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demment la Trinité des perfonnes en Dieu, que l'égalité de deux angles droits aux trois angles d'un triangle.

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Nous avons vu plus d'une fois, Monfieur, avec quel emportement les Incré. dules déclament contre l'intolérance. - Mais quand on les fuit de près reconnoît bientôt qu'ils ne la regardent comme injufte, que lorsqu'ils craignent d'en être les victimes. Ils penfent qu'elle devoit avoir lieu à l'égard de JESUSCHRIST & de fes Apôtres. Ils veulent qu'il foit permis de débiter contre la Religion de JESUS-CHRIST toutes fortes d'abfurdités; & ils ne peuvent fouffrir que l'on venge cette même Religion de leurs outrages. Parce qu'un homme a tort de ne pas croire en Dieu, avonsnous raifon de l'injurier, dit quelque part notre Auteur [n]. Je lui demande à mon tour fi, parce que faint Paul annonçoit aux Romains le vrai Dieu, ils avoient droit de le mettre à mort? On n'a recours aux invectives, ajoûte-t-il, que quand on manque de preuves [o].

[n] Penf. Philof. Penfie XV.
[o] Ibid.

Mais quelle plus fanglante invective contre un Prédicateur de l'Evangile, que d'avancer hautement qu'on a droit de le crucifier? Quant à nous, Monfieur, nous avons droit fans doute d'employer contre nos Adverfaires leurs propres principes; nous fommes donc autorités à faire le fyllogifme fuivant. Selon vous, le Gouver nement a droit de févir, & le peuple de crier, CRUCIFIGE, lorfqu'on annonce un dogme qui contredit la Religion dominante; or c'eft précisément ce que vous faites; donc &c. Mais nous ne demandons pas, Monfieur, que que l'Incrédule foit crucifié; nous fouhaitons feulement qu'il fe convertiffe & qu'il vive.

Je fuis, &c.

LETTRE XXXVIII.

Sur la XLIII des Penfées Philofophi

ques.

Coutez, Monfieur, cette longue

E Confez, dont vous n'auriez qu'une

notion imparfaite, fi je ne vous la répé

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tois toute entière: » Toute innovation. eft à craindre dans un Gouvernement : » la plus fainte & la plus douce des Re. ligions, le Chriftianifme même ne » s'eft pas affermi fans caufer quelques troubles. Les premiers enfans de l'Eglife font fortis plus d'une fois de la » modération & de la patience qui leur étoient prefcrites. Qu'il me foit permis » de rapporter ici quelques fragmens » d'un Edit de l'Empereur Julien; ils » caractériseront à merveille le génie de »ce Prince Philofophe, & l'humeur des

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zélés de fon temps. J'avois imaginé, » dit Julien, que les Chefs des Galiléens * » fentiroient combien mes procédés font » différens de mon prédéceffeur, & » qu'ils m'en fçauroient quelque gré. Ils » ont fouffert, fous fon regne, l'éxil & » les prifons; & l'on a paffé au fil de l'épée une multitude de ceux qu'ils appellent entr'eux Hérétiques.... Sous » le mien, on a rappellé les exilés, élar»gi les prifonniers, & rétabli les prof» crits dans la poffeffion de leurs biens. » Mais telle eft l'inquiétude & la fureur » de cette espèce d'hommes, que depuis qu'ils ont perdu le privilège de fe dé>>> vorer les uns les autres,

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de tourmen,

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» ter & ceux qui font attachés à leurs » dogmes, & ceux qui fuivent la Reli»gion autorisée par les Loix, ils n'épar »gnent aucun moyen, ne laiffent échap» per aucune occafion d'exciter des révoltes, gens fans égard pour la vraie piété, & fans refpect pour nos cons»titutions.... Toutefois nous n'entendons » pas qu'on les traîne aux pieds de nos » autels, & qu'on leur faffe violence..... » Quant au menu peuple, il paroît que » ce font fes Chefs qui fomentent en » lui l'efprit de fédition, furieux qu'ils

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font des bornes que nous avons mifes » à leurs pouvoirs car nous les avons » bannis de nos Tribunaux, & ils n'ont plus la commodité de difpofer des » teftamens, de fupplanter les héritiers légitimes, & de s'emparer des fuccef» fions..... C'est pourquoi nous défen» dons à ce peuple de s'affembler en » tumulte, & de cabaler chez les Prê» tres féditieux..... Que cet Edit fasse la » fûreté de nos Magiftrats, que les mu» tins ont infultés plus d'une fois, & mis » en danger d'être lapidés..... Qu'ils fe » rendent paisiblement chez leurs Chefs, qu'ils y prient, qu'ils s'y inftruisent, » & qu'ils y fatisfaffent au culte qu'ils

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» en ont reçu; nous le leur permet» tons: mais qu'ils renoncent à tout » deffein factieux.... Si ces assemblées " font pour eux une occafion de révolte, » ce fera à leurs rifques & fortunes; » je les en avertis..... Peuples incré» dules, vivez en paix..... Et vous qui » êtes demeurés fidèles à la Religion de » votre pays & aux Dieux de vos peres, » ne perfécutez point des voifins, des » concitoyens dont l'ignorance eft en» core plus à plaindre que la méchan» ceté n'eft à blâmer..... C'est par la » raison, & non par la violence qu'il » faut ramener les hommes à la vérité. » Nous vous enjoignons donc à vous tous » nos fidèles fujets de laiffer en repos » les Galiléens. Tels étoient les fenti» mens de ce Prince à qui l'on peut reprocher le Paganifme, mais non l'Apoftafie. Il paffa les premières an» nées de fa vie fous différens maîtres » & dans différentes écoles, & fit dans » un âge plus avancé un choix infortu» né: il fe décida malheureusement pour » le culte de fes ayeux & les Dieux de » fon pays [a]. «

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