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leur union conjugale ne fçauroit être légitime en aucun fens, fi elle n'est sanctifiée pas le contrat facramentel, if faudroit donc foûtenir auffi, ou qu'un Sacrement peut être valide, fans l'intention du Miniftre qui le confere, ni du fujet qui le reçoit; puifque les Proteftans qui fe marient ne veulent affurément ni fe le conferer l'un à l'autre, ni le recevoir l'un de l'autre, comme Sacrement en aucun fens; ou que l'Eglise fait mal de ne pas réhabiliter le mariage de tous les Proteftans qui rentrent dans fon fein..

Je fuis, &c.

LETTRE

IV.

Récapitulation au idée générale du Livre de l'Esprit de JESUS-CHRIST fur la Tolérance.

I'

Left des Livres, dont le titre n'eft. qu'une contre-vérité: tel eft, Mon fieur, celui de l'Ouvrage dont nous ter

de ne parler que d'après l'efprit de Je fus-Chrift, & il n'a parlé que d'après l'efprit de Bayle, cet ennemi declaré de JESUS-CHRIST & de fa Religion, tellement que le titre de fon livre eft proprement un blafphème. Si cet Auteur entendoit bien fes principes, il feroit Déifte, il pourroit même être Athée; puifqu'enfin le fyftême de la vérité putative anéantit la néceffité de toute vérité réelle.

Convenez toutefois, Monfieur, que l'Eglife Proteftante méritoit d'avoir un tel Défenfeur. On voit clairement, dans cette défense à quels horribles excès conduifent les principes de cette Secte; mais ce qui révolte le bon fens & la probité, c'eft de voir que l'Auteur ofe y ufurper le nom de Catholique, pour débiter fa doctrine impie: en quoi il trahit manifeftement fa cause au lieu de la rendre plus favorable. Car affurément, Monfieur, l'efprit de JESUSCHRIST ne choisira point l'efprit de menfonge pour fon organe; ou s'il fait un pareil choix, ce ne fera que pour confondre l'impiété par le contrafte. En même temps que Balaam & Caïphe

prophétisent au nom du Seigneur, ils prononcent leur propre condamnation: le premier en ce qu'il confeille le crime

peu

de temps après; le fecond en ce qu'il condamne à mort le Dieu de toute la nature. A quelques vérités près qui appartien nent au Chriftianifme, le Livre de l'Ef prit de Jefus-Chrift fur la Tolérance n'offre que des principes impies & des conféquences, tantôt bien, tantôt mal déduires de ces mêmes principes, c'est-à-dire, que ce livre n eft qu'une rapfodie où il n'y a pas plus de logique que de religion.

L'Auteur attribue à l'Eglife Romaine des dogmes qu'elle n'eut jamais, & il déguise ceux qu'elle enfeigne; ila même l'audace de lui imputer des attentats qu'elle a en exécration. Eh! n'eft-ce donc pas plutôt l'esprit particulier, ce principe fondamental du Proteftantisme, qui a conduit la main de ces parricides? Je fçais, Monfieur, que ces monftres faifoient profeffion extérieure de Catholicité. Mais Luther & Calvin ne l'avoient-ils pas profeffée, cette même Religion? Eft ce une raifon pour lui im

fiarques? Je dis plus: ces fcelerats dont on nous reproche les forfaits, ont cru fans doute devoir faire ce qu'ils ont fait; & dès lors, felon notre Proteftant, ils ont fuivi la plus ancienne & la plus facrée de toutes les loix, puifqu'ils ont fuivi leur confcience. Leurs déteftables maximes étoient conformes au fyftême de cet Auteur, & il a le front de les attribuer à une Religion qui les anathématifoit, comme elle le fait encore, & comme elle le fera éternellement. L'Eglife Proteftante au contraire n'a nul droit de prononcer fur la morale ou fur le dogme. Elle ne peut contester à perfonne la liberté de juger pour foi même: chacun y doit être l'arbitre de fa conduite & de fa croyance; d'où il fuit, Monfieur, que l'Auteur reproche à notre Eglife ce qui ne convient qu'à la fienne. Chrétien fans Chriftianifme, indifférent par principe pour toute Religion quelconque, il feint d'être Catholique, & il n'eft pas même bon Proteftant. Tantôt il nie ce qu'il a affirmé, tantôt il met en fait ce qu'il a nié. Son caprice ou l'intérêt actuel de fa cause, voilà fes guides & fes principes. Ce ne font point ici, Monfieur, des perfon

nalités odieuses. L'Auteur eft anonyme, & nous ne le confiderons que comme Auteur. Il peut avoir du talent pour d'autres objets; mais il a entrepris de traiter ici une matière qu'il n'a point affez étudiée pour fe faire un systême fuivi; & de là vient que fouvent il n'eft pas plus d'accord avec fon propre efprit, qu'avec l'efprit de Jefus Chrift.

Je fuis, &c.

LETTRE

V.

Lettre préliminaire fur les PENSÉES PHILOSOPHIQUES.

D'

Ebiter fans pudeur des dogmes contradictoires, donner les rêves les plus ridicules pour la fuprême vérité, fronder tous les principes reçus fans prendre la peine de montrer qu'on en droit de le faire, fe croire difpenfé de toutes les loix, de celles du raisonnement comme de toutes les autres, c'eft, Monfieur, l'étiquette de la Philo

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