lui-même jusque dans nos prières et nos jeûnes. Rose en triompha par une humilité profonde et par un renoncement parfait à sa propre volonté. Elle obéissait à ses parens dans les plus petites choses, et tout le monde était étonné de la docilité et de la patience qu'elle montrait dans tout ce qui lui arrivait.

Ses parens étant tombés d'un état d'opulence dans une grande misère, elle entra dans la maison du trésorier Gonsalvo, et pourvut à leurs besoins en travaillant presque nuit et jour. Mais, malgré la continuité de son travail, elle n'interrompait jamais le commerce intime qu'elle entretenait avec Dieu, et peut-être n'cût-elle point pensé à changer d'état, si ses amis ne l'eussent pressée de se marier. Pour se délivrer de leurs sollicitations, et pour accomplir plus facilement le vœu qu'elle avait fait de rester vierge, elle entra chez les religieuses du tiers-ordre de saint Dominique. Son amour pour la solitude lui fit choisir une petite cellule écartée. Elle y pratiqua tout ce que la pénitence a de plus rigoureux. Elle portait sur sa tête un cercle garni en dedans de pointes aiguës, à l'imitation de la couronne d'épines que le Sauveur avait portée. Cet instrument de pénitence lui rappelait le mystère de la passion qu'elle ne voulait jamais perdre de vue. A l'entendre parler d'ellemême, elle n'était qu'une misérable pécheresse, qui ne méritait pas de respirer l'air, de voir la lumière du jour, et de marcher sur la terre; de là ce zèle à louer la divine miséricorde dont elle éprouvait si particulièrement les effets. Lorsqu'elle parlait de Dieu, elle était comme hors d'ellemême ; et le feu qui la brûlait intérieurement, réjaillissait jusque sur son visage. C'est ce qu'on remarquait sur-tout quand elle était devant le Saint-Sacrement, et qu'elle avait le bonheur de communier. Une ferveur aussi grande et aussi soutenue lui merita plusieurs grâces extraordinaires.

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Elle fut éprouvée pendant quinze ans par de violentes persécutions de la part des personnes du dehors, ainsi que par des sécheresses, des aridités et beaucoup d'autres peines intérieures. Mais Dieu, qui ne permettait ces épreuves que pour perfectionner sa vertu, la soutenait et la consolait par l'onction de sa grâce. Une maladie longue et douloureuse lui fournit une nouvelle occasion de pratiquer la patience. Seigneur, disait-elle souvent alors, augmentez mes souf>> frances, pourvu qu'en même temps vous augmentiez votre amour dans mon cœur. » Enfin elle entra dans la bienheureuse éternité, le 24 Août 1617, dans la trenteunième année de son âge. L'archevêque de Lima assista à ses funérailles; le chapitre, le sénat et les compagnies de la ville les plus distinguées se firent un honneur de porter tour-à-tour son corps au tombeau. Plusieurs miracles opérés par son intercession ayant été examinés juridiquement par les commissaires apostoliques, et attestés par plus de cent témoins, Clément X la canonisa en 1671, et fixa sa fête au 30 d'Août.

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Les Saints, dans le monde, comme dans la solitude ou le cloître, se sont toujours appliqués à ne vivre que pour Dieu. Si nous nous proposons toujours sa volonté pour règle de notre conduite, nous lui consacrerons nos paroles, nos actions, nos travaux, notre repos même, et par-là toutes nos œuvres seront pleines. Mais nous ne pouvons atteindre à cette perfection, à moins que nous n'ayons soin de crucifier dans nos cœurs tout amour désordonné de nous-mêmes. Il faut encore que nous levions les obstacles qui s'opposent en nous au règne parfait de l'amour divin, que nous ayons recours à la prière et aux autres moyens propres à entretenir et à augmenter cet amour dans nos âmes. Si la vraie charité nous anime, nous agirons en tout comme des Saints. Nous dirons à Dieu au commencement et à la fin de chacune de nos actions: Que votre nom

soit glorifié par moi et par toutes les créatures! Que votre volonté se fasse sur la terre, comme elle se fait dans le ciel! Puissent tous les hommes, ô mon Dieu et mon tout, l'accomplir aussi parfaitement que les esprits bienheureux qui sont toujours aux pieds du trône de votre infinie Majesté.

S. FÉLIX ET S. ADAUCTE, MARTYRS A ROME.
Vers l'an 303.

SAINT FÉLIX était prêtre de l'Église romaine. Ayant été arrêté au commencement de la persécution de Dioclétien, il fut appliqué à de cruelles tortures, qu'il souffrit avec une constance admirable. A la fin on le condamna à perdre la tête. Lorsqu'on le conduisait au supplice, un étranger qui le vit passer, et qui portait une sainte envie à son bonheur, s'écria tout-à-coup : « Je professe la religion de cet

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homme; j'adore le même Jésus-Christ, et je désire aussi » de donner ma vie pour lui. » Le magistrat, irrité de sa hardiesse, ordonna de l'arrêter, et le fit décapiter avec Félix, vers l'an 303. Comme son nom n'était point connu, les chrétiens l'appelèrent Adaucte, parce qu'il avait été martyrisé conjointement avec Félix. Ces deux Saints sont nommés dans le sacramentaire de saint Grégoire-le-Grand et dans plusieurs anciens calendriers.

Irmengarde, femme de l'Empereur Lothaire, obtint du Pape Léon IV, vers l'an 850, les reliques des saints martyrs Félix et Adaucte, et elle les déposa dans l'abbaye des chanoinesses d'Eschau, qu'elle avait fondée en Alsace (1). Elles y restèrent jusqu'en 1358, que l'abbesse d'Erstein en fit présent à Rodolphe, archiduc d'Autriche. Ce prince les

(1) Winphelingius, de Episc. Argent. p. 24.

T. XIII.

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