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11 avril 1841. Il recommande aux diverses autorités une surveillance odieuse sur la conduite du clergé. Un article ordonne de priver de leurs cures les ecclésiastiques qui ont suivi la cause de Charles V et qui n'ont pas été légitimement réhabilités.

Le projet de loi qui défend toute relation avec la cour de Rome paroît ajourné. Le ministère ne s'accorde pas tout entier là-dessus, et tous les membres du cabinet ne sont pas du sentiment d'Alonzo, auteur de la loi. On prétend savoir que dernièrement dans une conférence entre le régent et l'archevèque de Tolède, ce dernier qui vouloit quitter l'Espagne en cas que la loi ue fût pas retirée, a consenti à différer son départ.

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I

Les finances sont toujours dans l'état le plus déplorable. Il est impossible au gouvernement de faire monter le budget de recettes au delà de 750 millions de réaux (187 1/2 millions de frs), tandis qu'il n'a aucun moyen, avec le système actuel, de diminuer celui des dépenses qui monte à 1 milliard et 300 millions (375 millions de frs.) S. A. R. l'infant don François de Paule avec sa famille est enfin arrivé à Madrid le 16 avril, après en avoir obtenu la permission d'Espartero. Les autorités locales avoient été au-devant de lui à quelque distance. Il est allé, avec le comte de Parsent, rendre visite au régent. Les infants ont été ensuite admis à voir les princesses leurs illustres nièces; mais ils ne les ont vues qu'en présence de leur tuteur et du président du conseil. Il paroît qu'ils auront pour séjour la ville de Séville.

PORTUGAL. Le 16 mars, la reine a mis au monde un enfant robuste du sexe masculin. Le Souverain pontife será, dit-on, le parrain du jeune prince et se fera représenter par son internonce, Mgr. Capaccini. Si la chose est vraie, c'est l'indice d'un rapprochement bien désirable pour l'église du Portugal.

Les cérémonies de la Semaine sainte ont été célébrées à Lisbonne avec toute la splendeur possible. Mgr. Capaccini a officié le jeudi saint dans l'église de Notre-Dame de Lorette des Italiens, et les autres jours il a assisté, dans la chapelle royale du palais des Necessidades, aux offices qu'on y a célébrés avec plus d'éclat que les années précédentes.

Une commission a été nominée pour traiter avec l'internonce les différentes questions religieuses du pays. Elle se compose du patriarche, de l'évêque des Algarves, du duc de Palmella et de M. Pinto de Magelhaes. Les bases du concordat que l'envoyé du Saint-Siége est autorisé à conclure, seroient, d'après une correspondance, le rétablissement sur leurs siéges des évêques exilés ou expatriés, le rétablissement de quelques ordres religieux, la restitution des biens qui appartenoient à ces couvents, etc. D'un autre côté, on prétend que le nouveau ministère se montre peu disposé à faire des concessions.

RUSSIE. Un ukase du 22 février charge la commission des finances du royaume de Pologne de l'administration des anciens

biens des Jésuites, et des propriétés appartenant au fonds d'instruction dans ce royaume. Un autre ukase, relatif à la conversion des Israélites au christianisme, statue, entr'autres, que, quand les juifs se convertissent, le baptême doit aussi être donné aux enfants jusqu'à la septième année. Cependant, si c'est sculement le père ou la mère qui se convertit, alors, dans le premier cas, on baptisera les fils, et dans le second les filles.

-La Russie compte aujourd'hui 6 universités, auxquelles sont attachés 415 professeurs et fonctionnaires. Le nombre des étudiants est de 2,740. Les bibliothèques de ces 6 universités contiennent 289,396 volumes, tandis que la grande bibliothèque impériale de St.-Pétersbourg en compte à elle seule 416,086 et 17,264 manuscrits. Il existe de plus dans l'empire 3 lycées et 75 gymnases, comptant 16,968 élèves; 1,983 écoles primaires, auxquelles sont attachés 5,973 instituteurs et comptant 97,561 élèves.

PRUSSE. Depuis long-temps on a reconnu dans ce royaume l'insuffisance de la législation sur le duel. Le roi vient de donner l'ordre de combler cette lacune sur la base des considérants dont la cour d'appel de Cologne a appuyé un arrêt du 10 juillet 1820. Suivant ces considérants, la provocation, soit verbale, soit par écrit, entraînera contre le provocateur et ses complices la peine portée par les lois contre le délit d'injures avec circonstances aggravantes, peine qui consiste en un emprisonnement plus ou moins long. La convention d'un duel entraînera en outre, quel qu'en ait été le résultat: 1° La perte du droit d'être nommé représentant ou électeur; 2o la perte des fonctions et dignités militaires ou civiles, ainsi que celle de tous les priviléges et concessions accordés par l'Etat; 3o la perte de la noblesse; 4o la perte des ordres et décorations. Ces peines seront applicables non seulement aux duellistes, mais encore à leurs témoins et seconds individuellement et solidairement. En cas de mort ou de blessures graves, provenant d'un duel, les parents de la victime pourront aussi intenter une action civile à tous les complices solidairement. Quiconque, outre la provocation, se sera rendu coupable d'un acte déloyal pendant le combat, sera poursuivi comme prévenu de meurtre ou de blessures graves avec préméditation.

FRANCE. La retraite donnée par M. l'abbé de Ravignan à l'église de Notre-Dame à Paris, a eu des résultats qu'on regarde comme un événement. Elle a été close par une communion générale le jour de Pâque. La veille au soir, MM. les chanoines, qui avoient secondé M. l'abbé de Ravignan, ont présidé aux dispositions que nécessitoit la cérémonie du lendemain. La nef a été réservée aux hommes, qui devoient recevoir le pain eucharistique, et elle a offert une réunion remarquable, non pas seulement de jeunes gens, dont le nombre étoit grand, mais d'hommes appartenant aux classes élevées et savantes, tels que des membres de l'Institut, de l'Ecole polytechnique, de l'Ecole normale. Les dames étoient réunies, plus

loin, pour la communion. M. l'archevêque, qui, à raison de la solennité du jour, devoit célébrer la messe capitulaire, a confié à M. l'abbé de Ravignan la mission de distribuer aux retraitans le pain de vie qu'ils venoient chercher avec un recueillement si touchant et une piété si vive, que les yeux étoient mouillés de larmes. Grâce aux mesures adoptées, tout s'est passé sans la moindre confusion et avec une régularité parfaite. Pendant que M. de Raviguan distribuoit d'un côté la sainte Eucharistie, M. Morel, chanoinearchiprêtre, la distribuoit de l'autre. On peut évaluer au moins à deux mille cinq cent le nombre des communians, et plus de quinze cent étoient des hommes que l'incrédulité, les passions ou le respect humain enchaînoient naguère, et qu'une parole d'apôtre avoit enfin ramenés à la pratique des devoirs chrétiens. A cette vue seule, plusieurs conversions se sont opérées.

La circulaire suivante a été distribuée dans les casernes et dans les divers postes de la ville de Lyon :

» Braves soldats!

» Vous avez à remplir des devoirs religieux.... Ils vous donneront force et courage pour accomplir vos devoirs militaires, et pour prix l'immortalité. Des frères qui, sous d'autres uniformes que les vôtres, vous sont dévoués, vous invitent à des instructions qu'ils vous adresseront dans l'église de la Charité, les 18, 19, 21, 22, 23, 25 et 26 mars, de midi à deux heures. Vos chefs autorisent votre présence à ces réunions, qui sont exclusivement destinées aux militaires.» (1)

On se flattoit que l'émir Abd-el-Kader étoit plus ou moins découragé et qu'il n'oseroit plus de si tôt relever la tête. Mais on se trompoit. Le 21 mars, le général Bedeau étoit avec 6 bataillons et quelque peu de cavalerie aux environs de Tlemcen, en route pour El-Bridj, quand vers 9 beures on lui annouça la présence de deux corps de troupes ennemies vers Hanaya et Saffsif. C'étoit l'émir en personne, accompagné de plus de 1,5000 cavaliers et de 3,000 fantassins de la tribu des Beni-Soussen. Le général Bedeau joignit d'abord un groupe de 6 à 700 de ces derniers, leur tua 70 hommes et en prit 15. Mais apprenant qu'Abd-el-Kader, au lieu d'engager le combat, se retiroit par la vallée de la Sicka, il ne poursuivit pas les fuyards; et laissant trois bataillons avec le convoi qu'il conduisoit, il courut avec les trois autres, débarrassés de leurs sacs vers la Sicka. A 4 heures, il se trouva en présence d'Abd-el-Kader, et ce fut seulement alors qu'il connut les forces qui l'accompagnoient, et qu'on évalue à 4,000 hommes. Il forma un carré de tirailleurs avec 4 réserves de 150 hommes chacune. Il mit au centre du carré une pièce de montagne, un détachement du 41o et 150 cavaliers arabes du goum de Mahomed Ben-Abdallah. Abd-el-Kader, loin

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(1) Nous voudrions avoir des exemples semblables à citer dans notre pays.

de se retirer, passa la rivière, et le combat s'engagea. Mais les cavaliers arabes du Maroc qu'il avoit avec lui et les fantassins des Beni-Snussen ralentirent leur feu au premier coup d'obusier des Français. Les cavaliers réguliers, au nombre de 200 environ, se battirent seuls avec acharnement. Aussi eurent-ils trois sciafa tués, au-delà de 15 chevaux tués, et une quarantaine d'hommes tués ou blessés. La nuit permit au gros de la troupe de se retirer, sans avoir pu être entamé par les 3 bataillons qui gardoient le convoi et qui tâchoient de le rejoindre. Le général Bedeau partit le lendemain à 2 heures du matin avec 2,000 hommes sans sacs, espérant trouver l'ennemi à Sidi-Brahim. Mais ce fut en vain; les Arabes avoient disparu. En revenant au camp, on trouva plusieurs cadavres, plusieurs chevaux morts et une quantité considérable de sacs abandonnés par les Beni-Snussen. On ne croit pas exagérer en estimant à 150 le nombre d'hommes perdus par l'ennemi. Les Français eurent 4 hommes tués, et dans ce nombre le capitaine Guide, du 10 bataillon de chasseurs à pied, et 24 blessés, parmi lesquels M. Baucher, sous-lieutenant. Le combat de la Sicka ne dura pas plus de trois quarts d'heure. Du reste, il paroît que, malgré cet échec, Abd-el-Kader est parvenu à réunir de nouveau les Beni-Snussen et autres tribus du Maroc et qu'il s'est porté chez les Traras qui se sont soumis.

Le 29 mars au matin, le général Bugeaud, gouverneur de l'Algérie, quitta Alger avec un corps de 6 à 7,000 hommes. La brigade du général Chargarnier se joignit à lui à Blidah. Ces forces parcoururent et ravagèrent le territoire des Beni-Menasser, qui n'avoit pas encore été atteint par les Français, en représailles des hostilités continuelles et des assassinats commis par eux sur la garnison et les colons de Cherchell. On leur avoit plusieurs fois offert la paix, avec l'appui de cette garnison contre les gens d'Abdel-Kader. Ce sont eux qui firent feu en pleine paix sur un vaisseau français que la tempête forçoit de se réfugier au mouillage de Cherchell. L'équipage se sauva dans la chaloupe, et le navire fut pillé et détruit parl es mêmes Arabes. Cet acte de piraterie décida le maréchal Valée à faire occuper la ville. On prétend que le général Bugeaud, après avoir visité Médéah et Miliana, reviendra à Alger pour en repartir presqu'aussitôt avec le duc d'Aumale qu'on attend. -La population européenne en Algérie étoit ainsi divisée au 31 décembre 1841: Alger, 20,982 habitants; Oran, 5,301; Bone, 4,030; Philippeville, 3,823; Bougie, 432; Cherchell, 333; Mostaganem, 826. Total, 35,727. L'année auparavant il existoit 28,197 habitans. Augmentation 7,530. Le gouvernement paroît bien décidé à garder cette colonie et à s'y affermir.Le maréchal Soult, ministre de la guerre et président du conseil, appelé dans la commission des crédits extraordinaires, a déclaré que la guerre doit être continuée, telle qu'elle est faite par le général Bugeaud; que les succès sont immenses; que les tribus les plus rebelles se d'étachent

d'Abd-el-Kader; qu'il faut occuper d'une manière permanente Mascara, Mostaganem, Cherchell, Milianah, Bone, Sétif, Constantine. Le maréchal a ajouté que le gouvernement ne peut se prononcer d'une manière plus positive, et que l'impatience des chambres, qui remettent tous les ans cette affaire en question, ne peut faire que du mal.

-Le maréchal Moncey, duc de Conegliano, pair de France et gouverneur de l'hôtel des Invalides, est mort le 20 avril, dans sa 88° année. Le maréchal Clausel vient aussi de mourir à Toulouse. C'étoit le plus jeune des maréchaux de France; il étoit né en 1772. Ces deux décès réduisent le nombre des maréchaux existants à 7. Ce sont MM. Soult, duc de Dalmatie, Oudinot, duc de Reggio, le comte Sébastiani, Molitor, Grouchy, Gerard et le comte Valée. On ne compte plus les maréchaux Marmont, duc de Raguse, et Bourmont.

WURTEMBERG. Le bruit court généralement à Stuttgard que Mgr. l'évêque de Rottenbourg ne retournera plus à la chambre des députés. Plusieurs pétitions concernant l'état du catholicisme dans le Wurtemberg, ont été présentées dans ces derniers temps à la première chambre, qui sera naturellement contrainte de s'expliquer à ce sujet. La plupart des seigneurs médiatisés sont catholiques, et ils tiennent fermement aux droits octroyés à l'église par la constitution. Bien qu'il n'y ait plus d'espoir de voir passer la motion de Mgr. l'évêque de Rottenbourg, il n'en est pas moins vrai que de vifs débats ne peuvent manquer de s'engager encore sur la question religieuse.

SARDAIGNE. Le roi, à l'occasion du mariage de son fils aîné avec l'archiduchesse Marie-Adelaïde, a voulu montrer sa clémence envers ceux de ses sujets qui ont été condamnés pour crimes potitiques en 1821. Une ordonance royale du 26 mars abolit, pour les individus mentionnés dans les lettres patentes des années 1832, 1834, 1836, 1837, 1838, 1839, 1840 et 1841, tous les effets résultant de leurs condamnations respectives et les réintègre dans la jouissance de leurs droits civils, remettant en même temps les peines encourues à ceux des autres qui, coupables de crimes politiques, n'auroient été prévenus postérieurement d'aucun autre crime contre la sûreté intérieure ou extérieure de l'Etat, et ordonnant en outre que leurs biens confisqués leur soient rendus avec les arrérages, sans préjudice des droits acquis par des tiers et des droits particuliers de leurs époux et de leurs épouses.

TURQUIE. Le gouvernement adressa le 5 mars aux représentans des puissances de second ordre, une circulaire pour les inviter à s'associer au traité du 13 juillet concernant la fermeture du détroit des Dardanelles et signé avec les grandes puissances. Cette circulaire n'étoit ni signée, ni adressée à chaque légation en particulier, et les grandes puissances y étoient traitées d'illustres. En conséquence, les représentans des puissances de second, de troisième et de qua

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