Images de page
PDF
ePub

CHAPITRE IV.

ADJECTIFS DÉTERMINATIFS.

Des Adjectifs de Nombre.

On emploie les adjectifs de nombre cardinaux au lieu des adjectifs de nombre ordinaux.

10. En parlant des heures et des années courantes, comme; il est trois heures, nous sommes en mil huit cent trente cinq.

20. En parlant de tous les jours du mois, excepté le premier, comme; le deux de Mars, le vingt de Juin, mais on dit toujours avec le nombre ordinal, le premier de Juin, le premier d'Août; et non pas le un de Juin, le un d'Aoút.

30. En parlant des souverains et des princes de même nom qui ont gouverné le même pays, comme; George trois, Louis quatorze. On doit excepter les deux premiers de la série, comme; Edward Premier, François Second, Henri Second. Il n'est point exact de dire, François Deux, Henri Deux. Bien des personnes font cette faute.

On dit aussi, Charles Cinq, Philippe Cinq, etc.; mais cn dit, Charles-Quint, (pron. kin.) en parlant du cinquième empereur d'Allemagne qui a porté ce nom; et Sixte-Quint, en parlant d'un pape contemporain d'Henri-Quatre.

Vingt et cent sont les seuls adjectifs de nombre cardinaux, qui étant employés au pluriel, c'est-à-dire, multipliés par un autre nombre prennent la marque du pluriel; quatre-vingts soldats, trois cents chevaux; encore faut-il qu'ils ne soient pas suivis d'un autre adjectif de nombre, car alors ils ne varient pas quatre-vingt-dix soldats trois cent trente chevaux.

Vingt et cent, précédés d'un adjectif de nombre, prennent aussi la marque du pluriel, lorsqu'après ces mots on sous-entend le substantif. Ainsi on écrira, quatre-vingts, deux cents: La Suède et la Finlande composent un royaume large d'environ cent de nos lieues, et long de troiscents. Nous partimes cinq cents.

REMARQUE. Vingt et Cent, employés pour vingtième, centième, restent invariables, parce qu'alors ils qualifient un substantif singulier : Chapitre quatre-vingt, page deux cent, en l'an mil sept cent quatrevingt, en mil huit cent; c'est-à-dire, chapitre quatre-vingtième; page deux-centième, en l'an mil sept cent quatre vingtième, en (l'an) mil huit centième.

Quant aux adjectifs de nombre ordinaux et aux substantifs qui expriment une idée de nombre, ils prennent dans tous les cas la marque du pluriel: les premiers, les seconds, les douzaines, les vingtièmes, les deux douzaines, les trois quarts, les trois centièmes, trois millions, quatre milliards.*

3

* On ne doit pas confondre le trois-centième, avec les trois centièmes; car le trois-centième s'écrirait en chiffres, et les trois centièmes s'écriraient Le trois-centième de cent est un tiers, puisque la trois-centième partie de cent

[ocr errors]

De tous les nombres cardinaux, il n'y a que un dont la terminaison varie du masculin au féminin: un tableau, une bouteille. Premier et second font au féminin première et seconde; tous les autres

adjectifs de nombre ordinaux, sont des deux genres. Mille, employé comme adjectif numéral, est des deux genres, et de même que les autres nombres cardinaux, il ne prend point la

marque du pluriel. Nos troupes firent cinq mille prisonniers. Dans la supputation ordinaire des années, mille perd sa dernière syllabe; ainsi l'on écrit l'an mil huit cent trente-quatre; c'est le besoin d'abréger qui a fait écrire mil; mais s'il s'agit d'un millésime rarement employé, le mot mille reste tout entier. L'an cinq mille huit cent vingt de la création. Mille s'emploie encore pour signifier une mesure de chemin, en ce

sens il est substantif, et alors il prend un s au pluriel. Trois milles d'Angleterre font un peu plus d'une lieue de France. Cent et mille se mettent quelquefois pour un nombre incertain, mais fort grand, comme; il lui fit cent caresses. Nous tenons au monde par mille chaínes.

Le

On dit le onze, du onze, au onze, le onzième, du onzième, au onzième, et non pas l'onze, l'onzième, etc. Il faut aussi remarquer que quand · onze est précédé d'un mot qui finit par une consonne, on ne prononce pas cette consonne, et que la préposition de, et la conjonction que placées entre les mots onze et onzième, s'écrivent sans élision. onze de juillet, de onze enfants, il n'en reste que trois, ils ne sont que onze, sur les onze heures, (qu'on prononce sur lè onze heures). De même vers les une heure se prononce vers lè une heure, et non pas vers les zune heure.

On doit écrire: vingt-et-un ans, vingt-et-un jours, vingt-et-un ans accomplis, vingt-et-un jours passés, vingt-et-un chevaux, vingt-et-un chevaux enharnachés, vingt-et-un navires, quatre-vingt-un ans, etc., et non pas vingt-et-un an, vingt-et-un cheval.

Lorsqu'un nombre cardinal est précédé du pronom en, l'adjectif ou le participe qui suit ce nombre est ordinairement précédé de la prépo→ sition de: Il n'y en a pas un de riche, il y en eut mille de tués.

Mais l'emploi de la préposition de ne doit pas avoir lieu, lorsque les nombre cardinal est suivi d'un substantif; il faut prendre un autre tour et dire: Il y en eut cent qui furent faits prisonniers, et non pas, il y en eut cent de prisonniers.

DES ADJECTIFS DÉMONSTRATIFS,

L'adjectif démonstratif se répète avant chaque substantif; on le répète aussi lorsqu'un nom est accompagné de deux adjectifs qui ne qualifient pas le même substantif; comme dans cette phrase: Ces et ces vilains appartements. Voyez chapitre II sur la répétiarticle, page 169.

b

chose que la troisième partie de un. isque la centième partie de cent est un,

Les trois contièmes de cent

DES ADJECTIFS POSSESSIFS,

On met l'article et non pas l'adjectif possessif avant un nom en régime quand le sens indique clairement quel est l'objet possesseur.

On dit: J'ai mal à la tête, il faudra lui couper la jambe, il a reçu un coup de feu au bras, et non pas, j'ai mal à ma téte, il faudra lui couper sa jambe, il a reçu un coup de feu à son bras, parce que les pronoms personnels je, lui, il, déterminent d'une manière claire le sens qu'on a en vue, et qu'il n'y a point d'équivoque à craindre.

Mais si le pronom personnel n'ôte pas l'équivoque, on doit alors joindre l'adjectif possessif au nom, comme, je vois que ma jambe s'enfle. On doit s'exprimer ainsi, parcequ'on peut voir enfler la jambe d'un autre aussi bien que la sienne. C'est la raison pour laquelle on dit: Il lui donna sa main à baiser. Elle a donné hardiment son brus au chirurgien. Il perd tout son sang: car, dans ces phrases, il n'y a que les adjectifs possessifs qui déterminent, d'une manière positive, qu'on parle de sa main, de son bras, et de son sang; et non de la main, du bras, et du sang d'un autre.

Les verbes qui se conjuguent avec deux pronoms de la même personne, ôtent communément toute équivoque; comme, je me suis blessé à la main. Il est évident que je parle de ma main. Cependant l'usage autorise à dire: Je me suis tenu toute la journée sur mes jambes,

Quand on parle d'un mal habituel, on joint l'adjectif possessif au nom, quoique l'emploi du pronom personnel empêche toute équivoque; comme, ma migraine m'a tourmenté tout le jour. Son mal de dents l'a repris.

L'usage des adjectifs possessifs son, sa, ses, leur, leurs, offre quelques difficultés.

Ces adjectifs ont rapport à des personnes, ou à des choses personnifiées, ou simplement à des choses.

*

S'il s'agit de personnes ou de choses personnifiées, on emploie les adjectifs possessifs dans tous les cas. En parlant d'un homme ou d'une femme, on dira: sa tête est belle, et non pas, la téte en est belle.

Mais quand il s'agit de choses qui ne sont pas personnifiées, on doit se servir du pronom en au lieu des possessifs, toutes les fois que ce pronom peut entrer dans la construction de la phrase; et l'on ne doit employer les possessifs que lorsqu'il est impossible de se servir du pronom en.

Ainsi on dira d'une statue, la téte en est belle; d'une rivière, le lit en est profond; d'une maison, la situation en est agréable; d'une année, les soldats en sont bien disciplinés; d'un parlement, les membres en sont intègres; mais il faut dire, cette statue est précieuse par la beauté de sa téte, cette rivière est sortie de son lit, cette maison est mal située, il faudrait pouvoir la tirer de sa place, l'armée a beaucoup perdu de ses soldats, le parlement d'Angleterre est fameux par l'intégrité et les lumières de ses C'est-à-dire auxquelles on attribue des vues et une volonté.

membres, parceque dans ces phrases il n'est pas possible de faire entrer le pronom en.

Ces adjectifs possessifs se remplacent par l'article avant les noms qui doivent être suivis de qui, que, dont, et d'un pronom de la même personne que ces possessifs. On ne dit pas ; j'ai reçu votre lettre que vous m'avez écrite, tenez vos promesses que vous avez faites. Il faut ; J'ai reçu la lettre que vous m'avez écrite. Tenez les promesses que vous avez faites.

Les adjectifs possessifs se répètent avant chaque substantif, comme, son père, sa mère, ses frères, ses sœurs et ses oncles, ont été les victimes de la plus affreuse des révolutions.

Ils se répètent aussi avant les adjectifs qui ne qualifient pas un seul et même substantif. Voyez chapitre II sur la répétition de l'article, page 169.

Mon, ton, son, s'emploient au féminin au lieu de ma, ta, sa, lorsque le mot qui suit commence par une voyelle ou un h non aspiré. On dit, mon ame, mon aimable amie; au lieu de ma ame, ma aimable amie; ton honneur au lieu de ta honneur ; son épée au lieu de sa épée. Le pronom reste au masculin, afin d'éviter un hiatus qui serait insupportable.

Leur adjectif possessif, étant au singulier, fait connaître qu'un seul objet appartient à plusieurs possesseurs; étant au pluriel, que plusieurs objets appartiennent, soit en commun, soit indivi duellement, à plusieurs possesseurs.

Exemples.

Ils ont vendu leur cheval, Ils ont vendu leurs chevaux. Les gendarmes sont propriétaires de leurs chevaux. Romulus et Rémus n'ont pas connu leur père, L'état vient au secours des orphelins qui perdent leurs pères au champ d'honneur. Ces messieurs ont présenté leur offrande, (c'était une pendule achetée en commun). Ces messieurs ont présenté leurs offrandes, (l'un des vers, l'autre des roses). Ces deux charettes perdront leur maître, (elles n'en ont qu'un). Ces deux charettes perdront leurs essieux. J'ai envoyé ces deux lettres à leur adresse (à M. N.) J'ai envoyé ces lettres à leurs adresses, (à Lyon, à Nantes).

On dira donc, tous les maris étaient au bal avec leurs femmes, puisqu'il s'agit de plusieurs femmes, si l'on disait avec leur femme, cela voudrait dire qu'il n'y avait qu'une femme qui appartenait à tous les maris. Leurs femmes signifie les femmes d'eux, c'est le sens collectif; leur femme, c'est la femme d'eux.*

De même on dirait au singulier: Ces dames attendent leur voiture, si elles ont la même, et au pluriel, attendent leurs voitures, si elles ont chacune la leur.

* Il est à remarquer toutefois que si le verbe était accompagné d'une négation, tout réveillerait alors une idée de distribution qui exigerait que le régime du verbe fût au singulier, on doit donc écrire: Tous les maris n'aiment pas leur femme.

Ils comptent sur le succès de leur démarche ou de leurs démarches, selon qu'il sera question d'une ou de plusieurs.

Il est cependant certains cas où l'on peut employer, à-peu-près indifféremment, le singulier ou le pluriel, en voici des exemples:

Une ardeur nouvelle s'était emparée de leur cœur.— —(Montesquieu.)
Fénélon, dans Télémaque, parlant de deux pigeons, a dit:
Leurs cœurs étaient tendres, plumage de leurs cous était changeant,
Ils sont embarrassés pour répondre aux objections de leur propre cœur.—
(De Châteaubriand.)

On verrait les soleils, l'un sur l'autre roulant,
Entrechoquer dans l'air leur front étincelant.-(Soumet.)

Lorsque d'un saint respect tous les Persans touchés
N'osent lever leurs fronts à la terre attachés.—(Racine.)

Les mots de morale et d'humanité sont incessumment dans leurs bouches.

(De Châteaubriand.)

Ils cherchent une mort plus puissante que celle qui les a séparés de leurs corps.

(Fénélon.)

On pourrait aussi dire, leur bouche, leur corps. Dans les deux exemples suivants le singulier est de rigueur. Les serpents dardent leur langue. Ce sont des gens qui ne sauraient retenir leur langue.

a

REMARQUE. Leur, employé avec un de ces substantifs qui n'ont pas de pluriel, reste toujours au singulier. Exemples:

J'approuve leur conduite; ils ont pris leur parti; mes lettres sont arrivées à leur destination; ces deux hommes ont perdu leur honneur ; ils sont mécontents de leur santé,

DES ADJECTIFS INDÉFINIS.

Chaque. Ce mot sert à désigner une personne ou une chose prise séparément. Il est des deux genres, mais il n'est d'usage qu'au singulier, et il précède toujours son substantif dont il ne peut être séparé que par un autre adjectif. Chaque homme, chaque personne, et chaque nouvel avis.

Chaque, adjectif indéfini, ne doit pas être confondu avec chacun pronom indéfini: chaque se place toujours avant le substantif auquel il a rapport. Chacun, au contraire, s'emploie absolument et sans substantif. Ne dites donc pas : Ces volumes coûtent cinq francs chaque, mais dites, cinq francs chacun. Chaque, à la fin d'une phrase, n'est pas français.

Quelconque, employé avec une négation, est à-peu-près synonyme de nul, aucun; il sert également aux deux genres: mais alors, comme ces deux mots, il n'a pas de pluriel. Il se met toujours à la suite d'un substantif, soit en parlant des personnes, soit en parlant des choses. Il n'y a raison quelconque qui puisse l'y obliger. Il ne lui est demeuré chose quelconque.

« PrécédentContinuer »