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An 872. feignoit de lui être fidele. Mais comme il avoit congedié fes troupes, ce traitre voulut le furprendre dans fon palais, lorfqu'il dormoit fur le midi. L'empereur le fauva dans une tour & s'y défendit trois jours enfin l'évêque de Benevent obtint qu'on le laifferoit fortir en faifant un ferment. On apporta des reliques, l'empereur jura avec l'imperatrice, la princeffe sa fille & tous les fiens, que jamais il ne poursuivroit la vangeance de cet attentat, & ne viendroit en armes fur les terres de Benevent. Etant ainfi forti, il prit le chemin de Ravenne, & manda au pape Adrien de venir à fa rencontre pour l'abfoudre de ce ferment lui & les fiens. L'année suivante 872. l'empereur vint à Rome à la pentecôte & y fut couronné par le pape Adrien, apparemment pour le royaume de Lothaire. Il fe plaignit en pleine afsemblée dela trahifon d'Adalgife, qui fut déclaré par le fenat ennemi de l'état. L'empereur marcha enfuite à Benevent: mais Adalgife foutenu par les Grecs ne fut pas facile à reduire, & la guere dura jufques en 873.

Avant qu'elle fut finie le pape Adrien mourut au mois de Novembre 872. aprés avoir tenu le S. fiége prés de cinq ans ; & le dimanche quatorziéme de DéAn. Bertin.872. cembre on lui donna pour fucceffeur Jean VIII. du nom alors archidiacre de l'église Romaine, qui tint le faint fiége dix ans. Comme il avoit tenu fur les fonds An. Bertin 873. un des enfans d'Adalgife, l'empereur Louis, qui craignoit de ne pas finir à fon avantage la guerre contre ce duc, envoya prier le pape Jean de le venir trouver à Capoue & de les reconcilier, afin qu'il parût n'avoir pardonné au duc qu'à la priere du pape,

XXVI. Carloman a

Ann Bertin.873

Tom. 9. conc.

p. 258.

En France le roy Charles fachant que les mécon- An. 873. tens de fon royaume mettoient toûjours leurs efpe- xxvI. rances dans fon fils Carloman: fit aflembler en 873. veugle. un concile à Senlis, où il faifoit garder ce prince. Charles y prefenta fa plainte adreffée à Ansegise archevêque de Sens & à Hildegaire évêque de Meaux, parce que ce dernier.avoit ordonné diacre Carloman, & qu'Anfegife étoit fon métropolitain. La plainte s'adrefloit auffi aux évêques de la province de Reims, parce que Senlis en dépend, tous dirent leurs avis;& par le jugement du concile, Carloman fut dépofé du diaconat & de tout dégré ecclefiaftique, & reduit à la communion laïque: mais ce jugement loin de décourager les mécontens releva leurs efperances. Ils dirent que ce prince n'étant plus ecclefiaftique, rien ne l'empêchoit de regner; & refolurent de le mettre en liberté à la premiere occafion. Ce que le royCharles ayant apris, il le fit juger de nouveau, pour les crimes dont les évêques n'avoient pû prendre connoiffance, & il fut condamné à mort. Mais pour lui donner le tems de faire penitence, & lui ôter le moyen d'exécuter ses mauvais deffeins: il fut refolu tout Ann. Fuld-873; d'une voix de lui faire crever les yeux, & telle fut la trifte fin de fon ordination forcée.

XXVII.

de Douzi. Dude

relig.

L'année fuivante 874. le treiziéme de Juin, le roy Second concile Charles fit affembler un fecond concile à Douzi, compofé d'évêques de plufieurs provinces. Ce concile écrivit une grande lettre aux évêques d'Aquitaine, contre deux abus frequents en ce tems-là, les mariages inceftueux & l'ufurpation des biens d'églife. Pour autorifer les mariages entre parens, on vouloit fe prevaB bb ij

An. 874.
Sup. liv. xxxvi. avec les

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loir de l'indulgence dont avoit ufé faint Gregoire avec les Anglois au commencement de leur converfion: mais il ajoûtoit, que quand ils feroient affermis dans la foi, ils obferveroient la parenté jufques à la feptiéme generation.

Ce même concile fit un decret au fujet d'une religieuse nomméeDude, qui pour devenir abesse avoit fait un complot avec un prêtre nommé Humbert, auquel elle s'étoit abandonnée. Elle l'avoit engagé à écrire des lettres à diverfes perfonnes, pour faire déposer son abeffe, & fe faire mettre à fa place. Humbert porta ces lettres jufques aux commiffaires du roy: devant lefquels il fut convaincu de menfonge, de parjure, d'infidelité & de calomnie contre l'abeffe, à laquelle il avoit fait ferment; & contre fon fuperieur. Dude étant devenue groffe, déclara que c'étoit du prêtre Humbert: mais il le nioit; & demandoit d'être reçû à s'en purger par ferment, & faire jurer d'autres prêtres de fon innocence, fuivant l'ufage du tems. Deux religieufes Berte & Erprede étoient complices du crime de Dude, comme elles avoient confeffé.

Le concile déclare le prêtre Humbert non-recevable à fe purger par ferment du crime commis avec Dude, comme ayant été déja convaincu de parjure & de calomnie. Et parce que fuivant les loix & les canons les crimes doivent être examinés & jugés fur les lieux : il eft dit que des députés du concile fe tranfporteront au monaftere avec des commiffaires du roy. Ils interrogeront féparement les religieufes,pour voir fi elles perfifteront dans leurs dépofitions. Dude sera interrogée du tems & du lieu où elle a commis le

crime; & on lui en reprefentera l'énormité, foit de ce An. 871. lui dont elle s'accuse, foit de la calomnie. On interrogera féparement les deux religieufes complices : pour voir fi elles perfiftent. On interogera auffi le prêtre Humbert: s'il confeffe, on le fera venir devant la communauté avec Dude & leurs complices, pour y réïterer leur confeffion. Si Humbert denie, il viendra devant les députés du concile;les commiffaires du roy, les prêtres & les clercs du monaftere, l'abeffe & fa communauté. Dude & fes complices y viendront auffi, & le convaincront, en raportant les circonftances du tems & du lieu dont chacune aura connoiffance. S'il confeffe, fa penitence fera plus douce: mais s'il perfifte à nier, on fera jurer Dude & fes complices de dire verité; puis elles porteront leur témoignage contre Humbert: qui fe trouvant ainfi convaincu par trois témoins, fera déposé au nom du concile par les députés, & envoyé en exil perpetuel en païs éloigné par les commiffaires du roy. On l'enfermera dans un monaftere pour faire penitence: ne lui laiffant que la communion laïque.

Quant à Dude, aprés lui avoir lû les autorités des peres & la regle de faint Benoift, pour lui montrer l'énormité de fon peché, on la mettra en penitence. Et premierement elle fera fouettée de verges fur le dos nud, en prefence de l'abesse & des fœurs, mais fans qu'il y ait aucun homme : elle demeurera trois ans féparée de la communauté, fans entrer dans l'oratoire, fuivant le vingt-cinquième chapitre de la regle : les trois années fuivantes elle priera avec les fœurs, non dans le chœur, mais der Bbb iij

An. 874.

C. 64.

n.

XXVIII.

d'Hincmar.

riere la porte au lieu qui lui fera marqué, enforte qu'elle foit vûë de tout le monde. La septiéme année elle ira à l'offrande, mais la derniere de toutes; & aprés les fept ans elle recevra la communion du corps & du fang de N. S. fi elle a dignement accompli fa penitence. Tout le refte de fa vie elle s'exercera à l'humilité & à la mortification : mais l'abesse prendra garde, fuivant la regle, de ne la pas traitter avec une rigueur indifcrete.

Hincm. tom. 1.

p. 732.

6. I.

Les deux complices Berte & Erprede ont dû découvrir le crime dont elles avoient connoiffance: n'étant pas obligées au fecret comme les confeffeurs. Elles feront donc châtiées de verges modérément, & feront penitence à proportion comme Dude ; mais pendant trois ans feulement. Ce decret auffi bien que la lettre fynodale font apparemment l'ouvrage d'Hincmar: comme on peut juger par la longueur du ftile & la multitude des citations.

La même année il tint un fynode au mois de Statuts Synod Juillet, où il donna à ses curez les cinq articles fuivants. On dit que des prêtres de nôtre diocese negli gent leurs paroiffes, & reçoivent la prebende dans 30.8.cons. p. 587 le monaftere de Montfaucon;& que des chanoines du même monaftere prennent des paroiffes à la campagne. On apelloit prebende, la livrée ou distribution en efpeces, que chaque chanoine recevoit pour fa fubfiftance: d'où vient qu'on a pris enfuite ce mot pour une place de chanoine. Hincmar raporte enfuite les canons, qui défendent aux clercs de paffer d'une églife à l'autre, & encore plus d'en tenir deux enfemble. Ceux ci veulent, dit-il, avoir en même tems la

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