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Difons encore un mot de l'Homme fuperieur: fi par hazard il se trouve dans le monde avec de grands médiocres, & qu'on vienne à parler d'ouvrages, quel parti croyez-vous que lui fera prendre fa vanité? de mettre les fiens fur le tapis? Non, Madame : mais bien ceux des grands médiocres.

Dans le monde on eft fort perfuadé que ces Meffieurs ont de l'efprit; mais comme cet efprit eft entre deux feux, ni excellent, ni médiocre, la réputation qu'il leur produit, eft comme indécife; on ne sçait pas bien juf qu'à quel dégré d'eftime il faut les ho norer: parler d'eux alors, leur donner occafion de briller, c'est donner fujet aux autres de les eftimer plus hardiment, & de fe déterminer du moins fur leur compte le plus favorablement qu'il fera poffible; c'eft leur procurer une bonne fortune de paffage.

Vous me demanderez pourquoi leur prêter ce fecours, & fe taire fur fon chapitre ?

Tout doucement,Madame; car voici un des plus fins & des plus fuperbes procedés de l'amour propre, dans notre Auteur; voyons ce qu'il penfe,

Il s'agit d'ouvrages: fi je parle des miens, mes inferieurs parleront des leurs; on me louera, on les louera de même, & me voilà compromis : car ils feront comparaifon avec moi; non, non, faifons garder le refpect qui m'eft dû: je fuis déshonnoré fi l'on me loue, & l'éloge ici le plus digne de moi, c'est de n'en point recevoir. Qu'ils brillent au contraire ces inferieurs, & qu'ils brillent par moi-même; le Géant a bonne grace à louer la taille des Hommes; c'eft montrer à l'oeil fa grandeur & leur petiteffe: à leur égard, ils ne remarqueront pas l'affront que leur fera mon fuffrage; la remarque eft au-deffus d'eux.

Voilà, Madame, ce que fignifie le fecours dont vous vous étonniez, & que notre Auteur prête aux grands médiocres.

Une autrefois, Madame, nous verrons le refte: je vous parlerai des médiocres, enfuite des Traducteurs, ou des amateurs des Anciens : vous verrez les combats qu'ils ont livrés aux modernes, & leurs malheurs : préparez-vous, en attendant, à les regarder comme une famille ruinée, où

tout le monde,jufqu'aux domestiques, fe plaint de la partie adverse, & des indifferens même au procès.

LETTRE A UNE DAME,

Sur la perte d'un Perroquet.

Par M. de M***.

A Paris, le jour qu'un Filou

Me prit mon argent dans ma poche, Dans un Bateau qu'on nomme un Coche, Qui me menoit je ne sçais où :

Car je ne me reffouviens plus où nous allions mes amis & moi, qui nous étions mis là par curiofité; mais

Que ce foit bien ou mal daté,
J'ai pourtant dit la vérité.

Venons au fait.

Vous m'écrivez que votre Chate,
De fa griffe inclufe en sa patte,
A tué votre Perroquet,

Comme d'un coup de Piftolet.
Oh! la déplaifante avanture!

Et que fa petite figure

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Naquit pour un étrange fort!

Oh quelle efpiegle que la mort joys

Quelle diable de fantaisie, dob

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Car j'en jure de tout mon cœur, 1501 100%

L'a donc en ce moment faifie?

Quel eft fon gain dans ce malheur?

Paffe encor, lorfqu'à leurs Provinces
Elle ravit d'aimables Princes;;

D'un Peuple entier le défespoir
Eft pour elle un objet à voir.

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Que d'un Magiftrat équitable, not
Au pauvre, au malheureux affable,
Elle médite le trépas:

Cela ne me furprendra pas..

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Nous avions besoin de fon bras. „baqus okt

Que de crainte enfin d'être oifive,

Sa malice toujours active

Porte en détail de menus coups,

Et nous enleve‚ parmi nous, ga
Là, quelqu'ami, là, quelque Pere,

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Ici, le Fils, ici, la Mere;ɔgai
Ce qu'il en naît d'affliction
Vaut encor fon attention.2^3
Qu'un Amant perde fa Maîtreffe,
Ou qu'elle perde fon amant ;)
Pafle: il en résulte un tourment

Digne d'amufer la traîtreffet for hur

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Mais vous ôter un! Perroquet,

Parce qu'il avoit du caquet po

Se détourner de fon ouvrage,

5.

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Pour tuer l'Hôte d'une Cagesosbaar Proba Car c'étoit là qu'on le tenoit mor

Qu'il buvoit, mangeoit, raisonnoit :

En vérité

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Madame, j'en fuis dans

un étonnement qui me fait perdre la rime: attendez cependant je la retrou & tout fubitement là-deffus

ve,

Il m'apparoît une pensée,

Qui, peu s'en faut, fera fenfée.

Quoi! peu s'en faut! je vous dis net p
Qu'elle le fera tout-à-fait.nal stoM, Z
De tout tems la mort fur perfide,

Et s'occupa de l'homicide', di 16 206
Et toujours s'en occupera,

Tant qu'au monde un humain vivra : Job ta.
Mais on dit qu'autrefois, Madame,b

Quand elle frappoit Homme ou Femmes
Amis ou Parens qui reftoient', img'oloro £
Amerement les regrettorent.lelFeliī

asb tap:)

Remarquez cela, s'il vous plaît & je quitte exprès le Vers,pour vous le dire : alors done, nữ

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