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nelles furent célébrées dans l'église de Ste Thérèse à la Haye, avec toute la pompe que demandoient les dignités dont il étoit revêtu et les circonstances consolantes de sa fin chrétienne. Puisse cet heureux exemple ne pas être perdu ! Il est d'autant plus remarquable que M. de Keverberg étoit connu par l'étendue de ses lumières et de sou instruction, par la force de son esprit et la fermeté de son

caractère.

Sa vertueuse épouse a quitté la Haye et s'est retirée à Haelen avec sa jeune fille, âgée de 8 ans. Son fils aîné, qui en a 18, demeure auprès de sa respectable tante Mme la baronne douairière de Keverberg Kerckelinck d'Aldengoor. Le plus jeune, qui en compte 16, est au college catholique de Katwyk.

MISSION DES JÉSUITES AUX INDES.

EXTRAIT D'UNE LETTRE DU P. WILMET, MISSIONNAIRE BELGE DU

sera

LUXEMBOURG.

Trichinopoli 11 novembre 1841.

Dès notre arrivée ici, notre R. P. Supérieur nous a mis à l'étude du tamoul. Il a bien voulu être lui-mème notre professeur; il nous a donné la clef de cette langue. Et il vient de nous lancer tous quatre dans la sainte carrière. Le dictrict qu'il m'a confié est à 4 lieues d'ici; il y a 8 à 12,000 chrétiens (quelques-uns disent 15,000), il y a une infinité d'idolâtres et beaucoup de schismatiques. Ce ne que dans une quinzaine de jours ou un mois que j'irai m'installer; mais il y a déjà quelque temps que j'y vais tous les dimanches dire la sainte messe, faire les baptêmes, mariages etc. Avant de commencer mon histoire, il faut vous donner quelqu'idée du pays. Nous sommes en hiver depuis le commencement d'octobre; cet hiver dure environ 2 mois ; il consiste en pluies, c'est-à-dire, qu'il pleut tous les 2 ou 3 jours, pendaut quelques heures: cette pluie abondante fait croître le riz et remplit les étangs. Ces étangs fournissent de l'eau tout le reste de l'année pour tous les besoins de la vic. Le reste de l'année, il fait très-chaud depuis 8 heures du matin jusqu'à 5 à 6 heures du soir; on ne voyage guère entre ces heures, à moins que la chose ne presse, comme, par exemple, une extrême onction. Tant qu'on a de l'eau pour arroser, la terre produit tout ce que l'on veut. En toute saison on a du riz nouveau, des légumes, des fruits. La nourriture de l'Indien bourgeois est le riz (il y en a de plusieurs qualités) et pour le pauvre c'est une petite graine. On accommode ce riz et cette graine avec force poivre et autres ingrédients de cette espèce, de manière à vous cuire le palais. Un plat de ce riz, avec un bon verre d'eau, voilà tout votre dîner. On peut pour tant se

procurer une poule (elle ne coûte que 3 sols), des œufs, du lait, café, sucre, des fruits, beurre, fromage et quelquefois du poisson; mais vous sentez bien que le missionnaire errant, qui arrive souvent sans être attendu, ou bien est trop pressé etc., se contente de son petit ordinaire. Quand l'eau est mauvaise, on la fait bouillir, ou on y met quelques goutes de vin ou d'eau de vie. Quant au vin et autres liqueurs, on ne les boiroit pas purs impunément dans ce pays. Ajoutez à cela qu'elles sont très-chères. Pour le pain, il n'y en a que dans les villes où il y a des Anglais; mais je vous assure qu'on peut très-bien se passer de tout cela et que l'aimable Providence sait bien assaisonner tout ce qu'elle nous envoie. Le riz est comme la manne, il tient lieu de tout. Pour le coucher, l'on porte avec soi une toile roulée sur 2 gros bamboux que l'on appuie sur ses malles ou 4 pierres; et voilà un lit de sangle; ou bien on étend sa natte par terre, ou sur de la paille ou une table (quand on en trouve) et on dort très-bien quand on est fatigué. Le logement est une petite barraque qui consiste en 4 murs en terre sourmontés d'un toit de feuilles de palmier ou paille de riz, une fenêtre sans vitre. Les églises sont dans le même geure; elles ne sont vraiment églises que quand le missionnaire y arrange un autel etc. (il porte partout sa chapelle complette). L'habillement consiste 1o En sandales rouges, à bec recourbé comme des patins (N. B. Je parle du costume de voyage et de cérémonie). 2o En pantalon en calicot blanc à jambes larges comme des sacs. 3° Soutane en calicot blanc ou jaune (elle est très-commode et habille bien). 4° Bonnet rouge, rond, de à 8 pouces de hauteur, quasi comme un casque, brodé d'un petit ruban jaune. 5° Un grand salvé (comme un voile de dame) blanc, bordure rouge, jaune etc. Il se met sur le bonnet, l'un des pans retombe sur le bras gauche et le couvre presqu'entièrement, l'autre fait le tour du col et vient couvrir le bras droit, et derrière il fait l'effet d'unc châle. On ne sort jamais sans ce costume, et toujours à cheval ou en palanquin, et toujours accompagné d'un disciple, d'un palfrenier pour soigner le cheval, et un porteur ou deux pour le bagage. Il y environ 3 semaines, arrive un messager d'un village de 100 maisons, à 8 ou 10 lieues d'ici, et demande un prêtre (Souvámi, c'est-à-dire, seigneur, maître,) pour donner l'extrême onction à 3 malades. Je prends mon costume, je monte à cheval et je pars, accompagné de mes gens. C'étoit un vendredi après midi. Une bonne lieue avant d'arriver à mon 1er presbytère, voici un grand vent, et une pluie à gros bouillons. Je fus sur le champ trempé jusqu'aux os. Je descends de cheval, pour ne pas me refroidir, et je marche jusqu'au gîte où j'avois eu la précaution de laisser de quoi changer. Pendant que je marchois ainsi avec mes sandales, et que je bénissois le bon Dieu 1o pour moi, 2o de ce qu'il envoyoit de bonnes pluies à mes bons Indiens, qui soupiroient après, mes gens admiroient mon courage etc. Ils souffroient plus que moi, parce que les Indiens sont à peu près nuds. Le lendemain, samedi, je pars après

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ma messe, et j'arrive à une heure après midi au village des malades. Sur ma route j'ai eu bien des bénédictions à donner; dès qu'on m'apercevoit à l'approche d'un village, tout le monde sortoit des maisons, comme un essaim d'abeilles, se prosternoit etc., m'apportoit les enfants à bénir. Je faisois la croix sur leur front avec le pouce, et ces bonnes gens jetoient des cris d'acclamation et de joie. Quant aux payens, ils me regardoient d'un air fier et triste. Plusieurs demandent aussi la bénédiction. Arrivé près de mon village, tout le monde, vieillards, femmes, enfants, accourent, se prosterneut etc. et m'accompagnent jusqu'à l'église. Après avoir prié quelques instants, je congédie tout ce monde, en parlant un peu de tamoul, et en leur disant que je viendrois bientôt les visiter pour les confesser etc. Alors le chef fait apporter une natte (à l'église), l'étend par terre, et m'invite à prendre un peu de repos en attendant qu'on me préparât à dîner, et qu'on disposât tout pour administrer les malades. A peine ai-je fini mon plat de riz qu'on me dit qu'un des malades alloit plus mal. Je vais vîte les confesser etc. Tout cela me conduisit jusqu'au soir, et comme j'avois dîné un peu tard, je ne demandai pas à souper; il falloit pourtant jeûner jusqu'au lendemain à ou 1 heure et demie après midi. Dans la maison qu'on m'avoit préparée, je trouvai une table qui me servit de lit; la chambre avoit pour porte un rideau. 5 ou 6 individus vinrent se coucher par terre, hors de la maison, devant cette porte; lorsque j'eus fini mon bréviaire, chapelet et prières du soir, je me couchai. A peine au lit, plusieurs Indiens sont venus chanter quelques couplets devant ma porte. Le matin vers 4 heures ou 4 heures et demie je dis ma première messe; non seulement l'église étoit remplie, mais encore la grande place qui est devant. Pendant la messe ils disent à voix haute, ou plutôt ils chantent des prières. Après la messe, je fais huit baptêmes. Je remonte à cheval et je pars pour aller dire ma deuxième messe à 5 lieues plus loin, à mon église mère. Ces bonues gens m'accompagnent jusque hors du village ; je leur donne de nouveau la bénédiction, et ils s'en retournent bien contents. Lorsque je fus seul et que je méditois sur le peu de bien que je venois de faire et sur le grand bien que l'on peut faire ici, et surtout en pensant à la vie apostolique du divin Maître, je pleurois de joie, et je vous assure que j'appréciois bien le bonheur d'être ainsi tout entier au service et à la suite de ce divin Sauveur ! Qu'il est heureux en effet de souffrir et de travailler à la gloire de Dieu et au salut des âmes, et quel bon moyen de se sanctifier! Aidez-moi encore à remercier le Seigneur de cette sublime vocation et à m'obtenir les grâces qui me sont nécessaires pour répondre à un si grand bienfait. Ce ne fut que le lundi matin que je fus de retour ici. Quelques jours après, le samedi qui précédoit la Toussaint, je fus envoyé à 12 lieues, dans le district d'un de nos Pères qui étoit indisposé, j'arrivai là le dimanche matin, et j'y restai jusqu'au soir du dimanche suivant, pour célébrer les fêtes de la Toussaint, faire les mariages, baptêmes etc.

En allant, il s'est trouvé une grande rivière; comment faire pour la passer? Les hommes avoient de l'eau jusqu'au menton. Je desceuds de cheval, l'un prend la selle sur sa tête, l'autre le conduit par le licou. 3 hommes s'accroupissent, 2 entrelacent leurs bras, le 3me. étend ses mains par derrière, les 2 autres mettent les leurs sur les siennes, je m'assieds sur les bras, je mets mes pieds dans leurs mains, et me voilà dans un fauteuil sans dossier; mes 3 hommes se relèvent et portent gaîment leur fardeau jusqu'à bord, bien contens de leur adresse ; j'avois retroussé ma soutane et mon pantalon, de sorte que j'en fus quitte pour un bain de pieds (j'ai oublié de vous dire que l'on ne porte point de bas, et que dans l'église on est pieds nus). Chemin faisant, je fis des baptêmes etc. Dans deux villages, qui étoient prévenus de mon passage, je fus reçu aux sons d'une musique instrumentale, c'est-à-dire, de tambours, de cloches ou timbales, de grandes cornes de 3 ou 4 pieds et qui font un bruit et un vacarme à vous étourdir, et à faire sauter votre cheval. Ils vous reconduisent de même jusqu'au bout de leur territoire, et l'un d'eux (des plus grands) tient le parasol au dessus de votre tête. Les chrétiens fournissent le riz etc., pour le missionnaire et ses gens, l'herbe et l'avoine pour le cheval: quand le missionnaire leur donne un chapelet ou médaille, ils sont heureux. Ils ont beaucoup de confiance dans tout ce qui est béni, surtout aux reliques des Saints.

16 novembre. J'arrive d'une petite excursion, et je profite encore de la présente, pour vous faire voir que l'on ne craint pas autant ici qu'en Europe de recevoir l'extrême onction. Samedi deux hommes de mon district, l'un de 4 lieues et l'autre de 8, viennent m'appeler je pars tout de suite pour me rendre à mon église mère; j'administre la malade le dimanche matin et lui donne le St. Viatique à la messe de 10 heures à l'église (quand les malades le peuvent, on les apporte à l'église), celui de 8 lieues d'ici et 4 lieues de ma 1 paroisse, étoit retourné chez lui, avoit marché toute la nuit, et le dimanche matin, il étoit à ma porte pour me dire que sa vieille mère ne pouvoit pas être transportée si loin, que cependant elle désiroit beaucoup de communier. En conséquence je pars après mon petit dîner, et vais coucher à 4 lieues plus loin, où il y a une assez belle église; le lundi matin mon brave homme fait apporter sa mère d'une lieue de là; je la confesse, lui donne l'extrême onction et la Ste. Communion. Je vous assure, mon cher ami, que tout cela donne bien de la consolation au missionnaire. Chemin faisant, j'ai rencontré les chefs de 50 schismatiques qui veulent revenir à l'Eglise. Tout est arrangé, ils viendront se confesser samedi, et dimanche ils feront leur amende publiquement à genoux, un cierge à la main.

LA FRANC-MAÇONNERIE MIEUX CONNUE,

Ou exposé abrégé de l'origine, des principaux développemens, des constitutions, des ressources, des cérémonies, des doctrines et des œuvres de la Franc-maçonnerie, par L. de Schilt. Lille 1841, petit vol. in-32.

Nous voudrions qu'un écrivain grave et ins ruit se chargeât de nous faire un bon manuel de l'histoire des sociétés secrètes modernes; nous recommanderions ce livre à la jeunesse et à tous ceux qui ont l'obligation de la conduire, au clergé, aux parens, aux maîtres. Le simple exposé des faits, appuyé de preuves suffisantes, éclaireroit l'esprit droit de ceux que la corruption n'a pas encore atteints et seroit un utile préservatif contre la séduction qui les attend. Les Mémoires de M. Barruel pourroient servir de fond à cet ouvrage ; il faudroit y ajonter un tableau du carbonarisme et des autres associations mystérieuses au 19° siècle. Mais l'ensemble ne devroit pas être long. Il faudroit qu'on pût le lire sans ennui et en peu de temps. En répandant cet ouvrage dans les colléges, dans les maisons d'éducation, dans les pédagogies, en le donnant fréquemment pour prix aux élèves et en le plaçant dans toutes les bibliothèques populaires, il est probable qu'on obtiendroit des résultats satisfaisants et que les émissaires des loges auroient un peu plus de peine à faire des recrues et à compléter leurs cadres.

Ce manuel n'existe pas, et le petit ouvrage que nous annonçons, est loin de pouvoir en tenir lieu. Il est trop abrégé, trop superficiel, et il ne contient presque pas de détails sur l'état actuel de la maçonnerie. Tel qu'il est cependant, il ne nous a pas paru inutile, et nous souhaitons qu'il soit lu par les jeunes gens, en attendant qu'on ait quelque chose de moins incomplet à leur offrir. Le titre annonce tout ce qu'il contient. Il se compose de sept chapitres consacrés aux objets qui y sont indiqués.

La conclusion, où l'auteur cite quelques réflexions de Bossuet sur les sectes du moyen-âge, termine bien le petit ouvrage.

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