qui demandent plus d'action que de pa. roles, enfin par- tout où j'ai cru que je me ferois attiré des brouhaha à la répréfentation, & un battement de mains, que l'Acteur n'auroit pas manqué d'annoncer & de mandier en s'avançant avec affe &tation au bord du Théatre, en ména geant les tons de loin pour finir par trois ou quatre grands coups de voix déplacés, qui jettent la penfée & le vers à la tête de l'Auditeur furpris, puis s'arrêtant tout court pour jouir du flatteur cartil lon dont il vient de donner le fignal, Avant que l'art de réciter fur le Théatre fût parvenu à la perfection, on avoit vû des Acteurs qui faifoient la fottile de le tuet à force de crier pour faire valoir leurs Rolles les Comédiens d'aujourd'hui ne veulent pas céder à leurs anciens ; il n'eft point de Piéce nouvelle, favorisée d'un de leurs regards complaifans, où ils n'af frontent hardiment l'efquinancie & la pleuréfic. Enfin j'espère que cette Piéce produira le double effer que j'ai annoncé. De tout on a mis pour cela. Mauvailes plaifanteries, fades allufions, exprel fions fions triviales, pointes rondes, jeux de Théatre amulans, bas comique, &c. que faut-il de plus pour faire pleurer? Sentimens nobles & délicats, penfées fublimes, difcours pathétiques & touchans, fituations intéreffantes, morts malheureufes & imprévues, que faut-il de plus pour faire rire? J'aurois dû peut être moins promettre dans mon Tirre; n'en pren. dre qu'un vague, qui n'annonçât rien moins que l'espèce de l'Ouvrage; mais il eft quelquefois de notre intérêt de ne pas nous attacher trop fervilement à nos Modèles. Au refte, fi ceux qui auroient envie de placer cette Piéce parmi celles qu'ils honorent de leur déclamation & de leur jeu, la trouvoient, trop difficile pour l'exécution de certains lazzi nouveaux & charmans, chacun peut les fupprimer ou les arranger à fon gré. J'ai voulu laiffer fur le papler toute l'action dans fa force & fa vérité, pour fuppléer au defaut de l'illufion théatrale. Mais il fera facile de la réprefenter de façon que ni le nez, ni les yeux des Spectateurs n'en foient point offenlés. ACTEUR S. LA PRINCESSE FOIRANTINE, Veuve du Prince Foirantin. LE PRINCE MORQAUCUL, Amant de la Princeffe, LE PRINCE PROPET, autre Amant de la Princeffe, MERDINE, Confidente de la Princeffe. CHIANTLIT, Capitaine des Gardes de la Princeffe. L'ENFILÉ, Valet de Chambre de la Princeffe. GARDES de la Princeffe, SOLDATS du Prince Proper. L'AMOUR, avec la Suite. La Scene eft dans le Palais de la Prin ceffe Foirantine, à Angers. 15 LE POT DE CHAMBRE CASSÉ, TRAGEDIE. Prie SCENE PREMIERE. LA PRINCESSE feule. Elle entre fur le Théatre toute effrayée, fortant de fon lit; elle eft en Pet-en- l'air & en Cornette de nuit. Hantime injurieux qui troubles mon Prepos, Ne recommence plus tes infolens pro· De quoi te méles tu de critiquer ma vie? Mais, quoi, le front me fuë, ✪ je suis hors d'ha- B 4 Mon Mon ame, en ce fommeil, a trouvé tant de Qu'elle est émuë encor de colere & d'horreur. SCENE II. LA PRINCESSE, MERDINE, toute effarée, en deshabillé comme la Princeffe. MERDINE. EH bien! j'y cours.... Quelle vapeur Fous a fait devancer le réveil de l'Aurore? Madame, je croyois que vous dormiez encore, LA PRINCESSE. N'as-tu pas eutendu, quand l'ai parlé tout baus? Je viens de m'éveiller tout a l'heure en fursauti Après la vifion la plus mélancolique. C'eft un avant-coureur de quelque couptra gique. Mon efprit eft troublé du rêve que j'ai fait. MERDINE. Bon, pure vifion; chimere fans effet! Oh, |