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ils pu craindre ceux de leur temps? Les attaques livrées à la Religion ont toujours fervi à procurer de plus en plus le développement de fes preuves. Sans les Ecrits de Celfe, nous n'aurions pas la belle réfutation qu'en a faite Origène. Ceux de Julien ont exercé l'éloquence & occafionné le triomphe de faint Cyrille d'Alexandrie. Et fi jamais les grandes vérités du Chriftianifme n'ont été mifes dans un plus beau jour que depuis environ un demi-fiècle, on en eft redevable aux efforts multipliés que font pour le combattre fes ennemis mo dernes.

Je fuis, &c.

LETTRE XL.

-Examen de la XLV. des Pensées Philofophiques.

L'A

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'Auteur prétend, Monfieur, que » la divinité des Ecritures n'est point un caractère fi clairement empreint en elles, que l'autorité des » Hiftoriens facrés foit abfolument indépendante du témoignage des Au»teurs profanes. Où en ferions-nous, » continue-t-il, s'il falloit reconnoître » le doigt de Dieu dans la forme de » notre Bible? Combien la Verfion » Latine n'eft-elle pas miférable ? Les » Originaux mêmes ne font pas des » chefs-d'œuvres de compofition. Les Prophètes, les Apôtres & les Evangéliftes ont écrit comme ils y en» tendoient. S'il nous étoit permis de » regarder l'Hiftoire du peuple Hébreu » comme une fimple production de l'efprit humain, Moyle & fes Con≫tinuateurs ne l'emporteroient pas fur

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» Tite-Live, Salufte, Célar & Joteph; » tous gens qu'on ne foupçonne pas

affurément d'avoir écrit par infpira» tion. Ne préfere-t-on pas même le » Jésuite Berruyer à Moyfe? On con» ferve dans nos Eglifes des Tableaux » qu'on affure avoir été peints par des » Anges & par la Divinité même. Si » ces morceaux étoient fortis de la main » de le Sueur ou de le Brun, que pour» rois-je oppofer à cette tradition im» mémoriale? Rien du tout, peut-être. » Mais quand j'observe ces célestes Ou» vrages, & que je vois à chaque pas » les règles de la peinture violées dans » le deffein & dans l'exécution le » vrai de l'Art abondonné par-tout, ne » pouvant fuppofer que l'Ouvrier étoit » un ignorant, il faut bien que j'accuse » la Tradition d'être fabuleufe. Quelle

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application ne ferois-je point de ces » Tableaux aux faintes Ecritures, fi je »ne fçavois combien il importe peu que ce qu'elles contiennent foit bien » ou mal dit. Les Prophètes fe font piqués de dire vrai, & non pas de » bien dire. Les Apôtres font-ils morts pour autre chose que pour la vérité

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de ce qu'ils ont dit ou écrit ? Or » pour en revenir au point que je trai»te, de quelle conféquence n'étoit - il » pas de conferver des Auteurs pro» fanes qui ne pouvoient manquer de » s'accorder avec les Auteurs facrés » au moins fur l'exiftence & les mira»cles de JESUS-CHRIST, fur les quali»tés & le caractère de Ponce-Pilate, » & fur les actions & le martyre des premiers Chrétiens [a]? «

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Je vous avoue, Monfieur, que je ne conçois pas trop la première phrase de cette Penfée. Il eft d'abord conftant que l'autorité de nos Ecrivains facrés fuffit par elle-même pour concilier à leurs Ecrits les caractères de divinité qui fe tirent des témoignages. Comme on ne nous parle point ici de ceux qui fe tirent du texte même, nous n'en dirons rien. Nous ne devons pas non plus examiner quel poids doivent avoir nos Livres faints, & la croyance qu'ils méritent relativement aux preuves de témoignage. C'eft un objet cent fois rempli, & porté à un fi haut degré

d'évidence, que pour nous contefter l'au thenticité de ces Livres, il ne faut rien moins que le Pyrrhonifie le plus abfolu, & que l'oubli de toutes les loixque s'impose une faine critique pour conftater des faits. A cet égard, Monfieur, les chofes en font au point que l'Incrédulité n'ofe entrer dans les détails; elle fe contente de lâcher des farcasmes qu'elle fçait bien que la fottife & l'ignorance prendront pour des démonstra

tions.

Il est vrai que de tout temps les Apo` logiftes de la Religion ont tiré des Auteurs profanes ce qu'ils ont cru pouvoir leur être de quelque utilité par rapport aux vérités Chrétiennes qu'ils vouloient établir; mais ils ne l'ont fait que par furabondance de droit. Ils ont montré que certains faits rapportés par les Ecrivains facrés l'étoient auffi par des Ecrivains ennemis de l'Evangile : mais cela ne dit nullement qu'ils ayent cru que l'autorité des Hiftoriens facrés n'étoit point abfolument indépendante du témoignage des Auteurs profanes. Quoi donc ! Parce que nous nous prévalons de ce que l'Empereur Julien,

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