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III. Le 23 août, le mariage religieux fut célébré par Mer le Cardinal-Archevêque de Malines, dans l'église des SS. Michel et Gudule 1.

Voici l'allocution que Son Eminence adressa aux augustes époux :

• Monseigneur, Madame,

» Dieu est l'auteur du mariage, et il a toujours aimé à répandre ses bénédictions sur ceux qui embrassent cet état avec les dispositions requises.

» C'est ainsi qu'il a spécialement béni l'union d'Abraham et de Sara, celle d'Isaac et de Rebecca, celle de Jacob et de Rachel.

» Sous la loi nouvelle, Notre Seigneur Jésus-Christ a élevé le mariage à la dignité de Sacrement, en y attachant des grâces particulières. Il a voulu que sous cette loi de charité, loi qui demande une plus grande perfection, le mariage fût accompagné de bénédictions spéciales, afin que les époux chrétiens pussent vivre dans une union plus intime et plus constante.

» L'alliance de Vos Altesses Royales a lieu sous de si heureux auspices, qu'elle ne peut manquer d'être comblée des bénédictions les plus abondantes. En effet, la divine Providence semble l'avoir préparée, en vous faisant naître à des époques très-rapprochées, au sein de deux familles souveraines, qui aimaient à resserrer encore les liens qui les unissaient déjà. L'éducation éminemment chrétienne que Dieu vous a fait donner, et les sentiments si pieux qu'il vous a inspirés, facilitèrent encore votre mariage. Les vertus et les qualités éminentes qu'il vous a accordées, firent comprendre à vos augustes parents que votre union serait heureuse, et les portèrent à y consentir avec empressement et avec joie.

"Le Souverain Pontife, vicaire de Jésus-Christ sur la terre, a sanctionné votre union, en accordant les dispenses nécessaires par un Bref Apostolique, qui est empreint des sentiments les plus affectueux, et qui contient les vœux les plus étendus pour votre bonheur.

"La Belgique, si attachée à la foi de ses pères, a tressailli de joie et de bonheur à la nouvelle d'un mariage qui lui donne de si belles espérances. Elle s'est empressée de témoigner la plus vive gratitude à son sage et bienaimé Roi, qu'elle regarde après Dieu comme l'auteur principal de cette heureuse alliance. De tous les points du royaume les prières les plus unanimes et les plus ferventes ont été adressées au Ciel. Aujourd'hui surtout, en ce jour fortuné où Vos Altesses Royales reçoivent ensemble les bénédictions solennelles de l'Église, on a imploré la protection divine dans toutes les églises et dans toutes les familles chrétiennes de la Belgique.

» Un mariage que la Providence a entouré de circonstances si favorables, The saurait manquer d'être comblé des bénédictions célestes. Oui, Monseigneur, Madame, du haut des cieux Dieu bénit votre union, comme il a béni autrefois celle d'Abraham, celle d'Isaac, celle de Jacob; comme il a béni celle de pieux personnages qui s'y sont préparés, comme vous, par une vie pure et chrétienne; du haut des cieux, Notre Divin Sauveur, qui aime à bénir ses

1 Son Eminence avait donné dispense de la publication des bans de mariage.

fidèles serviteurs, sanctionne et bénit l'union à laquelle son Vicaire a applaudi sur la terre; du haut des cieux, l'Immaculée Vierge Marie, et son chaste époux saint Joseph, le puissant patron de la Belgique, vous promettent leur puissante protection; du haut des cieux, les saints et les saintes qui ont illustré vos augustes familles, et cette longue série d'ancêtres, composée de tant de magnanimes Empereurs et de tant de vertueuses Impératrices, de tant de sages Rois et de tant de pieuses Reines, qui vous ont laissé de si beaux exemples de vertus à imiter, jettent des regards de complaisance sur l'alliance que vous contractez, et ils appellent sur vous d'incessantes bénédictions. Approchez-vous donc avec confiance du trône de la grâce et de la miséricorde, afin d'obtenir les secours spirituels dont vous avez besoin pour bien remplir les obligations de l'état auquel Dieu vous a appelés.

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» Renouvelez ensemble, en personne et de tout cœur, l'engagement sacré que vous avez déjà pris de rester intimement unis jusqu'à la mort.

» Recevez avec une grande piété les bénédictions célestes que je vais implorer pour vous, de concert avec les pontifes et les prêtres qui m'entourent, et avec toute la ferveur dont nous sommes capables. Unissez vos prières aux nôtres et à celles de toute cette assemblée composée de l'élite d'une nation qui vous est entièrement dévouée. Demandez à Dieu qu'il fasse toujours régner entre vous cet amour chrétien, cette confiance mutuelle et cette inviolable fidélité qui font le bonheur des époux.

>> Demandez-lui la grâce de procurer à vos enfants une éducation aussi chrétienne que celle que vous avez reçue vous-mêmes, et qui est la seule source féconde, le seul fondement solide du bonheur des familles.

» Demandez encore ces faveurs pendant le saint sacrifice de la messe, qui complétera les cérémonies de votre mariage; demandez-les surtout au moment solennel de la consécration, où Jésus-Christ offrira à Dieu son Père le sacrifice de son corps et de son sang précieux, pour le salut de vos àmes.

» Après la messe, lorsque nous entonnerons l'hymne d'actions de grâces, remerciez Dieu pour tous ses bienfaits, et demandez-lui la continuation de cette protection spéciale qu'il vous a accordée jusqu'ici, et dont vous aurez besoin pour remplir les hautes destinées qui vous attendent.

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Enfin, lorsque nous chanterons les prières pour S. M. le Roi, demandons ensemble à Dieu la prolongation des jours précieux de cet auguste et vénéré souverain; prions Dieu qu'il lui accorde un bonheur parfait, un règne de plus en plus tranquille et prospère, la concorde au dedans, la paix au dehors, l'accomplissement de tous les vœux qu'il ne cesse de former pour la prospérité de son beau royaume. Ainsi soit-il. »

Après cette allocution, les jeunes époux s'avançèrent un peu vers le chœur, en se donnant la main. Son Éminence enveloppa de son étole leurs mains jointes, et LL. AA. RR. approuvèrent et ratifièrent le mariage contracté à Vienne par procureur. Le Cardinal-Arhevêque consacra ensuite le mariage, présenta encore le bout de son étole à S.A. R. la Duchesse de Brabant et la conduisit à la première marche du chœur où étaient disposés les coussins, sur lesquels le Duc et la

Duchesse s'agenouillèrent et reçurent la bénédiction du prélat. Ces cérémonies d'usage terminées, LL. AA. RR. furent reconduites à leurs prie-Dieu. Monseigneur le Cardinal dit une messe basse. Après le Pater, LL. AA. RR. furent conduites à la première marche du chœur et s'y tinrent à genoux pendant que Son Éminence, s'approchant d'elles, récitait les oraisons prescrites par le Missel; la même démarche fut faite par les époux après le Benedicamus Domino.

Dès que

la messe fut terminée, Monseigneur le Cardinal entonna le Te Deum, puis ensuite la prière pour le Roi.

IV. Le Duc de Brabant étant émancipé par le mariage, le Roi voulut qu'à la suite de ce changement d'état le vœu de la loi fût rempli.

Le 12 Octobre 1853, un conseil de famille fut rassemblé devant le juge de paix du premier canton de la ville de Bruxelles, pour la nomination d'un curateur à S. A. R. le Duc de Brabant.

Le conseil était composé de M. le comte de Marnix, grand maréchal du palais; de M. Jules Van Praet, ministre de la maison du Roi; de M. le baron de Gerlache, premier président de la cour de cassation; de M. Leclercq, procureur-général près la même cour; de M. Dolez, avocat à la cour de cassation et de M. Mascart, avocat à la cour d'appel.

S. M. le Roi était représenté par M. le vicomte Conway, intendant de la liste civile.

Le conseil a nommé S. M. le Roi, curateur, et M. Mascart curateur spécial ou curateur ad hoc.

Le Roi, dans cette circonstance, comme à l'occasion du mariage de son fils, a donné un témoignage de respect à la loi civile qui régit tous les citoyens belges.

En effet, si, aux termes de l'art. 476 du Code civil, le mineur est émancipé par le mariage, il n'atteint cependant sa majorité qu'à l'âge de 21 ans révolus.

Après l'émancipation du mineur, le mandat du tuteur vient à cesser, et le conseil de famille désigne un curateur, sans l'assistance duquel le mineur émancipé n'est point habile pour certains actes. Après l'émancipation, le tuteur présente son compte de tutelle au mineur assisté de son curateur. (Code civil, art. 480.)

Le tuteur de S. A. R. était son auguste père.

Le conseil de famille tenu le 12 octobre, a nommé le Roi curateur de son fils émancipé. Mais comme il eût été peu normal que le tuteur deve

nant curateur se présentât à lui-même le compte de tutelle et l'approuvât, le conseil de famille a nommé M. Mascart, curateur spécial pour cette reddition de compte.

Le compte de tutelle étant rendu, le Roi reste seul curateur du duc de Brabant jusqu'à la majorité légale du prince royal.

Fragment généalogique concernant LL. 44. RR. le Duc et la
Duchesse de Brabant.

FRANÇOIS ler, Duc de Lothringen, † 18 août 1765, épousa l'Impératrice MARIE-THÉRÈSE, + 29 novembre 1780 dont naquirent :

1o LEOPOLD II, né le 5 mai 1747, † 1or mars 1792, marié, le 3 août 1765, avec MARIE-LOUISE, Princesse d'Espagne, née le 24 novembre 1745, † 15 mai 1792; un des fruits de cette union fut :

JOSEPH-ANTOINE-JEAN, Archiduc d'Autriche, Palatin de Hongrie, né le 9 mars 1776, † 18 janvier 1847, marié le 24 août 1815 à MARIE-DOROTHEE-WILHELMINE-CAROLINE, Duchesse de Wurtemberg, née le 1er novembre 1797, auteurs de

MARIE-HENRIETTE-ANNE, Archiduchesse d'Autriche, née le 28 août 1886 et mariée le 22 août 1833, à S. A. R. le Duc de Brabant.

2° MARIE-CAROLINE, Archiduchesse d'Autriche, née le 13 août 1752, + 8 septembre 1815, mariée, le 12 mai 1768, à FERDINAND IV, Roi des Deux-Siciles, né le 12 janvier 1751, † 4 janvier 1825, dont vint :

MARIE-AMÉLIE, Princesse des Deux-Siciles, née le 26 avril 1782, mariée, le 25 novembre 1809, à Louis-Philippe d'ORLÉANS, plus tard Roi des Français, né le 6 octobre 1778, + 26 août 1850, auteurs de

LOUISE-MARIE-THÉRÈSE-CHARLOTTE-ISABELLE, Princesse d'Orléans, née le 3 avril 1812, † 11 octobre 1850, mariée le 9 août 1882, au Roi LÉOPOLD Ier, GEORGES-CHRÉTIEN-FREDERIC, Roi des Belges, Duc de Saxe, Prince de Saxe-Cobourg et Gotha, né le 16 décembre 1790, augustes parents de

LEOPOLD-LOUIS-Philippe-Marie-VICTOR, Duc de Brabant, né le 9 avril 1885, marié le 22 août 1858, à MARIE-HENRIETTE-ANNE, Archiduchesse d'Autriche, née le 23 août 1836.

LETTRES ROYALES DE NOTIFICATION.

Notifications de naissances (1).

Naissance du Prince royal de Belgique.

M..., je m'empresse de porter à la connaissance de Votre Majesté que la Reine, ma très-chère épouse, est accouchée heureusement d'un prince qui a reçu les noms de Léopold-Louis-Philippe-Marie-Victor. Les liens d'amitié qui m'unissent si étroitement à Votre Majesté et les sentiments d'amitié dont elle m'a constamment donné des preuves, m'assurent d'avance qu'elle prendra la part la plus vive à l'inexprimable joie que m'inspire, ainsi qu'à mon épouse bienaimée, un évènement qui contribuera si efficacement à notre félicité personnelle, et qui est d'un haut intérêt pour l'avenir et le bonheur du peuple dont les destinées me sont confiées. En annonçant cet évènement à Votre Majesté, je saisis avec une profonde émotion l'occasion qui m'est offerte de lui renouveler l'expression de la haute estime et du sincère attachement que je lui ai voués et avec lesquels je suis,....

(1) Lettre de Napoléon 1er à l'empereur d'Autriche.

Naissance du roi de Rome.

Monsieur mon frère et beau-père, c'est avec une extrême sensibilité que je m'empresse d'informer Votre Majesté que l'Impératrice, ma très-chère épouse, vient d'accoucher heureusement d'un prince qui, par sa naissance, a reçu le titre de roi de Rome. Les liens qui m'unissent à Votre Majesté et l'intérêt qu'elle prend à ma satisfaction et à celle de ma bien-aimée compagne, me donnent l'intime confiance qu'elle partagera la joie que nous fait éprouver un évènement aussi intéressant pour notre bonheur commun et pour celui de nos peuples. Elle doit être persuadée que mes vœux préviennent tout ce qui pourra lui arriver d'heureux, et que mon plus grand désir est de pouvoir la convaincre des sentiments de la sincère estime et de la tendre amitié que je lui ai voués et avec lesquels je suis,

Monsieur mon frère et beau-père,

Paris, le 20 mars 1811.

De Votre Majesté,

Le bon frère et gendre,
NAPOLÉON.

Lettre de Louis XVIII au Saint-Père. - Naissance du duc de Bordeaux.

Très-Saint Père, je m'empresse d'informer Votre Sainteté que la Providence vient d'accorder à mes vœux et à ceux de la France un prince, dont ma très-chère nièce, la duchesse de Berry, est heureusement accouchée aujourd'hui, et que j'ai nommé duo de Bordeaux. Je me flatte que Votre Sainteté partagera la joie que me cause un évènement aussi ardemment désiré, et qui intéresse également la prospérité de ma maison et celle de mes peuples. Votre Béatitude connaît l'inviolable attachement que j'ai montré dans tous les temps pour le Saint-Siégo; Elle doit être persuadée de la satisfaction que j'éprouve à saisir cette occasion pour lui en renouveler l'assurance, en mêmic temps que celle du respect filial avec lequel je suis,

Très-Saint Père

Paris, le 29 septembre 1820.

De Votre Sainteté,

Le très-dévot fils,

LOUIS XVIII.

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