lanommerent Nemaufus, Urbs Volcarum Arecomicos rum. J'ai trouvé encore que ces fupputations ne font pas bien juftes, par rapport aux differens Auteurs qui en parlent, chez qui je les ai prifes.

Environ l'an 3937 de la creation, l'Empereur envoya une Colonie Romaine à Nifmes, 30 ans après la Naiffance de JESUS-CHRIST.

Pompée dans fes exploits depuis les Alpes jufqu'aux derniers confins de l'Espagne, avoit conquis huit cens trente-fept Villes, dont Nifmes fut du nombre. Enfuite, du temps de Jules Cefar, Marseille, Nifmes, &c. furent érigées en Provinces Confulaires, de Prétoriennes qu'elles étoient auparavant.

Plufieurs marbres que l'on a trouvé dans les débris de Nifimes, avec des Infcriptions, prouvent que les Romains ont envoyé à cette Ville des Colonies; qu'elle a été gouvernée par des Confuls & des Duumvirs, qui étoient des Magiftrats chez les Romains; qu'il y avoit des Ediles comme à Rome; un Senat ;'une Compagnie de Decurions, compofée de dix Officiers qui commandoient dans la Ville; un Quefteur, qui étoit un Intendant des Finances, qui les recevoit, qui les diftribuoit, & qui en rendoit compte à la République; un Corps de quatre Receveurs de Finances publiques, qui pouvoit être comparé à la Jurifdiction de nos Treforiers de France; un College des Prêtres d'Augufte; qu'il y avoit plufieurs Temples, l'un dédié à Auguste déifié, un autre à Apollon, un autre à Diane. Les Inf criptions Latines qu'on trouve en differens endroits, font au nombre de cinq à fix cens. Il y avoit à Nifmes un Manfolée public, comme l'on voit par les mêmes Inferiptions, qui étoit un Tombeau magnifique, élevé à l'honneur de quelque perfonne illuftre, ou de plufieurs; un Amphitheatre ; un Champ de Mars, prouvé par des anciens Actes, qui étoit un lieu fpacieux où fe tenoient autrefois dans le mois de Mars les Affemblées

des Principaux de l'Etat, pour traiter des affaires publiques; des Statues; Colomnes; Pavés à la Mofaique, d'autres de marbre; des Urnes de differentes matieres; une prodigieufe quantité de Médailles d'or, d'argent, de métail de Corinthe, de bronze, &c. avec le Privilege du Droit Romain, qu'on conferve encore.

La Colonie Romaine qui fut envoyée à Nifines en 7259 de la fondation de Rome, apporta à cette Ville une autre forte de Gouvernement qu'elle n'avoit pas auparavant, qui dura dans Nifmes jusqu'en l'an de la fondation de Rome 1160, qui fe rapporte à celui de notre falut 410, auquel temps les Empereurs Honorius & Arcadius cederent Nifmes aux Goths, parce qu'ils ne purent plus refifter aux conquêtes de ces derniers: ainfi Nifines a refté fous la domination des Romains environ cinq cens ans.

Durant ces cinq fiecles Nifmes a produit de grands Hommes en la profeffion des Lettres & des Armes. Sous l'Empire de Tibere, Nifmes produifit un Prêteur & Orateur d'une grande réputation, qu'on appelloit Domitius Affer. Il fe rendit celebre par deux Plaidoyers qu'il fit à Rome, en défendant deux tres mauvaifes caufes qu'il gagna. L'une pour fa propre défenfe, lorfque la concurrence de Caligula avoit refolu de le faire mourir; ce qu'il évita, en avoüant une fauffe ignorance, & demandant pardon pour un innocent. L'autre mauvaise cause qu'il défendit, & qu'il emporta de même, fut d'accufer fauffement Claudia Pulchra de deffeins magiques contre l'Empereur Tibere. Enfuite cent ans après la venue de JESUS-CHRIST, Nifmes donna la naiffance à Aurelius Fulvius, qui fut Consul à Rome, & pere de l'Empereur Antonin Pie.

En l'an de la fondation de Rome 628, les Sarrafins voulant attaquer Nifmes & Marseille, les Romains leur envoyerent des Troupes commandées par Marcus Fulvius Flaccus, & Caïns Sextius, qui défirent les

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ennemis de ces Villes, mais ce ne fut qu'aux dépens de leur liberté, que les Romains occuperent ces Provinces & leurs Villes.

Pendant que Nifies a été fous la domination des Romains, il ne faut pas douter qu'elle ne s'agrandit beaucoup. Ses murs qui paroiffent des ouvrages des Romains, font voir encore combien grande étoit leur enceinte, qui eft de 4640 Toifes. Cette étendue de murs comparée avec celle de Rome du temps de Vefpafien, étoit moindre de mille toifes feulement. Ces murs & leurs hauteurs parcouroient fept montagnes, qu'ils défendoient par des Tours de diftance en distance, au nombre de quatre-vingt-dix. Voyez Planche premiere, Figure 3.

l'on

Pendant cinq fiecles, ou environ, que Nimes a été dans la puiffance des Romains, jufqu'en l'an 410 de notre falut, la plupart des monumens antiques que y voit aujourd'hui, peuvent y avoir été conftruits. Il peut bien être vrai auffi que plufieurs autres, comme les murs qui fermoient fon enceinte, avec les Temples dont les Divinités étoient communes entr'eux & entre les Defcendans des Egyptiens & des Phocéens, qui avoient differens cultes, auroient pû être conftruits auparavant. Comme on trouve que dans leurs Temples on y adoroit les mêmes Divinités fous differens noms, & que les images de leurs Dieux étoient reprefentez également dans leurs ouvrages publics, comme la Louve allaitant Remus & Romulus, Planche 2, Figure 25, & les Priapes figurés à divers pilaftres des Arénes, on ne doit pas douter que parmi ces differentes Nations, Egyptiennes, Grecques & Romaines, tout ce qui étoit public, ne fût en commun entr'eux, comme les Temples, les Statues, l'Amphitheatre, &c. & qu'ils ne vécuffent enfemble fous les mêmes Loix. C'est ici où tous les Hiftoriens demeurent courts, pour fçavoir par qui, & en quel temps tous ces monumens antiques que

l'on trouve encore à Nifmes, ont efté conftruits. On ne doute point que ce ne foit du temps que les Romains y ont regné, & qu'ils étoient Maîtres des Gaules. On conjecture avec plus de vraisemblance, que l'Amphitheatre & le Pont du Gard ont été ordonnés par l'Empereur Antonin, qui a regné plus de vingt-trois ans, ou par fes Succeffeurs, pour marquer leur bienveillance i Nifmes, d'où ils étoient originaires. Que ce foit par Adrien, par Agrippa, par Augufte, ou par d'autres Empereurs qui fe font fuccedés les uns aux autres, pendant cinq cens ans que Nifmes a été aux Romains, cela importe peu; il n'y a que la curiofité qui y a le plus de part. Une chofe eft certaine, c'eft que de tout ce qui nous refte des monumens antiques de la Ville de Nifmes, aucun n'a été construit depuis que les Ro-' mains cederent cette Ville aux Goths, environ l'an 420 de JESUS-CHRIST.

Car Alaris Roi des Goths, dans ce même temps, qui étoit l'ennemi declaré du nom Romain, vint dans la Province du Languedoc avec un nombre infini de Soldats Goths, après que cette Province leur eût été cedée par Honorius & Arcadius, laquelle ils reduifirent en Royaume. Cette Nation barbare n'étoit gueres du goût des Romains, pour donner aux Peuples les divertiffemens ordinaires des fpectacles, ni pour conftruire des ouvrages avec tant d'art. Ils fe fortifierent dans les Arénes, & firent de ce fuperbe monument une Citadelle, ou un Fort, plûtôt qu'un lieu de plaifir, où ils bâtirent les deux Tours qu'on y voit encore en partie aujourd'hui ruinées, D'autres pretendent que ces deux Tours ont été bâties dans le dix ou onzième fiecle par les Comtes de Nifimes, qui en étoient alors les Maîtres.

L'an 400 de JESUS-CHRIST, la Religion dans Nifmes fut Orthodoxe; elle étoit combattuë par celle des Juifs qui y étoient alors.

En509, fous Alaric II. Nifmes fut prife & détruite en partie.

En l'an 531 de JESUS-CHRIST, les Religieux Chrétiens furent fubrogés a la fuperftition Payenne à Nifmes. L'Ordre de Saint Benoît commença alors à s'établir parmi nos Chrétiens, auquel Ordre furent dévouées les Veftales fous le Titre de Saint Sauveur de la Fontaine, qui furent fubrogées aux Prêtreßes d'Ifis & aux Nymphes de Diane. (Voyez Planche premiere, Figures 17, 18, & 19,) qui ont refté dans ce Temple jufqu'au temps des Guerres civiles, lequel fut en partie détruit en l'an 1560, auquel temps elles furent tranf portées à Beaucaire; où elles reftent encore à prefent. Ces Veftales étoient tres refpectées chez les Payens par rapport à leur culte au fervice des Dieux, comme font honorées aujourd'hui nos Religieufes à l'égard de leur dévoiiement au fervice de notre Religion. Lorfqu'elles rompoient le vœu qu'elles avoient fait d'être Vierges pendant qu'elles étoient voüées à la Religion, elles étoient enterrées toutes vives, & punies plus rigoureufement que quand elles n'avoient pas gardé le Feu facré, à quoi elles étoient employées. Vefta Déeffe de la Terre, à qui Numa Pompilius confacra un Feu éternel, établit ces Prêtreffes, qu'on appelloit Vestales, afin de le conferver, & on les puniffoit rigoureufement lorfqu'elles le laiffoient éteindre, & qu'on ne pouvoit rallumer qu'avec le Feu du Ciel, ou avec les rayons du Soleil. Les Vestales pouvoient fe marier après avoir gardé trente ans le Fen facré, comme il eft permis encore aujourd'hui aux Chanoinelles de Mons en Hainault, & de Remiremont en Lorraine, d'en faire de même. Les, Veftales étoient habillées magnifiquement. L'Empereur Theodofe les chaffa de Rome par le confeil des Chrétiens. Les Senateurs Romains lui députerent Symmachus, pour le prier de les rétablir, par rapport aux aumônes & aux