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le meurtre de Monaldesqui, c'est la fottife d'un Ecrivain qu'on méprife; mais donner les plus fublimes louanges au parricide Cromvvel, n'est-ce pas outrager la Royauté ? C'eft cependant ce que fait Voltaire,

XXIII.

Pufendorff, ceux qui écrivent comme lui fur les intérêts des Princes, font des Almanachs défectueux pour l'année courante, & qui ne valent abfolument rien pour l'année d'après.

Pufendorff a fait une introduction à l'Hiftoire Générale, qui eft fort eftimée; on en a fait plufieurs éditions & plufieurs traductions. M. de Voltaire, qui a fait un effai fur l'Hiftoire Générale, méprife l'Ouvrage de Pufendorff. C'eft la jaloufie d'un homme qui débite la même marchandise qu'un autre; il fait tous fes efforts pour décrier celle de fon rival.

CHAPITRE II.

Des preuves de l'existence de Dieu.

I

L y a un Dieu. Il y a un Etré éternel, créateur, premier principe de toutes chofes, & auquel toutes les créatures doivent l'hommage & l'obéiffance. C'eft une vérité à laquelle jamais un homme qui penfe & qui réfléchit n'a pu fe refufer. C'eft le fondement de toutes les loix, & le lien le plus néceffaire de la fociété. Quelques Philofophes extravagants ont voulu autrefois la combattre. Les hommes de l'efprit le plus médiocre fuffiroient aujourd'hui pour les confondre, & l'on fe déshonoreroit en niant cette vérité,

En effet, les preuves en font trèsfimples, très-claires; & lorfqu'on les préfente fans employer le jargon scholaftique, elles font à la portée de tout le monde, & font fur tous les efprits une impreffion à laquelle il eft impoffible de fe refufer. Nous en allons retracer l'idée en peu de mots.

PREMIERE PREUVE.

Il est néceffaire de reconnoître un premier Etre, une premiere cause qui, ayant l'exiftence par elle-même, foit auffi le principe de l'exiftence de tout ce que nous voyons & de tout ce que nous connoiffons.

Car l'homme, qui exifte aujourd'hui, fent bien qu'il n'a pas pu fe donner l'être, & que celui de qui il le tient, n'a pas eu plus de pouvoir de fe le donner à lui-même. En remontant de générations en générations, il ne trouve jamais que des êtres femblables à lui & auffi impuiffants que lui. Admettre une fucceffion infinie de générations, c'eft choquer & révolter la raison; c'eft fe précipiter en désespéré, en infenfé, dans un abyme où l'on ne voit plus rien. If faut donc recourir à un Etre exiftant néceffairement par lui-même, & capable de donner l'être aux autres. Alors, la raifon a un point fixe qui la contente, & auquel elle fent qu'elle fe doit arrêter : elle fe confirme encore dans fa découverte, par la vue de l'ordre qui regne dans l'univers.

SECONDE PREUVE. Lhomme qui penfe & qui réfléchit, fur aucune ne peut jeter les yeux partie de l'univers, fans être ébloui de de fa magnificence, & fans reconnoître auffi-tôt, que c'eft une Intelligence & une Sageffe infinie qui a établi & qui conferve ce bel ordre & cette harmonie admirable qu'on y voit regner avec tant de conftance & de régularité. Au plus léger coup d'oeil, il ne peut s'empêcher de s'écrier, comme cet ancien Roi, Philofophe & Prophete: Toutes Pag. 18. vos œuvres, grand Dieu! atteftent votre fageffe infinie, & les Cieux font les monuments les plus éloquents de votre puiffance & de votre gloire.

Pag 105.

Mais, comment cet homme regarderoit-il le ftupide ignorant qui viendroit lui dire que toutes ces merveilles que nous préfente l'univers ont été formées par le hasard, ou l'extravagant Epicurien qui les attribueroit au mouvement de fes atomes imaginaires?

Attribuer une chofe au hafard, c'eft faire l'aveu de l'ignorance la plus groffiere, parce que le hafard n'est rien; parce qu'il ne peut point y avoir d'effet fans caufe, ni de production fans une puillance productrice,

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Il n'y a pas plus de bon fens & de raifon dans le fyftême des atomes d'Epicure. Tout y eft de fuppofitions imaginaires, & l'on ne présente que des caufes ridicules pour rendre raifon des effets les plus admirables. On ne fait des fuppofitions dans un fyftême, que quand on a établi des principes, & ces fuppofitions doivent être des conféquences des principes. Mais où Epicure a-t-il appris, ou comment prouveroit-il qu'il y a des atomes éternels & doués d'un mouvement éternel? Comment a-t-il apperçu que ces atomes, ou du moins une partie de ces atomes, déclinoient un peu, afin qu'ils puffent s'accrocher? Comment ces atomes cette pouffiere inerte & fans vertu at-elle pu former cette multitude & cette variété admirable d'êtres que nous connoiffons; donner à toutes les efpeces ces germes & ces femences, qui font qu'elles fe confervent avec tant d'uniformité; au corps humain cette variété inconcevable de fibres, d'organes, de vaiffeaux, qui jettent dans l'étonnement les obfervateurs les plus intelligents & les plus éclairés; aux corps céleftes cette marche fi rapide & fi réguliere, & qui ne fe dément point depuis fix mille ans? Comment ces atoTome II,

B

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