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parens Idolâtres; & depuis Conftantin, les Jupiter, les Mars, les Junon, les Venus, &c. n'étoient plus les Dieux de l'Empire.

A juger du fens de cette dernière phrafe de l'Auteur, par l'air d'ironie & d'impiété qui y regne, ne diroit-on pas, Monfieur, qu'il applaudit à ce choix de Julien qui fe décida pour le Paganifme? Rappellez-vous ce que l'Encyclopédie nous a dit de cet Empereur [d]; vous y trouverez développé par l'Auteur lui-même ce qu'il ne préfente ici que d'une manière obfcure & embarraffée.

Je fuis &c.

[d] Voyez la Religion vengée, Tom. XII. P. 173. & fuiv.

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LETTRE XXXIX.

Sur la XLIV des Penfées Philofophi

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Ne chofe qui étonne notre AuMonfieur, c'est que les » Ouvrages de ce fçavant Empereur (Julien) foient parvenus jufqu'à nous. » Ils contiennent, dit-il, des traits qui » ne nuilent point à la vérité du Chrif» tianisme, mais qui font affez désa»vantageux à quelques Chrétiens de » fon temps, pour qu'ils fe fentiffent

de l'attention fingulière que les Peres » de l'Eglife ont eue de fupprimer les » ouvrages de leurs ennemis. C'est ap

paremment de fes prédéceffeurs que » faint Grégoire le Grand avoit hérité » du zèle barbare qui l'anima contre »les Lettres & les Arts. S'il n'eût tenu » qu'à ce Pontife, nous ferions dans » le cas des Mahométans qui en font » réduits pour toute lecture à celle de » leur Alcoran. Car quel eût été le fort des anciens Ecrivains entre les

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s mains d'un homme qui folécifoit par principe de Religion; qui s'imaginoit » qu'obferver les règles de la Gram» maire, c'étoit foumettre JESUS» CHRIST à Donat, & qui fe crut obligé en confcience de combler les rui»nes de l'Antiquité [a]? «

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Ce qui devroit au contraire nous étonner, Monfieur, ce feroit que les Peres de l'Eglife ne fe fuffent point appliqués à nous faire parvenir les Ouvrages de Julien. Car enfin quiconque eft perfuadé de la justice de fa cause, a intérêt d'expofer au grand jour tous les moyens de fon Adverfaire. Si les écrits de Julien n'étoient pas parvenus jufqu'à nous, quelle ample matière de déclamation pour nos Incrédules! Ils ne cefferoient de nous dire que les Saints Peres fe trouvant dans l'impoffibilité d'y répondre, fe font fait un devoir de Religion de nous en dérober la connoiffance. Il faut l'avouer, Monfieur; jamais peut-être le Chriftianifme n'eut d'ennemi comparable à cet Empereur. Ses raifons étoient fortes autant que

des raifons peuvent l'être, quand elles combattent la vérité : l'éclat du fceptre Impérial leur donnoit encore un nouveau poids ; & cet éclat a dû naturellement contribuer à nous les tranfmettre. Mais que prouvent-elles contre nous? Ne femble-t-il pas même que les Saints Peres craignoient qu'elles ne vinflent à fe perdre, puifqu'ils nous ont préfenté ce qu'elles ont de plus fort & de plus fpécieux? Ils ont répondu aux difficultés de Julien. Qu'on nous montre donc, fi l'on peut, que ces difficultés font victorieuses, que les réponses font infuffifantes. La révolution des chofes humaines n'altere point les droits de la vérité. Les Empires s'écroulent, & elle fubfifte. Ce que nous difons de Julien, eft également vrai de tous les ennemis de la Religion Chrétienne. Les raisonnemens de Celfe & de Porphyre se retrouvent dans les Ecrits des Peres de l'Eglife; témoins Origene, faint Cyrille d'Aléxandrie, faint Jérôme: & ce qui prouve bien qu'ils ne les ont ni falfifiés, ni défigurés, c'est qu'ils les ont réfutés fous les yeux d'une multitude de gens qui étoient les admirateurs de ces Philofophes. Je conviens

Monfieur, que ces Saints Peres ont fait ce que doit faire tout Miniftre Evangélique, & ce que font même nos Magiftrats; je veux dire qu'ils ont fupprimé, flétri, condamné au feu les Ouvrages publiés contre le Chriftianifme. S'ils l'avoient fait fans y répondre, le préjugé feroit contre nous; mais encore une fois ils y ont répondu. Si leurs réponses n'ont été que pour les Sçavans, ce n'eft point leur faute. En tout genre, il n'y a de Juges compétens que ceux qui font en état de juger avec connoiffance de caufe. S'il en eft beaucoup qui fe mettent de ce nombre fans le mériter, ce n'est point encore la faute des Saints Peres. Mais à des Juges même compétens, il faut leur déduire les raifons pour & contre; & voilà pourquoi les Peres n'ont présenté les difficultés des ennemis du Chriftianifme qu'avec leur folution. Tel eft auffi, Monfieur, l'objet de notre travail. Quoi qu'en dife la vanité de nos Incrédules qui nous annoncent avec emphase l'immortalité de leur nom, il pourroit très-bien fe faire que leurs Ecrits ne vécuffent pas auffi long-temps qu'ils fe l'imaginent. Nous n'oferions nous promettre un fort plus

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