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mer fon Dieu. Mais ces Solitaires voyant le prochain fuffifamment fecouru pour le temporel comme pour le fpirituel, ou du moins ne fe trouvant pas en état de lui procurer de plus grands fecours, ont cru devoir rompre tout commerce avec le monde, pour obéir à la voix intérieure qui les appelloit à la folitude, Penferez-vous que ce Pacôme, qui de Soldar Payen qu'il étoit, eft devenu Solitaire Chrétien, parce qu'il avoit vu avec quelle cordialité les Chrétiens rendoient aux Payens mêmes tous les offices de la charité, ait renoncé aux fentimens de la nature, lorsqu'il embraffa la Religion? Dès que la fociété étoit troublée par quelque doctrine nouvelle & perverse, ou affligée par des calamités publiques. ne voyoit-on pas ces prétendues bêtes farouches fortir de leurs grottes & def cendre de leurs montagnes, pour don ner au prochain tous les fecours dont ils étoient capables? C'est une vérité de fait que nous avons prouvée ailleurs par des exemples.

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3°. La mauvaise foi de nos Incrédu les ne ceffe de préfenter la Religion comme éteignant toute affection fociale. Cependant, Monfieur, quel citoyen que le vrai Chrétien, foit du côté des prin-cipes, foit du côté de la conduite, en

que

comparaison de ces prétendus Philofophes Ceux-ci anéantiffent toute différence entre le bien & le mal moral, & conféquemment n'eftiment pas plus l'équité que l'injuftice, la charité que la cruauté. Mais pour en impofer à des Lecteurs trop crédules, ils ne parlent d'humanité, que d'affection pour la fociété ; & afin de ne pas trop s'engager, ils étendent cette affection générale de manière à ne rien dire qui les oblige à aucun devoir fpécial. On leur a reproché avec raifon de ne fe donner pour les amis de l'Univers, qu'afin de fe difpenfer d'aimer perfonne en particulier. En effet, Monfieur, c'eft n'aimer perfonne, c'eft n'aimer que foi-même que d'aimer uniquement fes Admirateurs, & pour ainfi dire fes Adorateurs. Tandis qu'à tout propos ils prêchent la Tolérance univerfelle, ils voudroient pouvoir exterminer quiconque les convainc d'erreur, bien qu'ils faffent eux-mêmes tous leurs efforts pour en convaincre leurs Adverfaires.

4. Puifque l'Auteur qué nous réfutons fe dit Chrétien, nous pouvons, Monfieur, nous devons même le combattre par les principes du Chriftianif me. Qu'il nous foit donc permis d'appliquer à l'état de folitude ce que

JESUS-CHRIST a dit de l'état de continence, que ce don n'eft point accordé à tous: Non omnes capiunt verbum iftud, fed quibus datum eft [c]. Nous n'ignorons pas que le Créateur ayant formé l'homme dit qu'il n'étoit pas bon que l'homme fût feul: c'eft pourquoi il lui donna une aide femblable à lui [d], fa volonté étant que le genre humain fe multipliât par la génération. Nous fçavons que le Saint-Efprit dit: » Il » vaut mieux être deux enfemble que » d'être feul; car il résulte un avantage » de cette fociété : fi l'un tombe, l'autre.

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le foûtient. Malheur à l'homme qui » eft feul; car lorfqu'il fera tombé, il » n'aura perfonne pour le relever [e]. Tout cela eft conftant, Monfieur; mais s'enfuit-il que nul homme ne doit être feul Saint Paul ne nous parle-t-il » pas de certains hommes errans çà & » là, couverts de peaux de brebis &. » de peaux de chevres, dans la misère, » dans l'oppreffion, dans les fouffran»ces; gens de qui le monde n'étoit pas digne, & qui menoient une vie fugitive dans les déferts & fur les montagnes, n'ayant pour retraite que les

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n

c] Matth. c. 19. Y. 12.
[d] Gen. c. 2. ¥. 18.
[e] Ecclef. c. 4.

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"antres & les cavernes de la terre [ƒ]?« N'étoit ce donc là que de ridicules milantropes qu'une humeur atrabilaire éloignoit du commerce des hommes ? N'étoit ce pas plutôt des ames fortes guidées par l'efprit de fageffe & toujours prêtes à rentrer dans le monde, fi le même efprit les y rappelloit ? Saint Paul en parle comme de gens dont le monde n'étoit pas digne; & notre *Au⚫ teur qui fe dit Chrétien, les représente comme des bêtes farouches.

Je fuis, &c.

[f] Hébr. 11. v. 37. & 38.

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LA RELIGION VENGÉE,

OU REFUTATION..

DES AUTEURS IMPIES.

LETTRE

IX.

L'Auteur s'eft-il fait une jufte idée de la Pénitence Chrétienne?

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כן

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دو

Uelles voix ! quels cris ! quels gémiffemens! Qui a renfermé dans ces cachots tous ces cadavres plaintifs ? Quels

» crimes ont commis tous ces malheu» reux? Les uns fe frappent la poitrine » avec des cailloux ; d'autres fe déchi» rent le corps avec des ongles de fer; "tous ont les regrets, la douleur & la » mort dans les yeux. Qui les condamne » à ces tourmens? .... Le Dieu qu'ils ont offenfe.... Quel eft donc ce Dieu ? Un Dieu plein de bonté.... Un Dieu » plein de bonté trouveroit-il du plaifir

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