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stantif pluriel, et les pronoms ceux, celles, à un substantif singulier. Exemples: Aussi le cygne est-il l'embléme de la grace, premier trait qui nous frappe, même avant ceux de la beauté. (Buffon.) On peut abaisser l'orgueil d'une nation, mais on doit épargner celles qu'on a soumises. L'influence du luxe se répand sur toutes les classes, méme sur celle du laboureur. (Marmontel.)

D'où l'on voit que le pronom celui, quoiqu'au même genre que le substantif précédent, peut être à un nombre différent, parce que le mot qu'il représente n'exprime pas le même objet que celui qui est précédemment énoncé. C'est en quoi ce pronom diffère des autres pronoms. Par exemple dans: On évite le menteur, on le méprise, on ne le croit pas même quand il dit la vérité. Le pronom le représente le menteur qui le précède.

Mais dans cette phrase; l'homme, persuadé de son innocence, ne tremble pas devant celui qui l'interroge, celui tient la place de l'homme, mais non l'homme déjà exprimé; il s'agit de deux individus, l'un qui est interrogé et l'autre qui interroge.

Autres exemples tirés de bons auteurs: J'ai tout réduit à trois stances, et j'ai été celle de l'ambition, qui me servira peut-être ailleurs. (Racine.) Cette phrase et celles qui la suivent deviennent claires. (Voltaire.) Vous serez seule de votre parti peut-être ; mais vous porterez-en vous même un témoignage qui vous dispensera de ceux des hommes. (J. J. Rousseau.) La satire de Boileau sur l'homme est une de celles où il y a le plus de mouvement et de variété. (La Harpe.) On répétait avec admiration le nom des Solon et des Lycurgue, avec ceux des Miltiades et des Léonidas. (Thomas.) Cette logique ne ressemble à aucune de celles qu'on a faites jusqu'à présent. (Condillac.) Nous avons vu qu'un même mot peut avoir, par figure, d'autres significations que celle qu'il a dans le sens propre ou primitif. (Dumars.)

Dans les expressions proverbiales, pour plus de précision et d'énergie, on supprime souvent le pronom celui avant qui, surtout lorsque la phrase commence par ce dernier. On dit :

Qui promet trop, inspire la défiance, au lieu de, celui qui promet trop.

On le supprime aussi quelquefois, lorsqu'il est régime d'un verbe actif, comme dans: aimez qui vous aime.

Mais cette ellipse n'a- lieu que dans quelques expressions: on ne pourrait pas la faire dans les phrases suivantes. Méprise celui qui ment. Je regarde comme perdu celui qui a dépouillé toute pudeur, etc.

Il faut dire. L'empire des Perses et celui de Syrie ne furent jamais si forts que celui des Parthes. (Montesquieu.) Et non, l'empire des Perses et de Syrie, parce qu'il s'agit évidemment de deux empires.

:

Il faut dire La voix du phoque est plus expressive et plus modulée que celle des autres animaux, et non que les autres animaux. La férocité du tigre l'emporte sur celle du lion, et non, l'emporte sur le lion.

Celui-ci et celui-là ne peuvent être suivis d'un pronom relatif, lorsqu'il n'y a dans la phrase qu'une proposition dont ils sont le sujet.

On ne peut pas dire: celui-ci qui disait, celui-là qui chantait; il faut dire; ou, celui-ci disait, celui-là chantait ; ou, celui qui disait, celui qui chantait.

Mais quand il y a deux propositions, celui-là où celui-ci peut-être par lui même le sujet de l'une, et par le moyen d'un pronom relatif, le sujet de l'autre. Ainsi l'on dira: ceux-là se trompent qui croient que....celui-là est heureux qui ne désire rien.

On dit de même ; celui-ci qui est grand, me convient mieux que celui-là qui est petit. On ne peut pas dire, ceux-là qui aiment Dieu gardent ses commandements; parce que ceux-là et qui ne peuvent pas être le sujet de la première proposition; mais on dirait très-bien, ceux-là aiment Dieu qui gardent ses commandements, parce que ceux-là serait le sujet de la première proposition, et qui le sujet de la seconde. On dit aussi, c'est celui-là qui m'a volé; c'est celui-ci qu'il faut arréter; c'est celle-là que je préfère. Dans ces phrases il y a réellement deux propositions. C'est comme si l'on disait : Voyez celui-là, lequel celui-là m'a volé, voyez celui-ci, lequel celui-ci il faut arrêter; voyez celle-là, laquelle celle-là je préfère.

Il faut observer que dans les phrases telles que, ceux-là se trompent qui croient que, etc; celui-là est heureux qui ne désire rien, ceuxlà aiment Dieu qui, etc., on ne pourrait pas employer celui-ci ou ceuxci au lieu de celui-là, ceux-là.

Celui-ci, celle-ci désignent les personnes ou les choses les plus proches, et celui-là, celle-là, les personnes ou les choses les plus éloignées ; voici deux maisons: celle-ci (la plus proche) est la plus élégante, et celle-là (la plus éloignée) est la plus commode.

per

Quand celui-ci, celle-ci, celui-là, celle-là, ont rapport à des sonnes ou à des choses dont il vient d'être question dans le discours, celui-ci ou celle-ci se dit de la personne ou de la chose qui a été nommée la dernière, et celui-là, ou celle-là de celle qui a été nommée auparavant.

Le magistrat et le guerrier servent également la patrie, celui-ci par son courage, celui-là par sa sagesse.

Le corps périt, et l'áme est immortelle : cependant on néglige celle-ci, et tous les soins sont pour celui-là.

Ceci, cela, ne se disent que des choses, et n'ont pas de pluriel. Ceci indique l'objet qui est le plus près de nous, et cela l'objet le plus éloigné.

Quelquefois ceci et cela se disent seuls, et sans rapport à la distance plus ou moins grande des objets ; ceci m'étonne, cela me surprend.

En parlant d'un objet qu'on tient ou qu'on montre, ou que l'on met entre les mains de celui à qui l'on parle, on dit voyez ceci, examinez cela, on dit aussi, que dites-vous de ceci? que pensez-vous de cela?

Dans le discours très-familier, cela se dit quelquefois des personnes. J'ai vu M. de Pompone, M. de Beson, Madame de Villars: tout cela

vous fait mille compliments. (Sévigné.) Ce sont les meilleurs filles du monde, cela vit comme des saintes. (Marivaux.) Et en parlant d'un enfant, cela est heureux, cela ne fait que jouer.

Dans le langage très-familier, on contracte cela en ça, ça fait toujours plaisir, donnez-moi ca. Il faut éviter de parler ainsi."

ça.

DES PRONOMS RELATIFS.

Qui, des deux genres et des deux nombres, signifie lequel, laquelle, lesquels, lesquelles.

Lorsque ce pronom est sujet, il se dit des personnes et des choses, et on doit le préférer à lequel, laquelle, lesquels, lesquelles, comme; l'homme qui joue perd son temps; le livre qui plaît n'est pas toujours le plus utile.

Mais quand il est régime indirect, il ne se dit que des personnes ou des choses personnifiées, comme; l'Homme à qui appartient ce beau jardin, est très-riche. Ce sont les qualités du cœur et de l'esprit que l'on doit préférer dans une femme à qui l'on veut unir son sort. Le ciel, à qui nous devons notre bonheur, ne cessera pas de nous protéger. La vertu à qui je rends hommage.

que, il

Il en est de même lorsqu'employé pour un nom et le relatif se trouve régime direct; comme, j'en croirai qui vous voudrez. Mais en parlant des choses, on se sert des pronoms relatifs lequel, laquelle, lesquels, lesquelles. La chose à laquelle vous devez surtout faire attention. C'est le point sur lequel il faut réfléchir. Dont se met pour de qui, duquel, de laquelle, desquels, desquelles, soit qu'on parle des personnes, soit qu'on parle des choses.

La femme dont vous parlez, est très-connue. La réputation dont vous jouissez, est méritée. Les poètes ne suivent pas toujours ces règles.

1ère. RÈGLE.

Qui relatif s'accorde toujours avec son antécédent, en genre, en nombre, et en personne, ou, si l'on veut, il prend le nombre et la personne du nom ou du pronom auquel il se rapporte, et les communique au verbe dont il est le sujet.

On dira donc moi qui ai parlé, toi qui as parlé, lui ou elle qui a parlé, nous qui avons parlé, vous qui avez parlé, eux ou elles qui ont parlé.

Qui est au singulier et à la première personne dans moi qui ai parlé, parce que le pronom moi, son antécédent, est du singulier et de la première personne.

Il est au singulier et à la seconde personne dans, toi qui as parlé ; parce que toi, son antécédent, est du singulier et de la seconde per

sonne, etc.

Par le même principe, il faut dire: si c'était moi qui eusse, et non

pas, si c'était moi qui cút: si c était vous qui eussiez ; si c'était lui qui eút, etc.

2e. RÈGLE.

Quand le pronom qui est sujet, il doit toujours suivre immédiatement le substantif auquel il se rapporte. On dira par conséquent : Cet homme qui ne cherche qu'à tromper a grand tort; et non pas, cet homme a grand tort qui ne cherche qu'à tromper. Les poètes se sont quelquefois écartés de cette règle. Qui est censé suivre immédiatement son substantif, lorsqu'il suit l'adjectif qui qualifie ce substantif, puisqu'un substantif ne fait qu'une seule et même idée avec l'adjectif qui le qualifie. Ce n'est donc pas contre la règle de dire: l'Homme intrépide qui marche à l'ennemi, etc.

Il en est de même lorsque le substantif est suivi de la préposition de avec son complément; expression qui équivaut à un adjectif. Les amis de mon père qui nous suivaient.

Qui peut encore être séparé de son antécédent, quand cet antécédent est un pronom personnel en régime direct, eomme: il la trouva qui pleurait à chaudes larmes. Je le vois qui s'amuse ; parce que ces pronoms étant mis pour elle, lui, doivent, dans ce cas, être placés avant le verbe; de même dans ces sortes de phrases qui sont des gallicismes, ceux-là ne sont pas les plus malheureux qui se plaignent le plus.

T

REMARQUE. Cette règle ne porte que sur qui en sujet; car autrement il peut être régime d'une préposition; comme, la personne pour · qui je m'intéresse.

A l'égard des phrases où qui forme une répétition, par exemple ; un auteur qui est sensé, qui sait bien sa langue, qui médite bien son sujet, qui travaille à loisir, qui consulte ses amis, est presque súr du succès. Tous ces qui, par le moyen du premier, touchent immédiatement leur substantif.

La règle ci-dessus peut servir de guide dans le cas où, voyant deux substantifs dans une phrase, on doute auquel des deux il faut faire rapporter le qui. On sentira qu'il ne peut se rapporter qu'au sub-1 stantif qui le précède. On dira donc; vous étes, grande reine, unЛ génie tutélaire qui est venu consolider la paix; parce qu'on fera rappor ter qui à génie tutélaire, qui le précède immédiatement, et non à reine, qui en est le plus éloigné; et l'on ne dira pas, vous étes, grande» reine, un génie tutélaire qui étes venue, parce qu'alors on ferait rappor ter le qui à un nom qui ne le précède pas immédiatement.

C'est par la même raison qu'on dira: vous parlez en homme qui entend la matière, et non [as, qui entendez la matière. Vous êtes le premier qui ait éclairci cette difficulté, et non pas, qui ayez éclairci. Je suis le seul qui ait développé cette vérité, et non pas, qui ai développé.

Dans ces phrases, qui ne se rapporte pas à vous ou à je, mais bien ♪ à homme, qui est exprimé dans le premier exemple et sous-entendu dans les autres.

Voici une difficulté réelle.

On dit: Votre ami est un des hommes qui manquèrent périr dans la sédition, quoiqu'on dise, votre ami est un des hommes qui doit le moins compter sur moi.

Pourquoi le pluriel qui manquèrent dans l'une de ces phrases, et pourquoi dans l'autre le singulier qui doit?

C'est que les vues de l'esprit ne sont pas les mêmes. On se sert de la première phrase quand on veut mettre votre ami parmi ceux qui manquèrent périr; et on se sert au contraire, de la seconde quand on veut le mettre à part; et le sens est, votre ami est un homme qui doit le moins de tous les hommes compter sur moi.

Lorsque c'est un nom propre qui précède le qui, le verbe doit être mis à la première personne, si le nom propre indique la personne qui parle; à la seconde, s'il indique celle à qui l'on parle; à la troisième, s'il indique celle de qui l'on parle.

Je suis Samson qui ai fait écrouler les voútes du temple. Vous êtes Samson qui avez fait écrouler les voútes du temple. Si vous étiez fort comme Samson qui a fait à lui seul écrouler les voûtes du temple.

Remarquez bien que, si dans chacun de ces cas on avait fait précéder le nom propre du déterminatif ce, ou de tout autre déterminatif, et qu'on eût dit par exemple: je suis ce Samson; vous étes ce Samson, etc., alors au moyen de cet adjectif déterminatif, le nom Samson resterait dans la classe des noms substantifs et deviendrait l'antécédent de qui; et comme tout nom est de la troisième personne, il obligerait le pronom qui et le verbe à prendre la troisième personne. Conséquemment on dirait: je suis ce Samson qui a fait écrouler les voútes du temple. Vous êtes ce Samson qui a fait écrouler, etc.

Dans les phrases interrogatives ou négatives, le doute qu'elles expriment fait considérer le nom propre comme énonçant une troisième personne, et dès-lors demande que le verbe soit mis à la troisième personne. Etes-vous Samson qui fit écrouler les voûtes du temple? Je ne suis pas Samson qui fit écrouler, etc. N'étes-vous plus cet Ullysse qui a combattu tant d'années pour Hélène contre les Troyens?

On dirait cependant: Est-ce vous Samson, qui fites écrouler les voûtes du temple? parce que Samson, employé ici en apostrophe, forme une espèce d'incise,* et que ce n'est point par conséquent à ce nom, mais au pronom vous que se rapporte le relatif qui.

Quoique le relatif qui en sujet ne puisse pas être séparé de son substantif, cela n'empêche pas qu'il ne puisse être séparé du verbe qu'il régit, comme dans ces beaux vers de Racine :

Ne descendez-vous pas de ces fameux Lévites
Qui, lorsqu'au dieu du Nil le volage Israël
Rendit, dans le désert, un culte criminel,

De leur plus chers parents saintemeat homicides,

Consacrèrent leurs mains dans le sang des perfides ?

Il est quelquefois nécessaire de placer les pronoms ceux, celles, avant l'antécédent de qui. Cette précaution est indispensable dans * On donne ce nom à tout sens détaché, quand il a peu d'étendue.

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