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qui l'on attribue tant de belles actions fous les noms des douze travaux d'Hercule. Il peut bien être vrai que celui-ci a été confondu dans la fuite des ficcles avec l'Hercule Egyptien, & dont il eft fort difficile d'en faire voir la difference, que par des conjectures que je rapporterai dans la fuite. Voyez la feconde Partie, Chap. VI. §. VIII.

Le fentiment de tous les Sçavans au fujet de ces Hercules, eft qu'on eftime qu'ils n'étoient que des Marchands; car Hercule en Phenicien veut dire Marchand. On ne doit pas croire non plus que ces Hercules dans leurs exploits fuffent feuls. C'eft fans difficulté qu'ils avoient avec eux grand nombre d'autres gens de leur Nation,& qui fous pretexte de commercer avec les Peuples qu'ils abordoient, pouvoient faire des alliances chez les uns, des conquêtes chez les autres ; & enfin, étant plus polis que ceux avec qui ils traitoient, ils pouvoient gagner leur confiance par une juftice mieux entendue, & par des Loix plus douces. Tout cela a du rapport avec les Colonies que les Souverains. de l'Europe envoyent de temps en temps dans les Pays les plus lointains, fous prétexte du commerce : & l'on peut par la même raifon nommer Hercules, les Generaux, ou les Commandans qui conduifent des Peuplades en Amerique, en Canada, & à Miffifcipi.

Hercule; quel que ce foit de ces deux, du Thebain, ou de l'Egyptien, vint dans les Gaules. L'Hiftoire nous apprend que Galathée femme d'Hercule le Libyen, qui regna dans les Gaules, fut mere de Galathe, dixiéme Roi des Gaulois. Cette Reine méprifa tous les Princes de fon temps, & ne fit état que d'Hercule, qui étoit alors regardé comme un demi-Dieu. Cet Hercule vint dans les Gaules pour combattre le Tyran Taurifcas, fut enfuite en Efpagne pour défaire Gerion autre Tyran. Après leur défaite, Hercule joüit de leurs femmes, dont il eut grand nombre d'enfans, l'un def

cuels appellé Nemaufus, donna fon nom à la Ville de Nifmes, comme fon premier Fondateur: & les autres impoferent leurs noms à d'autres Villes & à d'autres Contrées, dont ils étoient les Souverains. Ainfi Didon Reine de Carthage, à l'exemple de Galathée, voulut retenir Enée dans les Etats. Pentefilée Reino des Amazones, ne vint-elle pas voir Hector à Troyes pour l'honorer de fes faveurs? Talleftris autre Reine des Amazones, avec trois cens Dames de fes Compagnes, ne s'en fut-elle pas trouver Alexandre pour avoir de lui des Heroïnes qui reffemblaffent à leur pere & enfin, Camille Compagne de Diane, ne s'en fut-elle pas chercher Turnus pour un femblable deffein ? C'est ainfi que les Heroines s'intereffent aux exploits des grands Hommes, pour avoir part à leur gloire.

Cet Hercule, & Nemaufus, felon Eufebe & Profper, étoient à peu près du temps de Priam Roi de Troyes, un peu avant l'époque de fa deftruction, environ l'an 2653, & felon ce fentiment, Nifmes auroit été fondé près de soo ans avant Rome, de laquelle Romulus jetta les premiers fondemens, environ l'an du monde

3232. Ciceron rapporte qu'Hercule voyageant dans les Gaules, eut jufqu'à foixante & dix enfans, & qu'il déceda l'an du monde 2315.

Diodore de Sicile, & Ammian Marcellin, rappor tent auffi que les enfans qu'Hercule eut de plufieurs femmes en la Gaule Celtique, y fonderent beaucoup de Villes, aufquelles ils donnerent leurs noms.

La Religion alors dans les Gaules étoit differente de celle des Egyptiens; car les Peuples qui habitoient Nifines, ou fes environs, (& qui portoit tout autre nom que celui de Nemaufus fon Fondateur, & avant l'arrivée d'Hercule,) fuivoient la Religion des Druides, qui inftituoient des Colleges & des Philofophes qui parloiert la Langue Grecque, comme étant venus de la Phacide. Leur croyance étoit la Metempsy cofe de Pyta

gore, ils facrifioient des hommes, & jugeoient les differends de tous ceux de leur Nation; & cela depuis l'an 2000, de la creation du monde, jufqu'en 2200, dans lequel intervalle de temps on pretend qu'Hercule vint dans les Gaules. Mais il ne faut pas douter que cette Religion barbare des Druides, ne dût changer fous le Gouvernement de Nemaufus, & que ce Souverain ne fît adorer les Dieux Egyptiens fes Ayenls, à les nouveaux Sujets, afin de conferver leur memoire en faveur de fa reconnoiffance & de fa gloire, d'avoir eu des Dieux pour fes Ancêtres, qu'il ne leur donnât des Loix conformes à celles des Egyptiens, & qu'il ne leur fît fuivre leurs Coûtumes.

L'Egypte a eu des Rois qui ont fait éclater leur magnificence dans tous leurs ouvrages, afin de rendre leur memoire immortelle, témoins les Sphinx, les Pyramides, &c. qui n'ont été ordonnées que par des Souverains de l'Egypte; les Pyramides n'ont efté élevées que pour leur fervir de tombeaux, pour faire voir àla pofterité, que s'il n'eft pas permis aux hommes de vivre longtemps, ils font les maîtres du moins d'éternifer leur memoire par des monumens auffi fuperbes que font les Pyramides, qui dureront, fuivant les apparences, jufqu'à la fin des fiecles. La vertu chez eux étoit tres recommandable, furtout la valeur. On le voit par les ordres que Sofefbris,un de leurs Rois, donna à l'occafion des Peuples qu'il avoit vaincus, & qui s'étoient rendus fans combattre. Il fit graver contre des piliers de pierre des hommes avec des natures de femme, pour marque de leur lâcheté, afin que fes Sujets & fes Soldats, par la vue de ces figures honteufes, fe fouvinffent de ne pas fuivre leur exemple. Voyez ce qu'on ap pelle mal à propos Hiftrion, Planche 1, Figure 7,9,& 11, avec leur explication, feconde Partie, Chap. VI. §. IX. Ce Sofefbris a plus fait de conquêtes, & foumis de Royaumes en neuf ans de qu'il a fait la guerre,

temps

que n'ont jamais fait ensemble les Medes, les Perfes Alexandre & les Romains, parce que le premier, fuivant mon fentiment, ne fe conduifoit que par la justice qui a des yeux, & les derniers par l'ambition qui eft aveugle. Il n'y a rien de fi beau que l'éducation de ce Prince, dont le pere prit un foin tout particulier; car il fut élevé également avec certain nombre de fes Sujets qui nâquirent le même jour que lui, & qui dans les victoires étoient comme autant d'Emules qui s'inte reffoient à fa gloire, comme fes Comtemporains & les Compagnons de fes victoires. On ne doit donc pas être furpris, avec une femblable Elite il triomphoit partout. Cela étoit foutenu d'ailleurs par tant d'équité & par des mœurs fi conformes aux humains, que les Peuplesles plus farouches devinrent dociles par la douceur des Loix qu'il leur impofoit.

Depuis la fondation de Nifmes par Nemaufus en l'an 2300, ou environ, on n'a plus de memoire de fes Succeffeurs. La Chronologie varie beaucoup dans cet endrait, jufqu'à quatre & cinq cens ans de difference, fuivant les differens fentimens des Auteurs qui en parlent. Il y en a qui eftiment que la Ville de Nifmes vivoit en République. Elle avoit vingt-quatre Bourgs ou Villes de la dépendance, jufqu'au temps que, les Phocéens, Colonie Grecque, vinrent s'y établir en l'an 3300, c'est à dire mille ans, ou environ, après fa fondation par Nemaufus, Ces Phocéens, ou les Habitans de Phocée Ville d'Ionie, dans l'Afie mineure, autrefois Colonie d'Athenes, furent contraints de quitter leur Pays, parce que les Medes & les Perfes les en chafferent. Ils vinrent fur les côtes de Provence, & y fonderent Marseille du temps de Tarquin cinquiéme Roi des Romains. Et foixante ou quatre-vingts ans après, Cyrus Roi des Perfes leur fit quitter entierement leur Patrie, pour aller rejoindre leurs Compatriotes à Marseille. Mais ayant trouvé que le

terroir de la Provence étoit peu fertile, ils fe répandirent du côté d'Avignon, à Orange, à Nice, à An. tibes, à Turin, à Tarragonne, & à Nifmes. La plupart des noms des lieux circonvoifins de cette derniere, font Grecs, comme eft celui du Catarau, qui est un torrent qui coule avec une tres grande impetuofité, & qui traversoit l'ancienne Ville, dérivé de Kara‡pów, fuo cum impetu. Voyez Planche premiere, Figure 3. Les Habitans de Nifmes difent tres fouvent dans leur langage ordinaire, Avalifque, de vannons, fugio, ou difparoître, quand ils voyent quelque chofe qui leur fait de la peine, ou de l'horreur. Plufieurs Epitaphes en Grec qu'on y trouve, font des conjectures de ce que j'avance. Les Armoiries anciennes de Nifines étoient un Taureau d'or dans un champ de gueule. Celles de Mar feille & de Turin étoient autrefois femblables; ce qui fait voir que leur origine étoit la même. Alors les Phocéens changerent le nom de la Déeffe Ifis, en celui de Diane. Ainfi les nouveaux Habitans de Nifmes, Grecs de Nation, avec les autres plus anciens qui étoient originaires d'Egypte, s'accommodant enfemble, adorerent tous la même Divinité fous differens noms : le culte de la Religion des Egyptiens ne changea point à l'arrivée des Phocéens. On lit enfin, qu'en l'an 3405, Marseille envoya à Nifines une Colonie Grecque des Phocéens, comme ne pouvant plus apparemment occuper aucun terroir des environs de cette Ville.

Les Saliens, anciens Peuples de Provence, voisins de ceux de Nifmes, furent vaincus par le Conful T. Licinius l'an 257 de Rome, ou 3470 de la creation, & 497 ans avant JESUS-CHRIST: & enfin ils furent foumis aux Romains l'an 365 de Rome, ou l'an 3578 de l'an du monde: & l'an 3845, Fabius Maximus affujettit aux Romains encore les Volfques, Peuples qui habitoient le long du Rhône, dont Nifmes étoit la Capitale, & pour cela ils

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