Met la raison pour frein aux fougues du génie, Mais, le char du Soleil, en achevant son tour, Va finir nos plaisirs en finissant le jour. Que de chefs-d'œuvre encore exigeaient nos hommages! Admirons en courant ces immortels ouvrages. Ici le docte Hermès, ambassadeur des dieux Et confident discret du souverain des cieux, D'Apollon, de Bacchus offre l'aimable frère. Favori de Vénus et maître en l'art de plaire, Son éloquence douce enchaîne tous les cœurs; Dieu rusé du trafic, il pardonne aux voleurs ; Svelte, souple, élégant, d'une course légère, Il peut, en un clin d'œil, des cieux jusqu'à la terre, Et de la terre aux cieux, et des cieux aux enfers, Voler d'un pôle à l'autre et voir tout l'univers. Ces deux vers ne sont pas d'accord avec le titre de l'ouvrage, ce qui prouve que le plan de Girodet n'était pas encore bien arrêté; mais cette discordance est tout-à-fait indifférente. P. A. C. Là le roi de Lemnos au sombre et noir visage, Mari souvent trompé d'une épouse volage, Mais que l'art sagement n'a point formé boiteux, Déploie un corps robuste et des bras vigoureux. Dans ses noirs arsenaux la flamme se rallume, Le lourd marteau s'abat, rebondit sur l'enclume. Pour les sceptres des dieux, pour les dards des héros, Le métal bouillonnant rugit dans ses fourneaux. L'immortel ouvrier, dans son travail rapide, Va-t-il forger la foudre ou les flèches d'Alcide, Ou ces traits, qui, par lui sans soupçon aiguisés, Sont lancés contre lui par les Amours rusés? Dieux des mers, je vous suis dans vos courses rapides; Sur le dos des Tritons voguent les Néréides; Les Amours, effleurant la surface des flots, Embrasent de leurs feux les habitans des eaux, Voltigent en riant, ou caressent leur mère. Aux doux Zéphirs Vénus de sa robe légère Abandonne les plis souples et vagabonds. L'écho des mers répond aux conques des Tritons; Mille dauphins joyeux sur les ondes bondissent; Murmurant de plaisir, les flots émus frémissent; Ils s'ouvrent, et, soudain, leur monarque immortel Contemple ses sujets d'un regard paternel. Le fier trident repose en sa main redoutable; Il commande d'un geste à la mer indomptable, Disperse d'un coup-d'œil les Autans furieux, Et, d'un mot, rassérène et la mer et les cieux. Fils du vieux Latium, Tibre aux ondes dorées, Sur la lyre d'Horace autrefois célébrées, Salut! Du peuple-roi fleuve dominateur, Où s'envole ce char sous une main divine? En vain Cérès aux autres dieux Redemande sa fille à son amour si chère: Les dieux et le Destin sont sourds à sa prière.... Rien d'ignoble ne doit défigurer les dieux ; Au terrible ils ont su marier la beauté. Ils n'ont point fait marcher un dégoûtant squelette : . . . . Une beauté parfaite Doucement endormie au faîte d'un tombeau, Un génie attristé renversant son flambeau, FIN DE LA DEUXIÈME VEILLÉE. TROISIÈME VEILLÉE. LES BATAILLES.-L'ALLÉGOrie. J'AI chanté dans mes vers la grâce et la beauté : Et comme dans Milton Satan lui-même est beau! Doit sous vos pinceaux fiers m'offrir sa grande image. * Tout ce qui était relatif à l'allégorie m'a paru trop faible de versification pour être mis sous les yeux du lecteur, et je l'ai supprimé. P. A. C. A |