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Parce que tu auras permiffion de retourner à ton corps, nous te prions, mes confreres & moi, de nous aider. J'ai répondu : Comment puis-je vous aider? Il m'a dit: Va trouver nos vaffaux clercs & laïques, à qui nous avons fait du bien, & leur demande pour nous des aumônes, des prieres & des meffes. J'ai répondu, que je ne favois où étoient leurs vaffaux; & ils m'ont donné un guide, qui m'a mené à un grand palais, où étoient quantité de vaffaux de ces évêques, qui parloient d'eux. Je me fuis acquité de ma commiffion, puis je fuis revenu avec mon guide au lieu où étoient les évêques ; & je les ai trouvés le vifage guai, comme rafés & baignés de nouveau, revêtus d'aubes & d'étoles, mais fans chafubles. Et Ebbon m'a dit : Tu vois combien ton message nous a fervi. Nous avons eu jufques ici un gardien trés rude comme tu as vû : maintenant nous fommes fous la garde de faint Ambroife.

que

les os

Delà je fuis venu dans un lieu tenebreux, d'où on en voyoit un autre trés-éclairé, fleuri & parfumé. Dans ces tenebres étoit couché le roy Charles, dans la bouë que produifoit la pourriture de fon corps: les vers le mangeoient, & il ne lui reftoit & les nerfs. Il m'a appellé par mon nom, & m'a dit: Pourquoi ne m'aides-tu pas ? va trouver l'évêque Hincmar & lui dis, que je fouffre ce que tu vois, pour n'avoir pas fuivi fes bons confeils, & ceux de mes autres fidéles ferviteurs: dis lui, comme j'ai toûjours compté fur lui, qu'il m'aide, & prie de ma part tous mes ferviteurs d'en faire autant: car s'ils font quelque effort je ferai bien-tôt délivré de cette peine.

Je lui ai demandé quel étoit ce lieu d'où venoit une si An 877. grande lumiere, & une fi agréable odeur. C'eft m'a-t-il dit, le féjour des bienheureux. Je m'en fuis approché, continuoit Bernold, & j'y ai vû des beautés & des délices que le langage humain ne peut exprimer. J'y ai vû une grande multitude de perfonnes vêtuës de blanc, qui fe rejouiffoient; & des fiéges lumineux, dont une partie étoient préparés pour d'autres, qui n'y étoient pas encore. Sur ce chemin j'ai vu une église, où étant entré j'ai trouvé Hincmar avec fon clergé, preparé & revêtu pour chanter la meffe. Je lui ai dit ce que le roy Charles m'avoit ordonné ; & aussi-tôt je suis revenu au lieu où étoit le roy, que j'ai trouvé dans la lumiere, en parfaite fanté, & revêtu de ses habits royaux ; & il m'a dit : Tu vois combien ton meffage m'a fervi.

Bernold vit encore l'évêque Jeffé, & un comte nommé Othaire qui fouffroient, & qu'il foulagea comme les autres ; & on lui promit à lui même quatorze ans de vie. Ayant raconté fa vifion à fon confeffeur, il demanda la communion qu'il reçût : puis temoigna avoir appetit, on lui donna à manger, & deflors il fe porta bien. Hincmar ayant appris cette histoire fit venir le prêtre qui avoit confesse Bernold, & qui étoit homme sense & vertueux; & lui ayant fait tout raconter, il le crut veritable: ayant lu des merveilles femblables dans les dialogues de faintGregoire, dans l'hiftoire de Bede, & les écrits de faint Boniface de Mayence, & enfin dans le recit de la sup. iv, xeva, vifion de Vetin. Il écrivit donc une lettre à tous les fideles, où aprés avoir raconté cette histoire, il

n. 54.

An. 877.

XLVI.

d'Hincmar.

Hincm; to. I

P. 591.

les exhorte a être toûjours en crainte pendant cette vie, touchant la demeure qu'ils devoient avoir aprés la mort, & à ne pas négliger les remedes que Dieu nous a preparés : fur tout à prier pour le roy Charles & pour les autres défunts. Hincmar avoit donné depuis peu, c'est-à-dire, Capitulaire l'onziéme de Juillet 877. une inftruction à deux prêtres qu'il établiffoit archidiacres. Elle tend prefque p. 38. to.s.conc. toute à les détourner des exactions fordides, qui apparemment étoient pratiquées par d'autres. Quand vous vifiterés, dit-il, les paroiffes de la campagne, vous suivrés mon exemple, & ne ferés point à charge aux curez. Vous ne menerés point avec vous de gens inutiles, & ne ferés point de longs féjours chéseux: vous ne vifiterés point les paroifles, pour vivre aux dépens d'autrui, mais pour inftruire les prêtres & le peuple, & vous informer de leur conduite. Vous ne demanderés rien aux curés, en argent ou en efpeces, comme des cochons de lait, du poiffon, des fromages, pour en donner des repas à vôtre retour: vous ne prendrés rien pour vôtre vifite, ou quand ils viendront querir le faint chreme, s'ils ne l'offrent volontairement.

Vous ne réunirés, ni ne diviferés les paroiffes à la priere de perfonne ; & ne soumettrés point à d'autres églifes celles qui de tout tems ont eu des prêtres. Vous m'envoyerés chacun pour vôtre détroit un état de toutes les églifes & les chapelles ; vous ne permettrés à perfonne d'avoir de chapelle domeftique fans ma permiffion;& vous m'envoyerés un état de toutes celles qui ont été établies depuis le tems

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d'Ebbon. Vous ne recevrés point de prefens des
prêtres, pour diffimuler leur mauvaife réputation: ni
pour differer la réconciliation des penitens, ou les
négliger aprés leur reconciliation. Si quelqu'un re-
tombe donnés m'en avis, afin que vous fachiés ce
que vous & les curés en devés faire. Informés-vous
exactement de la vie & de la fcience des clercs
vous amenerés à l'ordination ; & ne vous laiffés pas
gagner par prefens, pour en amener d'indignes. S'il
faut établir un nouveau doyen, refervés-m'en l'élec-
tion, fi je fuis proche ; & fi je fuis loin, établissés -en
un par provision. On void ici l'antiquité des doyens

ruraux.

que

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XLVII.

Affaires d'Italic

1, Reg. 11. 30.

La mort de l'empereur Charles releva fort les efperances de fon neveu Carloman roy de Baviere ; & croyant aisément parvenir au royaume d'Italie, & à la dignité imperiale, il écrivit au pape, des lettres où il lui promettoit de relever l'églife Romaine plus qu'aucun de fes prédeceffeurs. Le pape lui répondit: Vous en recevrés la récompenfe de celui qui promet d'honorer ceux qui l'honorent. Quand vous ferés re- Epift. 63. venu de vôtre conference avec vos freres, nous vous envoyerons les articles de ce que vous devés accorder à l'église Romaine; & enfuite une legation plus folemnelle, pour vous amener à Rome avec la décence convenable, & traiter ensemble du bien de l'état, & du falut du peuple chrétien. Alors je vous prie de ne donner aucun accés auprés de vous à ceux qui nous font infidéles, & qui en veulent à nôtre vie, de quelque maniere que vous puiffiés les connoître. J'envoye fuivant la coûtume le pallium que

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An.877.

vous avés demandé pour l'archevêque Theotmar; & je vous prie de le charger de nous faire tenir tous les ans à Rome les revenus des patrimoines de faint Pierre situés en Baviere. C'étoit l'archevêque de Juvaue ou Salfbourg, à qui le pape écrit auffi en particulier; & ces deux lettres font du mois de Novembre 877. Le pape réfolut enfuite d'aller lui-même trouver Carloman.

les

Sergius duc de Naples s'opintatroit toûjours, à foû tenir l'alliance qu'il avoit faite avec les Sarrafins, nonobftant l'excommunication du pape. Enfin fon propre frere l'évêque Athanafe le prit, lui fit crever yeux, l'envoya à Rome, & fe fit reconnoître à fa place duc de Naples. Le pape approuva extrêmement ce procedé, comme on void par les lettres qu'il en Epift. 66. écrivit à l'évêque & aux Napolitains. Il louë l'évêque Matth. v. 29. d'avoir aimé Dieu plus que fon frere, & arraché son

X.37.

œil qui le fcandalifoit felon le precepte de l'évangile: & d'avoir fait ceffer dans Naples la domination des féculiers, qui y commettoient beaucoup de crimes; pour y établir un homme de la maison du feigneur, qui gouverne avec juftice & fainteté. Il loue les Napolitains d'avoir puni Sergius, & choist leur évêque pour juge & pour gouverneur : ce qu'il attribue à l'inspiration divine, & leur promet dans 1. Cang: gloss. Pâques quatorze cent marcs d'argent. La fuite fera voir par quel efprit agiffoit l'évêque Athanafe.

Epift.67.

Epift. 67.

Cependant le pape n'ayant point eu de secours de l'empereur Charles contre les Sarrafins ; & n'en efperant guere de Carloman, ni des autres princes qui regnoient à lors: fut enfin obligé de traiter avec les

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