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Mesdames, étes-vous parentes? Oui, nous le sommes. Madame, étes-vous mère? Oui, je le suis. Elle est fille, et le sera toute sa vie. Dans ces trois dernières phrases, parentes, mère, fille, sont pris adjectivement, ils sont de vrais qualificatifs.

Mais si les adjectifs sont pris substantivement, le prend l'accord, comme: Etes-vous la malade dont on m'a parlé? Oui, je la suis; Mesdames, étes-vous les étrangères qu'on vient d'annoncer? Oui, nous

les sommes.

Ainsi on répondra à ces questions: étes-vous la mariée ? étes-vous la fille de M. le duc ? Oui, je la suis et à celles-ci: étes-vous mariée ? étes-vous fille de M. le duc ? Oui, je le suis.

En.

Ce pronom est des deux genres et des deux nombres: il se dit des personnes et des choses.

Quand le pronom en a rapport aux choses, on doit souvent lui préférer les adjectifs possessifs son, sa, ses, leur, leurs. Voyez ces adjectifs page 205.

Y ne se dit ordinairement que des choses, et s'emploie à la place d'un nom précédé de la préposition à: Allez-vous à Paris ? j'y vais; y, c'est-à-dire à Paris.

Y s'emploie dans les phrases où l'usage rejette le pronom lui. Voyez ce pronom, page 221.

Ce pronom se rapporte quelquefois à un objet animé, à une personne, comme: Avez-vous pensé à nous ? je n'y ai pas pensé; y, c'est-à-dire à vous. Pensez-vous à ma sœur ? j'y pense souvent, je pense souvent à elle.

Quand on dit j'y pense en parlant d'une personne, on s'exprime d'une manière plus vague, plus indéterminée que si l'on disait: Je pense à lui, ou à elle; dans, j'y pense, y se rapporte à un nom de chose qu'on a dans l'esprit, cela veut dire : Je pense à cela, à ce dont vous me parlez: d'où l'on voit que le pronom y, quand il représente une personne, ne s'y rapporte pas directement, ou ne s'y rapporte que d'une manière vague: C'est un honnéte homme, fiez-vous y ; c'est-à-dire, fiez-vous à cela, à sa probité, etc. C'est un honnéte homme, fiez-vous à lui; c'est-à-dire, à lui-même, à sa personne. Plus on approfondit l'homme, plus on y déméle de faiblesse et de grandeur; ici, homme est pris pour une chose, pour un objet de méditation; s'il y était considéré comme désignant un individu, il faudrait en lui au lieu de y.

Quand le verbe qui suit le pronomy, commence par un i, on supprime ce pronom pour éviter la rencontre des deux i, qui formeraient un son désagréable. Ainsi au lieu de dire: Il m'a dit qu'il y irait; on dit: il m'a dit qu'il irait. Voyez moi, page 218.

DES PRONOMS POSSESSIFS.

Ces pronoms doivent toujours se rapporter à un substantif énoncé auparavant j'ai vendu mon cheval, avez-vous toujours le vôtre ? Vous commencez votre ouvrage, j'ai fini le mien. Il a cassé sa montre, pretez-lui la vôtre.

Il ne faut donc pas commencer la réponse à une lettre ainsi : j'ai reçu la vôtre en date du, etc: phrase dans laquelle la vôtre ne se rapporte à rien de ce qui précède. Pour être correct, il faut dire : j'ai reçu votre lettre, etc.

On emploie les pronoms personnels au lieu des pronoms possessifs, quand des noms de choses sont mis pour des noms de personnes; Il n'y a point de meilleure plume que lui. Il n'y a pas au monde de meilleure épée que vous.

Si dans ces phrases on substitue la sienne à lui, et la vôtre à vous, la première signifiera: La plume de cet écrivain et meilleure que celle d'un autre, et la seconde, votre épée est de la meilleure trempe, ce qui est un sens entièrement différent de celui qu'on a en vue.

Les pronoms possessifs ne peuvent pas se rapporter à des substantifs pris dans un sens indéfini, c'est-à-dire, à des substantifs employés sans article ou sans quelque équivalent de l'article. On ne peut donc pas dire: Il n'est pas d'humeur à faire plaisir et la mienne est bienfaisante. Dans les premiers áges du monde, chaque père de famille gouvernait la sienne avec un pouvoir absolu. Il faut employer un autre tour et dire; Il n'est pas d'humeur à faire plaisir, et moi je suis d'une humeur bienfaisante. Dans les premiers áges du monde, chaque père de famille gouvernait ses enfants avec un pouvoir absolu.

Mais toutes les fois que ces pronoms peuvent se rapporter à un substantif pris dans un sens défini, c'est-à-dire, à un substantif employé avec l'article, ou avec quelque équivalent, on doit s'en servir préférablement au pronom personnel correspondant, comme c'est le sentiment de mon frère et le mien. On s'exprimerait mal si l'on disait C'est le sentiment de mon frère et de moi.

Les pronoms possessifs se disent des personnes et des choses: Votre neveu et le mien. Son écriture et la mienne. Votre jardin et le nôtre. Votre avantage et le sien. Ce n'est pas mon affaire, c'est la

sienne.

Mais le sien et la sienne ne peuvent s'employer à l'égard des animaux et des choses, que dans les mêmes occasions où l'on emploie les adjectifs possessifs son et sa.

On dira fort bien de deux fleuves, que l'un a sa source dans les Alpes, et l'autre a la sienne dans les Pyrénées. Que l'un a son embouchure dans la Mer noire, et l'autre a la sienne dans l'Océan; parce qu'en parlant d'une rivière, d'un fleuve, on dit sa source, son embouchure. Par la même raison, on dira de deux chevaux, que : L'un a déjà mangé son avoine, et que l'autre n'a pas mangé la sienne.

Mais en parlant des fruit d'un arbre, on ne dira pas, que les

:

siens sont meilleurs que ceux de tel autre, parce qu'on ne dit pas d'un arbre, que son fruit est excellent; mais que : le fruit en est excellent. Voyez les adjectifs possessifs.

Les miens, les tiens, les siens, les nôtres, les vôtres, les, leurs, employés substantivement, se disent des personnes à qui l'on est attaché par le sang, par l'amitié, ou par quelque sorte de dépendance. On dit : moi et les miens, toi et les tiens, lui et les siens, nous et les nôtres, vous et les vôtres, eux et les leurs, pour dire : les parents, les amis, les adhérents des uns et des autres.

Il faut remarquer que ces pronoms ne s'emploient ainsi qu'au masculin et au pluriel.

DES PRONOMS DÉMONSTRATIFS.

Ce, pronom démonstratif, est toujours joint au verbe être, ou suivi d'un pronom relatif; au lieu que ce, adjectif démonstratif accompagne toujours un substantif.

Ce joint au verbe étre, veut ce verbe au singulier, excepté quand il est suivi de la troisième personne plurielle, on dit: c'est moi, c'est toi, c'est lui, c'est elle, c'est nous, c'est vous; mais on doit dire ce sont eux, ce sont elles, ce furent vos ancêtres qui, etc.

Si plusieurs substantifs au singulier suivent le verbe étre, précédé de ce, ce verbe se met au singulier: C'est l'avarice et l'ambition qui troublent le monde, et non pas ce sont, etc.

Si le premier de ces substantifs est au singulier et l'autre on ies autres au pluriel, le verbe étre se met aussi au singulier: C'est la gloire et les plaisirs qu'il a en vue.

Si au contraire, le premier est au pluriel, et les autres au singulier le verbe se met au pluriel: Ce sont les plaisirs et la gloire qu'il a en vue. Cependant si le substantif pluriel est suivi d'un substantif singulier précédé d'une négation, le verbe se met au singulier: Les dieux décident de tout: c'est donc les dieux et non pas la mer qu'il faut craindre.-(Fénélon.)

C'est comme s'il y avait : Ce n'est pas la mer, ce sont les dieux qu'il faut craindre.

Mais si le substantif ou les substantifs sont au pluriel, le verbe se met aussi au pluriel: ce sont les méchants qui l'ont égaré, ce sont les ingrats, les menteurs, les flatteurs qui ont loué le vice.-(Fénélon.)

Quand le verbe étre, précédé immédiatement de ce, est uni à un pluriel par une préposition, il se met toujours au singulier: Cruel! c'est à ces dieux que vous sacrifiez. —(Racine.)

Le temps du verbe étre, précédé de ce, est déterminé par le temps du verbe suivant. Ainsi il faut; ce sera nous qui jouirons de ses bienfaits, et non pas, c'est nous qui jouirons; ce fut Cicéron qui sauva la république, et non pas, c'est Cicéron.

REMARQUE.-Quand la phrase est interrogative, et que le verbe étre employé au pluriel formerait un son désagréable, comme: furent

ce les Romains qui vainquirent ? il faut prendre un autre tour qui concilie ce qu'on doit à la grammaire avec ce qu'exigent l'oreille et l'usage.

Quand ce joint au verbe étre est suivi d'un infinitif, d'un adverbe, ou d'une préposition, la seconde partie de la phrase doit être jointe à la première par la conjonction que: C'est autoriser le mal que de l'excuser. C'est là qu'il faut aller, c'est ici que se terminent les misères humaines. C'est à vous qu'il veut parler; c'est de vous qu'il s'agit; ce sera pour mes enfants que je travaillerai; c'est à Paris que je vais ; ce n'est pas de cela qu'il s'agit aujourd'hui.

Ce se met quelquefois au commencement d'une proposition, soit pour y donner plus de force, soit pour lier cette proposition à ce qui précède. Quand après avoir parlé des Phéniciens et décrit l'esprit d'industrie et d'invention qui distinguait ce peuple, je dis; ce furent eux qui inventèrent l'écriture. Cette pro

position est liée par ce à ce que je viens de dire. Elle ne le serait pas si je disais simplement, ils inventèrent l'écriture.

Si je dis, c'est le devoir d'un chrétien de pardonner à ses ennemis, l'expression à plus d'énergie que si je disais, le devoir d'un chrétien est de pardonner à ses ennemis.

Lorsque de deux propositions, la première doit être qualifiée par la seconde, ce joint au verbe étre, se met au commencement de cette seconde proposition. Se devouer à la cause de la philosophie, est le devoir de tous les hommes qui pensent.

Voilà deux propositions dont la dernière qualifie la première; mais on sent que ce rapport est bien mieux marqué, et que la liaison est bien mieux indiquée quand on dit : Se dévouer tout entier à la cause de la philosophie, c'est le devoir de tous les hommes qui pensent. Ce joint à est, étant particulièrement destiné à indiquer la liaison, la convenance de deux idées, ne peut figurer dans une phrase qui exprime disparité, disconvenance. On dit dans le sens affirmatif: flatter, c'est tromper. Mais on ne dit pas dans le

sens négatif, nier ce n'est pas prouver, la première idée n'étant pas semblable à la seconde.

Ce a souvent rapport à la personne ou à la chose dont on a déjà parlé; et dans ce cas, il tient lieu de il ou elle. Lisez Homère et Virgile, ce sont les deux plus grands poètes de l'antiquité. Les astronomes qui prétendent connaitre la nature des étoiles fixes, assurent que ce sont autant de soleils.

Quelques personnes pensent que ce ne serait pas une faute d'employer il ou elle dans ces phrases; mais cette manière serait moins élégante, moins conforme à l'usage, et moins dans le génie de notre langue.

Il y a même des phrases où l'on ne pourrait pas substituer indifféremment il ou elle à ce, par exemple si après avoir dit : j'aime Pierre, je dis, il est bon architecte, il n'y a pas de faute, si je ne veux marquer aucune liaison entre mon amitié pour lui et son habilité dans l'architecture; mais si je dis : j'aime Pierre, il a pris soin de ma jeunesse,

je fais une faute, si je veux marquer une liaison entre mon attachment pour Pierre et les soins qu'il a pris de ma jeunesse. Il faute done que je dise pour marquer cette liaison; c'est lui qui a pris soin de ma jeunesse.

Mais si dans ces sortes de phrases le verbe être est suivi d'un adjectif ou d'un substantif pris adjectivement, il faut faire usage du pronom personnel il ou elle, comme: lisez Démosthène et Cicéron ; ils sont très-éloquents. J'ai vu l'hôpital de Greenwich; il est magnifique. Compteriez-vous sur Valère? ignorez-vous qu'il est homme à ne jamais revenir de ses premières idées ?

Ce, joint à un pronom relatif, ne se dit que des choses. Il doit être immédiatement suivi de son relatif, et dans ce cas, il ne peut

ce.

se tourner que par la chose, comme; ce que (la chose que) vous craignez le plus, n'est pas ce que (la chose que) vous avez le plus à craindre.

Où et lequel sont les seuls relatifs qui ne peuvent pas se joindre à

Celui, qui fait au féminin celle, et au pluriel ceux, celles, a toujours rapport a un substantif exprimé ou sous-entendu.

Ce pronom ne peut ni être séparé par un trop grand nombre de mots du substantif dont il tient la place, ni se rapporter à un substantif pris dans un sens indéfini, c'est-à-dire, à un substantif sans article ou quelque équivalent de l'article.

Ces pronoms ne se disent que des personnes quand le substantif qu'ils remplacent n'est pas exprimé dans la phrase, comme celui qui vous parle. Celui qui rend un service doit l'oublier, celui qui le reçoit s'en souvenir.

Mais quand ces pronoms se disent des choses ils se rapportent toujours à un nom exprimé qui les précède ou qui les suit.

C'est une belle maison que celle que nous venons de voir; voilà ceux de mes livres que j'ai achetés hier.

Celui, celle, ceux, etc., doivent nécessairement être suivis des mots, de, qui, que, dont, ci, là.

Ce fut celui de tous les jeunes gens que j'aimai le plus.-(Fénélon.) C'est celle qui demande à vous parler. Voilà ceux dont j'ai fait choix. Voyez celle-ci, examinez celle-là.

Il suit de là que ces pronoms ne peuvent pas être suivis immédiatement d'un substantif, d'un adjectif, ou d'un participe. On ne dira donc pas : En vous parlant de ces ouvrages, j'ai oublié ceux faits par mon oncle; il faut dire; ceux qui ont été faits, etc.

Ni, ce goût n'est pas celui dominant; mais; ce goút n'est pas celui qui est dominant.

On doit dire: Dans les jeux du cirque, les chariots dont les cochers étaient habillés de vert, disputaient le prix à ceux qui étaient habillés de bleu ; et non, ceux habillés de bleu.

De tous ces vases, ceux qui sont sur cette table, sont les plus précieux; et non, ceux sur cette table.

L'usage permet de faire rapporter les pronoms celui, celle, à un sub

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