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fix à dix pouces en certains endroits.

Plufieurs pierres en faillie font aux faces des Piles vis à vis les retombées, & audeffus du côté des reins pour y placer des échaffaux, fans doute afin de faciliter la pofe des pierres aux Ouvriers.

Voici les dimenfions de l'Aqueduc qui eft audeffus du troifiéme Pont à l'endroit A. Fig. 20. & qui en fait le couronnement. Il a quatre pieds de large & cinq de haut dans œuvre, retenu de part & d'autre par des murs en parapin de deux pieds fix pouces de large chacun, & recouvert de dales qui font toutes d'une piece, & qui font en faillie d'un pied, ce qui fait une longueur de onze pieds qu'ont ces dales, larges de trois pieds, épaiffes d'un pied fur tout ce qui porte dans . le vuide de l'Aqueduc, & de dix pouces fur le reftant des murs du côté qui font parapin, en deux affifes de haut,& cramponnées. Le deffous entre les arceaux garni de moellons effimillés par affifes reglées de niveau, de trois, quatre à fix pouces de haut, de dix à douze pouces de large, & d'environ neuf à douze pouces de queue. Partout ailleurs les paremens des têtes des deux Ponts, audeffous, entre les vouffoirs extradoffés des Arcades, font de pierres de taille d'environ seize, dixhuit à vingt pouces de haut, de trois à quatre pieds de queue, ou environ. Cet Aqueduc en dedans eft incrufté par les côtés d'une couche de ciment d'environ deux à trois pouces d'épais. Il m'a paru tres uni en dehors avec la truelle, qu'on y avoit paffé par deffus encore une couche de peinture de bol rouge: je n'ai fçû diftinguer fi c'eft à la frefque, ou bien avec huile, afin de boucher beaucoup mieux les pores du ciment, pour éviter les tranfpirations des eaux que cet Aqueduc devoit conduire. Contre-le ciment de chaque côté de l'Aqueduc, il s'eft formé par fucceffion de temps des incruftations de congelations d'environ huit à neuf pou ces d'épais que les eaux coulantes ont rapportées, com

me l'on voit à peu près que le tertre fe forme dans les tonneaux où le vin repofe depuis longues années; par la je conjecture que les eaux de la Fontaine d'Eure ont dû couler dans cet Aqueduc pendant plufieurs fiecles: enforte que fi elles y euffent coulé encore autant de temps comme elles avoient fait par le paffé, les congelations auroient augmenté du double, & le vuide de l'Aqueduc fe feroit entierement trouvé fermé, ou bouché par ces congelations d'un bout à l'autre dans l'espace de fept lieuës.

Le ciment eft appliqué audeffous des deux affifes de pierre faifant parapin, contre une maçonnerie de fimple moellonnage, qui fait liaifon avec les joints des pierres pour être plus fortement uni avec le tout.

Le fond de l'Aqueduc eft compofé d'un blocage de menuës pierres, dont plufieurs font groffes comme des noix, d'autres plus petites, avec du gros gravier, fable & chaux mêlés ensemble, qui a fait un arrochement tres folide d'environ huit à neuf pouces d'épais, qui foûtenoit tout le poids des eaux courantes de l'Aque duc dans le fond.

Cet Aqueduc fervoit à porter les eaux à Nifmes; mais on ne fçait pas à quel ufage. Les uns veulent que c'étoit pour les porter à la Fontaine, d'autres au Temple de Diane, pour purifier ceux qui alloient faire des facrifices à la Déeffe Ifis, d'autres pour fervir à des Naumachies, ou Combats Navals dans l'Amphithea tre, d'autres à des Bains, ou pour fervir à la boiffon des Habitans de cette grande Ville, qui étoit en patallele & regardée alors comme une feconde Rome. On a trouvé une pierre à la Fontaine d'Eure, qu'on a placée à un des murs du Château du Duché d'Úsez, où l'on y lit ces mots:

Sextus Pompeius cognomine Pandus

Quid jus, & hoe Abavis contigit effe folum

Ediculam hanc Nymphis pofuit,quia fanus uffus
Hoc fum Fonte fenex tam benè quàm juvenis.

Cette Fontaine d'Eure eft toute proche la Ville d'Ufez; c'est l'eau de la fource qui étoit conduite à Nifmes par le moyen du Pont du Gard.

Cet Aqueduc fe divifoit en deux aux approches de Nifmes, l'un paffoit vers la Plaine, & l'autre fuivoit le deffus des Collines pour aller du côté de la Fontaine. L'Aqueduc fe divifoit encore en deux du côté de Befouce, étant pour former la Riviere du Vifbre, dit-on, & l'autre à la Combe de Fontauron pour fervir à des Bains.

Du Lievre Priape.

S. I I.

Du côté de l'Orient, contre le haut du Pilier de la 3 Arche du fecond Pont, entre les retombées, & audeffus du côté du midi du Pont, on voit en bas-relief la figure d'un Lievre avec une fonnette au col,qui a trois queues retrouffées. Des Sçavans veulent que ce Lievre foit un Priape, qu'il en a la figure, & que fes trois queues foient auffi trois Priapes. Si c'eft un Lievre, dit un Auteur anonyme, c'eft un trait de la fantaisie de l'Architecte qui a conftruit ce Pont, de faire paffer un Lievre la où il n'avoit jamais paffé que des Oifeaux.

D'un autre Priape.

S. III.

L'on voit encore un autre Priape à l'intradoffe, & fous la voute du plus bas Pont où paffe l'eau de la Riviere du Gardon,

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De la Déeffe Ifis.

§. IV.

On prétend encore que contre le Pont du Gard, il y a une image à demi-relief de la Déeffe Ifis voilée; qu'on y a vû un Priape, qu'on veut être l'image d'Ofiris fon Epoux, après qu'il fut déifié. Ce Pont eft fi long, fi élevé, fi étendu, qu'il eft fort difficile d'y voir toutes ces chofes lorfqu'on y arrive, à moins de n'y employer du temps pour faire de femblables recherches, ou que quelqu'un qui les fçait ne les indique fur les lieux.

De l'interpretation des lettres A. E. A.

S. V.

Et enfin on voit encore ces trois lettres A. E. A. que les uns expliquent Ælius Adrianus, eftimaht qu'Adrien a fait bâtir ce Pont. Un autre veut qu'elles fignifient Aqua emissa Amphitheatro. D'autres veulent enfin qu'elles fignifient Agrippa eft Auctor. Chacun y donnera le fens qu'il lui plaira. Si j'avois à y donner le mien, j'eftimerois qu'on devroit dire, Antoninus eft Auctor, plûtôt qu'Agrippa, à caufe que le premier a regné plus de vingt-trois ans, qui étoit originaire de Nifmes.

On paffoit autrefois fur le premier Pont avec des charettes, à caufe que l'on en avoit échancré les Piliers du fecond Pont, du côté d'Amont, & que l'on y avoit pratiqué des encorbeillemens afin d'en élargir davantage le paffage, qu'on avoit contregardé d'un gardefou; mais cette échancrure ayant ébranlé ce grand édifice qui le faifoit furplomber du côté d'Amont, par les foins de M. de Bafville Intendant de Languedoc, ces

chancrures de Piliers ont été reparées, de même que les vouffoirs qui manquoient à ces Arcs doubleaux, & l'ouvrage a refté depuis ce temps-là en bon état, qui alloit déperir fans les ordres. On y a laiffé cependant un petit chemin où un homme à pied & un cheval peuvent paffer tres aifément.

Ce Pont a des avantbecs, & point d'arrierebecs.

CHAPITRE

I I.

Des anciens Murs de la Ville de Nifmes.

§. I. FIGURE II.

L y en a qui prétendent que ces Murs furent bâtis quelque temps après l'arrivée des Phocéens, venus de Marseille l'an du monde 300s, & non pas du temps des Romains. Nous avons déja dit comme leur circuit étoit de 4640 toifes, & d'une auffi grande étendue que ceux de Rome du temps de Vefpafien, à mille toifes près. Leur hauteur étoit de foixante toiles, compris le parapet qui étoit d'une toife de haut, d'un pied d'épais, en parapin, fait de deux pierres pofées de champ l'une fur l'autre, de trois pied de haut chacune, & d'environ une toife de long. Ces Murs foûtenoient un corridor, ou chemin des rondes, d'une toife, un pied, fix pouces de large, compofé de grandes dales qui portoient toute la largeur du corridor fur lesquelles le gardefou étoit pofé. Ces dales faifoient encore une faillie au dehors d'environ fix pouces, pour fervir de plinte & de couronnement à l'ouvrage. Elles faifoient" encore une faillie du côté de la Ville de deux pieds & demi, qui portant à faux, étoit foûtenue par des corbeaux ou confoles pofés entre les joints dès dales

pour

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