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mes, qui, par leur mouvement, ong fait éclorre tant de merveilles, ne produifent-ils plus rien de nouveau, puifque leur mouvement eft toujours le même ? Comment, en conféquence de ce mouvement aveugle, ne voit on pas des mêlanges de différents êtres, des êtres ébauchés, manqués, à demifaits, &c.

Il faut avouer qu'en vérité Epicure eft auffi digne de mépris par fon ridicule fyftême de phyfique, que par fon fyftême indécent de morale.

TROISIEME PREUVE,

Tous les fiecles, toutes les nations connues tous les peuples les plus policés & les plus éclairés tous les hommes qu'on a mis au rang des fages; des hommes vertueux, des hommes qui faifoient l'honneur de l'humanité; tous fe réuniffent à reconnoître un premier Etre, un Etre fuprême une Divinité. Quelle impreffion doivent faire fur un homme, cette réunion, ce concert cette atteftation générale! Auffi le plus grand génie, le Philofophe le plus éclairé qu'ait eu Rome encore païenne, nous dit-il, Cicero, qu'il ne croit pas devoir mettre au nomde nat. bre des hommes raisonnables ceux qui Deor.libe nieroient cette vérité.

Dira-t-on qu'il y a eu autrefois des athées; qu'on en a vu fucceffivement en différents fiecles; qu'on trouve encore aujourd'hui des hommes qui demandent qu'on leur prouve l'exiftence de Dieu ?

3.

Cicero ;

Il est bien vrai qu'il y a eu quelques hommes qui fe font donnés pour athées, qui ont écrit comme s'ils euffent été de vrais achées; mais les uns ont été regardés comme des infenfés, & c'est ainfi que fut regardé Diagoras; les de pat. autres ont été punis comme des hom- Deor.lib. mes dangereux, & c'eft pour cela que Protagoras fut banni d'Athenes & que fes livres furent condamnés au feu. Il Id. lib. 7. y a eu quelques hommes foi-difant athées comme il y a un Eroftrate un Catilina, un Julien, un Cromvvel; mais ce font là des phénomenes de folie ou de fcélérateffe, fi finguliers & fi rares, qu'ils ne prouvent rien au tribunal de la raifon & du bon fens.

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Ajoutera-t-on, avec Bayle, qu'on a trouvé des fauvages qui n'avoient v. Penaucune idée d'un Dieu, ainfi que l'at- fées fur le teftent certains voyageurs dans leurs relations?

Mais feroit-ce donc auprès de quelques Sauvages brutes, & peut-être auffi brutes que les animaux parmi lefquels

Com.

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Strabo

lib. 15.

ils vivent, que nos judicieux Critiques & nos fages Philofophes iront puifer des lumieres fûres pour éclairer leur raifon? Leurs triftes forêts feront-elles les Lycées & les Académies que ces Meffieurs choifiront pour s'inftruire? Seroit-ce par les relations incertaines de quelques aventuriers, qu'ils croiront pouvoir contre-balancer le témoignage de tous les fiecles & de tout Punivers?

Doit-on beaucoup déférer à l'autorité de ces Ecrivains, qui affirment fans preuves, qui citent des faits fans témoins, qui décident de la maniere de penfer de quelques hommes dont ils ignoroient le langage, qu'ils n'ont vu que rapidement, & que bien fouvent même ils n'ont point vu du tout? Ne doit-on pas faire de leurs relations le même cas que faifoit autrefois Strabon de celles que les Grecs de la fuite d'A lexandre faifoient des Indes? Le texte de ce judicieux Ecrivain eft trop intéreffant pour n'être pas rapporté tout au long.

Il faut être extrêmement circonfpect Geogr. & attentif, dit-il, quand on traite de ce qui regarde les Indes. Il est peu de perJonnes parmi nous qui aient vu ce pays. Ceux qui y ont été ne l'ont vu qu'en

partie; ils ne parlent prefque que fur des oui-dire. Ce qu'ils en ont reconnu, ils ne l'ont vu que dans des excurfions militaires. Ceux qui fe piquent d'en avoir écrit avec plus d'exactitude, font fans ceffe en contradiction les uns avec les autres. On ne voit ni accord, ni conformité dans ce que nous atteftent ceux qui accompagnerent Alexandre dans for expédition des Indes: Et fi tous ces Ecrivains font fi oppofés dans le récit des chofes qu'ils ont vu, peut-on fe fier à ce qu'ils nous difent avoir appris par les autres ? Ceux qui courent le monde aujourd'hui, font-ils plus dignes de foi que ces anciens conteurs de fables? de femblables témoignages peuvent ils donner quelque atteinte à la vérité ?

La raifon nous démontre l'existence d'un premier Etre; le fpectacle de l'univers nous prouve qu'il eft l'ouvrage d'une Intelligence & d'une Sageffe infinie ; tous les fiecles & toutes les nations fe réuniffent pour reconnoître une Divinité. Ainfi, douter de l'exiftence de Dieu, c'eft prouver qu'on ne mérite pas d'être mis au rang des hommes.

M. de Voltaire n'a jamais paru avoir aucun doute fur ce point; & l'on ne

t

pourroit pas plus le foupçonner d'être Athée, qu'on ne pourroit le foupçonner d'être bon Chrétien. Il nous apprend que Nevvton étoit intimement perfuadé qu'il y a un Dieu, & que la preuve de lexiftence de Dieu, par la vue des caufes finales, étoit la plus forte aux yeux de ce grand homme.

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Cette preuve eft très-bonne en effer Farce qu'elle eft la plus fenfible & la plus à portée de tout le monde: mais puifque c'eft la feule que M. de Voltaire admette dans fa philofophie; pourquoi fait-il enfuite tous fes efforts pour la détruire? Pourquoi dans fon Songe de Platon, fait-il une raillerie fi impie & fi indécente fur l'ouvrage du Créateur? Ce fonge n'eft qu'une fiction, il est vrai; mais Voltaire mépriferoit beaucoup le Lecteur qui s'arrêteroit à la lettre du texte, qui ne faifiroit pas le fens de l'allégorie, & qui ne devineroit pas ce qu'il faut entendre par ce génie aveugle & étourdi, ce Demo-gorgon qui fe charge d'arranger ce morceau de boue que nous appellons terre, & qui y réuffit fi mal. Je ne rappelle point ici les fades railleries & les minces objections qu'on trouve dans cette piece. Je me contente de renvoyer au favant Commentaire de M. l'Abbé d'Asfeldt,

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