L'Art de la Theffalie entre dans cette affaire, Sur un plus fort appui ma croyance fe fonde, Qui tend les bras à tout le monde, Notre gloire n'eft plus aujourd'hui confervée, Et l'on en eft reduite à n'efperer plus rien, Oui, voilà le fecret de l'affaire, & je voi C'est pour nous attacher à trop de bienfeance, L'honneur de nôtre fexe, & de nôtre naiffance. Les hommes maintenant aiment ce qui leur rit, L'efpoir, plus que l'amour, eft ce qui les attire, Et c'eft par là que Pfiché nous ravit Tous les amans qu'on voit fous fon empire. J'approuve la penfée, & nous avons matiere Aux deux Princes qui font les derniers arrivez! Ils font charmans, mafœur, & leur perfonne en tiere Me... Les avez-vous obfervez ? CIDIPPE. Ah, ma fœur, ils font faits tous deux d'une ma niere, Que mon ame.... Ce font deux Princes achevez, Je trouve qu'on pourroit rechercher leur tendreffe, CIDIPPE Je trouve que fans honte une belle Princeffe SCENE II. AGLAURE LEs deux, & Es voicy tous deux, & j'admire CIDIPPE. Ils ne démentent nullement Tout ce que nous venons de dire. D'où vient, Princes, d'où vient que vous fuyez ainû? On nous faifoit croire qu'ici La Princeffe Pfiché, Madame, pourroit être. Tous ces lieux n'ont-ils rien d'agreable pour vous, AGENOR. Ces lieux peuvent avoir des charmes affez doux ; Mais nous cherchons Pfiché dans nôtre impatience. CIDIPPE Quelque chofe de bien preffant Vous doit à la chercher pouffer tous deux fans doute: CLEOMENE Le motif eft affez puiffant, Puifque nôtre fortune enfin en dépend toutes AGLAURE. Ce feroit trop à nous, que de nous informer CLEOMENE. Nous ne pretendons point en faire de myftere Madame, quand c'eft de l'amour." Sans aller plus avant, Princes, cela veut dire, Tous deux foumis à fon empire Nous allons de concert lui découvrir nos feux. C'eft une nouveauté fans doute affez bizarre, CLEOMENE. Il eft vray que la chofe eft rare, Mais non pas impoffible à deux parfaits amis. Eft-ce que dans ces lieux il n'eft qu'elle de belle, ( Parmi l'éclat du fang vos yeux n'ont-ils veu qu'elle A pouvoir meriter vos feux ? CLEOMENE. Eft-ce que l'on confulte au moment qu'on s'en-flâme? Choifit-on qui l'on veut aimer? Et pour donner toute foname Sans qu'on ait le pouvoir d'élire, Mêleront des chagrins à l'efpoir qu'ils vous jettent, Tout ce que fes yeux vous promettent. CIDIPPE. L'efpoir qui vous appelle au rang de fes amans Un clair difcernement de ce que vous vajez Par un choix plus doux de moitié Cet avis genereux fait pour nous éclater Vôtre illuftre pitié veut en vain nous diftraire Il faut que le pouvoir de Pfiché.... La voici. SCENE III. PSICHE, CIDIPPE, AGLAURE, CLEOMENE, AGENOR. Venez joiir,mafœeur,de ce qu'on vous apprête. AGLAURE. Preparez vos attraits à recevoir ici Le triomphe nouveau d'une illuftre conquête. CIDIPPE. Ces Princes ont tous deux fi bien fenti vos coups; Qu'à vous le découvrir leur bouche le dispose. 4 PSICHE. Du fujet qui les tient fi rêveurs parmi nous N'aiant ni beauté, ni maiffance A pouvoir meriter leur amour & leurs foins, De l'honneur de la confidence- L'aveu qu'il nous faut faire à vos divins appas, Vous voyez en nous deux amis, Qu'an doux rapport d'humeurs fceut joindre des Penfance; Et ces tendres liens fe font vûs affermis Par cent combats d'eftime & de reconnoiffance. Ont de nôtre amitié fignalé les beaux nouds: Oui, de ces deux Etats, Madame, Que fous vôtre heureux choix nous nous offrons d'unir, Nous |